CONTRIBUTION A L’ETUDE DE PARC AGRO FORESTIER EN AFRIQUE DE L’OUEST
Le département de Saraya
Le département de Saraya se situe dans la région de Kédougou à l’Est, frontalier avec la République du Mali. Il fait partie des trois départements de cette même région avec Salémata et Kédougou. Depuis 2008, l’ancien Arrondissement de Saraya a été érigé en département avec l’érection de l’ancien département de Kédougou en région par la loi 2008-14 du 18 mars 2008 modifiant la loi 72-02 du 1er février 1972 portant organisation de l’Administration Territoriale et Locale. Saraya représente le département le plus étendu de la région de Kédougou et s’étend sur 2796,3 km2 ; il est scindé en deux arrondissements : Bembou avec deux communes (Bembou et Madina Baffé) et Sabodala avec trois communes (Sabodala, Khossanto et Missirah Sirimana).IL est limité au nord par la Commune de Missirah Sirimana, à l’ouest par la Commune de Tomboroncoto, au sud par la Commune de Madina Baffé et à l’Est par la Falémé qui constitue une frontière naturelle avec le Mali. Saraya fait partie des localités les plus enclavées du Sénégal ; c’est une zone difficile d’accès avec un relief accidenté, surtout pendant la saison des pluies où elle est quasiment coupée du reste du pays. Cela est dû à l’abondance des eaux pluviales qui inondent les voies de communication. Contribution à l’étude de parc agro forestier en Afrique de l’Ouest : exploitation du parc à karité (Vitellaria paradoxa) de Saraya PREMIERE PARTIE – Chapitre I Natacha P. MBENGUE Thèse de Doctorat Unique de Géographie, 2018-2019 38 Carte 4 : Carte de localisation de la commune de Bembou dans le Département de Saraya Contribution à l’étude de parc agro forestier en Afrique de l’Ouest : exploitation du parc à karité (Vitellaria paradoxa) de Saraya
La Commune de Bembou
La Commune de Bembou se situe dans l’Arrondissement du même nom dans le département de Kédougou. Elle est limitée à l’Est par la Commune de Saraya, à l’Ouest par l’Arrondissement de Bandafassi, au Nord par les Communes de Missirah Sirimana et de Khossanto et au Sud par l’Arrondissement de Fongolimbi. I.2 Présentation des terroirs étudiés L’étude a porté sur 7 terroirs de la commune de Bembou, où des enquêtes économiques et sociales sont menées ainsi que les inventaires forestiers.
Le terroir de Bembou
Il se situe sur la RN7, à 13 kilomètres de Saraya. Le village a été créé à l’époque du Capitaine Goropar Kany Salouma Danfakha et le premier chef du village est Farintokhotoma Danfakha. Le peuplement du terroir par les malinkés comme le reste de l’espace d’étude s’est fait par vagues migratoires vers le 13ème siècle, suite à l’effondrement de l’empire du Mali. I.2.2 Le terroir de Badioula Badioula est un terroir qui se situe à 6 km de Saraya sur la RN7. Le village a été créé il y a 2 siècles de cela par un certain Badioula, il a été le premier chef du village, donnant ainsi son nom à ce lieu. Selon l’actuel chef de village, le terroir est le premier village du royaume du Dantila.
Le terroir de Dalafing
Ce terroir est situé à 7 kilomètre de Saraya à l’Est sur la route nationale numéro 7 allant vers le Mali. Le village a été recréé en 1976 par Fily Mady Samoura qui a été le premier chef de village. Dalafing signifie Le marigot noir.
Le terroir de Dioby
Le terroir de Dioby est situé au nord de Saraya à 5 km de piste. C’est une zone difficile d’accès surtout en hivernage. Le village date de plus d’un siècle, le premier chef de village se nommait Mallé Danfakha. Contribution à l’étude de parc agro forestier en Afrique de l’Ouest : exploitation du parc à karité (Vitellaria paradoxa) de Saraya .
