CONTRIBUTION A L’ETUDE DES METABOLITES SECONDAIRES DE L’ALGUE ROUGE
GENERALITES SUR LES ALGUES
Définitions et caractères généraux des algues Les algues sont des organismes chlorophylliens. Elles présentent une très grande diversité morphologique ayant des formes uni ou pluricellulaires. Leur appareil végétatif qui est dépourvu de racines, de tiges et de feuilles est nommé thalle (4). Ce thalle en aucun cas ne comporte des organes différenciés comme en ont les végétaux supérieurs, d’où l’absence de tissus vasculaires. Ils se reproduisent sans jamais donner des fruits, graines ou fleurs d’où le terme de cryptogrammes. Bien que renfermant de façon constante de la chlorophylle, la couleur du thalle n’est pas toujours verte, car un pigment spécifique lié à la classe de l’algue considérée peut s’ajouter au pigment photosynthétique fondamental. I-2) Classification des algues Ainsi à partir de la couleur de l’algue, une première classification peut être faite. – Absence de pigments surnuméraires : Algues vertes ou chlorophycées – Présence de pigments surnuméraires : brun rouge Algues bleues ou Cyanobactéries Algues brunes ou Phaéophycées Algues rouges ou Rhodophycées – Pigment bleu A partir de cette classification, les algues sont réparties en plusieurs sous-classes (4). Cependant nous ne nous intéresserons qu’aux trois grandes divisions d’algues marines macroscopiques : – Les Chlorophycées – Les Phaéophycées – Les Rhodophycées .
Les algues rouges
Les rhodophycées ou algues rouges viennent après les algues vertes. Elles constituent l’unique classe de l’embranchement des Rhodophytes et essentiellement marines. On compte 4000 espèces qui se répartissent en deux grandes classes (5). Les Bangiophycées (Bangiales) qui sont des formes primitives microscopiques et unicellulaires. A l’exception du Porphyra, algue macroscopique. Les Floridéophycées sont les formes macroscopiques pluricellulaires les plus évoluées. Toutes les algues rouges macroscopiques appartiennent à ce groupe. a) Rhodophycées de la côte sénégalaise C’est la classe d’algues la plus représentée de la côte sénégalaise soit près de 50% de l’ensemble avec quelques espèces très répandues comme le genre Polysiphonia, Laurencia ,Corallina, Meristotheca,Gracilaria etc. (1). b) Algue rouge : genre Polysiphonia La majeure partie des espèces du genre Polysiphonia sont réparties sur toutes les côtes du monde. On dénombre 14 espèces de Polysiphonia dans 25 algues de l’ordre des Céramiales et 9 de la famille des Rhodomélacées apparentées. Donc, à présent le Polysiphonia a une circonscription générale incluant au moins 200 espèces. Les Polysiphonia comportent trois clades fortement étayés, groupe Polysiphonia, groupe Neosiphonia et groupe » multipéricentrique ». Etant donné la confusion qui entoure la taxonomie traditionnelle dans le genre Polysiphonia, une matrice de 28 caractères anatomiques est produite représentant l’espèce des lignées principales du genre Polysiphonia (6). C’est ainsi que différentes familles de composé ont été identifiées à partir du genre Polysiphonia. I-4) Familles de composés isolés du genre Polysiphonia L’étude des métabolites secondaires du Polysiphonia permet de distinguer les familles de composés suivantes : (7) 13 – Glucides et dérivés ; – Bromophénols ; – Acides gras ; – Lipides polaires ; – Amino-acides ; – Stérols. a) Glucides et dérivés ; Batey et Turvey (8) ont isolé du P. lanosa le composé 6- O-méthyl-4-sulfate-βgalactose. De cette même espèce a été identifiée le 3,6-α-anhydrogalactose (8). O O OH OH HO 6 3 Le mannoglycéride de sodium a été isolé du P. fastigiata (9). O HO OH OH O HOH2C CH CH2CO2 – Na+ CH2OH Un composé similaire au α,α-tréhalose est trouvé par Wickberg (10) à partir de la même espèce. O OH H H H OH OH OMe OSO3 – 14 O OH OH O O OH OH HO OH HO HO On a également le mannitol à partir du P.fasgiata (11) CH2OH HO HO H H CH2OH OH OH H H b) Bromophénols Des bromophénols possédant des activités antibiotiques et antioxydantes ont été isolés à partir de plusieurs espèces du genre Polysiphonia. Le composé antioxydant, 5-bromo-3,4-dihydroxybenzaldehyde a été isolé du Polysiphonia morowii par Saito et Ando (12). HO Br CHO OH Le polysiphénol (dihydrophénanthrène dibromé) a été trouvé en 1992 au Sénégal à partir de l’espèce Polysiphonia ferulacea par Aknin et al (13). 15 HO OH HO Br Br OH Le méthylrhodomelol possédant deux hétérocycles accolés est extrait du Polysiphonia lanosa par Glombitza et al (14). O O O OMe Br Br OH OH OH HO c) Acides gras L’étude des acides gras révèle leur présence dans certaines espèces du genre Polysiphonia. Laur (15) a identifié à partir de Polysiphonia elongata, l’acide caprique C10 : 0, l’acide laurique C12 : 0, l’acide myristique C14 : 0, l’acide palmitique C16 : 0, l’acide stéarique C18 : 0, et l’acide oléique C18 : 1 CO2H acide palmitique C16:0 acide oléique C18:1 CO2H 16 d) Lipides polaires Yu et al (16) ont trouvé dans les lipides polaires du Polysiphonia morowii les composés tels que le Phosphatidylinositol (PI) ; le Phosphatidylcholine (PC) ; le digalactosyldiacylglycérol (DGDG) et le sulfoquinovosyldiacylglycérol (SQDG) uniquement présents dans les plantes marines.