Constat et stratégie adopté pour le développement rural
Constat : agriculture à Madagascar
Accès sur la micro finance
Comme le système bancaire est peu présent en zones rurales, les IMF développent l’établissement de son bureau dans le monde rural. On appelle « Micro finance », l’octroi de services financiers (généralement de crédit et/ou d’épargne), à des personnes développant une activité productive, le plus souvent de l’agriculture, de l’artisanat ou du commerce, et n’ayant pas accès aux institutions financières commerciales en raison de leur profil socio-économique (il s’agit des pauvres, sans revenu fixes, qui n’offrent aucune des garanties en vigueur dans les institutions bancaires commerciale). D’après le MAP en 2006, on compte sept IMF à Madagascar. L’existence de ces IMF dans les zones rurales n’arrive pas à résoudre le problème de financement du monde rural. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet échec : L’accessibilité à des crédits pour les paysans est très difficile, les IMF subissent une asymétrie d’information qui conduit à un problème d’aléa morale (rationnement de crédit de Stieglitz Weiss).
Les IMF ont intérêt à investir à des actifs sûrs comme le bon de trésor. Elles ne connaissent pas vraiment ses clients par conséquent elles les considèrent comme un client très risqué, ainsi les IMF demandent une garantie excessive que les paysans n’en disposent pas. D’après la Banque centrale de Madagascar, en 1997, on estime que la production agricole a reçu moins de 5% des concours bancaires à l’économie, dont 9% seulement ont été consacrés à la culture du riz, soit 0,5% des crédits à l’économie estimés à environ 1600 milliards de Fmg (in Fraslin, 1997). Ce pourcentage est d’autant plus faible que le pourcentage des concours bancaires à l’économie par rapport au PIB (18 051 milliards de Fmg en 1997) est déjà très faible (i.e. 8,9%). Selon l’EPM 1999 (INSTAT enquête prioritaire des ménages) seulement 1,3% des ménages agricoles ont déclaré avoir obtenu des crédits agricoles.
Ainsi, la capacité financière, qui conditionne notamment le montant des investissements et des dépenses de production mais aussi la possibilité de stocker sa récolte pour satisfaire les besoins de la famille sur toute l’année et pour vendre les surplus au moment où les cours sont les plus favorables, est insuffisante. L’indisponibilité des crédits ruraux et la faiblesse du système de financement constituent un des blocages à l’amélioration de la constat et stratégie adopté pour le développement rural à Madagascar 44 productivité agricole et du revenu des agriculteurs. Ceci résulte de l’état de la pauvreté entretenue depuis des années. 2. Accès à la terre en milieu rural Madagascar dispose encore d’une vaste réserve foncière agricole. Pourtant, celle-ci reste sous exploitée malgré la forte croissance démographique rurale. Ce paradoxe nous amène à s’intéresser aux modes d’accession des paysans à la terre La population rurale de la Grande Ile est généralement repartie en lignages. La terre est exploitée de façon collective au sein de chaque lignage.
Mais avec l’éclatement des familles en plusieurs ménages dans ces lignages, le patrimoine foncier familial sera morcelé en plusieurs petites exploitations. De par sa valeur culturelle, il est du devoir des parents de transmettre ce patrimoine à leur descendance. Les paysans exploitent ainsi des terres transmises par héritage de génération en génération. A Madagascar, cette cession intergénérationnelle constitue le principal mode d’accès à la terre, notamment en milieu rural. Elle représente 53,2 % des modes d’acquisition des terres. A chaque génération, les superficies agricoles cultivées deviennent de plus en plus réduites. Ce qui explique l’exigüité des surfaces arables par exploitant au niveau national (0,87 hectare lors de la campagne agricole 2004-2005). Mais une logique économique guide aussi les paysans à acheter des terres. La volonté d’accéder à plus de terres par achat est largement liée à l’agrandissement de la famille.
Dans une agriculture de subsistance, acquérir une nouvelle parcelle signifie simplement produire plus de nourriture. En milieu rural, la marchandisation des terres se fait essentiellement sur «petits papiers ». Ceux-ci constituent des preuves pour les acheteurs en cas de revendication ultérieure de la parcelle par d’autres personnes. Malgré cette prolifération des petits papiers, la demande de terrain domanial auprès du service foncier constitue également un mode d’acquisition des terres en milieu rural. Pourtant, elle n’enregistre qu’un taux assez faible. L’accession coutumière et l’acquisition des terres par achat ne profitent pas à toute la population rurale. Seuls les descendants des groupes nobles bénéficient des terres successorales. De plus, les paysans aisés ont les moyens de recourir à l’achat des terres. En effet, il existe des paysans sans terre. Mais comme la terre joue un rôle nourricier, ces paysans sont contraints d’occuper illicitement des terres qu’ils jugent libres. Dans ce cas, ils ne tiennent plus compte de l’emplacement ou de la qualité agro-pédologique des surfaces à cultiver. Cette pratique se base sur la croyance selon laquelle le premier à cultiver une terre a des droits sur celle-ci.