Contribution à l’étude de la diversité des mouches des fruits (Diptera ; Tephritidae) de la mangue
Manguier
Originaire du Nord de l’Inde, au pied de l’Himalaya, le manguier, de son nom scientifique Mangifera indica L, est un arbre à grande cime étalée, arrondie et dense. Le manguier peut atteindre 10 mètres de haut et plus de 1m de diamètre. Ses feuilles sont alternes, simples, coriaces, glabres avec un limbe elliptique (Arbonnier, 2000). C’est un spermaphyte (plante à fleurs et à fruits), de la classe des dicotylédones, de l’ordre des Sapindales, de la famille des Anacardiacées. Ses fleurs sont jaunâtres avec une forte odeur et son système racinaire est profond. Ses fruits, charnus avec un noyau au centre, pèsent entre 50 g et 2 kg selon les variétés. Ils sont également de couleur variable, selon les variétés et les conditions de culture (Nadie et al., 2009). La mangue est d’introduction relativement tardive en Afrique de l’Ouest puisqu’elle remonte à la fin du 16 eme siècle. Photo 1 : Verger de manguiers
Quelques vertus du manguier
En dehors de la consommation directe comme fruit frais, la mangue est la source d’une multitude de produits dérivés. Les feuilles, les fleurs, les fruits et le noyau du manguier sont utilisés en pharmacopée pour soigner de nombreuses maladies et affections parasitaires. Les autres services du manguier sont liés à son utilisation comme source d’énergie, d’ombrage et d’embellissement (Arbonnier, 2000). Bien pourvue en minéraux et en fibres, la mangue se distingue surtout par son exceptionnelle concentration en vitamine C et en carotène (Aprifel, 2012). Le noyau, 4 constituant 10 à 15% du poids du produit frais, sert à l’extraction des huiles pour la savonnerie. L’amande sèche et la peau, pesant 10 à 15% du poids des fruits selon les variétés, servent d’alimentation pour le bétail. La pulpe est utilisée pour la fabrication des jus, nectars, confitures, vinaigre et vin de mangue, et autres produits alimentaires. La mangue séchée est consommée en l’état ou utilisée pour la préparation des pâtes de fruits. Dans certaines parties du monde, le manguier est aussi exploité pour son bois (ITC, 2011).
Production de mangue au Sénégal
La production de mangues au Sénégal existe depuis longtemps, surtout dans les régions à vocation fruitière (sud et centre du Sénégal), en vergers de case et en plantation, au niveau des exploitations familiales par de petits et moyens exploitants (Ndimanya et Strebelle, 2013). En effet, la production globale de mangues se situe entre 125 000 à 130 000 tonnes par an (ASEPEX/PACMS, 2016). Au niveau des vergers de manguiers (63% de la production fruitière), de grands progrès ont été réalisés au cours des dernières années pour leur modernisation (DPV, 2015). La région des Niayes et la Casamance demeurent les deux grands foyers de la mangue sénégalaise (ASEPEX, 2012). La Kent, la Keit, la Tommy Akins, la Valencia et la Palmer sont des variétés rencontrées au Sénégal avec cependant une prédominance de la Kent et de la Keit dans l’exportation. D’ailleurs, d’autres variétés sont de plus en plus sur-greffées en variétés Kent. Plusieurs variétés locales (Diourou,Passy, Papaye, Thias, Duile, Mbeug-mbeug…) peuvent aussi se retrouver dans les vergers sénégalais notamment dans le Sud. La période de production de mangues au Sénégal s’étale sur 6 mois, de mai à octobre avec une fenêtre de 3 à 4 mois pour l’exportation. Elle est la plus longue d’Afrique de l’Ouest (6 mois) (Ndimanya et Strebelle, 2013). Tableau 1: Période de production de la mangue au Sénégal Source : Ndimanya et Strebelle, (2013)
Exportation de mangue du Sénégal
L’histoire de la filière mangue exportée par le Sénégal commence véritablement en 2000, marquant le début d’une croissance soutenue des exportations vers l’Europe. En quelques années, la mangue du Sénégal est devenue la 2ème plus exportée en Afrique de l’Ouest, juste après la Côte d’Ivoire. Pour exemple, en 2017 le Sénégal a exporté 17168 tonnes de mangues toutes destinations confondues (Europe, sous-région et autres destinations). L’Union européenne est la principale destination des exportations sénégalaises (76 % du volume exporté), avec une croissance annuelle moyenne de 20 % entre 2000 et 2015. Les exportations hors Europe ont concerné principalement la Mauritanie (1800 tonnes), le Maroc (600 tonnes) et le Ghana (400 tonnes) (Ministère du commerce, du secteur informel de la consommation, de la promotion des produits locaux et des pme du Sénégal, 2016). Cependant, la fragilité et la périssabilité du fruit ainsi que les attaques des larves de mouches des fruits limitent fortement la commercialisation locale et l’exportation qui demandent une attention particulière (Ndimanya et Strebelle, 2013). Tableau 2: Evolution des exportations de mangue du Sénégal vers l’Europe Source ; guide export mangue Sénégal, réédition (2016)
Principaux problèmes phytosanitaires du manguier
Les études conduites en Afrique ces dernières années ont permis de mettre en évidence de nombreux problèmes d’ordre physiologique, phytopathologique et, entomologique auxquels est confronté le manguier ((Tinkeu et al., 2010).
