Contribution à la connaissance des ressources en
eau du bassin versant du fleuve Kayanga/Gêba
Caractéristiques des altitudes (hypsométrie)
La connaissance des caractéristiques des altitudes est essentielle à la compréhension du comportement hydrologique et hydraulique du bassin et de son système de drainage. La courbe hypsométrique fournit une vue synthétique de la pente du bassin versant, donc du relief. Elle exprime ainsi la superficie du bassin ou le pourcentage de superficie, au-delà d’une certaine altitude. Elle demeure un outil pratique pour comparer plusieurs bassins entre eux ou les diverses sections d’un seul bassin. Le but recherché, est la détermination de la classe de relief et le pourcentage des surfaces partielles entre les différentes courbes de niveau.
Répartition en classes d’altitude des superficies du bassin versant
Il s’agit de faire une répartition des surfaces en fonction des altitudes. A chaque classe d’altitude correspond une valeur (surface partielle). L’analyse statistique donne une surface cumulée à partir de laquelle un pourcentage est défini par rapport à la superficie totale du bassin. Les résultats consignés dans deux tableaux en Annexe I, ont permis de tracer les courbes hypsométriques du bassin versant de la Kayanga/Gêba et de ses affluents (fig. 10 et 11). Les courbes hypsométriques portent en abscisse la surface (ou le pourcentage de surface) du bassin qui se trouve au-dessus (ou au-dessous) de l’altitude représentée en ordonnée. Les tranches d’altitudes de la Kayanga/Gêba à Wassadou et à Sonaco aval comprises entre 95 m et 60 m (fig. 10), correspondent en majorité au versant ouest du plateau du Badiar où le fleuve prend sa source. Les secteurs d’altitudes inférieures à 60 m représentent les zones de vallée. Les altitudes de la Kayanga/Gêba à l’exutoire varient de 100 à 5 m. Ceci montre que l’altitude maximale ne se situe pas en amont du bassin. Presque la totalité des surfaces, soit plus de 60 % se situent en deçà de 60 m. L’allure de la courbe indique, de façon générale, que la partie aval du bassin est occupée par une plaine (fig. 10). Le bassin de l’Anambé présente une altitude inférieure à 90 m ; la tranche d’altitude 79- 85 (m) représente 2,54 % de la surface totale. Elle correspond aux zones de partage des eaux entre des versants opposés. L’inclinaison de la pente augmente du haut vers le bas. Les classes d’altitude du bassin du Mayol Djaobé/Bidigor sont comprises entre 95 m et 20 m. Seuls 22,67 % de la surface concernent les tranches d’altitude allant de 50 m à 20 m. Le bassin de la Campossa a une altitude maximale qui s’élève à 111 m. Celle-ci correspond aux collines de « Bowé » du sud-est qui atteignent 300 m exceptionnellement. Le bassin du Gambiel situé vers l’aval comporte l’altitude maximale la plus faible (60 m). Plus de 75 % de la surface totale sont compris entre 44 et 5 m. L’allure des courbes de ces trois derniers bassins montre des formes concave à l’amont et convexe vers l’aval des basses altitudes (fig. 11). Les pentes s’accentuant peu à peu donnent l’impression d’un encaissement des vallées. La répartition altitudinale de relief du bassin Kayanga/Gêba et de ses affluents a une influence directe sur le régime hydrologique
L’indice global de pente
L’indice global de pente, noté Ig peut dès lors, être calculé après construction des courbes hypsométriques du grand bassin et de ses sous-bassins. La pente est une composante du relief qui influe sur l’écoulement par l’exposition des versants face aux vents pluvieux. Elle est exprimée par l’indice global de pente qui donne la valeur moyenne de la pente. Elle détermine la célérité avec laquelle l’eau s’écoule de l’amont vers l’exutoire. Plus la pente est forte, plus la durée de concentration des eaux de ruissellement est faible. La valeur approchée de cet indice est donnée par la relation suivante : Ig = (4) Avec, Ig : indice global de pente du bassin versant en m/km ; D : dénivelé h5 % – h95 % en m, défini à partir de la courbe hypsométrique ; L : longueur du rectangle équivalent (km). Les résultats présentés dans le tableau 1, montrent que les valeurs moyennes des pentes sont faibles de façon générale. C’est au niveau de l’affluent Anambé que l’indice global de pente atteint 1,33 m/km. Les pentes diminuent de l’amont vers l’aval. Nous constatons, aussi, que la pente diminue lorsque la superficie augmente. La faiblesse de la pente va influer sur l’écoulement des eaux en le ralentissant et favoriser une éventuelle infiltration.
