CONTRIBUTION A L’ETUDE DU RESPECT DES REGLES REDACTIONNELLES DES ORDONNANCES MEDICALES
LA PROVENANCE DES ORDONNANCES
Au total 300 ordonnances ont été collectées au hasard dans les officines. Il ressort de nos résultats une prédominance des districts (29%), suivis respectivement des cliniques (25%), des hôpitaux (24%), des origines inconnus (13%) et des infirmeries ou postes de santé (9%). Concernant le respect de la prescription, les cliniques viennent en tête avec 18%, suivies des hôpitaux (9%) et des districts (7%). Ces résultats montrent la place importante qu’occupent les centres de santé, les cliniques et les hôpitaux dans la prise en charge médicale. Il s’agit en effet de structures dans lesquelles, les plateaux techniques sont relevés, et les populations ont confiance aux personnels qu’y exercent. Le faible taux des postes de santé peut s’expliquer par le fait que les populations ne respectent pas le système de référence, et ont tendance à fréquenter directement les cliniques, les hôpitaux et les centres de santé qui constituent les premiers reflexes des populations; ils sont en effet le centre d’accueil de toute maladie sa régularité doit être veillé. V.2 LES DROITS DE PRESCRIPTIONS Si jadis le problème principal des médecins était le manque de médicaments actifs à leur disposition, depuis le XXe siècle le législateur s’est efforcé au contraire de restreindre la liberté de prescription du médecin et l’autorité de l’ordonnance. Cependant, un droit de prescription encadré est accordé à certains professionnels de santé dans le cadre de leur domaine de compétence 43 (chirurgiens-dentistes et sages-femmes) selon une liste de médicaments fixés par arrêté du Ministre de la santé. Nos résultats ont permis de retrouver toutes les catégories de prescripteurs ayant un droit de prescription, et d’autres ne l’ayant pas (infirmiers et inconnus). Ainsi, il y a une prédominance des médecins (27%) suivi des prescripteurs inconnus (25%), des sages-femmes (15%), des chirurgiens-dentistes (15%), des infirmiers (11%) et des médecins vétérinaires (7%). En outre, il ressort de nos résultats que parmi ceux qui ont le droit de prescription seuls 47% d’ordonnances ont respecté les règles de prescription contre 53% du non-respect ; cette situation peut s’expliquer par une manque de contrôle strict de l’exercice de la profession dans les structures sanitaires, et par une carence de sanctions de la part des autorités vis-à-vis du non-respect des droits de prescriptions des ordonnances médicales mais également à un défaut de sensibilisation et de communication chez les prestataires de santé. Vus la proportion élevée du non-respect, les droits de prescriptions des ordonnances médicales restent un véritable problème de santé publique d’autant plus que les objectifs fixés par le droit de prescription des médicaments ne sont pas toujours atteints.
LA REGULARITE DE LA POSOLOGIE
Elle constitue un critère qui nous paraît utile, lors de la validation des ordonnances. En effet, on ne peut pas dispenser une ordonnance sans vérifier la régularité de la posologie. Il ressort de nos résultats que 73% d’ordonnances ont respecté la régularité de la posologie et les règles rédactionnelles de prescription, contre 27% de non-respect. Parmi les 73% ordonnances ayant respecté la régularité, on note 28% ayant respecté la posologie, suivis respectivement de la 44 durée du traitement (20%), du poids et de l’âge (10%), et de la voie d’administration (15%). Cela peut s’expliquer par le fait que les prescripteurs, préoccupés par l’efficacité thérapeutique nécessaire à une meilleure prise en charge de la maladie, sont tenus de respecter la posologie. Nos résultats sont meilleurs que ceux obtenus de BARRY avec 57% d’ordonnances de non-conformité contre 27% de nos résultats. Malgré cette diminution, les grands risques d’échecs thérapeutiques auxquels les patients sont exposés restent toujours présents
LES NORMES DE LA PRESCRIPTION
