Couches fonctionnelles et dispositifs photovoltaïques
Simulations physiques : compréhension et optimisation
Afin de comprendre les impacts des choix réalisés au niveau des structures, une étude préalable a été réalisée à l’aide de simulations par éléments finis (Logiciel Silvaco). Ces simulations ont été réalisées dans une première approche. Par la suite, la nécessité de construire une base de données de matériaux et d’interface nous a poussé à réaliser des mesures de travail de sortie (énergie minimale nécessaire pour arracher un électron depuis le niveau de Fermi jusqu’au niveau du vide) des différentes électrodes et couches qui n’ont pas pu être intégrées aux simulations présentées ci-dessous. Dans cette section de nombreux paramètres comme Voc, Jsc, FF et η sont utilisés. Ils ont été définis préalablement dans la section 1.1.1. 4.1.1 Démarche et création d’une base de données de matériaux La réalisation de simulations par éléments finis impose d’introduire dans les modèles utilisés des données sur les matériaux. Une démarche itérative est généralement mise en place afin de vérifier expérimentalement les résultats des simulations. Les modèles peuvent ainsi être affinés. Dans notre cas, les simulations n’ont pas pu être confrontées aux résultats expérimentaux par manque de temps. Ils permettent cependant d’évaluer les choix d’architecture imposés par les limitations générées par le procédé de fabrication et les matériaux disponibles. Les travaux de sortie des différentes couches sont des paramètres très importants pour définir la structure de la cellule. Des mesures de spectroscopie de rendement de photoélectrons à l’air (Photoelectron Yield Spectroscopy – PYS ou Photoelectron Spectroscopy at Air – PESA) ont été réalisées, les impressions s’effectuant à l’atmosphère ambiante. Le principe de fonctionnement de l’équipement est donné dans l’Annexe G. De cette manière les potentiels d’ionisation des différentes électrodes et du silicium imprimé ont été déterminés (Table 4.1). L’utilisation d’un matériau intrinsèque à faible mobilité comme l’a-Si:H, le µc-Si:H ou les couches à base de nanoparticules de Si impose la création d’un champ électrique le plus important possible dans la couche intrinsèque afin de séparer et transporter les charges jusqu’aux contacts métalliques. Ce champ étant créé par la différence des travaux de sortie des électrodes, de fortes différences de travaux de sortie sont nécessaires entre les électrodes avant et arrière e couple ZnO:Al/Mo (0,88 eV pour 100 nm de Mo et 0,75 eV pour une couche de 500 nm) permet donc de former un champ électrique plus intense que le couple ZnO:Al/Al (0,22 eV). Concernant les mesures sur les couches de NP Si, une différence notable entre les encres Mel3 et ICGp est à noter ainsi qu’un écart avec la valeur de l’énergie d’ionisation du Si massif. Cette dernière est la somme de l’affinité électronique χ et de l’énergie de bande interdite Eg : χ+Eg=4,05 eV+1,12 eV=5,17 eV pour le c-Si massif. Pour l’encre ICGp, le dopage élevé et la faible taille des nanoparticules peuvent expliquer cette légère augmentation d’énergie d’ionisation. Pour l’encre Mel3, la diminution de l’énergie d’ionisation est sûrement liée à l’introduction de défauts ou de contaminants (Na) dans la bande interdite.