Le réseau hydrographique
C’est l’ensemble des chemins d’écoulement que peut emprunter une goutte d’eau qui tombe sur le bassin versant et qui ruisselle sur la surface. Il est déterminé uniquement à partir de la topographie du bassin (Plantier, 2003). Nous retenons deux définitions complémentaires (Deffontaines, 1990) : » Le réseau hydrographique correspond à tout écoulement linéaire centré sur la surface topographique qu’il transforme progressivement. Il présente un état du cycle de l’eau, celui de l’écoulement qui suit le chemin le plus facile, minimisant sans cesse leur entropie » ; « Le réseau hydrographique est l’ensemble des surfaces topographiques émergées, situées en contrebas de tous les points voisins sauf généralement, selon la direction d’écoulement. Ces surfaces peuvent contenir de l’eau de manière temporaire ou permanente ». Son tracé résulte des interactions simultanées de facteurs à la fois nombreux et complexes. Si l’eau par nature est incompressible et s’écoule par le chemin le plus court du point haut (sommet, crête …) au point L D 32 bas (mer, lac, fleuve…), durant son long parcours, elle rencontre des obstacles qui sont les facteurs modifiant son tracé (Le Pape, 1998). Parmi ces facteurs, on peut citer la géologie à travers la nature physique et chimique des roches, la structure des roches, la pente régionale qui selon Le Pape (1998) est définie par un sens, une direction puis une inclinaison. Les caractéristiques hydrologiques d’un cours d’eau peuvent aussi modifier l’allure du réseau (anastomosé, tressé, méandriforme) à travers la puissance du cours d’eau, la charge sédimentaire qui influence le potentiel érosif du cours d’eau, la localisation des confluences. Enfin la végétation et l’action de l’homme ont également un rôle important dans l’évolution du tracé des cours d’eau. 4.2. Le réseau hydrographique du bassin versant de la Kayanga/Gêba Le réseau hydrographique de la Kayanga/Gêba est assez bien hiérarchisé avec un chevelu plus ou moins dense qui témoigne de la nature imperméable des hauts terrains fermes où les pluies sont abondantes. Cette densité s’observe jusque vers l’exutoire malgré l’abaissement du relief. La carte 2 présente le réseau hydrographique du bassin versant du fleuve Kayanga/Gêba. La Kayanga/Gêba est un fleuve qui prend sa source à l’ouest du plateau du Badiar, dans les marécages d’une altitude d’environ 90 m. Il coule vers le nord-ouest et après un parcours de 14,43 km, pénètre au Sénégal (Kayanga) en formant un arc de cercle. Il coule vers l’ouest, puis vers le Sud-ouest, rentre en Guinée-Bissau après un cours d’environ 183,09 km et prend le nom de Rio Gêba d’où l’appellation Kayanga/Gêba, avant de confluer avec le fleuve Koliba/Corubal et se jeter dans l’estuaire de Gêba. La longueur du fleuve principal est d’environ 456,24 km. C’est la distance curviligne depuis l’exutoire jusqu’à la ligne de partage des eaux, en suivant toujours le segment d’ordre le plus élevé lorsqu’il y a un embranchement et extension du dernier jusqu’à la limite topographique du bassin versant (classification de Strahler, (1957)). En GuinéeBissau, le cours principal du fleuve montre, en certains endroits, un style méandriforme. La présence de ces méandres parfois très encaissés peut s’expliquer soit par la faible vitesse de l’écoulement liée à celle de la pente, soit par la faible dénivellation du lit du fleuve. Ils évoluent naturellement sous l’effet de l’érosion due au courant. Celui-ci érode les berges concaves et la sédimentation se fait au niveau des rives convexes. La faiblesse de la pente générale favorise la pénétration profonde de la marée. Les affluents de la rive gauche sont plus développés du point de vue de l’embranchement et de la superficie occupée. 33 Carte 2: Réseau hydrographique du bassin versant du fleuve Kayanga/Gêba D’une orientation générale nord-est/sud-ouest, la Kayanga/Gêba reçoit successivement de nombreux affluents parmi lesquels nous citons les plus importants du point de vue de la longueur du cours d’eau et de la superficie contrôlée. Après un parcours de 100,58 km, nous avons l’Anambé, un « affluent » de rive droite. Il coule suivant une orientation nord-sud jusqu’à sa confluence avec la Kayanga/Gêba, à 10 km au sud de Kounkané (Dacosta et Gomez, 1998). Autrefois, principal affluent de la Kayanga/Gêba dans la partie sénégalaise, l’Anambé est souvent assimilé à un affluent/défluent du fait du double rôle qu’il joue. En période de hautes eaux liée à la pluviosité et renforcée par les flux déviés par le barrage du Confluent (situé après la confluence entre l’Anambé et la Kayanga/Gêba), le cours d’eau joue un rôle d’affluent et alimente le fleuve principal. Par contre, en période de basses eaux, l’écoulement devenu permanent se fait en sens inverse d’où le rôle de défluent. Il couvre une superficie de 1 181 km². Si l’axe principal est plus ou moins simple, la forme de la cuvette crée par contre une hiérarchisation importante particulièrement dans la partie venant des villages de Kéréwane (Kounkané), Saré Boulel (Kandia). L’ensemble du réseau secondaire et tertiaire converge vers le centre de la cuvette (carte 3). C’est dans cette partie d’ailleurs que l’on retrouve 34 le nombre le plus important de marigots et mares qui assurent l’abreuvement du bétail en saison pluvieuse et une partie de la saison non pluvieuse. Carte 3: Réseau hydrographique du bassin versant de l’Anambé A 192,8 km, la Kayanga/Gêba reçoit sur sa rive gauche un grand affluent : le Mayol Djaobé/Bidigor (carte 4). D’une orientation est-ouest, cet affluent prend sa source à l’est de la Guinée-Bissau à 85 m d’altitude, passe au Sénégal (Mayol Djaobé) et termine son cours en Guinée-Bissau (Bidigor). Formé par la réunion de nombreux sous-affluents, il rejoint la Kayanga/Gêba après un parcours de 108,12 km et couvre une superficie de 1 908 km².
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