Contribution à l’étude de la mesure du commerce en différenciation verticale et horizontale

Contribution à l’étude de la mesure du commerce en différenciation verticale et horizontale

La période des années 1980 a constitué une véritable rupture dans la modélisation du commerce international. L’approche théorique traditionnelle dans ce domaine, basée sur les théories des différences de dotations factorielles et des avantages comparatifs, prédominante jusque-là et déjà sérieusement remise en question avec le paradoxe de Leontief, ne semblait pas parvenir à expliquer certains changements importants dans la structure des échanges commerciaux internationaux. L’une de ces plus remarquables évolutions est l’apparition d’échanges intra- branches entre pays développés. Le commerce intra- branche est un commerce simultané de produits similaires. A l’origine, ce phénomène fut mis en évidence, de manière empirique, par les travaux de Verdoorn (1960), Balassa (1966), Grubel (1967), Finger (1967, 1975) et de Grubel et Lloyd (1975). Ces auteurs avaient détecté que l’apparition du commerce intra- branche était concomitante avec les débuts de l’intégration européenne. Or selon les théories traditionnelles du commerce international, l’intégration européenne aurait dû provoquer une spécialisation commerciale plus accrue des pays membres dans des produits pour lesquels ils détenaient un avantage comparatif, conduisant à des échanges bilatéraux de produits similaires déséquilibrés. Comme nous avons déjà exploré dans le premier chapitre, les premières analyses théoriques du commerce intra-branche explorent ce phénomène en adoptant des hypothèses disparates concernant la nature des rendements d’échelle, la typologie des marches et la différenciation des produits faisant l’objet de ce type de commerce(1).

Par définition, pour que les pays s’échangent des produits similaires, il faut que ces produits soient aussi d’une certaine façon différents. Jusqu’à la fin des années 90, l’hypothèse du goût pour la variété (ou encore la recherche de la variété idéale si on est dans une approche à la Lancaster) semblait résoudre ce problème. Or les travaux de Greenaway et Milner (1994, 1995), Fontagné, Freudenberg et Péridy (1997) et surtout de Durkin et Krygier (2000) ont clairement montré que les produits échangés ne se différencient pas simplement horizontalement (c’est-à-dire par leurs variétés) mais aussi en grande partie verticalement (c’est-à-dire par leurs niveaux de qualités). Le problème est que la nouvelle littérature du commerce international repose essentiellement sur une hypothèse de différenciation horizontale des produits. Par conséquent, cette nouvelle littérature théorique ne semblait pas à même d’expliquer ces derniers faits empiriques. Intuitivement, il est devenu évident que ces échanges simultanés de produits similaires et de qualités différentes devaient certainement s’expliquer par une forme de spécialisation, résultant d’avantages comparatifs des pays dans des gammes de qualités de produit(2).

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Krugman (1979), Lancaster (1980) et Helpman (1981) expliquent l’essor d’échanges intra-branche de produits différencies horizontalement dans un cadre de concurrence monopolistique. Falvey (1981) et Shaked et Sutton (1984) étudient l’échange de produits différencies verticalement, respectivement dans contexte de marche parfaitement concurrentiel et oligopolistique. Brander (1981) modélise quant a lui l’échange intra- branche de biens parfaitement homogènes (et donc non différencies), dans un contexte oligopolistique. Les déterminants du commerce intra-branche mis en évidence par ces travaux théoriques sont différents et dépendent, notamment, du type de différenciation pris en compte dans les diverses analyses. Dans les modèles de concurrence monopolistique de Krugman (1979), Lancaster (1980) et Helpman (1981), une condition nécessaire pour le développement d’échanges intra-branche, en différenciation horizontale, est l’existence d’économies d’échelle dans la production des différentes variétés. En revanche, Falvey (1981) explique le commerce intra-branche, en différenciation verticale, par la différence entre les dotations factorielles relatives des pays, dans un contexte oh la production de tous les biens se caractérise par des rendements d’échelle constants.

Les analyses théoriques développées au cours des années 1980 contribuent à renforcer l’impression selon laquelle le commerce intra-branche est un phénomène complexe et multiforme. Ainsi, le développement du programme de recherche concernant le commerce intra branche s’est caractérisé par une interaction fructueuse entre les analyses théoriques et les méthodes empiriques visant a mesurer l’importance de ce phénomène (réf chapitre I). Le développement d’indicateurs permettant de mesurer le commerce intra- branche a précédé et déclenché l’essor des premières explications théoriques de ce phénomène. Celles-ci ont a leur tour contribue a relancer le débat empirique sur la mesure du commerce intra-branche, en suggérant la nécessité de distinguer, dans les analyses empiriques, le commerce intra branche en différenciation verticale de celui en différenciation horizontale(1). On peut citer deux méthodes permettent de mesurer respectives des échanges intra- branche en différenciation horizontale et verticale dans le commerce totale. Ces méthodes ont été développées par Greenawayn Hine et Milner (1994) et par Fontagné, Freudenberg (1997), à partir des travaux fondateurs d’Abd El Rahman (1986a, 1986b, 1987, 1991). La différence fondamentale entre ces deux méthodes réside dans la manière dont est mesuré le commerce intra- branche, avant que celui-ci soit décomposé en ces composantes horizontale et verticale.

 

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