CONTRIBUTION DE LA GESTION DURABLE DES TERRES A LA SECURITE ALIMENTAIRE
LES RESSOURCES EN EAU LES EAUX DE SURFACE
Les eaux de surface des régions de Fatick et Kaolack sont essentiellement constituées de cours d’eau de nature diverse (marigots, mares et bas-fonds) et tributaires de la pluviométrie. Entre autres ressources, on peut citer les fleuves du Saloum, dont la qualité des eaux ne permet pas des aménagements agricoles, et le Sine qui se prolonge par une vallée fossile jusque dans la région de Diourbel (CRF, 2000 et 2001).
LES EAUX SOUTERRAINES
Trois principales nappes constituent les réserves souterraines de la zone. La nappe du Maestrichtien peut être captée à des profondeurs de 200 à 450 m dans la zone. Elle offre une eau de nature salée avec des teneurs en sel de l’ordre de 1100 mg/l à Kaolack et de 1500 mg/l à Fatick dans l’axe Sokone – Niakhar (INP, 2012). Son eau sert aux multiples usages des ménages et aux activités sylvo-pastorales et maraîchères. Le Paléocène quant à lui offre une eau de qualité moyenne à usage domestique. A Niakhar il est capté à une profondeur de 35 m et alimente les puits traditionnels (PLD, 2013). Son eau est saumâtre du fait de la forte teneur en sel. Elle est à l’origine de la contamination du forage de Niakhar qui est actuellement inutilisée du fait de la forte salinité de son eau. Le Continental Terminal dont la qualité de l’eau répond à toute forme d’usage mais reste menacé par les pollutions. Le résidu sec est de l’ordre de 60 à 300 mg/l (INP, 2012).
LES RESSOURCES VEGETALES
La région naturelle du Bassin Arachidier présente une végétation variée avec la présence de cinq (5) types de formation végétale : la savane arbustive, la savane arborée, la steppe arborée, la mangrove et le domaine forestier (Cheick et al, 2002). Les potentialités non négligeables offertes par le massif forestier expliquent la diversité faunique très importante. Pour cette dernière, le massif forestier offre un habitat adéquat et sécurisant. Les forêts ont toujours contribué à la subsistance, à la sécurité alimentaire, au développement économique et au bien-être des populations du Sine-Saloum. 10 Cela a conduit à leur utilisation incontrôlée qui a abouti à un état de dégradation extrême. Et pourtant les besoins et les exigences à l’égard du milieu forestier s’avèrent plus pressants que jamais, en raison de l’augmentation de la population, des considérations environnementales, de l’évolution socio-économique et de l’expression de multiples autres intérêts, dont les valeurs culturelles et spirituelles.
LES RESSOURCES EN SOLS
Les types de sols rencontrés dans la zone du bassin arachidier sont : – les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés ou « Dior » qui sont des sols meubles et perméables. Ces sols constituent un domaine spécifiquement propice à la culture du mil « souna » et de l’arachide, mais du fait de leur appauvrissement progressif, ils sont soumis à une baisse des rendements (PRDI, 2001). Ces types de sols couvrent une grande partie des superficies cultivées de la zone ; – les sols ferrugineux tropicaux lessivés communément appelés « Deck », qui du fait de leur texture fine, renferment une forte proportion de limons et une teneur en argile relativement élevée. Ils sont riches en matière organique et en éléments chimiques, ce qui justifie leur aptitude à une large gamme de culture (arachide, mil, sorgho, maïs, manioc…). – les Sols Deck-Dior qui sont des sols de transition entre les Decks et les Diors ; – les sols hydromorphes : caractéristiques des bas-fonds et des cours d’eau restent un peu dispersés dans la région avec un matériau généralement argileux. Ce sont des sols bruns sans limitations sérieuses (PRDI Kaolack, 2000). Le facteur déterminant dans ce type de sol est l’hydromorphie due à la proximité de la nappe et à l’accumulation des eaux de pluie. Ces sols, sous l’effet des perturbations climatiques et des mauvaises pratiques agricoles, présentent des contraintes physico-chimiques. Les plus visibles sont la progression des terres salées, l’appauvrissement des sols dû à la surexploitation, l’érosion hydrique et éolienne accentuée par la dégradation du couvert végétal notamment la mangrove. − les sols halomorphes : caractéristiques des milieux salés, ils se présentent sous forme de tannes vives ou de tannes herbeuses. De types acides et hyper salés, leur progression considérable réduisent les superficies agricoles de la zone.
