Cour la conception architecturale et sécurité incendie, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.
LES PREMIERS ESSAIS DE RÉSISTANCE AU FEU
Dès le début du siècle, François Hennebique montre la capacité du béton à résister à l’incendie par des essais en grandeur réelle.
Depuis son origine, le béton a été utilisé pour lutter contre le feu. Précurseurs des grandes entreprises de BTP, la société Hennebique (1890- 1930) et son fondateur ont le grand mérite d’intégrer le béton dans un processus moderne de construction, en utilisant notamment ses performances à résister au fléau que représente déjà l’incendie à cette époque. Dès 1879, François Hennebique est à l’initiative d’une maison ignifuge en Belgique. En 1893, dans un souci de normalisation, il évoque déjà la grande résistance au feu des constructions en béton armé. En 1920, poursuivant ses recherches sur les effets destructeurs du feu, François Hennebique souhaite promouvoir l’emploi du béton armé car il pense que ce matériau évitera les incendies désastreux.
Il s’emploie à démontrer aux services officiels, par un essai en grandeur réelle réalisé les 14 et 20 août 1920, à l’occasion d’un congrès international de sapeurs-pompiers à Paris, que les planchers en béton résistent parfaitement au feu. La construction en béton armé est « inaltérable et résiste à l’épreuve du feu ». Cet essai sur la résistance du béton armé au feu constitue l’une des toutes premières expériences scientifiques en la matière et préfigure les fours d’essais actuels.
Depuis, les grands laboratoires agréés comme le CSTB, le CTICM, le GERBAM procèdent à des essais pour chacun des éléments de construction, notamment en application de courbes normalisées de montée en température.
La doctrine française de sécurité inclut :
– la prévention, dont l’objectif est d’assurer la sécurité des personnes, de limiter ou d’éviter les pertes des biens et, enfin, d’assurer l’engagement des secours et leur protection. Elle se concrétise par des mesures dites « passives », liées à la conception des bâtiments, qui concourent à restreindre la propagation de l’incendie :
compartimentage, cloisonnement, stabilité, choix des matériaux, etc. ;
– la prévision, qui vise à assurer, dès l’origine, la découverte d’un feu et la mise en oeuvre immédiate des moyens d’extinction. Elle se matérialise par des mesures dites « actives » relatives aux systèmes de sécurité : sprinklers, alarmes, détecteurs, services de sécurité et de gardiennage, etc. ;
– l’intervention des secours, qui n’est déclenchée qu’en cas d’échec des mesures précédentes.
Les « exigences essentielles » de la directive européenne
Concernant les exigences essentielles relatives à la sécurité incendie des produits de construction, la directive européenne du 21 décembre 1988 fait apparaître cinq objectifs fondamentaux en cas d’incendie :
– assurer la stabilité des éléments porteurs de l’ouvrage pendant un temps déterminé;
– limiter l’apparition et la propagation du feu et de la fumée dans l’ouvrage ;
– faciliter l’intervention des équipes de secours (sapeurs-pompiers) ;
– favoriser la bonne évacuation des occupants ;
– limiter l’extension du feu aux ouvrages voisins.
Pour répondre à ces exigences essentielles, on peut, lors de la conception d’un projet, appliquer une idée simple mais efficace : il faut interposer des écrans (horizontaux ou verticaux) entre le feu et les personnes à évacuer ou les biens à protéger. Ces écrans sont destinés à créer un isolement ou des compartiments qui devront arrêter plus ou moins longtemps l’incendie. Leur mise en place sous-entend la présence de structures, également résistantes au feu, pour les supporter. Le béton,
matériau incombustible, se révèle particulièrement adapté à leur réalisation. Dans la conception matérielle d’un ouvrage, ces notions se traduiront simultanément par le choix :
– de structures suffisamment résistantes et donc stables au feu ;
Essais de résistance au feu d’un plancher en béton sur four horizontal, par le laboratoire du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
– de planchers, de murs, de gaines verticales coupe-feu ;
– de dispositifs de passage ou d’isolement (portes, parois coulissantes) pare-flammes ;
– de toitures limitant la propagation du feu.
Mesures passives de prévention
Pour la sauvegarde des personnes, les dégagements seront privilégiés afin de faciliter une bonne évacuation. Ils doivent avoir une largeur suffisante, être assez nombreux, bien répartis et toujours libres d’obstacles. La hauteur des bâtiments intervient également dans le choix du nombre de sorties ; des dispositions réglementaires doivent être prises pour les bâtiments élevés. La panique étant toujours possible, il convient de s’en prémunir tant du point de vue constructif que par la mise en oeuvre de dispositifs d’éclairage et de désenfumage adaptés.
Pour la sauvegarde des biens, le concepteur doit prendre en compte les éléments suivants :
– l’implantation de la construction ;
– le choix des matériaux ;
– l’isolement de la construction par rapport aux tiers ;
– le compartimentage des locaux ;
– la disposition des locaux en fonction des risques ;
– le comportement au feu des matériaux (choix des aménagements intérieurs).
Mesures actives de prévision
Quelle que soit la perfection des mesures de prévention édictées, aussi vigilants que soient ceux qui sont chargés de les faire appliquer, certaines causes imprévisibles et les aléas de la vie quotidienne font qu’il y aura toujours des incendies. La prévision comporte toutes les mesures préparatoires destinées à la découverte de l’incendie dès sa naissance et à l’attaque immédiate du feu pour obtenir son extinction rapide, le facteur temps étant primordial dans leur mise en oeuvre. La prévision prend donc le relais de la prévention lorsque celle-ci est mise en échec : son action est complémentaire de la sécurité incendie tout en la renforçant.
1.1 Introduction à la sécurité incendie
1.2 Prévention et prévision
1.3 Conception architecturale et sécurité incendie