CONTRIBUTION A UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DES PRODUITS COSMETIQUES
Généralités sur les parties superficielles du corps
La peau La peau est vitale pour notre santé globale et notre bien-être. En plus d’être la première ligne de défense de notre corps contre les bactéries et les virus, une peau saine permet de conserver l’équilibre de nos fluides corporels et aide à réguler la température de notre corps. Chez un être humain adulte, elle pèse un sixième du poids total (environ 4 kg), représente une surface de 2 m2 et son épaisseur varie de 1 mm à 5 mm La vascularisation et la pigmentation (due à la présence de la mélanine) donnent sa couleur à la peau [34]. I.1.1 Structure et physiologie de la peau Organe en perpétuelle évolution et dynamique, la peau est constituée de trois couches distinctes, qui sont de l’intérieur vers l’extérieur : l’hypoderme, le derme, et l’épiderme. (Figure1) Figure 1 : Coupe transversale de la peau [34] La peau renferme également diverses formations dites annexes cutanées : le follicule pilo-sébacé formé de poils et des glandes sébacées qui secrètent un produit lipidique qui est le sébum ; et les glandes sudoripares qui sont de deux 6 types, exocrines et apocrines, qui diffèrent par leurs fonctions et par la composition de la sueur qu’elles excrètent [35].(figure2) Figure 2: La peau et ses annexes [35] L’hypoderme L’hypoderme, zone sous-cutanée, est la couche la plus profonde. C’est un matelas protecteur, isolant thermique et un réservoir énergétique. Il est principalement constitué de cellules adipeuses, de fibres de collagène et de vaisseaux sanguins. [34] Le nombre de cellules adipeuses présentes dans l’hypoderme diffère selon les différentes parties du corps. En outre, leur répartition n’est pas la même chez les hommes et les femmes. [34] Le derme ou corium Le derme, qui est aussi un organe de soutien essentiel, représente 90 % de l’épaisseur de la peau. Il est constitué à 80 % d’eau, de fibres d’élastines et de collagènes noyés dans un gel de glycoprotéines. Les fibroblastes sont les principales cellules du derme et sont spécialisés dans la synthèse des fibres de collagène et d’élastine. Le collagène est la principale protéine de soutien de la 7 peau à laquelle il confère sa résistance aux tensions et aux tractions, tandis que l’élastine lui apporte élasticité et flexibilité. Le derme est constitué de deux sous-couches : La couche réticulaire ou stratum réticulaire : zone épaisse et profonde qui forme une transition continue avec l’hypoderme. La couche papillaire ou stratum papillaire : elle forme une bordure ondulée bien définie avec l’épiderme. Le derme contient aussi les glandes sébacées qui fournissent le sébum à la surface de la peau et les glandes sudoripares qui fournissent l’eau et l’acide lactique. Associés, ces fluides forment le film hydrolipidique [32]. Le derme protège donc le corps grâce à son épaisseur, à sa capacité à nourrir et à éliminer les résidus, mais également à transpirer [32]. L’épiderme L’épiderme est la couche la plus extérieure de la peau, il se renouvelle toutes les quatre semaines environ. Sur la plupart des parties du corps il mesure 0,1 mm au total, mais il est bien plus fin au niveau des contours des yeux (0,05 mm) et bien plus épais (entre 1 et 5 mm) sur les plantes de pieds [32]. Il contient principalement quatre types de cellules différentes : kératinocytes, mélanocytes, cellules de Langerhans et cellules de Merkel. Il est recouvert d’une émulsion d’eau et de lipides appelée film hydrolipidique. Ce film, renouvelé par les sécrétions des glandes sébacées et sudoripares, aide à garder une peau souple et agit comme une barrière supplémentaire contre les bactéries et les champignons. La partie aqueuse de ce film, connue sous le nom de manteau acide protecteur, contient : • De l’acide lactique et divers acides aminés de la transpiration. • Des acides gras libres du sébum. 8 • Des acides aminés, de l’acide pyrrolidone carboxylique et d’autres facteurs naturels d’hydratation (NMF) [32]. • Ce manteau acide protecteur donne aux peaux saines leur pH légèrement acide, situé entre 5,4 et 5,9 et l’environnement idéal pour les microorganismes bons pour la flore cutanée
Les fonctions de la peau