LE MILIEU SOCIO-ECONOMIQUE
L’AGRICULTURE
Dans le Bassin Arachidier, l’agriculture constitue la principale activité économique. Elle est de type extensif et essentiellement pluviale. De ce fait, elle est largement tributaire des aléas climatiques et des politiques agricoles étatiques. Elle se caractérise par une longue pratique de la culture arachidière épuisant les sols mais aussi par la progression des tannes en zone côtière. Les activités de production de charbon ont largement contribué à la destruction du couvert végétal (PRDI Fatick, 2001). Ceci a conduit à une baisse généralisée des rendements des principales spéculations dans le Bassin Arachidier. Cette situation est le résultat de facteurs d’ordre anthropique et naturel (PRDI Kaolack 2000). Les principales cultures pluviales sont par ordre d’importance : – le mil qui est la base de l’alimentation locale ; – l’arachide qui est la principale culture de rente ; – le riz essentiellement cultivé par les femmes est auto-consommée ; – le maïs, le niébé et les spéculations des programmes spéciaux ; – les cultures maraîchères sont également pratiquées dans toutes les zones et constituent une source d’occupation et de revenus supplémentaires pour les populations.
LES CONTRAINTES DANS LE SECTEUR AGRICOLE
Le secteur agricole, principal moteur de l’économie locale fait face à un certain nombre de difficultés qui peuvent être résumées comme suit : dégradation des sols et des écosystèmes ; faible qualité des semences ; vétusté du matériel agricole ; insuffisance des terres agricoles due à la pression démographique et à la dégradation des terres ; l’insuffisance de l’eau en quantité et en qualité ; la non maîtrise de l’eau et la dépendance de l’agriculture à la pluviométrie ; l’accès difficile au crédit d’investissement significatif pour développer ce secteur ; les capacités techniques des acteurs.
L’ELEVAGE
Le secteur de l’élevage constitue, après celui de l’agriculture, la seconde activité économique de la zone. Il est de type extensif. Les principales races communes élevées sont les bovins, les ovins, les équins et dans une moindre mesure les caprins. Dans les ménages, l’aviculture qui y est pratiquée reste traditionnelle. L’élevage est un secteur utile à l’agriculture du fait que les agriculteurs se servent des animaux pour les travaux champêtres et des fumures organiques comme fertilisants.
LES CONTRAINTES DANS LE DOMAINE DE L’ELEVAGE
Ses caractères extensif et traditionnel expliquent en partie les contraintes auxquelles il reste confronté. Les plus communes sont : la difficulté d’alimentation du bétail du fait de la réduction du tapis herbacé ; la difficulté d’abreuvement du bétail du fait de la raréfaction des points d’eau surtout en saison sèche, la raréfaction également des couloirs pour accéder à ces points d’eau ; un suivi sanitaire souvent absent, la morbidité importante des troupeaux du fait des conditions difficiles (tarissement des mares, réduction du couvert végétal) et de l’insuffisance d’infrastructures pastorales ; l’absence d’un système de financement adapté permettant de faire des investissements conséquents à moyen et long terme.
