CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DE
L’ENTOMOFAUNE DU MAÏS DOUX
Généralité sur le maïs
Première céréale mondiale avec une production de 817 millions de tonnes en 2009 (Mejía, 2013), Le maïs (Zea mays L.) a était introduit en Afrique vers le XVIème siècle par les explorateurs européens. Il est cultivé au Sénégal principalement pour son grain, dans quatre zones: le Sénégaloriental, le Sine Saloum, la Casamance et la vallée du fleuve Sénégal. Le développement de sa culture dans chacune de ces régions est lié au fait que le maïs y est une culture ancienne dont le produit figure traditionnellement dans l’alimentation, dû au fait que le maïs permet de traverser les périodes de soudure (Fall et Lo, 2009). Sa culture fut jusqu’à une période très récente secondaire bien que consommé dans toutes les régions du pays (ITA, 2008). Sur le plan botanique, le maïs (Zea mays), est une haute plante annuelle au système radiculaire fibreux abondant. Il s’agit d’une espèce à pollinisation croisée, où les inflorescences femelles (épis) et mâles (panicules) occupent des endroits distincts sur la plante. Les grains sont le plus souvent de couleur blanche ou jaune, mais on en trouve également de noirs, de rouges et de mélangés (FAO, 1993).
Origines, Systématique et Variétés de maïs
Parmi les différentes hypothèses relatives à l’origine du maïs, deux possibilités en sont plus distinguées: la première, que l’actuel téosinte soit l’ancêtre sauvage du maïs et/ou qu’un téosinte primitif soit l’ancêtre sauvage commun du maïs et du téosinte; la seconde, qu’une forme disparue de maïs à gousse soit l’ancêtre du maïs, le téosinte étant une forme mutante de ce maïs à gousse. 4 Figure 2 : Origine supposée du maïs Source : https://sustainablepulse.com/2016/02/25/spain-urged-to-ban-gm-maize-over-crossbreeding-fears Le maïs appartient à la classe des monocotylédones, de la sous classe des commélinidées, de l’ordre des cypérales, de la famille des poacées (graminées), de la sous famille des panicoidées, du genre Zea, de l’espèce Zea mays. Les innombrables variétés de maïs sont habituellement classées suivant un système pratique élaboré sur la base des caractères du grain, qui en déterminent l’utilisation agro-alimentaire (Sturtevant, 1899); Zea mays everta (maïs perlé), Zea mays indentata (maïs denté), Zea mays tunicata (maïs vêtu), Zea mays indurata (maïs corné), Zea mays amylacea (maïs farineux), Zea mays ceratina (maïs cireux), Zea mays saccharata (maïs doux). Au Sénégal, les variétés de maïs indiquées par le CNCSP répondant aux critères de tolérance aux parasites animaux et aux maladies, de productivité et de bonne qualité des grains, sont homologuées et inscrites au catalogue des espèces et variétés de plantes cultivées au Sénégal (Ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural, 2012). Tableau 1 : Variétés de maïs cultivées dans certaines régions du Sénégal selon la CNCSP Nom d’origine Nouvelle Appellation Lieu de culture pluviale ACROSS POOL 16 DR Xéewel Gui Thiès, Kaolack, Fatick SUWAN 1 Goor Yomboul Kaolack, Fatick, Sénégal oriental DMR ESR W Doo Mer Kaolack, Fatick, Sénégal TZEE Y Sooror Thiès, Kaolack, Fatick ZEE W Gaaw Na Fatick, Kaolack EARLY THAÎ Noor 96 Fleuve Sénégal, Fatick, Kaolack, Casamance SYNTH 9243 Jaboot Kaolack, Fatick, Sénégal oriental OBATANPA Yaayi Séex Kaolack, Fatick
Importance agronomique du maïs
La teneur moyenne du maïs en protéine est de 9,5% mais, par sélection, on peut obtenir des maïs dont la teneur atteint 12 et 14%. Les taux de thiamine et de riboflavine sont parmi les plus élevés rencontrés dans les céréales. Le taux de carotène varie beaucoup selon les variétés et la coloration du grain (Torry et Giorgi, 1967). Le maïs se prête à de nombreuses préparations culinaires; on le consomme soit cru, soit grillé, ou encore en forme de bouillie, de couscous, de galettes, de beignets. Tableau 2 : Consommation de maïs et sa contribution à l’apport quotidien en calories et en protéines chez des enfants d’une région rurale du Guatemala (FAO, 1978). Le maïs est aussi utilisé dans l’alimentation animale. En 2000, 65% de la production mondiale était destinée pour la nourriture du bétail (FAO, 1978).
