CONFUSION, PROXIMITE ET DISTANCE SEMANTIQUE D’UN DISCOURS POLITIQUE BURUNDAIS
Qu’est-ce que la sémantique ?
Selon TAMBA Irène (http://www revue-texto.net)
Elle dit que la sémantique est une branche de la linguistique qui étudie les signifiés. Le mot sémantique est dérivé du grec « semantikos » : « signifié », lui même formé à partir de « semaino : « signifier », « indiquer », ou « sema » : « signe », « marque ». Il a été repris à la fin du XIX siècle par le français Michel Bréal pour désigner « les lois qui président à la transformation des sens, « c‗est-àdire la science des significations ». Elle possède plusieurs objets d‗étude : – la signification des mots composés ; – les rapports de sens entre les mots (relation d‗homonymie, de synonymie, de polysémie, d‗hyperonymie, d‗hyponymie, etc.) ; – la distribution des actants au sein d‗un énoncé ; – les conditions de vérité d‗un énoncé ; – l‗analyse critique des discours ; – La pragmatique, en tant qu‗elle est considérée comme une branche de la sémantique Elle dit que l‗analyse sémantique est différente de l‗analyse lexicale en ce sens que l‗analyse lexicale s‗occupe du mot et elle s‗‗en occupe par rapport à une phrase tandis que l‗analyse sémantique s‗intéresse à un mot pour le mot. A partir de ce mot, d‗autres analyses sont possibles sans forcément mettre en lumière un énoncé entier. 1.2.2. Selon Christian Touratier Il s‗exprime lui aussi sur les différentes définitions du mot « sémantique » dépendant du domaine que l‗on fixait à cette science. Il dit qu‗Irène Tamba a relevé trois principales qu‗elle illustre en trois citations : 1) « la sémantique est l‗étude du sens (L. Lyons, 1978) ; 2) « la sémantique est l‗étude du sens des mots, (P.Guiraud, 1955, p.E) ; 3) « la sémantique est l‗étude de sens, des phrases et des énoncés (P. Lerat1983» (Tamba- MECZ ,1988). Il dit que la première définition est très large car le sens peut être étudié aussi bien par le philosophe ou le psychologue que par le linguiste. Il ajoute qu‗il n‗est pas 25 étonnant de trouver une définition aussi ouverte dans un ouvrage où John Lyons a, selon ses propres mots, « essayé de faire une synthèse de ce qu‗ont dit les éthologistes, les psychologues, les philosophes, les anthropologues et les linguistes sur le sens et la communication (Lyons, 1978). La deuxième définition est plus restreinte et plus proprement linguistiques : elle limite l‗étude du sens au seul sens des mots, lesquels sont effectivement des unités qu‗utilisent le grammairien et le linguiste. Mais comme la linguistique travaille sur d‗autres unités qui ont aussi quelque chose à voir avec la signification poursuit l‗auteur, la troisième définition ne limite plus la sémantique à l‗étude des sens des unités simples que sont les unités lexicales, mais l‗élargit à l‗étude des unités complexes que forment les mots à savoir la phrase jusqu‗au texte. Cela constitue une démarche que nous allons emprunter au cours de notre travail. Il est peut être possible de corriger ce qu‗il y a de trop étroit dans la définition de Pierre Guiraud et d‗unifier ce que peut avoir de disparate dans la définition de plus juste de Pierre Lerat d‗après Touratier 17. On peut dire que, pour le linguiste, la sémantique est l‗étude du sens des unités linguistiques, c‗est-à-dire non seulement des morphèmes (unités significatives minimales), mais aussi d‗autres unités significatives. Cela voudrait dire aussi bien des syntagmes (ou combinaison de morphèmes) que des phrases(ou combinaison maximales de syntagmes), et peut-être aussi que des groupements de phrases qui forment un texte. Et quant à nous, on va voir que le texte lui-même est pris comme énoncé à travers la sémantique interprétative de F.Rastier.
La tendance épistémologique
Algirdas Julien Gréimas affirme que la première observation concernant la signification ne peut porter que sur son caractère à la fois omniprésent et multiforme21 . Depuis que l‗homme est né, il est toujours assailli par des significations qui le sollicitent de partout, par les messages qui l‗atteignent à tout instant et sous toutes les formes déclare-il. Mais, il ajoute qu‗une sémantique qui part de cette constatation de l‗omniprésence de la signification ne peut que se confondre avec la théorie de la connaissance et chercher soit à la supplanter, soit à se soumettre à une certaine épistémologie. Cette situation qui est gênant un peu a été bien vue par Hjelmslev, après avoir remarqué qu‗elle était le lot de toute science, et non seulement de la linguistique, conseille de l‗accepter avec résignation, tout en limitant les dégâts éventuels dit-il encore. C‗est de ce constat que les propositions épistémologiques doivent être, par conséquent, aussi peu nombreuses et aussi générales que possible. Gréimas propose alors de considérer la perception comme le lieu non linguistique où se situe l‗appréhension de la signification, ceci pour éviter la distinction entre la sémantique linguistique et la sémiologie saussurienne. Tout en reconnaissant ses préférences subjectives pour la théorie de la perception telle qu‗elle a été développée en France par Merleau-Ponty comme il le fait signifier lui-même. Il fait remarquer cependant que cette attitude épistémologique semble être des sciences humaines du XXè siècle en général : on aurait assisté ainsi 27 que la psychologie de la forme et du comportement se substituait à la psychologie des « facultés » et de l‗introspection.