LA PECHE ET LE COMMERCE
La pèche concerne essentiellement les poissons, les crevettes et les fruits de mer. Elle est plus pratiquée dans la zone des îles (commune de Fimela) où elle constitue l’un des poumons de l’économie locale. Le potentiel de développement du secteur est important mais les prises sont de plus en plus rares à cause de la dégradation de l’écosystème et principalement de la mangrove. Cette dernière constitue un lieu de repos, un abri pour plusieurs espèces d’oiseaux, un lieu de refuge pour plusieurs animaux (hyènes entre autres) et un lieu de reproduction et d’alimentation pour les poissons (Gaye, 2009). Le commerce joue un rôle important dans l’économie du Sine-Saloum. Il permet l’échange, l’approvisionnement en denrées mais aussi l’écoulement des produits agricoles et artisanaux. Le petit commerce est très développé et participe à la résorption du chômage des jeunes en milieu urbain (PRDI, 2000).
L’EXPLOITATION DU SEL
Elle est pratiquée dans les régions de Fatick (village de Ndiémou où l’on recense 110 puits et 39 parcelles de salins, PLD, 2013) et Kaolack dans sa partie nord (PRDI, 2000). C’est une activité principalement féminine. Le caractère artisanal de cette activité explique l’anarchie dans laquelle elle est pratiquée et par conséquent sa contribution effective à la dégradation de l’environnement notamment par la progression des terres salées. Cette pratique favorise également la destruction de la végétation et de la biodiversité. Elle constitue à cet effet un obstacle à la préservation des ressources naturelles. Les exploitants sont confrontés à un sous-équipement et une insuffisance des unités d’iodisation. Hormis ces contraintes, on a également les problèmes de commercialisation et de stockage en saison hivernale.
LE MILIEU HUMAIN
La population dans le Bassin Arachidier et spécifiquement à Fimela, Niakhar et Latmingué est composée d’une diversité ethnique dont la plus représentée est l’ethnie sérère. Viennent ensuite par ordre d’importance les wolofs, les peulhs, les diolas, les bambaras,…. Cependant, on note une parfaite intégration des ethnies minoritaires favorisée par le « cousinage à plaisanterie » entre les ethnies. Le nombre d’habitants par commune reste estimé à 28545 habitants à Niakhar, 25228 habitants à Fimela et 28814 habitants à Latmingué (ANSD, 2013). Conclusion partielle La présentation du contexte biophysique montre que la zone dans laquelle se localisent les sites d’études est à forte vocation agro-pastorale. L’agriculture et l’élevage constituent les principales activités desquelles les populations tirent l’essentiel de leurs revenus. Cependant, le système de production est sujet à des phénomènes de dégradation notamment la salinisation, l’érosion hydrique et éolienne, la disparition du couvert végétal, l’appauvrissement des terres y compris en matière organique.
DEFINITION DES CONCEPTS
Ce chapitre est consacré à la définition de certains concepts clés pour une meilleure compréhension de l’approche adoptée dans le cadre de ce thème de mémoire.
DEGRADATION DES TERRES
La dégradation des terres est définie par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) comme étant « toute forme de détérioration du potentiel naturel des sols qui altère l’intégrité de l’écosystème soit en réduisant sa productivité écologiquement durable, soit en amoindrissant sa richesse biologique originelle et sa capacité de résistance ». Dans la Lettre de Politique du Sectorielle de l’Environnement et des Ressources Naturelles (LPSERN 2009-2015), la dégradation des terres est associée à la diminution de la capacité productive des terres arables due à des facteurs tels que l’érosion hydrique et éolienne, la salinité, l’acidité. Elle est liée à la diminution parfois irréversible, de la productivité et des richesses biologiques et chimiques des sols. Des phénomènes naturels comme les changements climatiques, l’irrégularité des précipitations, la sécheresse et l’utilisation inadaptée de ces ressources par l’homme en sont les principales causes (Sanokho, 2007). La dégradation des terres peut simplement se résumer à une diminution de la capacité naturelle de production d’un sol. Elle peut également être associée à une destruction de la qualité biologique, chimique ou physique d’un sol.
