PRESENTATION GENERALE DU SUJET
CHOIX DU SUJET ET DE LA LOCALITE
Quatre raisons majeures ont dicté le choix de notre thème :
D’abord, il s’agit du prolongement d’une étude déjà soutenue. Comme nous avons déjà travaillé sur une partie du pays Barabe au niveau de la Maîtrise, nous avons eu l’occasion de collecter des renseignements concernant notre champ d’étude actuel. A ce moment là, nous avons constaté que ce terrain était presque vierge en matière d’étude historique et nous nous sommes intéressés à l’histoire contemporaine. Nous avons alors limité notre zone d’étude dans un espace très restreint. Il s’agit de la zone d’exploitation du saphir d’Ilakaka et ses périphéries. Mais cette fois-ci nous voulons mettre en valeur ces données déjà recueillies mais non exploitées à fond. Cela signifie que le travail que nous présentons ici est le prolongement de ce que nous avons soutenu lors de l’obtention du diplôme la Maîtrise.
La deuxième raison majeure de notre choix est la rencontre d’éléments historiquement intéressants. A partir de 2000, l’année de notre affectation à Andohanilakaka, et surtout vers la fin de l’année 2004, la période de notre installation à Ranohira, nous avons eu l’occasion de parcourir l’Isalo et de visiter les édifices locaux. Sur le massif de l’Isalo par exemple, nous avons pu constater qu’il y a deux types de tombeau : celui des autochtones Bara et celui des premiers occupants Sakalava. Ce qui explique la présence antérieure de ces derniers. Nous avons pu également trouver des vestiges du royaume Barabe. Il s’agit de « valavato » ; littéralement enclos en pierres entassées du roi Ramieba et du chef Inapaky. Ce sont des clôtures en pierres d’environ 1m de hauteur, sous forme de rectangle ou carrée et qui tournent autour de 200m² de surface. Bien que les villageois ne les donnent plus beaucoup d’importance actuellement, l’étude de ces œuvres anciennes peut nous aider à comprendre la réalité socioculturelle de l’époque. Ensuite, la visite du canyon de Singe nous a permis de voir le fameux « Andranonkova », littéralement l’eau du roi qui est à l’origine du nom Ranohira. En fin, l’année 1893 écrite sur le mur de l’église luthérienne à Ranohira nous montre l’importance de l’implantation des missionnaires Norvégiens dans cette zone depuis la fin du XIXè siècle. Ainsi, nous sommes impressionnés et très sensibles envers tous ce que nous avons rencontré.
La troisième raison majeure est l’importance historique de la contrée. A la suite des conversations avec des interlocuteurs, nous avons appris que Ranohira et Isalo sont deux endroits historiquement intéressants de la période des royaumes à la colonisation. L’Ibarabe qui comprend la zone d’Ihosy et de Ranohira constitue une zone historiquement intéressante. Ranohira (Ranohira bas actuel) est le dernier centre du royaume Barabe. Ambohimahasoa d’Isalo (Ranohira qui est le chef lieu de la commune actuelle) est un village créé par les Norvégiens ne cesse de se développer. L’Isalo qui est devenu un site touristique actuel constitue une zone d’habitation temporaire des naufragés Portugais dans une période non déterminée. Il est à rappeler qu’Ihosy est un endroit historiquement important, car depuis le temps de royaume, le gouvernement de Rainilaiarivony, sous le règne de Ranavalona I, a déjà envoyé sur le lieu son ambassadeur à Ihosy.
La quatrième raison de notre choix est la sous exploitation du terrain. Le pays bara se trouve parmi les zones sous exploitées en matière de recherche en histoire. Quelque fois, on a du mal à accepter ce que disent les agents de l’administration coloniale sur l’histoire du royaume bara. Par ailleurs que dans la société de l’oralité où l’histoire se transmet de bouche à oreille, le risque de perte ou de transformation des informations au fil du temps est considérable.
APERÇU GENERAL
Délimitation géographique
Michel (Louis) définit le pays Bara comme étant une zone qui s’étend du Zomandao au Nord à Soanala au sud, de Ranotsara à l’Est et Ankazoabo à l’ouest.
Le pays Bara est un vaste territoire qui se situe dans la province autonome de Fianarantsoa puis de Toliara et comprend actuellement les districts d’Ivohibe, d’Iakora, d’Ihosy, de Betroka, de Benenitra, de Sakaraha et d’Ankazoabo. Une grande partie du territoire bara se trouve dans le Sud Ouest de Madagascar.
Signification du nom Bara et origine de ce groupe
La signification du nom Bara et l’origine de ce peuple constituent encore un objet de recherche parmi les chercheurs.
Signification du nom Bara
A propos de la signification du nom Bara, nous avons pu collecter différentes interprétations. Selon notre informateur Degoly, le mot bara a été à l’origine comme signification l’immensité de l’espace et non pas le groupe ethnique. Ainsi, la population qui occupe cette zone de grande savane porte par la suite le nom Bara. Des interviewés nous ont expliqué que le mot Bara englobe actuellement tous ceux ou descendants de ceux qui s’installaient depuis longtemps et prennent comme patrie cette grande savane herbeuse. S’ils étaient Betsileo dans leur pays d’origine, par exemple, ils devenaient petit à petit Bara en s’installant définitivement dans la région. D’autres parlent de barbarie comme origine de ce nom et ils fondent leur explication sur l’expression courante « magnabaribary anakahy » qui signifie me prend comme barbare ou fou.
Kent R. avance que ,
«L’étymologie du terme bara fait beaucoup d’investigation mais il pourrait être dérivé du mot bara qui a l’idée, implicitement, d’impolitesse ou de barbarie. Une autre suggestion avance l’idée de naïveté » .
Du mot bara, selon Faublée, est un titre donné par un souverain Zafimanely à ses sujets et ses consanguins. Il tranche Bara au Tchyan d’Indochine bara ou bàrà, terme honorifique qui signifie « grand, élevé, beau » proche de Javanais, au malaise paras, …
Origine des Bara
L’étude des origines de la population Bara n’est pas isolée de celle de l’ensemble des origines des Malgaches. Elle est caractérisée par son incertitude. Ainsi, deux hypothèses sont toujours évoquées : origine mélanopolynésienne et origine bantoue. L’étude de la possibilité de migration ancienne par la navigation, l’analyse d’us et coutume, de dialecte, de traditions orales et de caractère physique seraient nécessaires pour comprendre d’où viennent-ils exactement ? Comme nous avons déjà évoqué dans la page antérieure, des études effectuées par les différents chercheurs affirment que les Bara ont une origine africaine. Nous en aurions traité d’une manière plus détaillée et plus approfondie dans notre prochaine étude. Pour la période d’arrivée de ce groupe à Madagascar, elle semble encore flou et les chercheurs se sont divisés en essayant de préciser les premiers points d’implantation de ce groupe. Mais des sources orales et écrites confirment que la région d’Ivohibe est la capitale historique des Bara. Tout le monde est à peu près d’accord que la recherche de nouveaux pâturages, pour faire paître leurs troupeaux, constitue l’un des grands motifs de l’expansion de ce groupe éleveur vers l’ouest.
INTRODUCTION |