COLLONGES-LA-ROUGE EN QUELQUES MOTS
Collonges-la-Rouge est un village datant du 8eme siècle, alors « Collonges » , surnommé la cité aux 25 tours. C’est une commune française, située dans le département de la Corrèze, en région Nouvelle-Aquitaine. Les habitants de Collonges-la-Rouge sont des Collongeois et Collongeoises. Le village de Collonges la-Rouge se situe à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Brive la Gaillarde.
Pour se distinguer de ses homonymes en 1969 Collonges devient Collonges-la-Rouge rappelant ses nombreuses constructions en gré rouge. Au 8 ème siècle, les moines de l’abbaye de Charroux en Poitou fondent un prieuré, suite à la donation du comte Roger de Limoges. Intégré dans la Vicomté de Turenne en 844, il abrite une population de paysans, d’artisans et de commerçants. Collonges, alors fortifiée, se trouve sous la juridiction seigneuriale d’une châtellenie. La bourgeoisie enrichie se fait construire des châteaux, castels… organisant la cité. Le bourg s’organise selon une structure défensive avec des voies étroites. En 1738, la vicomté est vendue à la couronne de France qui met fin aux privilèges fiscaux mais la Révolution Française arrive et le prieuré est détruit. Beaucoup d’habitants quittent le village, et Collonges devient une carrière de pierres. La population n’a cessé de décroître en un siècle passant de 1 500 à 400 habitants. Aujourd’hui, Collonges-la-Rouge a conservé ses édifices bourgeois, sa structure défensive avec ses ruelles étroites et compte 490 habitants.
Collonges-la-Rouge est un bourg historique d’une très grande qualité architecturale qui a su conserver son caractère médiéval et renaissant. L’harmonie et l’homogénéité du village tiennent de l’utilisation du gré rouge (pierre naturellement riche en oxyde de fer) principal matériau de construction avec l’ardoise de Corrèze qui couvre les toits très pentus. La nature du sol en calcaire blanc a permis des constructions exceptionnelles dont un très grand nombre d’édifices remarquables et protégés au titre des monuments historiques.
Une des caractéristiques du paysage de Collonges-la-Rouge est la présence de grands espaces naturels périphériques avec la présence de châtaigniers, noyers, vignes, pâturages, forêts… Le village de Collonges et ses abords sont inscrits parmi les sites classés depuis le 1er Juillet 1996 par arrêté ministériel. Il est en outre répertorié comme un des plus beaux villages de France, Association officialisée le 6 mars 1982 par Monsieur Charles Ceyrac (ancien maire de Collonges-la-Rouge) qui souhaitait ainsi protéger et promouvoir le patrimoine remarquable de plusieurs communes parmi lesquelles son propre village. De par sa notoriété de plus beau village de France, Collonges-la-Rouge est très visité par les touristes en période estivale avec une moyenne de 1000 visiteurs par jour. Cet intérêt, permet pendant cette période, l’ouverture de nombreux commerces qui leur sont dédiés. Une fois les touristes repartis, le village retrouve son calme, les commerces ferment et seuls les 471 habitants demeurent dont seulement une cinquantaine dans le bourg. Après la Révolution française, un maillage rapide d’axes routiers s’est mis en place facilitant l’accès aux villes avoisinantes où l’activité était en pleine expansion. Celui-ci a favorisé l’exode rural en dépeuplant les villages tels que Collonges. Aujourd’hui Collonges-la-Rouge subit encore ce phénomène car très peu d’habitants vivent dans le bourg et personne ne veut venir y vivre préférant habiter en ville où ils disposent de nombreux services. Mon histoire familiale me lie à ce village. Mes grands-parents habitent Collonges-la-rouge depuis toujours et j’y passe la majorité de mes vacances depuis mon plus jeune âge. L’avenir de leur domaine et du village me tenant à cœur, je souhaitais réaliser ce travail.