Au total, 61% des ordonnances ont respectées les normes de la prescription des médicaments des listes contre 39% de non-respect. Cela peut s’expliquer par l’implication de chaque acteur de santé dans la prise en charge de la maladie des patients par un changement de comportement. Il faut noter, au SENEGAL on ne note pas l’existence d’une liste de prescription des médicaments, que ce soit facultative et restreinte contrairement en EUROPE. Sur 300 ordonnances collectées, 40% sont des médicaments hors listes, 33% des médicaments de la liste, 16% des médicaments dérivés du sang, 6% des médicaments à prescription hospitalière restreinte et 5% des associations et interactions médicamenteuses. Dans notre travail, les médicaments hors listes sont les plus prescrits. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit en effet des médicaments où les risques thérapeutiques sont moins observés. Par ailleurs, nos résultats sont meilleurs que ceux obtenus par Camara en 2009 à Dakar avec 26,82% d’ordonnances en provenance du marché parallèle contenant des associations médicamenteuses et interactions médicamenteuses contre 10% 45 de nos résultats; ce qui montre qu’ils occupent une place importante aussi bien sur le plan clinique que dans le marché parallèle et qu’ils sont en voie d’être abandonné car pouvant entrainer des effets néfastes
LES ERREURS DETECTEES
La vérification de la régularité de la posologie est une exigence fondamentale du pharmacien qui doit déceler une éventuelle confusion entre deux médicaments où lapsus, l’omission de la forme galénique ou du dosage, l’imprécision des moments de prise des médicaments et les ordonnances illisibles. Ces notions permettent aux pharmaciens de déceler toute erreur pouvant survenir dans la rédaction de l’ordonnance. Les erreurs détectées concernent 75% des ordonnances n’ayant pas respecté la prescription, et ne contenant pas des erreurs contre 25% des ordonnances ayant respecté la prescription avec des erreurs. Ces résultats confirment l’implication des prescripteurs non autorisés qui représentent une menace pour la santé publique. Parmi les erreurs détectées, on note 46% d’imprécisions (pas de durée entre les prises de collyre), 27% représentent une omission de la forme galénique et du dosage, 16% des ordonnances sont illisibles et 11% concernent des lapsus (FLAGENTYL*500mg au lieu de FLAGENLYL*) Nos résultats se rapprochent de ceux de Barry avec 27% d’ordonnances illisibles contre 16% [8]. Ces résultats montrent que les prescripteurs doivent s’appliquer davantage à rédiger leurs prescriptions avec toute la clarté requise, pour une bonne compréhension par le patient et son entourage.
L’AUTHENTICITE DE L’ORDONNANCE
Chaque acteur de santé en charge de l’exécution d’une ordonnance, sait que celleci doit être écrite, datée et signée par le prescripteur, elle ne doit pas être complétée et doit avoir une en-tête. 46 Dans le cadre de notre travail, nous retrouvons 59% d’ordonnances authentifiées qui respectent les règles de la prescription parmi lesquels 27% ont mentionné la qualité du prescripteur et 32% des ordonnances sont datées et signées. Par contre, nous avons retrouvé 41% d’ordonnances non authentiques, avec 17% n’ayant pas donné la qualité du prescripteur, 13% d’ordonnances sans en tête, 9% non datées et signées et 2% d’ordonnances complétées. Nos résultats sont différents de ceux de Barry avec 49% d’ordonnances n’ayant pas mentionné la qualité du prescripteur, contre 27% chez nous. Nous notons donc une baisse de l’ordre de 22% entre les deux études
LES MODALITES DE PRISE DES MEDICAMENTS
Les moments de la prise peuvent influencer sur l’activité d’un médicament. C’est l’exemple des anti-inflammatoires qu’il faut prendre au milieu des repas, des déparasitants à jeûn, des corticoïdes après le petit déjeuner pour une durée de 7jours, des antihypertenseurs de préférence le matin 1 heure de temps après le repas… Il ressort de nos résultats que 65% des ordonnances ne précisent pas les modalités de prise des médicaments, contre 35%. Ceci peut être dû au manque d’attention de certains prescripteurs, où même du pourcentage élevé de prescripteurs inconnus dans les structures sanitaires ; mais aussi et surtout par la méconnaissance de l’activité thérapeutique des médicaments. Cette situation peut conduire à des échecs thérapeutiques.
LA POSSIBILITE D’UNE SUBSTUTION
Pour qu’un médicament soit accessible financièrement à toutes les couches de la population, certaines possibilités de substitutions des médicaments peuvent être envisagées. Dans notre travail, sur 300 ordonnances collectées 20% des ordonnances ont fait l’objet d’une substitution, contre 80% d’ordonnances non 47 substituées. Cette faible proportion s’explique par le fait qu’il est difficile de substituer un médicament sans l’avis préalable du prescripteur. En outre au Sénégal, la méconnaissance de la loi portant substitution d’un médicament à un autre peut expliquer ceci.
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