Contre-indications à l’IRM

Pour notre travail, nous avons choisi le thème de la prise en charge du détenu en IRM. Celui-ci nous paraissait pertinent car il s’agit d’une situation peu courante et rarement abordée et, en tant que futures professionnelles, nous risquons un jour d’y être confrontées. Nous avons donc de l’intérêt à nous préparer à une telle situation.

Nous nous sommes d’abord intéressées aux entraves et à leur compatibilité avec l’IRM ainsi qu’au matériel ferromagnétique constituant l’équipement du gardien accompagnant le détenu. Suite à cela nous avons effectué diverses recherches afin d’approfondir d’autres facettes de ce travail auxquelles nous n’avions pas pensé dans un premier temps.

Afin de partir sur de bonnes bases, nous avons commencé par définir ce qu’est la prise en charge, de manière générale. D’après wikitionnaire (2015), la prise en  charge est ‘’l’acte de prendre sous sa responsabilité une personne ou un objet‘’. Dans le domaine de la santé il s’agit plus précisément de ‘’l’action de prodiguer des soins à une personne présentant des symptômes dus à une maladie ou un accident‘’. De nos jours, selon Minvielle (2000) et Formarier (2003) la tendance est de standardiser la prise en charge mais les deux auteurs se rejoignent en disant qu’il s’agit d’un processus complexe étant donné la singularité de chaque prise en charge en fonction du patient, de l’équipe interdisciplinaire de soignants et du contexte général. De plus, les situations en milieu de soins sont imprévisibles : une situation simple à la base peut très vite se complexifier par exemple, avec l’apparition de nouveaux symptômes, sans que l’on puisse forcément s’en douter à l’avance. (Minvielle 2000) .

La prise en charge s’articule autour de trois concepts : la standardisation, la coordination et l’adaptation. Ceux-ci étant déjà particulièrement difficiles à concilier, il s’ajoute encore une restriction au niveau du temps à disposition pour délivrer les soins. Il est difficile de décrire précisément les constituants de la prise en charge, ceux-ci n’étant pas toujours les mêmes dans chaque situation. En premier lieu, on a toujours l’accueil, suivi de différentes étapes de diagnostics et de traitements selon le cas. (Minvielle 2000).

Contre-indications à l’IRM 

L’imagerie par résonnance magnétique fonctionne grâce un champ magnétique principal très puissant et à des ondes de radiofréquences. L’examen est codé grâce à des gradients de champs magnétiques qui modifient temporairement le champ principal. L’exposition à ces champs n’est pas dangereuse pour la personne exposée. Cela dit il y a, tout de même certains aspects à prendre en compte du point de vue de la sécurité. Ce sont les trois suivants :
Effet du champ magnétique statique
Effet de commutations de gradients
Effet des ondes de radiofréquence.

Ici, nous allons nous concentrer sur le premier effet concernant le champ magnétique principal. Ce champ étant extrêmement puissant il induit plusieurs risques qui sont les suivants.

Effet projectile : Cet effet concerne le matériel ferromagnétique. C’est-à-dire les matériaux ayant la capacité de s’aimanter sous l’influence d’un champ magnétique externe (Wikipédia 2014). Le métal est un très bon exemple de matériel ferromagnétique, il est notamment utilisé dans la composition de la plupart des menottes. Lors de la prise en charge de patients détenus, les menottes doivent être enlevées le moins souvent possible (Lashley J 2010). L’effet projectile est donc le cœur de notre sujet concernant les détenus en IRM. La puissance du champ crée une attirance de ces matériaux vers l’anneau de la machine. Cette projection des objets vers le champ magnétique est très puissante, ils iront donc très vite (plusieurs m/s). Ceci peut être dangereux si quelqu’un se trouve sur la trajectoire. De plus, cet objet restera collé à la machine et, suivant la puissance de l’aimantation, il sera indispensable d’éteindre complètement la machine afin d’enlever le champ magnétique pour le décoller. Celui-ci aura besoin de deux ou trois jours pour se remettre en place.

Déplacement de corps métalliques intracorporels : Il faut donc également faire attention aux corps étrangers intracorporels. S’ils sont ferromagnétiques, ils réagiront de la même manière et peuvent causer des dégâts internes au patient.

Perturbation de fonctionnement : Le champ magnétique peut affecter le fonctionnement de certains appareils tels que les téléphones, les montres, les cartes de crédit, les pacemakers… Nous pouvons donc conclure que les menottes ainsi que tous équipements ferromagnétiques d’un policier sont totalement exclus à l’intérieur de la salle d’IRM. (IRA/HESAV TRM, 2014) .

