Continuité d’un atelier réalisé par les étudiants français
Problématisation et hypothèses
Prise de connaissance du sujet
Ce travail de recherche s’inscrit dans la continuité d’un atelier réalisé par les étudiants français de DA5 et les étudiants roumains de géographie de l’université d’Oradea en 2014. Leurs constats et leurs premiers éléments de réflexion mis en avant dans cet atelier ont alors constitué notre point de départ. Les recherches menées durant cet atelier ont conduit dans un premier temps à réaffirmer l’existence d’un phénomène d’étalement urbain à Oradea. En effet, la surface de l’intravilan n’a cessé de grandir au cours des 20 dernières années alors que la population est constante, voir diminue. Ce phénomène est d’autant plus visible qu’il s’accompagne de création de quartiers entiers en périphérie de la ville. L’atelier décrit en particulier le quartier de Grigorescu, quartier « sorti de terre » en 2008 et constitué de près de 400 maisons individuelles, toute basée sur le modèle pavillonnaire. Il met en évidence la présence dans ce quartier, d’un profil type, des ménages plus aisés que la moyenne et pointe le doigt sur un éventuel communautarisme. De plus, il en ressort une présentation schématique de l’organisation spatiale de la ville d’Oradea, où l’on peut distinguer plusieurs espaces : le centre-ville, la banlieue et la couronne périphérique où se trouve un habitat diffus.
Formulation de la problématique et des hypothèses
Les deux phénomènes, l’étalement urbain et la réhabilitation des centres villes se sont déjà produits dans nos villes d’Europe de l’Ouest et se sont souvent accompagnés d’une fragmentation socio-spatiale. Nous avons décidé d’aborder ce sujet à travers la problématique suivante, « les changements politiques ont-ils conduit à une réorganisation socio-spatiale de la ville d’Oradea ? » Figure 18 – Schéma de L’organisation spatiale de la ville d’Oradea. (Source : atelier franco-roumain 2014) PFE 2015-2016 Alcine Ferraris & Florian Lallart 49 | P a g e L’attention portée sur l’organisation des villes d’Europe de l’est constitue un angle de vue et de réflexion très intéressant car très différent de celui occidental, tant d’un point de vue spatial que social. Les représentations territoriales et sociales des citoyens roumains ont été fortement modifiées durant la période communiste. Le projet de constitution d’une « société uniforme promettait d’effacer toute singularité socio-spatiale, au bénéfice d’un idéal théoriquement partagé, en réalité imposé », (BIOTEAU, 2005, 93-107). Cette organisation socio-spatiale « uniforme » construite durant l’époque communiste a-t-elle été bouleversée par d’éventuels mouvements de population au sein de la ville d’Oradea, ayant comme principale conséquence cet étalement urbain? Ces mouvements sont-ils la résultante d’une politique de patrimonialisation menées dans le centreville amorçant un phénomène de ségrégation socio-spatiale dans la ville ? En réponse à la problématique posée et aux nombreuses questions qui en découlent, plusieurs hypothèses peuvent être émises. Tout d’abord, nous émettons l’hypothèse qu’il existerait bien une réorganisation socio-spatiale amorcée par le retour à la propriété. Il y aurait une perte d’uniformité au sein du tissu social, imposée durant le régime communiste, avec la formation de nouveaux quartiers « riches » au sein d’espaces encore ruraux. Ces zones résidentielles sont essentiellement composées de maisons individuelles, ces dernières constitueraient l’ultime étape dans l’accession à la propriété. La population roumaine délaisserait alors les ensembles collectifs ou blocs hérités du communisme, les conduisant dans une « voie de paupérisation ». De plus, les politiques de rénovation du patrimoine en centre-ville provoqueraient un départ des populations les plus pauvres vers l’extérieur de la ville renforçant cette perte d’uniformité du tissu social. Ces mouvements de populations accentueraient alors le phénomène d’étalement urbain actuellement présent sur la ville d’Oradea.