CONTRIBUTION DU COMMERCE EXTERIEUR A LA CROISSANCE
Nous avons retenu, d’après la partie précédente, le faible dynamisme des exportations malgaches, vu leur composition. Ce faible dynamisme s’explique tant dans l’évolution des prix, que par leur incapacité de répondre aux incitations extérieures. Les importations se caractérisent par une hausse de volume, suite à la libéralisation. Cette augmentation touche surtout les biens d’équipement et les biens de consommation. Après avoir cerné les caractéristiques des échanges extérieurs malgaches, nous pouvons maintenant entamer notre objectif qui consiste à étudier la contribution du commerce extérieur au développement de Madagascar. A cet effet, les chapitres suivants seront étudiés.
Globalement la trajectoire suivie par Madagascar ne constitue pas une caractéristique propre à cette économie. Ce cheminement de la politique économique, avec l’adoption d’une politique d’import substitution au début des années 70, et le tournant vers la libéralisation dans la deuxième moitié des années 80, a également été le fait de nombreux PED. Les différents arguments respectivement avancés, d’une part pour justifier les mesures protectionnistes, et d’autre part pour inciter à la libéralisation des échanges s’appliquent de manière générale au cas malgache. Le refus d’une trop grande dépendance extérieure et la volonté de pousser en avant l’industrialisation ont motivé le choix d’une stratégie d’import substitution dans les années 70. A cela s’est ajoutée la contrainte liée à la pénurie de devises qui a mené à une plus grande fermeture du pays. La période d’autarcie s’est traduite par une récession de l’économie. Le recul enregistré aussi bien au niveau de l’industrie que sur les autres secteurs, et la conscience des limites des forces internes a conduit le pays à miser dorénavant sur l’ouverture extérieure pour retrouver le chemin de la croissance.
Afin d’évaluer la pertinence de ce choix qui met en avant les effets bénéfiques d’une plus grande extraversion, il convient au préalable de vérifier si cette logique s’applique au cas malgache. On cherchera donc à mesurer les contributions effectives ou potentielles des échanges extérieurs à la croissance économique. L’approche consiste à dégager sur le long terme les relations entre l’évolution du commerce extérieur et le PIB du pays. Partant des structures en place et des liens existants entre les grands agrégats économiques, il faut s’interroger sur les capacités de relance d’une stratégie basée sur l’extraversion. La poursuite de cette politique et les possibilités d’une consolidation à moyen et long terme des avantages de l’ouverture extérieure en dépendent. Le développement économique peut-il venir d’une expansion des échanges extérieurs, et plus particulièrement des exportations ? La réponse à cette question au vu des expériences passées de l’Ile sera au centre de cette analyse.
le résidu ou l’erreur de l’estimation
La statistique T de Student donne la significativité individuelle d’un paramètre par rapport à la variable à expliquer. Si un paramètre est significatif, alors la variable correspondante l’est aussi dans l’explication du modèle. Or le paramètre correspondant à T > = 2 est significatif, ce qui est le cas ici pour tous les T donc les variables ΔD/D, ΔX/X et ΔM/M sont toutes significatives par rapport à ΔY/Y. Comme T deΔD/D est le plus élevé (12,7), la contribution de la croissance de la demande sur celle de la production est plus importante, comparée à celle du commerce extérieur. T est donné par la formuleOn note déjà ici l’importance de la contribution de la demande intérieure face à celle des échanges commerciaux. Mais cette décomposition de la croissance du PIB reste assez grossière et doit être affinée. En effet, il est difficile de déduire les parts respectives des différentes composantes dans la mesure où une augmentation de la demande entraîne aussi en principe une hausse des importations (en particulier pour le cas de Madagascar où la part de la demande d’intrants importés est importante).
La relation entre le PIB et les exportations se révèle faible comparé à celle reliant le PIB à la demande intérieure. Ce résultat découle en faite directement de la faible extraversion de l’économie et de la part limitée des exportations dans le PIB. Mais on peut s’interroger sur l’impact de la période de fermeture de l’économie, et de son ouverture récente sur les liens entre la croissance économique et celle des échanges. La même estimation a ainsi été faite sur les trois périodes caractéristiques des stratégies suivies. Globalement, les années 60 correspondent au maintien de l’extraversion héritée de la colonisation. Les années 70 et la première moitié des années 80 se caractérisent par une politique tournée vers l’intérieur. Enfin, la dernière période est marquée par l’ouverture.