Pour aborder ce TFE, j’ai décidé de parcourir ce territoire en utilisant l’outil de l’architecte : le dessin. J’ai réalisé tous les dessins et les photos de ce livre, ce qui m’a permis d’explorer ce village d’une tout autre manière. Dans une première partie, la contextualisation du village se fait sans décortiquer l’historique évoquant la centralisation des villages en France, la protection du site et le phénomène de gentrification et de muséification. La deuxième partie explique la méthodologie du Professeur Gisèle Gantois doublée de ma propre expérience basée essentiellement sur la promenade. Le principe est de découvrir un village en se baladant munie d’un carnet de dessins tout en faisant des rencontres ponctuelles et aléatoires. Celui-ci convenait parfaitement à la découverte de Collonges-la-Rouge car le village s’explore naturellement à pied. Une étude historique succincte suit, faisant le bilan de l’expérience des habitants et celle des touristes. Enfin, des spéculations découleront de toutes mes observations et recherches. L’intérêt de ce TFE est de parcourir Collonges-la-Rouge en analysant la vie et les besoins de ce village pour produire de nouvelles ambiances correspondant aux attentes exprimées par les collongeois, en attente de retrouver la vraie identité de leur village. Des proposition concrètes sont ébauchées à travers des esquisses et des croquis.
ÉNONCÉ DU PROBLÈME
J’aborde certaines problématiques à partir de mes connaissances locales en applicant la méthodologie développée dans le cadre du doctorat du Professeur Gisèle Gantois, ma promotrice. À 1km en périphérie du bourg se situe la ferme de Friac. Ce territoire est composé d’un vallon et de collines abritant des forêts, des champs, des vergers, des pâturages, traversés de chemins et de sentiers. L’agriculture y est l’activité principale et le village intègre cette nature, tantôt domestiquée par les cultures, tantôt plus sauvage changeante, du nord au sud de Collonges-la-Rouge. Les cheminements datant du XIX siècle n’ont pas été démembrés ainsi les parcours pédestres restent un mode de déplacement très présent. Les voitures sont rares. Vendanger, moissonner, faire les foins, ramasser les noix, nourrir les bêtes… sont des activités que j’ai connues. Naguère le bétail circulait dans le bourg de Collonges mais aujourd’hui ces habitudes disparaissent, altèrant son identité paysanne. Dans Collonges-la-Rouge, beaucoup de treilles fleurissent rappelant la culture des vignes très importante autrefois car le vin était la source de revenu local mais l’arrivée du phylloxéra en 1879 a détruit tous les ceps et les vignerons ont dû se reconvertir. Aujourd’hui, quelques passionnés replantent des vignes mais la production reste confidentielle. En 2015, on comptait encore 12 agriculteurs sur la commune alors qu’aujourd’hui seuls 4 résistent. Cette situation est la conséquence des revenus modestes générés par l’activité agricole, qui ne permet aux familles que de vivre que sobrement face aux tentations de l’attractivité citadine toute proche. Comme ailleurs, au fil du temps, l’accès aisé aux villes via les départementales tracées à travers le territoire a favorisé le dépeuplement du villages au bénéfice des villes périphériques. Malgré tout, les paysages entretenus par les agriculteurs et « le village rouge » attirent toujours de nombreux amoureux du patrimoine français. Aujourd’hui, Collonges-la-Rouge est un bourg historique qui voit une déferlante touristique chaque année attirée par son architecture médiévale composée de nombreux édifices classés ou inscrits et à la beauté de ses paysages. Ce village devient une sorte de musée médiéval où l’homogénéité du grès rouge n’a pas bougé depuis des siècles et attisant la curiosité des amateurs de vieilles pierres et de l’ambiance surannée des lieux. De mai à septembre, le tourisme assure la principale ressource financière notamment grâce à la taxe d’habitation pour faire vivre la commune. Les différentes municipalités qui se sont succédées ont essayé de simplifier l’accès au bourg en respectant les contraintes imposées par le caractère « site protégé » du village.
