Contexte et problématique de la gestion intégrée des forêts d’Afrique centrale
Après avoir situé le contexte de notre travail dans l’introduction, ce chapitre présente le cadre physique des forêts équatoriales congolaises, explique les difficultés rencontrés par les pays riverains dans la gestion de ces forêts et dégage les problèmes scientifiques que nous seront amené à résoudre dans notre travail de thèse. La première partie de ce chapitre se compose de trois sections. Dans la première, nous décrivons les caractéristiques de ces forêts ainsi que la place qu’elles occupent dans les économies nationales de chaque pays. Dans la deuxième section nous verrons les conséquences des actions anthropiques sur l’ensemble de ces forêts. Enfin la section trois est une focalisation sur le Gabon. Cette dernière section nous sert de point d’appui dans la proposition des opérateurs et des relations topologiques spécifiques à cette région (Cf. chapitre 3). Le second chapitre présente les mécanismes qui ont été mis en place par les pays de cette sous région dans le cadre de la conservation et la gestion de ces forêts. A cet effet, nous nous intéresserons au programme ADIE (Agence pour le Développement de l’Information Environnementale). Nous détaillerons l’ensemble des difficultés rencontrés par cet organisme dans la mise en œuvre pratique de la Gestion Intégrée de l’ensemble des écosystèmes du bassin du Congo. Notre réflexion se penchera un peu plus sur l’amélioration de la gestion des données géographiques et la circulation de l’information entre les différents pays et l’agence ADIE. Nous terminerons ce chapitre en soulevant les grands problèmes scientifiques qui se posent en matière d’organisation, de gestion, et d’accès à l’information géographique au sein de cette région du globe. 1.1. Les forêts du bassin du Congo: place et situation dans le monde Les forêts congolaises encore appelées Forêts du Bassin du Congo sont situées en Afrique.
Elles s’étalent sur près de sept (7) degrés de latitude de part et d’autre de l’équateur et vont des côtes du golfe de Guinée à l’ouest, aux montagnes du rift Albertin en République Démocratique du Congo à l’est [PFBC, 2006], [PFBC, 2005]. Le massif couvre une superficie d’environ 227,61 millions d’hectares [Dupuy et al, 1998], [Dupuy et al, 1999], [Nasi et al, 1999]. Dans cette section, nous présentons tour à tour les spécificités climatiques de la situent à près de sept degré de latitude de part et d’autre de l’équateur [L’Hôte, 1995]. Elles se caractérisent par de fortes précipitations qui varient de 1600 à 2000 mm en moyenne par an, un taux d’humidité de l’ordre de 60 à 80% le jour et 95 à 100% la nuit et une température qui varie de 26 à 28 degrés tout au long de l’année [Jave, 2000], [PFBC, 2005], [PFBC, 2006], [Wasseige et al, 2008]. Il faut toutefois souligner qu’il existe de légères variations climatiques selon les situations géographiques des régions. L’état de l’art que nous avons mené a montré qu’il existe deux situations climatiques au sein de cette région ; celle qui prévaut de part et d’autre de l’équateur et celle de l’équateur. Pour les pays situés sur l’équateur notamment ceux de la partie occidentale (Guinée-Equatoriale, la majeure partie du Gabon, le sud-ouest du Cameroun et le sud-ouest du Congo Brazzaville), la présence de l’océan Atlantique réduit sensiblement la radiation solaire ce qui abaisse de 2 à 3° Celsius la température de juillet à septembre [PFBC, 2005], [PFBC, 2006], [Wasseige et al, 2008].
Cette partie du bassin est fortement arrosée par des pluies abondantes tout au long de l’année au point qu’elle reçoit jusqu’à 11 mètres d’eau par an au pied du mont Cameroun [Nasi et al, 1999]. Pendant les mois de juillet et d’août on note une saison sèche plutôt fraîche. Pour ce qui concerne les parties situées de part et d’autres de l’équateur les études ont montré qu’au fur et à mesure que l’on s’éloigne vers le Nord ou vers le Sud, le climat tend à devenir tropical à deux saisons. La figure 2.1 fait ressortir la moyenne des mois secs pour chaque partie de la région. climatiques ce qui influence le développement d’une diversité de faciès. Jusqu’à ce jour on a dénombré environs cinq types de végétation à savoir: les forêts sempervirentes à l’ouest du massif, les forêts de montagnes, les forêts marécageuses et inondables, les forêts semi- décidues et enfin les savanes. Pour ce qui concerne les forêts sempervirentes à l’ouest du massif, elles sont la conséquence de la très forte pluviométrie que l’on rencontre le long de l’Océan Atlantique lorsqu’on longe le golf de Guinée. Ces forêts sont soumises à plus de 3000 à 4000 millimètres de pluviométrie par an [PFBC, 2005], [PFBC, 2006]. Ces forêts sempervirentes laissent progressivement la place à des forêts de montagne à mesure que l’on s’éloigne des côtes atlantique vers le coté oriental. On rencontre notamment sur les chaines montagneuses des monts Alén, de Cristal, et Doudou, une bande irrégulière de forêts riches à césalpinioïdées. Cette bande qui culmine à près de 650 mètres d’altitude, laisse progressivement la place à des forêts plus sèches et moins riches en espèces [PFBC, 2006].