La peau a six fonctions principales que sont : – La perception : les nerfs situés dans la peau permettent de sentir la chaleur, le froid, la douleur. – la protection ou «Barrière»: la peau nous sert de barrière protective à l’eau, aux substances chimiques, aux bactéries et champignons, aux rayonnements solaires et aux traumatismes, – la synthèse: la vitamine D est synthétisée dans la peau, grâce aux rayonnements solaires. Elle sert au développement et à la santé du squelette, – l’élimination: sueur, sébum, cellules de desquamation, poils et cheveux sont éliminés au travers de la peau, – la thermorégulation: la peau joue un rôle dans la conservation de la température ambiante de notre corps, – la présentation: la peau est le reflet de l’état physiologique et psychologique de l’être humain, elle reflète son âge et peut montrer la maladie
Les affections de la peau
Le vieillissement de la peau Le prolongement de la durée de vie associé à un désir de conserver une apparence jeune, ont stimulé la recherche dans la compréhension des 9 changements de structure de la peau lors du vieillissement : le derme s’amincit et la densité des fibres augmente, rides et ridules apparaissent et, plus tard, les stigmates tels l’aspect flasque et flétri, les petits angiomes et les comédons. Tous ces signes témoignent de la transformation des tissus conjonctifs endo et extracellulaires et sont en relation avec les phénomènes oxydatifs qui contribuent à modifier l’apparence [27]. Ces mécanismes entraînent la densification du réseau des collagènes, la dégradation des élastines et la diminution du taux de glycoprotéines dans les tissus. Ceux-ci provoquent l’épaississement et le brunissement de la peau qui sont autant d’éléments de défense des structures kératinisées et mélanisées superficielles cutanées [27]. On ne peut éliminer l’apparition des kératoses et des stigmates mais une bonne hydratation et des expositions limitées au soleil évitent d’aggraver la situation [27]. Affections dues à l’usage de cosmétiques : exemple de la dépigmentation La couleur de la peau constitue un marqueur identitaire. Cette couleur, plus que tout autre marqueur de nature biologique, a longtemps marquée les imaginations et construit des appartenances sociales rigides [6]. La peau claire fut un signe de classe. Mais il fallait entretenir cette teinte pour présenter une belle apparence, tout d’abord en évitant le soleil, puis en protégeant le corps par des vêtements enveloppants tels les gants, les chapeaux à larges bords, les jupes longues, les ombrelles…, enfin par l’usage d’une cosmétique spécifique visant à éclaircir la peau à partir d’une substance blanche. Les produits éclaircissants sont assez diversifiés: la céruse ou carbonate de plomb, le talc, la craie, l’argile blanche, l’amidon de riz. Mais on peut aussi agir directement sur la pigmentation cutanée et les produits utilisés 10 dans des préparations au cours de l’histoire par différents peuples furent nombreux : urine, jus de citron, fraise, papaye, moutarde….. Mais aujourd’hui, les produits sont plus agressifs ; Ceux issus de l’industrie pharmaceutique : hydroquinone, dermocorticoïdes… ; ceux préparés de manière artisanale : produit à base de mercure, de soude, d’eau de javel, d’eau oxygénée… [6] En mai 1939, une compagnie d’assurance porte plainte contre une usine de tannerie à Chicago. Les ouvriers d’origine africaine, après examen médical, ont dénoncé la présence d’agents dépigmentants dans les gants en caoutchouc utilisés dans le cadre de leur travail. Cette expertise donna lieu à la première étude médiatique sur l’action dépigmentante de l’hydroquinone par Oliver et son équipe en 1940. Pour beaucoup d’études et d’ouvrages consacrés à l’éclaircissement de la peau, celle-ci marque le début de la pratique. Elle a été suivie par de nombreuses autres études abordant la pratique essentiellement dans une approche biologique au travers l’étude de composants dépigmentants et leurs actions, initiant le développement du marché des produits éclaircissants en Afrique [33]. La dépigmentation volontaire (DV) est extrêmement répandue depuis une quarantaine d’années dans le monde entier. En Région Parisienne, environ 20% des femmes adultes d’origine africaine qui consultent un dermatologue se dépigmentent. Les produits utilisés pour la DV et leurs complications sont comparables à ce qui a été rapporté au Sénégal, en dehors d’un taux de complications infectieuses plus important en Afrique. Le commerce de produits éclaircissants licites et illicites est connu dans la plupart des villes du monde, et sur internet [6]. Néanmoins depuis les cinq dernières années, la pratique de la dépigmentation « radicale » a régressé au Sénégal, bien qu’il existe toujours des consommatrices de ces produits éclaircissants .
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