Ainsi, elles ont aménagé des parkings réservés aux habitants et aux touristes, équipé des voiries et réglementé les sens de circulation, ouvert de nouveaux commerces artisanaux, … afin d’améliorer l’accueil des visiteurs et le confort des habitants. Si ces interventions permettent que Collonges-la-Rouge reste une visite incontournable dans la région, il est clair que l’afflux des visiteurs perturbe la vie des villageois. Grâce à une carte « riverains », l’accès en voiture dans le bourg est autorisé aux collongeois habitants le centre du village, toutefois la présence croissante de visiteurs flânant dans l’espace public rend la circulation difficile et oblige les habitants à modifier leurs habitudes.
Pendant trois mois, cette foule, qui la plupart du temps, ignore les codes des villageois s’approprie les espaces semi-privatifs des collongeois qui se sentent alors épiés.
Ainsi, de nombreuses impasses qui débouchent sur les entrées des habitations, bien qu’administrativement cadastrées comme des « chemins publics », sont néanmoins vécus comme privatifs ou partagés entre leurs riverains. Y croiser des visiteurs apparaît aux collongeois comme une intrusion dans leur vie privée.
Enfin, la multiplication de nouveaux commerces « touristiques » handicape la création de futurs logements pour de nouveaux collongeois. En effet, la surenchère sur les prix de l’immobilier et du foncier limite l’aquisition par les collongeois au bénéfice d’investisseurs et de nouveaux venus économiquement plus nantis entraînant ainsi un processus de gentrification.
De plus, le bourg ne possède aucun service tel boulangerie, épicerie ni marché hebdomadaire ; seuls des commerces « touristiques » fleurissent au long de la rue principale et les petites ruelles attenantes, dès la fin de la saison estivale, ne répondant aucunement aux besoins quotidiens des villageois. L’autoproduction est une ressource précieuse pour l’alimentation quotidienne des collongeois ; en effet, les habitants du village possèdent un potager. Toutefois nombre de besoins ne sont pas rencontrés : vêtements, médiacaments mais d’autres besoins seraient aussi nécessaires tels que les produits de droguerie, de l’outillage,… Dans ces conditions les habitants de Collonges se rendent dans le village voisin, Meyssac, qui se trouve à 2 km et où se trouve les services manquants ainsi qu’un marché bihebdomadaire, des activités culturelles comme une salle de répétition pour la danse et la musique, un terrain de foot… mais ce contexte oblige les villageois à prendre la voiture. Cette situation ne favorise pas l’installation de nouveaux habitants et freine les relations entre les villageois qui se retrouvent seuls dans un village éteint cinq mois de l’année. On remarque un manque d’interactions entre les villageois mais aussi entre les différents groupes d’âges. Les lieux de rencontre sont rares et le besoin de se réunir et de communiquer se fait de plus en plus ressentir. Le manque d’activité au sein du village hors de la saison estivale constitue un frein à son évolution. Cette situation ne favorise pas la stabilité et l’enracinement d’une nouvelle population au coeur du bourg toute l’année. En 2009, la population s’élevait à 464 habitants de tous âges alors qu’aujourd’hui elle atteint 471 habitants avec une moyenne d’âge de 50-60 ans ; les nouveaux arrivants s’implantent en périphérie du bourg de Collonges la-Rouge où les atouts du paysage sont nombreux et les contraintes touristiques atténuées. Ainsi le bourg se vide, le renouvellement de sa population n’étant plus assuré.
Enfin, la mobilité des villageois est très importante. Au sein du bourg, les collongeois se déplacent régulièrement à pied via des petites venelles car l’accès au village est très limité, notamment en période estivale. Les touristes arrivent en voiture ou en car à l’entrée du village puis vont à pied à la découverte de celui-ci. Le problème des parkings pour les habitants est crucial car les villageois ne disposent que de très peu d’endroits pour se garer alors que le stationnement dédié aux touristes occupe une place importante à l’entrée du village.
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