Contraintes à la production du sorgho
L’agriculture est considérée comme étant une source de revenue de 80 % de la population mondiale assurant ainsi une réduction de la pauvreté et une sécurité alimentaire à travers plusieurs types de cultures (BM, 2019). En outre, le sorgho [Sorghum bicolor (L.) Moench], est classé cinquième culture céréalière la plus cultivée au monde après le blé, l’orge, le riz et le maïs (Faostat, 2017). Il occupe la 2e place en Afrique après le maïs (Faostat, 2017). Cette préférence pour le sorgho s’explique en partie par sa grande diversité variétale, son adaptabilité aux faibles précipitations (200-600 mm), aux sols arides et aux températures élevées (Comas, 2002). En 2017, sur une superficie de 40 674 113 ha, la production mondiale en sorgho était de 57 601 588 t. La production en Afrique de l’ouest du sorgho a été de 12.662.912 t sur une superficie de 14.091.020 ha (Faostat, 2017). Cependant, sa culture est confrontée à d’énormes contraintes d’ordre biotiques et abiotiques entraînant des réductions de son rendement en grain (Ambekar et al., 2011). Parmi celles-ci, les moisissures des grains est la plus importante car impactant négativement sur le rendement et la qualité des grains (Ambekar et al., 2011). Dans un souci d’obtention de nouvelles variétés adaptées aux environnements rustiques d’Afrique de l’ouest, avec une bonne production en grains, plusieurs travaux de sélection ont été menés afin de satisfaire les besoins nutritionnels de sa population. Parmi ces variétés figurent : la sariaso20 du Burkina, la diamadjigui du Mali, la SSD-35 du Niger, la F2-20 du Sénégal, la sorvato 1 du Togo. Cependant, chaque variété ainsi obtenue, est spécifique d’une région donnée et ses performances dans une autre localité ne sont pas connues. C’est ainsi que dans une optique de création d’uncatalogue sous régional, qu’un Dispositif de Partenariat pour l’Innovation et l’Amélioration Variétale en Afrique de l’Ouest (DP/IAVAO) a été créé. Ce catalogue a pour objectif de contenir les caractéristiques des différentes Variétés d’Afrique de l’ouest, dans plusieurs environnements. Ainsi, la composante sorgho du DP/IAVAO, regroupant des sélectionneurs du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo ; a mis en place 26 variétés de sorgho ouest africain élites afin d’identifier les plus adaptées aux conditions de culture du Sénégal. Ainsi, cette étude a pour objectif général de contribuer à l’augmentation des productions du sorgho en Afrique de l’ouest. Les objectifs spécifiques.
Origine et domestication
L’origine et la domestication du Sorgho ont longtemps été un sujet à controverse. Toutefois la découverte de vieux restes de sorgho entre le Soudan et l’Egypte, proche du Sud-Est du Sahara, laisse penser que la domestication du sorgho est antérieure à 6000 ans avant J.C (Dehaynin, 2007). Chantereau et al., 2013; à partir de restes archéologiques datés entre 6000 et 4000 ans av JC, suggèrent également que le sorgho a été domestiqué dans la zone soudano-sahélienne au sud du Sahara. Les premiers restes archéologiques observés en Nubie sont reliés à la race bicolor ayant les caractères les plus primitifs. Durant son processus de diffusion d’autres races avec leur centre de domestication ont été identifiées. La diffusion des bicolor vers l’Afrique de l’ouest et du sud a donné les races guinea et kafir et abouti aux races caudatum et durra. Une voie terrestre aurait introduit les sorghos bicolor et durra en Asie. Celle maritime y aurait amené les races guinea et guinea-kafir. Grace aux grandes routes commerciales, le sorgho a aussi diffusé vers l’Europe et les Etats-Unis à partir du XIXe siècle (Chantereau et al., 2013).
Systématique et classification
La plupart des sorghos cultivés appartiennent à l’espèce Sorghum bicolor (L.) Moench. Appelé aussi gros mil, gros millet ou millet des Indes, le sorgho est une plante herbacée, annuelle, monocotylédone, de la famille des Poaceae, tribu des Andropogoneae. Son génome est diploïde (2n chr) à nombre chromosomique de base n=10 (Chantereau et al., 2013). C’est une plante préférentiellement autogame avec des taux d’allogamie en moyenne variant entre 5 et 8 % (Touche, 2011). Cependant, l’allogamie est fonction des types variétaux et peut aller jusqu’à 30 % surtout chez les variétés à panicules lâches (Chantereau et al., 2013). Les variétés cultivées de S. bicolor, présentant une grande diversité morphologique, ont fait l’objet de diverses classifications. La plus utilisée basée sur la structure de l’épillet, la forme de la graine et le type d’inflorescence est celle de Harlan et De Wet (1972) reprise par le Conseil International des Ressources Phytogénétiques (IBPGR). Cette classification simplifiée, distingue cinq races principales : a) Les Bicolor se retrouvent dans toute l’Afrique, mais surtout répandus en Asie. Ce sont les sorghos aux caractères les plus primitifs : leur panicule est généralement lâche et leurs grains très petits, sont entièrement enveloppés par des glumes de grande taille et fermées. On y trouve des sorghos à balai, des sorghos papetiers et des sorghos fourragers.