Contexte des médecines complémentaires et alternatives

Contexte des médecines complémentaires et alternatives

Définition des médecines complémentaires et alternatives

Les Médecines Complémentaires et Alternatives (MCA), sujet du travail, ont de nombreuses dénominations. En fonction des acteurs et de la nature des pratiques, plusieurs termes vont être utilisés. Le grand public, va le formuler autour de l’image populaire des « médecines douces ». Les autorités publiques françaises ont plutôt choisi les termes suivants : « Thérapies Non Médicamenteuses » au sein de la HAS, et « pratiques de soins non conventionnelles » ou « approches hétérodoxes » au sein du Ministère des Solidarités et de la Santé. L’Organisation Mondiale de Santé (OMS) étudie, elle, les « médecines traditionnelles », socle de pratiques anciennes. Et pour finir, le terme prôné par les médecins praticiens des MCA est la « médecine intégrative ». Le terme MCA permet quant à lui de se positionner sous l’angle de « l’utilisateur » plutôt que par le prisme de la pratique qui permet d’apporter la part de subjectivité très présente dans l’utilisation des MCA. Dans ce sens, une pratique pourrait être utilisée en complément d’un traitement médical par un individu ou bien en remplacement d’un traitement médical par un autre individu. « Le terme de MCA permet de recentrer la réflexion sur les dimensions éminemment subjectives associées à ces recours (motivations, attentes, croyances, etc) impactant directement la santé » 39. Les MCA sont donc des pratiques très variées qui n’ont pas véritablement de cadre officiel et unanime, ni de définition et de catégorisation propre. C’est pourquoi il a été important de sélectionner une définition et une catégorisation applicables en France et ayant pris en compte les recommandations de l’OMS et des catégorisations déjà existantes. Un article récent remplissait ces critères : Médecines Complémentaires et Alternatives (MCA) : Proposition d’une définition et d’une catégorisation de références 40. Il a été rédigé notamment par Véronique SUISSA auteure d’une thèse sur les MCA dans le cancer 41 et co-fondatrice de l’Agence des Médecines Complémentaires et Alternatives en France. « Les MCA constituent différentes formes hétérodoxes de soins non-médicalisant, plus ou moins éloignés des pratiques médico-scientifiques et dispensées – dans un contexte de santé ou de maladie – par des praticiens dûment ou insuffisamment formés pour répondre à la demande et/ou aux besoins des Contexte des médecines complémentaires et alternatives :

Définition des médecines complémentaires et alternatives

Utilisées de façon complémentaire ou alternative aux soins standards, les MCA s’inscrivent dans le champ de la médecine non conventionnelle, c’est-à-dire extrinsèque au modèle biomédical de référence. Elles renferment un ensemble de pratiques validées et sécuritaires, insuffisamment éprouvées, douteuses, voire dangereuses. De fait, elles entretiennent des rapports pluriels avec notre médecine au sein de laquelle certaines pratiques sont acceptées (ex : acupuncture), tolérées (ex. : soutien spirituel) ou rejetées (ex. : secte guérisseuse). Dans cette optique, certaines MCA sont intégrées aux centres et dispositifs de soins conventionnels (ex. : soins de support, pôles de soins et d’activités adaptées) tandis que d’autres en sont exclues40. » La catégorisation des MCA, réside dans cet article « dans le fait de ne pas déconnecter la pratique hétérodoxe avec son statut, l’usage ou encore le praticien qui la dispense » et donc à travers leur relation plurielle à la médecine conventionnelle. On distingue alors 3 types de MCA : les MCA acceptées, les MCA tolérées et enfin les MCA dites rejetées. – Les MCA acceptées sont « l’ensemble de pratiques intégrées aux structures de santé (ex : hôpitaux), et aux dispositifs de soins conventionnels (ex : soins de support). Certaines d’entre elles sont légalisées (ex : acupuncture) ou font l’objet d’un processus de régulation (ex : cannabis thérapeutique). Elles sont dispensées par des praticiens dont les formations sont reconnues (ex : diplôme universitaire), de façon complémentaire aux soins conventionnels et dans un objectif thérapeutique sans visée curative. Elles font référence à des pratiques comportant des risques exceptionnels et n’impliquant aucune forme de dérive. » L’hypnose, la relaxation, la sophrologie, la méditation, l’art-thérapie, le Qi gong, le yoga, la réflexologie, la chiropraxie, l’ostéopathie, l’acupuncture et l’homéopathie (liste non exhaustive) font parties des MCA acceptées. – Les MCA tolérées sont « l’ensemble de pratiques non intégrées aux structures de santé et aux dispositifs de soins conventionnels. Aucune d’entre elles ne sont légalisées. Elles sont dispensées par des praticiens dont les formations ne sont pas reconnues (ex : écoles non agrées), de façon complémentaire aux soins conventionnels et dans un objectif thérapeutique sans visée curative. Elles font référence à des pratiques comportant des risques potentiels et n’impliquant aucune forme de dérive. » Le magnétisme, le Reïki, le Tai chi chuan, l’aide spirituelle, les approches énergétiques, la médecine chinoise, la médecine ayurvédique, la médecine africaine et la naturopathie (liste non exhaustive) sont des MCA dites tolérées.

