Contrôle des populations de Bactrocera dorsalis (Hendel) au laboratoire

Contrôle des populations de Bactrocera dorsalis (Hendel) au laboratoire

La mouche orientale des fruits : Bactrocera dorsalis 

 Généralités sur les mouches des fruits La famille des Tephritidae compte environ 4000 espèces réparties dans 500 genres (White & Elson-Harris, 1992). Les Tephritidae frugivores encore appelés mouches des fruits représentent environ 38 % de cette famille(White & Elson-Harris, 1992). Les larves de ces mouches se développent dans les fruits charnus, mais quittent habituellement ces derniers sans causer de dommages aux graines (Wilson et al., 2012). En Afrique occidentale, les études ont montré que les espèces les plus abondantes (B. dorsalis, C. cosyra, C. silvestrii, C. fasciventrisetc.) sont polyphages (Ndiaye & Dabo, 2007). I.1.2. Taxonomie et répartition géographique de Bactrocera dorsalis en Afrique 

 Taxonomie Selon(White & Elson-Harris, 1992) la position systématique de Bactrocera dorsalis se présente comme suit:  Phylum : Arthropoda  Classe : Insecta  Ordre : Diptera  Sous ordre : Cyclorrhapha  Section : Acalyptratae  Super famille : Tephritoidea  Famille : Tephritidae  Sous famille : Dacinae  Tribu : Dacini  Genre : Bactrocera  Espèce : Bactrocera dorsalis

Répartition géographique de Bactrocera dorsalis en Afrique

Originaire d‟Asie, B. dorsalis a été détectée au Kenya en 2003 (Lux et al., 2003) et a été signalée en Afrique sub-saharienne de 2004 à 2005 (Drew et al., 2005). En Afrique de l‟Ouest, la présence de B. dorsalis a été signalée en 2004 au Sénégal et au Bénin (Vayssières et al., 2005). Actuellement, l‟espèce est retrouvée en Afrique de l‟Ouest, du Centre, de l‟Est et du Sud ( Cabi, 2014). 

Bio-écologie

Cycle de développement

Le cycle de développement de B. dorsalis est caractérisé par la présence de quatre stades phénologiques : œuf, larves (3 stades), pupe et la mouche adulte (Figure 1). Bactrocera dorsalis a une durée de vie d‟environ 3 mois. L‟espèce est multivoltine (Ekesiet al., 2006). Figure 1 : Cycle de développement des mouches des fruits (Brévault, 1999) 

 Accouplement 

Les deux sexes se rencontrent chez la plante hôte (Prokopy et al., 1997). Un bourdonnement aigu produit par le frottement des ailes contre leurs organes stridulatoires durant le comportement de cour est observé chez les mâles de B. dorsalis (Balayara A, 2008). Ce phénomène est accompagné d‟une émission de phéromone à partir de leurs glandes rectales. Cette phéromone produite par les mâles attire les femelles à plusieurs mètres et suscite une acceptation de l‟accouplement à très courte distance (Baker et al., 1982). Les accouplements ont généralement lieu au crépuscule sous une faible intensité lumineuse (Gomina, 2015). 5 Figure 2 : Posture d‟accouplement chez B. dorsalis 

 Ponte

Les œufs de B. dorsalis sont pondus sous la peau du fruit hôte, préférentiellement mûr ou proche de la maturité. In vitro, Bactrocera dorsalis peut avoir une ponte nette de 794,6 œufs et une fertilité nette de 608,1 œufs, avec une ponte moyenne de 18,2 œufs/jour et un temps de génération de 31 jours (Ekesi et al., 2006). La fécondité des femelles est maximale entre 78 et 84 jours et le taux de reproduction net Ro est égal à 6 en 70 jours (Balayara A, 2008). 

