“L’alcool est la substance addictive légale la plus consommée dans le monde après le tabac. Il a des effets psychotropes à la fois sédatifs et stimulants, et une forte capacité à induire rapidement des conséquences négatives somatiques, psychiatriques, et sociales” (Icick, Bellivier, 2014, p.171).
En Suisse, « l’alcool constitue un élément indissociable de la vie communautaire. D’ailleurs, la Suisse figure au nombre des dix pays les plus gros consommateurs du monde » (Fédération vaudoise pour la prévention de l’alcoolisme, 1989, p.3). Il peut remplir différentes fonctions dans une société où l’individu fait face à une multitude de facteurs anxiogènes. Il est consommé lors d’événements festifs comme euphorisant et désinhibant ou pour soulager des peines ou une anxiété. Il peut également se consommer pour se libérer des contraintes de la société ou encore pour satisfaire un besoin chronique (Cerclé, 1998, p.47-48).
Selon les Hôpitaux Universitaires Genevois (2010), bien que la consommation d’alcool soit une pratique culturelle courante, une consommation problématique d’alcool peut engendrer plusieurs risques pour la santé et est associée à une morbidité et une mortalité augmentées. Les personnes susceptibles de consommer de l’alcool de manière problématique sont, plus précisemment, les personnes âgées, les enfants et adolescents, les femmes enceintes et les personnes souffrant d’une maladie.
Une consommation problématique d’alcool peut engendrer de la souffrance morale , des difficultés familiales, professionnelles et financières, occasioner des coûts sanitaires pour la collectivité. Sur le long terme, la consommation d’alcool peut affaiblir les facultés physiques, intellectuelles et psychiques et endommager le cerveau, les vaisseaux sanguins, le cœur, le foie, le pancréas, l’estomac et les nerfs (Fédération vaudoise pour la prévention de l’alcoolisme, 1989) et toucher un grand nombre de systèmes, ainsi que provoquer des cancers (Comission Européenne de la Santé et de la Protection des Consommateurs, 2006) .
De plus, la consommation abusive d’alcool « aggrave l’évolution et le pronostic de nombreuses autres maladies et ralentit la guérison » (Fédération vaudoise pour la prévention de l’alcoolisme, 1989, p.3).
Selon le Monitorage Suisse des Addictions (2014), il est nécessaire de distinguer une consommation à faible risque, une consommation problématique et une consommation addictive. Pour différencier ces différents types de consommation, certains facteurs doivent être pris en compte dont l’âge, le sexe, la quantité d’alcool et le contexte de la consommation. Malgré cela, la distinction entre ces types de consommation reste difficile à établir et l’évolution vers la dépendance est souvent imperceptible et silencieuse.
Pour faciliter cette distinction, les Hôpitaux Universitaires Genevois (2010) définissent les valeurs limites d’une consommation chronique d’alcool à risque autour de 20 grammes d’alcool pur par jour pour les femmes et 40 grammes pour les hommes, correspondant à 2 verres standards pour les femmes et 4 pour les hommes .
L’éthylo-dépendance
Pour donner une définition de l’alcoolisme ou de dépendance à l’alcool, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la définit comme un ensemble de phénomènes physiologiques, comportementaux et cognitifs dans lequel l’ingestion d’alcool prend une importance beaucoup plus grande pour un individu donné que d’autres comportements qui avaient autrefois une plus grande valeur [traduction libre] (1992, p.133).
D’après les chiffres des Hôpitaux Universitaire Genevois (2010), 4% de la population suisse est diagnostiquée éthylo-dépendante alors que le 20% correspondrait à des consommateurs excessifs; cette catégorie de population consommant donc de manière problématique pour leur santé.
Selon Cornwell et Lickteig, les causes rendant une personne vulnérable à l’addiction semblent être multifactorielles, incluant des facteurs génétiques, environnementaux et des changements neurophysiologiques résultant de l’utilisation répétée de la substance. Les troubles de toxicomanie et les addictions sont plus communs chez les personnes ayant des troubles de l’humeur ou des troubles de l’anxiété, une schizophrénie ou d’autres troubles en lien avec la dopamine [traduction libre] (2006, cité dans Donnelly et al., 2012, p. 9 ).
Selon la Fédération vaudoise pour la prévention de l’alcoolisme (1989), le traitement du patient alcoolique doit passer par quatre phases :
1) La première est « la phase de prise de conscience, de motivation et de contact avec une institution spécialisée, médicale ou non ».
2) La deuxième est « la phase de désintoxication proprement dite, hospitalière ou ambulatoire ».
3) La troisième est « la phase de sevrage psychologique ».
4) Et finalement, « la phase de réinsertion sociale ou post-cure ».
1. INTRODUCTION |