Le maïs doux
On l’appelle aussi maïs sucré (Zea mays L. convar. saccharata Koern). C’est une variété de maïs, cultivée spécifiquement pour sa teneur en sucre et destinée exclusivement à l’alimentation humaine. On en connait de nombreuses variétés différant par leur durée de développement (60 à 90 jours) et du taux de sucre qu’ils contiennent. Le maïs doux résulte d’une mutation récessive d’origine naturelle dans les gènes qui commandent la conversion du sucre en amidon dans l’endosperme du grain. Contrairement aux variétés de maïs de grande culture, qui sont récoltés lorsque les grains sont secs et murs(stade vitreux), le maïs sucré est cueilli avant maturité complète (stade laiteux) et préparé et consommé comme un légume, plutôt qu’en grain. Le maïs doux est communément appelé «sweet corn» dans les pays anglo-saxons. On l’appelle «milho verde», c’est-à-dire maïs vert au Brésil. Depuis le début des années 1980, la culture du maïs sucré a connu un essor important grâce au développement de variétés mieux adaptées aux conditions climatiques et à une grande amélioration de la maîtrise des méthodes culturales. 6 Selon l’Institut de la statistique du Québec, les surfaces récoltées en maïs sucré frais et transformé en 1999 couvraient 9308 hectares, avec une production commercialisée de 820102 tonnes métriques, pour une valeur à la ferme de 16 600 000 $ (Boisclair et Jean, 2001).
Cycle végétatif de la plante
Le cycle de développement du maïs est relativement court grâce à une photosynthèse spécifique qui lui permet de très bien valoriser la lumière et la chaleur. Ce cycle se décompose en trois phases de développement bien distinctes (phase végétative, phase de reproduction, phase du développement), définies par la formation d’un ou de plusieurs organes essentiels de la plante.
Production du maïs doux
La production de maïs doux est essentiellement destinée à l’alimentation humaine, contrairement aux autres types de maïs qu’on cultive pour produire de l’énergie ou pour nourrir le bétail. La production mondiale de maïs doux avoisine 9,5 millions de tonnes dont plus de 80% sont produits par quatre pays, les Etats unis, la Hongrie, la Thaïlande et la France qui en a produit plus de 475 000 tonnes en 2007. Sur 350 000 ha dans le monde, 20% des surfaces sont dans l’Union Européenne (Garcia, 2008). La France se situe au troisième rang mondial après les Etats-Unis et la Hongrie. Toutefois, la France demeure au premier rang mondial de par sa performance agronomique avec un rendement moyen de 18 73 tonnes par ha en 2006 (Garcia, 2008). Le Sénégal est le deuxième fournisseur de Maïs Doux du marché européen derrière le Maroc, avec une production de près de 7000 tonnes (Diallo et al., 2016). Avec un tonnage nul en 2006, la 7 production locale exportée est passée de 260 à 4435t entre 2007 et 2010 (Dia, 2012). C’est ainsi qu’étant identifié comme une spéculation à fort potentiel notamment à l’export et dont la mise en œuvre permettra la promotion et la création d’entreprises productrices et transformatrices. Le Maïs Doux a été classé parmi les créneaux porteurs du secteur primaire d’après la Direction de l’Appui du Secteur Privé (Dia, 2012). Au Sénégal, le circuit de distribution du Maïs Doux est constitué uniquement par les conserves importées de France ou d’Asie; D’après la FAO (2010), les quantités importées sont respectivement de 253,329 et 185t entre 2007 et 2009. Ainsi, au moment où la plus grande production est exportée, la demande nationale est entièrement couverte par les conserves importées (Ndiaye, 2007).
Les insectes du maïs doux
Plusieurs types d’insectes infectes le maïs durant son développement. Si certains sont utiles d’autres sont malheureusement nuisibles augmentant les préoccupations des maïsiculteurs et causant parfois des dégâts économiques importants. Les ravageurs et insectes utiles observés dans les champs de maïs sucré sont décrits selon quatre sections : ravageur principal (la pyrale), ravageurs secondaires, ravageurs occasionnels et insectes utiles (Jean et Boisclair, 2009).Certains de cesinsectesravageurs peuvent réduire le rendement et la qualité de la graine du maïs sucré. A ces deux groupes s’ajoutent des insectes visiteurs qui sont présents dans les champs de maïs que par hasard et d’autres animaux comme les oiseaux et les singes.