 Développement des stades pré-imaginaux

Les œufs de Bactrocera dorsalis éclosent au bout de 2 à 3 jours au laboratoire et 4 à 5 jours en milieu naturel (Varley, 1937). Après l‟éclosion des œufs, trois stades larvaires sont observés (Varley, 1937). Les larves creusent des galeries dans la pulpe et se nourrissent des tissus et bactéries associées. Les larves de troisième stade de développement quittent le fruit et migrent dans les premiers centimètres du sol pour passer la phase de pupaison (Fletcher, 1987). Les imagos de Bactrocera dorsalis ont besoin d‟une alimentation riche en acides aminés, glucides, vitamines, sels minéraux et de l‟eau pour survivre et se reproduire (Fletcher, 1987). I.1.3.2. Plantes-hôtes Capable d‟infester 79 plantes appartenant à 28 familles en Afrique, Bactrocera dorsalis est une espèce largement polyphage (De Meyer et al., 2013). Elle a été rencontrée au Sénégal chez le manguier, l‟anacardier, le câprier, le jujubier, le goyavier, le cerisier de Cayenne, le corossolier, 6 Kedrostis hirtella, le papayer, le dimb, le dattier, le sapotillier et les agrumes. Ces plantes appartiennent respectivement aux suivantes : Anacardiacées, Capparidacées, Rhamnacées, Myrtacées, Annonacées, Cucurbitacées, Caricacées, Césalpiniacées, Palmacées, Sapotacées, Rutacées (ndoye, 2011)

 Ecologie 

Plusieurs facteurs, aussi bien biologiques qu‟environnementaux, peuvent influencer la distribution des populations de B. dorsalis. Parmi ces facteurs, les plus importants sont la température, l‟humidité et la disponibilité des plantes hôtes. Ainsi, selon des études, le traitement au froid de mangues pouvant contenir des œufs de mouches au moment de leur récolte peut réduire le taux d‟émergence ou même inhiber le développement des œufs lorsque la durée d‟incubation est égale ou supérieure à 9 jours pour des températures comprises entre 7.5 et 10°C. Les taux de développement de Bactrocera dorsalis commencent de nouveau à décroitre audessus des températures maximales c‟est-à-dire entre 25 et 30°C (Diarra,1988). Selon Vayssières et al. (2006), les fluctuations de B. dorsalis suivent la dynamique des pluies.

 Importance économique de Bactrocera dorsalis

dorsalis est un ravageur de quarantaine de grande importance économique inscrit sur la liste A1 dans beaucoup de pays à travers le monde (Mwatawala et al., 2004). Cette mouche des fruits cause chaque année des pertes de l‟ordre de 50 % de la production fruitière en Afrique ces dix dernières années. Lors d‟attaques précoces, les jeunes fruits infestés sont déformés et avortent (Stoll, 2002). Au Sénégal, dans la région de la Casamance, les pertes de production depuis l‟introduction de B. dorsalis ont été estimées à environ 60 tonnes à l‟hectare. Avec la combinaison de plusieurs méthodes de luttes entre 2010 et 2013 (élimination des mâles, lâchers du parasitoïde (Fopius arisanus)), les pertes dues à B. dorsalis sont passées de 60 à 45 tonnes de mangues infestées par hectare ( DPV, 2013). Les niveaux des dégâts de B. dorsalis sur la filière mangue sont estimés à 36 à 50 % dans les Niayes, la zone Centre et la Petite Côte (Ndiaye et al., 2006). Les mouches des fruits sont redoutées du fait de leur capacité à infester un grand nombre de cultures commerciales, provoquant des dévastations, la perte de marchés d’exportation ou l’interruption des échanges (embargo) (Manrakhan et al., 2014). 

Méthodes de lutte contre Bactrocera dorsalis

Plusieurs méthodes de contrôle de la mouche des fruits ont été testées en passant par les mesures prophylactiques, la lutte physique, la lutte génétique, la lutte chimique et la lutte biologique entre autres. 

.La lutte préventive Le désherbage et le sarclage des vergers permettent d‟exposer hors du sol les pupes, qui meurent par dessiccation. L‟utilisation de plantes pièges peut également contrôler les mouches, par exemple le maïs, qui constitue une plante particulièrement attractive pour les mouches. Dans les vergers, il est important de ramasser les fruits piqués par les mouches (Vayssières et al., 2009). Les fruits ramassés peuvent être soit enfermés hermétiquement dans des sacs en plastiques puis exposés au soleil, soit enterrés dans une fosse de 40 à 60 cm de profondeur, soit incinérés ). Pour éviter une réinfection des cultures (Ndiaye & Dabo, 2007 ; Deguine et al., 2011). Figure 3: Capacité invasive des Tephritidés (Deguine et al., 2011) 

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 La lutte physique

L‟ensachage ou le gainage des fruits consiste à empêcher physiquement les femelles de pondre leurs œufs dans les fruits des plantes hôtes en enveloppant ces fruits dans des sacs à double paroi en papier journal ou papier kraft (Ndiaye & Dabo, 2007).

