Contamination par l’aflatoxine B1 des aliments
Généralités sur les mycotoxines
Les mycotoxines peuvent être définies comme étant des produits du métabolisme secondaire des moisissures pouvant se développer sur les plantes au champ, avant et pendant la récolte ou en cours de stockage, et qui présentent des effets toxiques à l’égard de l’homme et des animaux (Moreau, 1994). Le terme mycotoxine est dérivé du grec Mykes (champignons) et Toksikon (poison). Les mycotoxines sont synthétisées par les moisissures (champignons microscopiques) dans les aliments consommés par l’homme et les animaux (Bennet, 1983). La présence de moisissures ne signifie pas nécessairement la formation de mycotoxines ; il existe des souches produisant des mycotoxines et des souches qui n’en produisent pas ou peu (Pfohl-Leszkowicz, 1999). Plusieurs espèces de moisissures, appartenant aux trois principaux genres Aspergillus spp., Fusarium spp. ou Penicillium spp., sont présentes dans l’air ambiant, le sol et les cultures. Elles synthétisent les mycotoxines et sont capables de se développer sur différents types d’aliments tels que les oléoprotéagineux, les fruits, les noix, les amandes, les graines, les fourrages et en particulier les céréales telles que le maïs, le blé, le sorgho et le mil (Castegnaro et al., 2002). Seule une vingtaine de mycotoxines possèdent de réelles propriétés toxiques préoccupantes (Saine, 2001 ; Adebanjo et Bankole, 2003). Parmi les groupes de mycotoxines considérés comme importants du point de vue agro-alimentaire et sanitaire, on distingue les aflatoxines de type B1, B2, G1, G2, et M1 ; les ochratoxines dont l’ochratoxine A ; la patuline ; les fumonisines dont le fuminosine B1 ; la zéaralénone et les trichothécènes de type A et B (Frémy, 2009). Certaines de ces mycotoxines possèdent des effets à court terme ainsi que des effets chroniques à long terme chez l’homme et peuvent être ingérées, inhalées ou absorbées par voie cutanée (Moll, 1995 ; FAO, 1999). On rencontrera des effets immunotoxiques causés par la patuline et la fumonisine; des effets hépatotoxiques causés par les aflatoxines de type B1 et M1 et la fumonisine B1 ; des effets cancérogènes dus aux aflatoxines, à l’ochratoxine A et à la fumonisine B1 et des effets 4 néphrotoxiques dus à l’ochratoxine A (Saine, 2001). Il a été également mentionné des effets neurotoxiques causés par la patuline et la fumonisine B1 ; des effets immunosuppresseurs dus aux trichothécènes des groupes A et B, à la fumonisine B1 et à la patuline et enfin les effets œstrogéniques et tératogènes causés par la zéaralénone (Saine, 2001). Du fait de leur forte présence et de leur concentration élevée dans les aliments, les mycotoxines sont considérées comme des substances dangereuses et potentiellement cancérogènes pour l’homme.
Analyse des mycotoxines dans les aliments
L’échantillonnage Le but de cette opération est de produire un échantillon représentatif d’un lot de matière en vue de le soumettre au laboratoire pour subir l’analyse. La procédure d’échantillonnage est ainsi primordiale dans l’évaluation de la qualité sanitaire d’un lot dont les conséquences sont à la fois commerciales (déclassement du produit) et sanitaires (mise sur le marché d’un produit présentant un risque pour le consommateur). Un nombre suffisant d’échantillons élémentaires est vital pour obtenir un échantillon représentatif. L’importance du nombre d’échantillons élémentaires détermine la représentativité et par voie de conséquence, un résultat lors de l’analyse quantitative se rapprochant le plus de la réalité (Gardner et al., 1968).
Les méthodes analytiques de dosage Pour l’analyse des mycotoxines, habituellement présentent à l’état de traces, il existe une panoplie de méthodes analytiques basées, essentiellement, sur la séparation chromatographique des molécules puis leur détection par spectrophotométrie ou fluorimétrie. Pour quantifier les mycotoxines présentes dans les aliments, elles sont d’abord extraites puis purifiées avant d’être détectées (Gauthier, 1986). Certaines méthodes de détection comme la chromatographie sur couche mince (CCM) et les méthodes immunochimiques à l’instar de l’« Enzyme-Liked ImmunoSorbent Assay » (ELISA) permettent une détection qualitative et semi-quantitative. Elles ont l’avantage d’être rapides et permettent de traiter plusieurs échantillons en parallèle. Les techniques immunochimiques reposent sur l’utilisation d’un anticorps spécifique dirigé contre la mycotoxine recherchée. Ces méthodes peuvent créer des faux positifs qui entraînent une surestimation des résultats. Les limites de détection sont en général de moins de 1ppb (Garnier, 1975). Les méthodes de référence, à savoir la chromatographie en phase gazeuse (CPG) pour les composés volatils et la chromatographie liquide haute performance (CLHP), permettent de quantifier de façon précise les mycotoxines. La CPG est réservée à l’étude de mycotoxines qui peuvent être volatilisées par dérivation comme les trichothécènes (Langseth et Rundberger, 1998). La CLHP est la méthode la plus utilisée. Grâce au couplage avec la fluorimétrie, elle peut atteindre des limites de détection très faibles (de l’ordre de 10 ng/kg). Lorsqu’elle est combinée à une étape préalable de purification par chromatographie d’immunoaffinité, cette méthode est validée au niveau international et fait l’objet de normes. La chromatographie liquide couplée à un spectromètre de masse (LC/MS) est de plus en plus utilisée pour identifier les mycotoxines ou métabolites associés (Monbaliu et al., 2009) car elle permet une détection simultanée de plusieurs mycotoxines. La chromatographie en phase gazeuse couplée à un détecteur de masse (GC/MS) peut elle aussi être utilisée pour détecter plusieurs mycotoxines simultanément (Tanaka et al., 2000). Les méthodes immunologiques Les méthodes immunologiques s’appuient sur la reconnaissance plus ou moins spécifique de l’analyte à doser (ici l’antigène Ag) par un anticorps produit et caractérisé pour interagir avec ce dernier. Ce principe est utilisé à la fois pour purifier les analytes cibles (colonnes d’immunoaffinité) mais également pour doser rapidement les mycotoxines (Sharman et Gilbert, 1991). Les méthodes physico-chimiques Ces méthodes, à la fois utilisées à des finalités séparatives (extraction et purification de l’échantillon) ou analytiques (identification et dosage des analytes), s’appuient sur les caractéristiques structurales de la molécule, à savoir sa polarité, sa taille ou sa capacité à absorber dans l’UV ou à produire des signaux spectrométriques caractéristiques (Garnier, 1975).
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