Construction du modèle

Construction du modèle

Dans le premier chapitre, nous avons identifié les systèmes multi-agents comme le cadre formel qui doit nous permettre de modéliser les économies de marché comme des économies dynamiques et complexes, peuplées d’un grand nombre d’agents hété- rogènes, autonomes et concurrents. Nous avons retenu la notion de rationalité pro- cédurale pour nous guider dans la modélisation du comportement des agents qui peupleront le modèle.Dans le deuxième chapitre, nous avons exploré la théorie du circuit monétaire. Nous y avons trouvé les bases théoriques sur lesquelles construire la structure dans le cadre de laquelle les agents modélisés pourront exercer leur autonomie. En revanche, le niveau d’abstraction élevé des modèles du circuit nous est apparu incompatible avec celui, plus concret, auquel se situent les modèles basés sur les agents. Nous avons alors montré que les techniques de modélisation basées sur les agents pouvaient justement offrir à la théorie du circuit monétaire l’occasion de dépasser le cadre très abstrait des modèles à période unique.dans la section 4.1. Les sections suivantes détaillent la construction du modèle selon une approche ascendante : la section 4.2 présente les objets réels et monétaires par la manipulation desquels les agents entrent en interaction ; la section 4.3 est consacrée à la description des marchés, lieux où les agents établissent des relations directes et décentralisées ; la section 4.4 présente les différents types d’agents qui peuplent le modèle et décrit leurs fonctions de comportement.au niveau de la dynamique macroéconomique du système, de sa capacité à se re- produire dans le temps en respectant une certaine stabilité interne.

Le modèle que nous voulons construire n’est pas un modèle de prévision et de décision mais un modèle de recherche ; par conséquent nous ne cherchons pas à en faire un modèle complet, et nous écartons tous les éléments de complexité du réel qui ne semblent pas essentiels à notre objet tout en veillant à préserver les capacités d’évolution — de complexification — du modèle.7 ) correspondant à 8 états distincts du système. Le diagramme de séquence des flux monétaires (figure 4.1, page 85) inspiré des diagrammes de séquence UML 2, donne une représentation graphique de l’enchaînement chronologique des états et des transitions monétaires au sein d’une période de base t.Les ménages : Ils sont normalement les agents les plus nombreux. Les principales fonctions des ménages sont le travail et la consommation. Pour pouvoir consommer, les ménages doivent avoir un revenu ; pour avoir un revenu, ils doivent avoir un travail ou être propriétaires d’une entreprise ou de la banque. Les ménages sans emploi ne reçoivent aucun revenu. Quelle que soit sa situation matérielle et monétaire, un ménage ne disparaît pas.

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Elles sont normalement moins nombreuses que les ménages, puisque chaque entreprise peut employer plusieurs ménages. La principale fonction des entreprises est la production. Chaque entreprise a un propriétaire unique, un ménage choisi au hasard parmi tous les ménages qui peuplent la simulation. Chaque entreprise s’endette, embauche ou licencie, produit, vend, rembourse ses crédits et verse des dividendes à son propriétaire. Une entreprise peut être mise en faillite et disparaître. Elle est alors automatiquement remplacée, un an plus tard, par une entreprise identique (de même taille et de même productivité).La banque : Elle diffère des ménages et des entreprises car c’est une banque unique, représentative de l’ensemble du secteur bancaire. En effet, dans une économie avec monnaie endogène, le secteur bancaire est généralement supposé être accommo- dant, l’initiative de la création monétaire via le crédit revenant aux entreprises 3, la désagrégation du secteur bancaire n’a donc a priori qu’un intérêt secondaire pour l’étude de la dynamique macroscopique de l’économie modélisée.

Si le modèle ne peut contenir qu’une seule banque, il peut en revanche supporter théoriquement n’importe quel nombre d’entreprises et de mé- nages. Comme notre modèle se situe à un niveau d’abstraction encore très élevé, il ne peut prétendre constituer un modèle de décision et de prévision, il est donc in- utile de le peupler avec des populations de taille réaliste. L’expérience nous prouve qu’avec quelques centaines d’entreprises et quelques milliers de ménages, il est pos- sible de conduire des simulations très rapides et présentant des résultats suffisamment robustes pour pouvoir être exploités.Nous ne mettons pas l’accent sur les caractéristiques exogènes des agents — leurs dotations initiales, les paramètres qui fixent leur comportement — mais plutôt sur l’hétérogénéité endogène, celle qui découle de l’activité des agents eux-mêmes et qui se traduit d’un agent à un autre par des états différents (employé ou chômeur, bon ou mauvais débiteur. . .) ou des niveaux différents (stocks d’inventaires, encaisses liquides, endettement. . .).

 

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