 La lutte chimique

Le contrôle des mouches des fruits repose encore trop souvent sur l‟utilisation des pesticides, seuls ou mélangés à des attractifs alimentaires (traitements par taches) selon Roessler, (1989).Elle peut aussi faire appel aux traitements en plein, utilisant des insecticides tels que la Bifentrine, la lambda cyhalothrine ou encore l‟Azadirachtine (Ndiaye, 2007). Une autre méthode de lutte chimique consiste en la technique d‟annihilation des mâles (TAM).Des pièges locaux et classiques « Tephri-trap » contenant des attractifs sexuels (paraphéromones) qui attirent essentiellement les mâles, sont utilisés. La technique d‟annihilation des mâles consiste à suspendre une des différentes paraphéromones (méthyl eugenol, trimedlure, cuelure) à l‟intérieur des pièges et à introduire au fond de ces derniers un insecticide tel que le 2,2- dichlorovinyl dimethyl-phosphate (DDPV). Les mouches sont alors attirées par les paraphéromones à l‟intérieur des pièges et tuées par l‟insecticide chimique (Ros et al., 1996). 8 

 La lutte génétique

La Technique de l‟Insecte Stérile (TIS) est une méthode de contrôle du ravageur utilisant des lâchers inondatifs d‟insectes stériles pour réduire la fertilité de la population sauvage de la même espèce (FAO, 2005). Les lâchers d‟insectes stérilisés permettent d‟éradiquer une espèce en augmentant la proportion des accouplements improductifs. L‟utilisation de cette méthode exige des installations permettant d‟élever, de nourrir et de produire des centaines de millions de mouches par semaine et de contrôler leur aptitude à concurrencer les mouches sauvages. 

. La lutte biologique La lutte biologique est l‟utilisation des organismes vivants pour diminuer les niveaux de population d’autres organismes, généralement nuisibles. Les ennemis naturels les plus souvent utilisés en lutte biologique comprennent les microorganismes, les prédateurs et les parasitoïdes. Ces derniers sont responsables de nombreux succès en lutte biologique et ils occupent dans les écosystèmes naturels une place importante. 

 Utilisation de parasitoïdes

Les parasitoïdes sont des insectes dont les femelles pondent dans, sur ou à côté de l‟insecte hôte et dont les larves issues des œufs se nourrissent à l‟extérieur ou à l‟intérieur de l‟hôte et qui finissent par le tuer au cours de son développement (Waage & Greathead, 1992). Les espèces de la sous-famille des Opiinae (Braconidae) sont le plus souvent utilisées dans le cadre du contrôle biologique classique des mouches des fruits. Parmi les Opiinae, Fopius arisanus est inféodé aux œufs de mouches des fruits(Billah et al., 2008). 

 Utilisation de prédateurs

Les prédateurs sont des organismes autonomes qui au cours de leur vie attaquent, tuent et mangent leurs proies (Waage, 1992). Oecophylla longinoda est un prédateur généraliste qui se nourrit surtout d‟insectes et en particulier de ravageurs de culture tels que les larves de Tephritidae. L‟abondance de ces fourmis oecophylles dans un verger réduit considérablement les dégâts causés par les mouches des fruits (Van Mele, 2007). 

 Utilisation d’agents pathogènes

Un pathogène est un organisme pathogénique, généralement une bactérie, un champignon, un protozoaire ou un virus. Les micro-organismes entomopathogènes peuvent être utilisés pour la suppression des mouches des fruits en ciblant l‟adulte ou les stades larvaires à la pupaison. Les 9 recherches effectuées à l‟ICIPE ont permis d‟identifier un isolat de champignon important (isolat Metarhizium anisopliae ICIPE 20) (Ekesi et al., 2011).