Résultats et conclusions principales
Des modèles de cellules solaires PIN et NIP en a-Si:H (Figure 4.2) ont été simulés. Les paramètres matériaux sont définis dans l’Annexe H et la structure, le maillage et le code complet sont disponibles dans l’Annexe I Les rendements des deux structures ont été simulés en fonction de l’épaisseur de la couche i (Figure 4.3 a). Les rendements sont supérieurs d’au moins 1% lorsque l’éclairement est effectué par la couche p (structure NIP « substrate »). Le a-Si:H non dopé est légèrement de type n (Street 1991) et la mobilité des trous y est bien inférieure à celle des électrons (~10-2 cm2 /Vs contre 1 cm2 /Vs). Les recombinaisons des trous sont donc plus probables et il faut les photogénérer au plus proche de l’électrode de type p. Il est donc toujours préférable d’éclairer une cellule a-Si:H à travers la couche p. Dans ce travail il a été impossible de réaliser des structures de types NIP « substrate » du fait de l’indisponibilité d’électrode transparente de type p. Il est tout de même important de noter que l’utilisation d’une électrode transparente de type p permettrait d’obtenir de bien meilleurs rendements (supérieurs de plus de 1%). Pour les cellules solaires en µc-Si:H le sens de l’éclairement n’a aucune importance pour des épaisseurs jusqu’à 7 µm (Gross et al. 2001). Il serait intéressant de réaliser une étude approfondie sur le sens d’éclairement de cellules solaires fabriquées à partir de NP Si, ce matériau pouvant se comporter optiquement et électriquement de manière sensiblement équivalente aux couches de µc-Si:H en fonction du recuit appliqué. Le rendement maximal de la structure PIN ‘substrate’, pour les caractéristiques du matériau et des électrodes simulées, est fortement dépendant de l’épaisseur de la couche i (Figure 4.3). La densité de courant de court-circuit Jsc augmente avec l’épaisseur car tous les photons (surtout les moins énergétiques) ne sont pas absorbés (Figure 4.3 b). De plus, le facteur de forme diminuant (cf. Equation 1.2) avec l’augmentation de l’épaisseur de cette même couche, il est nécessaire d’utiliser des couches peu épaisses. En augmentant l’épaisseur de la couche i, le champ électrique diminue, ce qui réduit le courant. Le courant de recombinaison augmente alors fortement lui-aussi. Le meilleur compromis est trouvé pour une épaisseur de la couche i comprise entre 240 et 300 nm (maximum courbe structure PIN Figure 4.3 a).Une forte recombinaison a lieu dans les couches de contact (parties grisées de la Figure 4.4). En effet, ces couches sont fortement dopées pour créer du champ et assurer une faible résistance de contact (Figure 4.1). Le taux de recombinaison y est donc très élevé. Il est donc essentiel de minimiser l’épaisseur de ces couches (quelques nanomètres) afin que les porteurs soient évacués de ces couches avant leur recombinaison (temps de transit inférieur à la durée de vie des porteurs). L’épaisseur de la couche de contact face avant impacte particulièrement le rendement car le taux de recombinaison dans cette dernière est au moins deux fois supérieur à celui de la face arrière. Les nanoparticules dopées utilisées dans ce travail ayant des tailles minimales de 20 nm et 100 nm pour les particules de types p et n respectivement il paraît impossible de réaliser ces fines couches par jet de matière (les recombinaisons seraient trop importantes). Une cellule Schottky est donc envisagée. Dans cette structure, la couche intrinsèque est en contact direct avec les électrodes métallique et transparente. Une autre solution consiste à réaliser une transition de dopage par voie métallurgique pour la face arrière. Ces deux solutions seront développées dans la section 4.2.2. Dans une structure PIN ou NIP, Voc est fixé par le dopage des couches de contact. Dans l’architecture Schottky, Voc est fixé par la différence de travail de sortie ϕ des électrodes. Le choix de ces dernières devient donc crucial. La Figure 4.5 représente une comparaison entre une cellule PIN « substrate » avec une couche i de 300 nm, des électrodes de 30 nm dopées à 1020 cm-3 et une cellule Schottky avec une couche absorbante de 300 nm d’épaisseur, un dopage de 1020 cm-3 et des travaux de sortie de 4,8 et 3 eV pour la cathode (ZnO:Al) et l’anode respectivement. La valeur du travail de sortie de l’anode a été volontairement choisie éloignée de celle de la cathode pour simuler la création d’une grande différence de potentiel entre les électrodes. Cette différence joue directement sur la valeur du Voc.