Principales maladies du manguier Oïdium : Oïdium mangiferae
Ce champignon développe un feutrage blanc (mycélium) sur les jeunes feuilles. Le risque d’attaque est d’autant plus grand que les conditions climatiques sont fraiches et, légèrement humides. Paradoxalement, les pluies abondantes sont défavorables au développement de l’oïdium (PIP, 2013). Fusariose La fusariose est une maladie vasculaire du manguier. Elle est causée par des champignons parasites appelés Fusarium spp. La maladie de la malformation du manguier se manifeste aussi bien sur les fleurs de jeunes plantes que sur celles adultes sans distinction de variété (Kent, Keit ou locales) d’où une transformation de la fleur en feuille, une déformation des bourgeons apicaux et une pourriture brune. La fusariose provoque le dessèchement et le flétrissement progressif suivi d’un jaunissement des feuilles. A ce stade, la plante se fane complètement et meurt (Agrios, 1988). La vitesse de dispersion de la maladie (les spores sont transportées d’arbre en arbre par le vent) est rapide et inquiétante. Bactériose due à Xanthomonas campestris pv.mangiferae indicae Cette bactériose cause surtout des dommages aux vergers lorsqu’elle s’attaque aux feuillages et aux fruits encore peu développés. Sur le fruit mâture, elle provoque l’apparition de petites taches cratiformes et liégeuses qui n’ont pas d’incidence sur la pulpe mais influent négativement sur l’aspect extérieur des fruits. L’effet de cette bactériose compromet l’exportation des fruits vers d’autres pays producteurs à cause de la quarantaine sanitaire. La Photo 2 : Fusarioses sur inflorescence 7 bactériose se développe particulièrement pendant les périodes chaudes et humides. Les aérosols créés lors des tempêtes tropicales (association de vents et pluies) favorisent sa propagation. L’anthracnose due à Colletotrichum gloeosporioïdes L’anthracnose de la mangue est la plus importante maladie qui affecte la mangue à travers le monde (Nelson, 2008).Cette maladie fongique sévit dans toutes les zones de production à travers le monde et est favorisée par des précipitations et une humidité importantes. Le champignon attaque les jeunes feuilles, les panicules et forme au niveau du fruit, des infections quiescentes qui ne se développeront qu’à la maturité (Mbaye et al, 2008)
Principaux insectes ravageurs du manguier autres que les Tephritidae
Mouches blanches ou aleurodes Les mouches blanches, qui se nourrissent de la sève des feuilles, sont une cause de la flétrissure en cas de colonisation massive. Cette espèce est reconnaissable par la disposition des œufs, pondus en forme de spirale sur la face inférieure des feuilles. Les larves secrètent du miellat responsable de l’apparition de la fumagine (PIP, 2008). Photo 3 : Adultes et larves de mouche blanche (PIP, 2008) Cochenilles farineuses La cochenille est un insecte de l’ordre des homoptères, dont l’appareil buccal est de type piqueur suceur. Elle cause des dégâts directs en suçant la sève des feuilles. Elle cause également des dégâts indirects en excrétant du miellat sur les feuilles et les fruits, sur lequel se développe la fumagine ce qui limite la photosynthèse des feuilles et déprécie les fruits tachés. Elle laisse sur son passage des feuilles déformées (pliées ou roulées), rabougries et jaunies (PIP, 2008). 8 Photo
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