Contaminants étudiés
Au cours de cette thèse, le cadmium a été utilisé comme contaminant modèle car la toxicité de ce métal a été démontrée chez les stades embryonnaires de nombreux organismes (cf I.2.2). Les propriétés génotoxiques du Cd sont également connues chez certains organismes (cf I.3) ainsi que son lien étroit avec les processus de détoxication chez les escargots via l’intervention des métallothionéines (MTs). Le Cd est donc apparu comme étant un contaminant adapté pour la recherche de paramètres de mesure des effets toxiques, la mise au point d’une méthode de mesure de la génototoxicité (RAPD) et l’étude des MTs chez l’embryon d’escargot H. aspersa. Le Cd est un élément chimique de numéro atomique 48 et de masse atomique 112,4 g/mol. Il fait partie du groupe 12 du tableau périodique des éléments. Dans la croûte terrestre, le Cd est naturellement présent à des quantités comprises entre 0.1 et 0.5 ppm. C’est un métal non-essentiel, c’est-à-dire sans rôle biologique chez les organismes vivants. Sa toxicité fait de lui un métal considéré comme un des plus problématiques en termes de santé environnementale (Eisler, 2000). Il est classé par l’U.S. Environmental Protection Agency comme polluant prioritaire. Le Cd est utilisé à près de 80%, dans la fabrication des accumulateurs et des piles Ni-Cd. Cet élément chimique intervient dans divers procédés comme le cadmiage (revêtement protecteur pour l’acier), ou encore en tant que pigments (jaune ou rouge) dont l’utilisation est fortement réglementée par l’Union Européenne. Il intervient également comme stabilisant (anti-UV) dans les plastiques comme le PVC (Figure I-20).
Les niveaux de Cd dans l’environnement ont augmenté de façon drastique entre les années 1800 et 1960. Cette augmentation étant la résultante du fort développement de l’industrialisation (mines d’extraction de métaux primaires, usines rejetant des combustibles fossiles, fabrication de piles…). Les niveaux mesurés dans l’environnement ont diminué depuis la fin des années 1960 du fait de la législation très stricte dans les pays les plus industrialisés. Ainsi en Europe, la Directive 2002/96/EC RoHS (Restriction of the use of certain Hazardous Substances in electrical and electronic equipment) limite son usage dans certains produits commercialisés (éclairage et électronique par exemple). Les activités agricoles sont également émettrices de Cd via les engrais et les fertilisants (Schutze et al., 2003) ou encore via l’épandage de boues parfois issues de stations d’épuration (Bliefert et Perraud, 2001). Les émissions de Cd d’origine anthropique sont estimées entre 8 et 10 kilotonnes par an au niveau mondial soit 90% des émissions totales de Cd dans l’environnement (WHO, 1992). l’environnement sous sa forme divalente Cd2+ (ATSDR, 1993). Ses propriétés physiques et chimiques, proches de celles du Zn et du Ca, lui permettent de traverser les barrières biologiques et de s’accumuler dans les tissus ou encore d’activer les systèmes de détoxication (MT par exemple) des organismes vivants. En cas de saturation des mécanismes de détoxication, l’accumulation du Cd dans les tissus peut conduire à l’apparition d’effets toxiques.
Effets toxiques
Une présentation exhaustive de tous les effets toxiques du Cd chez les vertébrés et invertébrés serait difficilement réalisable car ils sont très documentés. Les paragraphes suivants se limitent donc à des généralités sur les principaux effets. Chez l’homme une exposition chronique au Cd peut engendrer la survenue d’effets sur les reins, les systèmes respiratoire (dûs principalement à l’inhalation de fumée de cigarette), squelettique, digestif, et reproducteur (Figure I-21 ; Godt et al., 2006). Dès 1932, Prodan détecte des dommages sur des organes cibles du Cd (foie, poumons et rein) chez des chats exposés in vivo à des fumées contenant des hauts niveaux d’oxydes de cadmium. Chez la souris, le Cd peut induire de phénomènes d’apoptose dans le foie (Habeebu et al., 1998). In vitro, des données sont également disponibles, comme chez des lignées cellulaires de truite arc-en-ciel, où le Cd est capable de provoquer des nécroses (Krumschnabel et al., 2010). L’IARC (International Agency for Research on Cancer) classe le Cd comme un agent cancérigène et génotoxique du groupe I. Chez l’homme, le développement de cancers de la prostate, des reins, du foie, du système hématopoïétique (processus permettant la création et le renouvellement des cellules sanguines) et de l’estomac sont causés par des expositions environnementales ou professionnelles au Cd. Chez le rat, l’inhalation de Cd provoque des effets cancérigènes sur les poumons ainsi que l’induction de tumeurs cancéreuses au niveau de la prostate. L’ingestion de Cd par le rat augmente la survenue de leucémies (Waalkes, 2000).