Insectes nuisibles
Parmi les facteurs qui limitent la production du maïs figure les insectes nuisibles. Ces ravageurs peuvent envahir la culture de maïs à tous les stades de son développement provoquant souvent d’importants dégâts. Le groupe des Lépidoptères Hétérocères (dont font parties le vers gris, les chenilles légionnaires, les chenilles de l’épi, lesforeurs des tiges et les teignes des grains) est le plus nuisible au maïs à l’échelon mondial, des baisses de productivité assez importantes dues à ces ravageurs, avaient déjà été constatées en 1990 et 1991, particulièrement dans le delta du fleuve Sénégal (Goebel, 1995), suivi du groupe des Coléoptères (auquel appartiennent les vers des racines, les vers fil-de-fer, les vers blancs, les foreurs des grains et les charançons). Viennent ensuite les insectes qui jouent le rôle de vecteurs d’agents pathogènes (virus, mycoplasmes, bactéries, et champignons), parmi lesquels les homoptères suceurs de sève (cicadelles et pucerons) qui posent les problèmes les plus difficiles (Ortéga, 1988). La diversité et l’abondance des ravageurs sont en rapport avec les stades de développement de la plante (N’goran et al., 2017). Les larves sont le stade le plus dévastateur. L’ennemi principal de la production mondiale du maïs sucré est sans contredit la pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis Hübner, 1796) (Jean et Boisclair, 2009). 8 Les ravageurs secondaires du maïs sucré sont des insectes généralement présents dans la culture, mais leur abondance varie selon les années. On en note les chrysomèles et les pucerons (Jean et Boisclair, 2009). Les ravageurs occasionnels sont des insectes présents sporadiquement dans la culture, c’est-àdire pas nécessairement chaque année, ni chez tous les producteurs. Parmi eux; les légionnaires, les calandres, les vers de l’épi (Jean et Boisclair, 2009). Le plus redoutable est Spodoptera frugiperda Smith qui est largement répandu dans les régions chaudes du Nouveau Monde (CILSS, 2017). Depuis son identification en Afrique début 2016, elle a été signalée dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne (Germain et al., 2017). Les larves de cet insecte infestent d’abord le cornet. Elles forment des trous à bords irréguliers et ébréchés sur le feuillage. Elles laissent aussi des masses d’excrément brun-rougeâtre semblable a du bran de scie. Plus tard les larves infestent l’épi, s’y insérant par le bout mais plus souvent par les cotés en perçant les spathes de l’épi (Jean et Boisclair, 2009). Figure 4 : Spodoptera frugiperda issu de la première collecte à Sangalkam A = Larve sur feuille de tomate B = Adulte en vue ventrale et ail déployée C = Adulte en vue dorsale Outre que les insectes, les oiseaux constituent un autre souci de taille. Certains oiseaux sont très friands du maïs, surtout juste avant sa maturité, lorsqu’il est encore tendre, et ce jusqu’à ce que le sucre ne soit transformé en amidon (Ricard, 2014). Les espèces présentant un certain danger dans les périmètres maïsicoles sont les perruches, les queleas, l’ignicolore, le vorabé et le tisserin (Goebel, 1995).
Insectes utiles
La plupart des ravageurs des cultures possèdent un cortège d’ennemis naturels qui contribuent à limiter leur pullulation: ce sont les insectes utiles ou auxiliaires. Comme pour les autres cultures, les insectes parasitoïdes et les insectes prédateurs sont les deux grands groupes d’ennemis naturels observés dans le maïs sucré (Jean et Boisclair, 2009).Pour les premiers on en distingue: Mouches tachinaires : pour maîtriser (prédation) pyrales du maïs, tordeuses, hyponomeutes Guêpes/Hyménoptères: Pour maîtriser pucerons, tordeuses, noctuelles, mouches, pyrales du maïs, Nématodes: Pour maîtriser mouches des terreaux, chrysomèles (Noisette, 2008). Les seconds sont un groupe pléthorique : insectes (prédateurs) + Arachnides (araignées + acariens) constituent 220000 espèces prédatrices connues dans le monde. Ils sont souvent polyphages. Chez les hyménoptères aculéates, il y a des prédateurs comme chez les shégiens (Sphecidae, Ampulicidae et les pemphrédons Crabonidae) ou les Vespidae. Ainsi la guêpe des jardins (Polistes sp), reconnaissable à ses longues pattes en vol se nourrit de chenilles et autres larves. Elle est donc considérée comme un insecte utile et ne doit pas être confondue avec les guêpes vraies, comme par exemple Vespula germanica (Chamont, 2016). Chez les coléoptères, on trouve des prédateurs dans de nombreusesfamilles en plus des Coccinellidae mieux connues. Ce sont souvent les larves qui sont consommatrices d’autres insectes ou arachnides (Chamont, 2016). Souvent oubliés, certains oiseaux sont pourtant de redoutables prédateurs. Ainsi, un couple de Mésanges bleues peut consommer environ 10 000 chenilles par an (Noisette, 2008).
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