Le terroir de Faraba
Faraba est situé à 7 km de Saraya à l’Est. Le terroir a été fondé par Goundocoli Danfakha. La période de sa création est méconnue. C’était un ancien champ d’un ressortissant du terroir de Kondokhou. I.
Le terroir de Kondokhou
Il dépend de la Commune de Bembou et se situe au Nord de Saraya à 13 kilomètres. Kondokhou vient du mot Kondong qui veut dire « arbre épineux » en malinké
Le terroir de Kharakheina
Le terroir de Kharakheina se situe au nord de Saraya à 23 km, près de la frontière du Mali. Il a été créé en 1979. Son peuplement est fortement lié à l’exploitation de l’or dans les dioura. Hormis les populations des terroirs environnants, l’autre partie des résidents vient du Mali, du Burkina, de la Guinée, du Nigéria, de la Mauritanie
La zone de Kédougou, au fil du temps, a connu des mutations spatiales, économiques et culturelles
Celles-ci ont impacté sur le mode de vie des populations, jusque là ancrées dans la tradition. En cela, à l’image de tous changements, ceux-ci peuvent engendrer des opportunités ou contraintes suivant les stratégies adoptées. Marquée par la ruralité, la région de Kédougou, de plus en plus a amorcé une urbanisation qui a progressivement évoluée depuis le premier recensement général de la population sénégalaise. De 12% en 1976, de nos jours, il a atteint un taux de 25%. I.3.1 La conquête de l’espace La conquête de l’espace de Kédougou s’est faite progressivement avec l’arrivée des Tenda (Bassari, Bedick, Tendanké, Coniagui et Badiyaranké) suivi des Mandingues (Sarakholé, Malinké, Diahanké) venus de l’empire du Mali vers les XIIIème et XIVème siècles. Les premiers nomades Peuls venant du Boundou avec leurs troupeaux se seraient installés également durant cette période. La rencontre de ces différents groupes ethniques a engendré des guerres intestines, donnant par la suite la suprématie aux Peuls. Cette rencontre à également favorisé le brassage ethnique, qui fait la particularité de la zone. Les guerres ethniques se seraient estompées avec l’intervention des colons français, donnant plus de pouvoir aux Malinké dans l’administration coloniale.
La période coloniale
Les colons ont établit leur poste administratif à Kédougou en 1904 et en 1907 il a été le chef-lieu du cercle de la Haute-Gambie, constitué par les anciennes provinces du Niokholo, Dantilia, Sirimana, Bafé-Satadougou, Bélédougou et Badon. L’arrivée de ces colons est suivie par une longue série de transformations administrative, économique, éducative et religieuse. Ainsi, on assiste à l’installation de postes militaires et la signature de traités avec les chefs locaux, mettant par la suite un terme aux guerres de pillage. Cela s’est poursuivi par l’introduction de la monnaie, jadis méconnue, et la réquisition de travail. Ces transformations étaient contestées par les populations autochtones qui payaient l’impôt en nature à l’Almamy28, l’introduction de la monnaie étant un fait 28Almamy est le titre que portaient aux XVIIIème et XIXème siècles les chefs de guerre musulmans. Contribution à l’étude de parc agro forestier en Afrique de l’Ouest : exploitation du parc à karité (Vitellaria paradoxa) de Saraya PREMIERE PARTIE – Chapitre I Natacha P. MBENGUE Thèse de Doctorat Unique de Géographie, 2018-2019 43 nouveau, non assimilé et sans valeur. Le sel et l’or semblent constituer la seule monnaie d’échange. Par ailleurs, la réquisition de travail pour la construction des routes et des bâtiments administratifs employait les agriculteurs, mécontents de quitter leurs champs sans rétribution. La première école française fut créée en 190829, non sans contraintes surtout du coté des Diahanké qui la préféraient à l’éducation coranique effective au moment de l’islamisation. On note le souci de voir l’enfant quitter le terroir et reléguer les traditions au second plan. Cette réticence des autochtones à l’égard de l’école moderne est également notée à l’arrivée des missions religieuses en 195730 (catholiques et protestantes).
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