GESTION DURABLE DES TERRES
La Gestion Durable des Terres peut être définie comme « l’utilisation des ressources de la terre, y compris les sols, l’eau, les animaux et les plantes, pour la production de biens destinés à satisfaire les besoins de l’homme, tout en garantissant le potentiel productif à long terme de ces ressources et la conservation de leurs fonctions environnementales » (NU, 1992). Selon TerrAfrica, la gestion durable des terres consiste à l’adoption de systèmes d’utilisation des terres qui, à travers des pratiques de gestion appropriées, permettent à ses utilisateurs de maximiser les avantages procurés par les terres, tout en préservant ou en renforçant leurs fonctions de soutien écologique. 15 La gestion durable des terres (GDT) est cruciale pour minimiser la dégradation des terres, réhabiliter les zones dégradées et assurer une utilisation optimale des ressources en terres pour les générations actuelles et futures (Terrafrica, 2009). Le concept de Gestion Durable des Terres met en évidence la situation de rareté dans laquelle sévissent les ressources de la terre. Il prétend ainsi une utilisation rationnelle et reproductive des ressources naturelles dans une optique de développement durable. L’intervention en matière de GDT consiste à l’utilisation des techniques de Défense et Restauration des Sols, Conservation des Eaux et des Sols (DRS /CES) à travers la lutte mécanique (diguette, cordons pierreux, gabions, …), des actions biologiques (technique d’enherbement ou d’agroforesterie) et l’amélioration de la fertilité des sols par amendement (apport de fumier, compost, …).
LES METHODES BIOLOGIQUES DE LUTTE
Ces techniques consistent à mettre en œuvre des activités de reboisement, de brise-vents, de régénération naturelle assistée (RNA) et de mise en défens, mais aussi d’amendements organiques. La RNA consiste à protéger les jeunes pousses dans les parcelles de culture et à favoriser la reconstitution du couvert végétal. L’association culture/arbre permet de réduire la concentration du ruissellement et de protéger les champs contre les différentes formes d’érosion (Diatta, 1994), ce qui favorise l’infiltration de l’eau. Le compostage est défini comme étant un procédé biologique qui permet, sous l’action de bactéries aérobies, la dégradation accélérée des déchets organiques pour produire le compost. Ce dernier est un produit pré-humifié facilement assimilable par les cultures et riche en éléments nutritifs (Marchal et al, 1992). La mise en défens est une technique qui consiste à mettre au repos, par des rotations périodiques, des surfaces dégradées afin d’y favoriser la régénération des couvertures végétales et pédologiques. Son aspect le plus important est relatif au rôle de la végétation dans la lutte contre les érosions éolienne et hydrique (DELWAULLE, 1975). Et selon ROOSE en 1977, la mise en défens est une pratique qui permet de restaurer les couvertures végétales, dont le rôle sur la conservation de l’eau et de la fertilité du sol est largement décrit.
LES METHODES CHIMIQUES DE LUTTE
Ils consistent à l’utilisation d’engrais minéraux. Ces derniers sont obtenus par synthèse ou par transformations industrielles de roches éruptives, sédimentaires ou salines (Marchal et al, 1992). Ils participent rapidement à la nutrition des cultures en fournissant un ou plusieurs éléments minéraux essentiels. Les éléments minéraux essentiels constituent l’ensemble des éléments chimiques indispensables à la croissance et au développement normal de la plante. Ils répondent à trois critères : ils sont indispensables, irremplaçables et participent directement à la nutrition des cultures (Marchal et al, 1992).
LES METHODES MECANIQUES DE LUTTE
Il consiste à la mise en œuvre d’ouvrages tels que les cordons pierreux, les gabions, les fascines et l’usage de sacs de sable pour lutter contre l’érosion éolienne et hydrique. Le gabion : c’est un moyen de lutte contre l’érosion hydrique constitué d’une sorte de casier le plus souvent fait de solides fils de fer tressés, contenant des pierres. Il permet de piéger les sédiments transportés depuis la partie amont et donc facilite le comblement progressif des ravins. Le cordon pierreux : c’est une structure filtrante dont l’objectif est de réduire l’impact érosif du ruissellement et de favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol (Diatta, 1994). Il permet de piéger les sédiments riches en minéraux et les matières organiques transportées par l’eau
DEDICACES |