Évolution croissante de l’intérêt des médecines complémentaires et alternatives ces dernières années

Ces dernières années il a été observé une croissance et un engouement envers les médecines complémentaires et alternatives avec une prévalence d’utilisation pouvant aller jusqu’à 65% en Europe39,43. Dans les populations adultes atteintes de cancer, une méta-analyse a estimé une utilisation des MCA acceptées dans le cancer de 25% dans les années 70 et 80 à plus de 25% dans les années 90 et jusqu’à 49% après 2000. En France 39% des patients atteints de cancer utilisent des MCA en 201843. Cet attrait et intérêt croissants pour les médecines complémentaires et alternatives pourraient être expliqués par diverses raisons. Tout d’abord, la médecine occidentale et moderne a été chamboulée par plusieurs crises sanitaires. L’apparition du SIDA dans les années 80 a bousculé les autorités médicales à travers la modification du rôle du patient qui est devenu au cours du temps expert de sa maladie. Le patient est devenu patient expert et acteur de sa maladie et s’est aussi regroupé et a constitué des groupes de pressions (associations de patients) afin d’être davantage entendu par les professionnels de santé et les responsables politiques de santé publique. Les patients entendent maintenant contribuer à la définition des soins qui leur sont  portés. Compte tenu du nombre de malades concernés et de leurs caractéristiques sociodémographiques, c’est par le VIH que l’implication des patients dans le soin prend un trait nouveau. D’acteurs individuels, les patients deviennent des acteurs collectifs44,45,46. La fin du 20ème siècle en France a été marquée par d’autres crises sanitaires. L’affaire du sang contaminé, la maladie de Creutzfeld-Jakob mais aussi l’affaire plus récente du Mediator® ont été les raisons principales de la remise en cause de la médecine telle qu’elle se pratiquait et de l’apparition de la défiance et la méfiance envers les autorités sanitaires. L’apparition du patient acteur, suite, notamment à l’émergence de la maladie du SIDA a été reconnue par la loi du 4 mars 2002. Il jouit alors de droits lui permettant d’agir au niveau individuel mais aussi collectif par l’intermédiaire des associations patients. « Il dispose désormais du pouvoir d’exprimer sa volonté et d’intervenir aussi bien dans la gestion de sa thérapie que dans la détermination de la politique de santé48. » Les crises sanitaires pourraient être, une première cause éventuelle de l’émergence des MCA mais l’évolution démographique et la performance de la médecine moderne et ses nouveaux évènements indésirables pourraient être la 2ème cause. On observe un vieillissement de la population en France, la médecine occidentale a contribué à la transformation de maladies incurables en curables. Dans le cas du cancer, malgré leur efficacité, les traitements entraînent de nombreux évènements indésirables. D’après le rapport anthropologique – rédigé par Madame DESPRES -, portant sur l’utilisation des MCA sur l’île de La Réunion, la prise en charge peut souvent être ressentie comme une violence. Le traitement peut être vécu comme « une agression vis-à-vis du corps. Cette agression est vécue physiquement, dans la mesure où le corps réagit avec violence. Ce sont les chimiothérapies qui sont le plus mal vécues » Les MCA tentent de répondre à la demande croissante des patients de prise en charge des événements indésirables mais aussi de la détresse psychologique qui peut être associée à cette maladie. A cette 2ème cause s’ajoute un engouement depuis quelques années de la population pour le naturel qui pourrait sembler dépourvu d’effets négatifs. On observe notamment une popularité croissante des pratiques avec des bénéfices de relaxation, à travers la méditation qui a vu une apparition de nombreuses applications pour le grand public mais aussi par la pratique du yoga et de la sophrologie. Les huiles essentielles utilisées pour soigner particulièrement les maux du quotidien sont de plus en plus présentes dans la population générale mais aussi dans la population cancéreuse (prise en charge des évènements indésirables)

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