 La lutte intégrée

La lutte intégrée contre les ennemis des cultures est un système de lutte aménagée qui, compte tenu du milieu particulier et de la dynamique des populations des espèces considérées, utilise toutes les techniques et méthodes appropriées de façon aussi compatible que possible en vue de maintenir les populations des ravageurs en dessous du seuil de nuisibilité à des niveaux où ils ne causent pas de dommages économiques (FAO, 1967). Elle se fait avec des méthodes de lutte plus spécifiques comme la Technique d‟Elimination des Mâles, les « baits stations », les champignons entomopathogénes et les traitements localisés avec le Spinosad. 

Table des matières

DEDICACES
REMERCIEMENTS
RESUME .
ABSTRACT
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
Chapitre I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. La mouche orientale des fruits : Bactrocera dorsalis
I.1.1. Généralités sur les mouches des fruits
I.1.2. Taxonomie et répartition géographique de Bactrocera dorsalis en Afrique
I.1.2.1. Taxonomie
I.1.2.2. Répartition géographique de Bactrocera dorsalis en Afrique
I.1.3. Bio-écologie
I.1.3.1. Cycle de développement
I.1.3.1.1. Accouplement
I.1.3.1.2. Ponte
I.1.3.1.3. Développement des stades pré-imaginaux
I.1.3.2. Plantes-hôtes
I.1.3.3. Ecologie
I.1.4. Importance économique de Bactrocera dorsalis
I.1.5. Méthodes de lutte contre Bactrocera dorsalis
I.1.5.1.La lutte préventive
I.1.5.2. La lutte physique
I.1.5.3. La lutte chimique
I.1.5.4. La lutte génétique
I.1.5.5. La lutte biologique
I.1.5.5.1. Utilisation de parasitoïdes
I.1.5.5.2. Utilisation de prédateurs
I.1.5.5.3. Utilisation d‟agents pathogènes
I.1.5.6. La lutte intégrée .
I.2. Le champignon entomopathogène : M anisopliae
I.2.1. Généralités
I.2.2. Systématique
I.2.3. Description
I.2.4. Formulation et application
I.2.5. Mode d‟infection
I.2.5.1. La phase d’adhésion
I.2.5.2. La phase de germination
I.2.5.3. La phase de pénétration
I.2.5.4. La phase de dissémination
Chapitre II : MATERIEL ET METHODES
II.1. Matérie
II.1.1. Matériel biologique
II.1.2. Matériel non biologiqu
II.2. Méthode expérimentale
II.2.1. Test de germination des conidies de M. anisopliae.
II.2.1.1. Préparation du milieu de culture
II.2.1.2. Préparation de l‟inoculant fongique
II.2.1.3. Calcul de la concentration en spores avec l’hémocytomètre
II.2.1.4. Observation de la germination des spores
II.2.2. Effet de l‟humidité du sol sur les larves de Bactrocera dorsalis
II.2.2.1. Méthode de détermination du taux d‟humidité
II.2.3. Effet du Metarhizium acridum sur les larves de Bactrocera dorsalis en fonction de l‟humidité
du sol
II.2.4. Test du Metarhizium acridum sur les pupes de Bactrocera dorsalis en fonction de l‟humidité
du sol
II.2.4.1. Effet du Metarhizium acridum sur l‟émergence des mouches
II.2.4.2. Effet du Metarhizium acridum sur la viabilité des mouches adultes issues des pupesn incubées dans les sols traités
II.2.5. Test de pathogénicité du Metarhizium acridum sur les adultes de Bactrocera dorsalis
II.2.6. Analyse statistique
Chapitre III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. Résultats
III.1.1. Viabilité des spores du Metarhizium acridum
III.1.2. Effet de l‟humidité du sol sur les larves de Bactrocera dorsalis
III.1.3. Effet du Metarhizium acridum sur les larves de Bactrocera dorsalis en fonction de l‟humidité du sol
III.1.4. Test du Metarhizium acridum sur les pupes de Bactrocera dorsalis en fonction de l‟humidité
du sol
III.1.4.1. Effet du Metarhizium acridum sur l‟émergence des mouches
III.1.4.2. Effet du Metarhizium acridum sur la viabilité des mouches adultes issues des pupes incubées sur différentes humidités du sol
III.1.5. Pathogénicité du Metarhizium acridum sur les adultes de Bactrocera dorsalis
III.2. Discussion
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

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