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Prise en charge de l’examen

D’après Mr. Berchier (communication personnelle [Entretien], 2014), lors d’un examen d’IRM chez un patient détenu au CHUV, la première mesure de sécurité est l’anonymat au moment de la prise de rendez-vous. Le nom du prisonnier n’est révélé qu’au moment de son arrivée dans le service. Nous avons pu constater que cette précaution n’est pas effectuée partout, notamment, l’hôpital des HUG ne la pratique pas. Les TRM n’ont aucune information sur les raisons de la détention du patient ni sur son degré de dangerosité. Le détenu est constamment accompagné de policiers. Ils l’accompagnent jusqu’à la porte d’entrée de la salle, à ce moment-là ils lui enlèvent les menottes qu’il a aux pieds et aux mains. Les gardes restent à la porte tout le long de l’examen, qui se déroule ensuite de manière standard pour le technicien. Selon l’article américain de Linda Rarey (2011), même s’il est habituellement conseillé d’avoir des conversations chaleureuses avec le patient, dans ce contexte cela est plutôt inapproprié. Il faut rester professionnel et empathique sans aller trop loin dans la conversation. Il y a la une dichotomie avec l’article canadien de Alderson M et al. (2013), qui souligne l’importance d’instaurer un climat de confiance dans la relation avec le détenu comme avec tout patient. Cela illustre bien la complexité de la situation notamment concernant l’attitude à adopter face au patient.

Il est important de ne pas divulguer d’informations personnelles et de ne pas distraire le gardien. En effet, aux Etats-Unis, beaucoup d’évasions sont dues à une négligence du policier (Linda Rarey 2011). Le travail de Fontaine Tamara et Savary Laura (2013) rejoint l’article de Linda Rarey (2011) en ce qui concerne la divulgation d’informations personnelles. Les techniciens interviewés affirmaient qu’ils étaient attentifs à garder leur badge et leur dosimètre à l’envers ou dans une poche afin de ne pas montrer leur nom au détenu.

D’après le travail de Fontaine Tamara et Savary Laura (2013), les TRM ne ressentent pas beaucoup d’inquiétude face à ce type de patients dans le contexte de radiologie général. Ceci venant du fait que le patient est constamment accompagné par des gardes qui assurent la sécurité. Les techniciens n’ont donc officiellement pas de rôle à jouer dans ce domaine. Ce point de vue est rejoint par Linda Rarey (2011) et Adlerson M et al. (2013). Nous avons tout de même constaté que, lorsque les professionnels de la santé en milieu carcéral doivent travailler seuls, le soir par exemple, ils ressentent une certaine peur due à de précédentes agressions dans ces conditions (Alderson M et al. 2013).

Il y a tout de même une contradiction dans le travail de Fontaine Tamara et Savary Laura (2013) car, bien que les TRM nient leur rôle dans la sécurité, ils parlent de certaines actions spécifiques à la prise en charge de prisonniers. Par exemple avant l’accueil du patient, certains professionnels prennent garde à ne pas laisser d’objets potentiellement dangereux à portée de main. Cela rejoint l’article de Lashley J (2010) évoquant que les salles d’examens dans les hôpitaux ne sont pas considérées comme des lieux sûrs. Effectivement, ce sont souvent des lieux clos avec parfois des portes en verres, de plus il y a souvent des objets pointus et des liquides inflammables. Il est conseillé, lors d’un examen avec un détenu, de sécuriser au maximum l’environnement. Il est dit aussi qu’il ne faut pas utiliser d’aérosol comme du spray au poivre en cas de problème car cela risque de remplir les systèmes de ventilation de l’hôpital ce qui peut avoir de graves conséquences. Ce rôle du soignant dans la sécurisation de l’espace se retrouve également dans le texte d’Alderson M et al. (2010).

Table des matières

Introduction
Contexte
Contre-indications à l’IRM
Prise en charge de l’examen
Droits du patient
Problématique
Méthodologie
Méthode
Grille d’entretien
Echantillon
Ethique
Résultats
La sécurité liée au détenu
Patient accompagné par la sécurité
Risques de fuite
La vigilance du TRM et les actes que cela implique
La sécurité à l’IRM
Les questions de sécurité
Aspects spécifiques au patient détenu
La présence du gardien
La communication
Relatif à l’examen
La langue
Les sujets à éviter
Présence du gardien
Autres
La perception du patient
Contexte de détenu
Les antécédents carcéraux du patient
Connaissance des droits du patient
Limites de la recherche
Conclusion

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