Quelques études ont été réalisées à propos des causes torsionnelles entrainant une démarche en adduction et l’ efficacité des traitements orthopédiques. Cependant, aucune étude n’ a montré l’ efficacité de l’orthèse plantaire sur le problème de rotation fémorale interne provoquée par un manque d’ élasticité ligamentaire au niveau de la hanche ou une faiblesse ou une contracture musculaire de la hanche de la part des muscles tenseur du fascia-lata, petit fessier et moyen fessier.
Jusqu’à l’âge de 7 ans, il est normal de retrouver deux à trois fois plus de rotation externe que de rotation interne à la hanche et l’amplitude de mouvement normal est d’environ 120 degrés (Staheli, 1972). À l’âge adulte, la proportion de rotation interne et externe est similaire et l’amplitude de mouvement totale est d’environ 90 degrés. Par ailleurs, lors de l’examen clinique, les amplitudes de mouvement de la hanche en
rotation interne et externe sont notées. Pour se faire, le patient se couche d’abord sur une table d’examen avec les genoux dans le vide. L’amplitude articulaire de la hanche en interne et en externe est alors notée. Ensuite, le patient est assis sur le bord de la table d’examen et les mesures de la rotation interne et externe en passif de la hanche sont effectuées. Ce test d’amplitude articulaire de la hanche en passif possède des fidélités intra-juges et inter-juges fiables, soient de r= 0,90 et r= 0,70 (Cleland, 2007; Holm et al., 2000). Une diminution seule de la rotation fémorale externe lorsque la hanche est en extension suggère une tension excessive au niveau des ligaments pubo-fémoral et iliofémoral (H. D. Martin et al., 2008). Par ailleurs, la diminution seule de la rotation fémorale externe avec la hanche en flexion suggère une restriction causée par les muscles semi-membraneux et semi-tendineux. Ainsi, une diminution de la rotation fémorale externe avec la hanche en extension et en flexion démontre une possibilité de torsion fémorale interne (Gelberman, 1987).
Conséquences d’une démarche en adduction
L’endogyrisme ne comporte pas de conséquences néfastes à court terme mis-à-part des chutes plus fréquentes chez les enfants atteints de ce problème (LT., 1994). Cependant quelques études montrent une relation entre la présence d’une antéversion fémorale et d’une ostéoarthrite (OA) de la hanche (Halpern, Tanner, & Rinsky, 1979). Aussi, une des conséquences d’une démarche en adduction est la présence d’une instabilité patellaire à long terme qui entraine des douleurs une fois rendu à l’adolescence ou à l’âge adulte, communément appelée syndrome patello fémorale (T. Q. Lee, Morris, & Csintalan, 2003 ; P. V. Munuera, Castillo, Dominguez, & Lafuente, 2010). Par ailleurs, il a été montré qu’il y a une relation entre l’OA patello-fémorale et l’alignement rotationnel du fémur en interne (Takai, Sakakida, Yamashita, Suzu, & Izuta, 1985). De plus, l’ endogyrisme, causé par un problème torsionnel provenant du tibia ou du fémur ainsi que par un problème rotationnel provenant du fémur, produit un effet pronatoire au niveau de la jambe et de l’ articulation subtalaire. Effectivement, ces étiologies entrainent le talus en adduction. Du fait même, la position interne de la jambe et du talus provoque un effet pronatoire de la chaîne cinétique fermée du pied, ce qui aggravera une position prédisposée à une éversion du pied. Ainsi, un pes pIano valgus, c’est-à-dire un pied plat, est identifiable chez les jeunes enfants marchant en adduction (Mc Crea, 1985). Zafiropoulos (2008) a été le premier à observer la relation entre la présence d’un pied plat et l’ antéversion fémorale chez les enfants de 3 à 6 ans (Zafiropoulos, Prasad, Kouboura, & Danis, 2009).
Évaluation clinique
L’ évaluation clinique ainsi que l’anamnèse permet d’exclure la plupart des causes sousjacentes à ce problème local comme par exemple la paralysie cérébrale, le pied bot et la dysplasie développementale de la hanche. Tout d’abord, une anamnèse détaillée concernant les conditions lors de l’accouchement, le score APGAR de l’ enfant et l’âge à lequel l’enfant a commencé à marcher révèlent des indices sur la santé générale de l’enfant. Par ailleurs, le questionnement sur la position avec laquelle le bébé s’est présenté lors de l’accouchement pourra déterminer la présence possible de dysplasie de la hanche qui peut entrainer une démarche en adduction. Le score APGAR, comportant un résultat maximal de 10, est réalisé à 1 et 5 minutes suivant la naissance de l’enfant. Les critères évalués sont: l’effort respiratoire, le rythme cardiaque, le tonus musculaire, le réflexe au stimulus ainsi que la couleur de la peau. Un résultat en-dessous de 7 est considéré comme anormal. Ehrenstein (2009) a montré une association entre un score APGAR faible et la présence de troubles neurologiques chez l’enfant (Ehrenstein, 2009). Deuxièmement, l’ évaluation clinique podiatrique de la condition de démarche en adduction se fait en plusieurs étapes. Elle consiste d’ abord à évaluer le membre inférieur en position décubitus dorsal, puis en position statique en charge et enfin le clinicien observe la démarche naturelle de l’enfant. Ainsi, en position décubitus dorsal, le clinicien cherche la provenance de la difformité (pied, tibia ou fémur). Le metatarsus adductus est la déformation congénitale la plus fréquente du pied chez l’enfant et a une incidence de 0,1 à 1 % des naissances (Widhe, Aaro, & Elmstedt, 1988). Elle est trois fois plus fréquente que les pieds bots et les pieds falciformes (Nemeth, 2011). Le metatarsus adductus est davantage rencontré chez les jumeaux et a tendance à se résorber plus lentement chez les enfants prématurés (Hunziker, Largo, & Duc, 1988). Bleck (1983) a développé une échelle de classification déterminant la sévérité d’un metatarsus ad ductus (Bleck, 1983). Cette échelle de classification est utilisée par les professionnels de la santé pour déterminer la présence et le degré de sévérité d’un metatarsus adductus dans les cas d’endogyrisme. Un metatarsus adductus est considéré léger, modéré ou sévère si la bissection du calcanéum se prolonge respectivement au niveau du troisième, quatrième et cinquième orteil. Selon la Pediatrie Orthopedie Society of North America (POSNA), la flexibilité du metatarsus adductus est aussi notée lors de l’examen clinique et s’avère un élément clé pour déterminer le pronostic de résolution spontanée. Une grande majorité de ces difformités flexibles ne sera plus présente à l’âge de 3 ans tandis que celles rigides peuvent nécessiter des plâtrages en série Ponseti. Par la suite, lors de l’examen clinique podiatrique, la présence de torsion tibiale est notée. Pour s ‘y faire, trois angles mesurés directement sur les pieds (et non sur des clichés radiographiques) sont couramment utilisés: l’angle « thigh-foot », l’angle transmalléolaire et l’angle du 2e orteil (S. H. Lee, Chung, Park, Choi, & Cho, 2009). L’ angle qui a montré la plus grande validité et fidélité est l’angle transmalléolaire .
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