Une appréciation qualitative
D‗après Gréimas, quand il y a une affirmation que les significations du monde humain se situent au niveau de la perception qui consiste à définir l‗exploitation à l‗intérieur du monde du sens commun, ou, comme on le dit à son époque, du monde sensible, la sémantique de son côté se reconnaît ainsi ouvertement comme une tentative de description du monde des qualités sensibles (Gréimas 1995, p. 9). Une telle façon de voir les choses ne surprendrait, poursuit-il que ceux qui, acceptant l‗emprise actuelle que les méthodes qualitatives exercent sur différents domaines de la linguistiques, ne se sont pas rendu compte de la minceur des résultats obtenus et dont la faute incombe non pas aux procédures quantitatives employées, mais aux défaillances de la conceptualisation qualitative qui rendent les procédures inopérantes. Ceci est évidemment une vision d‗un côté, de l‗autre, une analyse qualitative de plus en plus rigoureuse ne peut que contribuer à combler les lacunes qui existent à cette époque entre les sciences de la nature, considérées comme quantitatives, et les sciences de l‗homme, qui, malgré les apparences souvent trompeuses, restent qualitative. Mais, sans entrer beaucoup dans les tendances qui versent à l‗intérieur des sciences de la nature comme certains auteurs en ont tendance à le faire comme LéviStrauss dans sa pensée sauvage (Gréimas ; 1995), une description qualitative promet donc de jeter le pont-dessus la zone brumeuse du monde des sens et des « effets de 28 sens », en conciliant peut-être d‗après lui, un jour la quantité et la qualité, l‗homme et la nature18 . Section
Différents sens
Sens référentiel
Les significations de la chose sont différentes d‗une langue à l‗autre ou d‗une civilisation d‗un peuple à une autre. Chaque langue caractérise la réalité à sa manière. L‗exemple qu‗on donne souvent est celui de « chien » qui est un animal qui se retrouve dans toutes les civilisations si bien dans toutes les langues. Mais évidemment, l‗animal ne fait plus partie du mot, il n‗en est que le référent. En français de France, le mot chien, désigne l‗animal qui peut avoir d‗autres noms comme « cabot », « toutou »…. , et paraît avoir une signification identique à celle du mot anglais « dog », du mot allemand « Hung », du mot italien « cane », ou du mot kirundi « imbwa »…. Mais la signification du mot « chien » ne se réduit pas aux principes caractéristiques de cet animal, disent BAYLON et MIGNON. Elles comportent des connotations même divergentes. Dans certaines civilisations, le chien est considéré comme fidèle (être fidèle comme un chien), mais aussi comme méprisable et indigne d‗égards (traiter comme un chien), ce qui n‗est pas disent-ils, sans rapport avec l‗expression dévalorisante de chien (temps de chien, mal de chien, vie de chien, ….). Dans d‗autres cieux, il a un statut différent sur le plan de l‗utilité ou de la considération (au Burundi, il a à la fois le sens de gardien et celui du négatif comme ci-haut dit). Tout cela est intégré dans le sens, mais est immédiatement moins apparent que le sens référentiel. Remarque faite : Dans l’exemple cité par Lévi-Strauss, aux éléments derniers du système sémiologique correspondent les syntagmes des procès chimiques et non les systèmes chimiques. 19 BAYLON C. et MIGNON X., 2000 initiation à la sémantique du langage, MAME imprimeurs à Tours. 29 On peut donc dire que la catégorisation linguistique du réel (sa répartition en catégories, son découpage en mots distincts ayant chacun son contenu propre, peut être extrêmement différent selon les langues. Il ne faut pas confondre « sens » et « référent », même quand les référents sont identiques, les sens peuvent ne pas l‗être. Mais il existe un sens référentiel qui rentre dans la sémantique référentielle. Ils affirment qu‗il existe un sens référentiel qui est aussi dit « projectif », par lequel, quand les signes linguistiques sont employés individuellement ou en combinaison, sont mis en rapport avec des portions du monde réel ou d‗un monde imaginaire. Ils disent portions ou segments, parce qu‗il n‗est guère possible de référer au monde dans la totalité, sinon par des termes génériques comme ceux du monde, d‗univers ou de réalité qui peuvent difficilement correspondre à des représentations précises. Ils ajoutent que l‗exactitude de la référence est généralement d‗autant plus grande qu‗on réfère à un domaine plus limité. Ils font comprendre que ce sens référentiel est avant tout celui des éléments lexicaux, comme les mots et les groupes de mots (presque la même vision que Kléiber). Mais, eux, distinguent la référence virtuelle c‗est- à- dire le sens lié aux potentialités et celui du sens effectif, c‗est- à- dire celui de la référence, lié à l‗énonciation. Tandis que chez Jacques Fontanille 20 et Hjelmslev, le sens n‗est qu‗une matière de nature physique, psychologique, sociale ou culturelle. De surcroît, cette matière n‗est ni inerte ni seulement soumise aux lois des mondes physiques, psychologique ou social. En effet, elle est traversée de tension et de directions, qui constituent autant d‗appel à la signification, de pressions ou de résistances pour un interprétant (pas au sens peircien).
INTRODUCTION GENERALE |