Le cancer colique est un cancer très fréquent, aussi bien chez l’homme que chez la femme représentant près de 10% de l’ensemble des cancers du tube digestif [1] correspondant à 33500 nouveaux cas par an en France ce qui pose un véritable problème de santé publique[3]. Son pronostic est sombre, malgré des améliorations dans sa détection et sa prise en charge thérapeutique.
Globalement, la survenue de métastases viscérales va compliquer 60 à 70 % des cancers coliques, [2] ce qui en constitue toute la gravité. Cependant, le pronostic peut être amélioré par la mise en route de traitements adaptés, dans un but de guérison (rarement) ou à défaut dans celui d’une survie la plus confortable et la plus longue possible. En premier lieu, se situent les résections chirurgicales des métastases qui sont rarement envisageables immédiatement après leur découverte ou même après chimiothérapie. La majorité des cas relèvent d’une chimiothérapie systémique palliative ; celle-ci s’est d’ailleurs profondément modifiée depuis quelques années, en raison du développement de nouvelles molécules.
ÉPIDÉMIOLOGIE :
Fréquence :
Le cancer colique par sa fréquence et sa gravité représente un grave problème de santé publique mondiale [1]. Il est en effet, la deuxième cause de décès par cancer dans les pays occidentaux, et son incidence est en augmentation progressive dans les pays émergents. En effet, environ un million nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année dans le monde [2]. En France, le cancer colique est au 1er rang des cancers digestifs avec celui du rectum , le nombre de nouveaux cas diagnostiqués par an étant de 33500, ce qui correspond à une incidence de 40/10000 chez l’homme et de 25/10000 chez la femme la situant parmi les pays à risque élevé de cette néoplasie, les cancers du côlon dont l’incidence augmente, alors que celle du rectum diminue, représente 65% des CCR, soit près de 21500 nouveaux cas par an [3]. Le cancer colique est la deuxième principale cause de cancer aux U.S.A. 152200 nouveaux cas et 57 100 morts ont été diagnostiqués en 2004. [4] Le Maroc ne dispose pas de registre des cancers ni à l’échelle régionale ni à l’échelle nationale, il est donc difficile d’approcher avec exactitude l’incidence et la prévalence des cancers coliques. A défaut de disposer de ces registres, l’approche de la fréquence des cancers ne peut se faire qu’à travers des séries hospitalières. D’après une étude descriptive intitulée « les aspects épidémiologiques des cancers au CHU HASSAN II de Fès » réalisée au sein du service d’anatomie pathologique pendant une période s’étalant du 1er Octobre 2003 au 30 Juin 2004 , les cancers colorectaux occupaient la deuxième place des cancers digestifs après les cancers gastriques avec une fréquence de 29,6% et représentant 4,7% de l’ensemble des cancers. La série comportait 17 cas de cancers colorectaux dont 9 cas (52,9%) au niveau du colon. [5]
Dans une étude rétrospective étalée sur une période de 3 ans entre janvier 2009 et décembre 2011.qui concernait 162 malades hospitalisés pour cancer colorectal au service de chirurgie viscérale B au CHU HASSAN II de Fès. , soit une moyenne de 54 malades par an. Le CCR représentait 5,64% de l’activité du service, dont 47,5 % sont des cancers coliques. [6] Une autre étude rétrospective a été réalisée sur des malades atteints de cancer colorectal hospitalisés au service de chirurgie C du CHU IBN SINA de Rabat durant une période de 20 ans de 1981 a 2000. Durant cette période, 549 patients ont été admis pour cancer colorectal, ce qui représente une fréquence de 2,67% par rapport à l’ensemble des cancers recensés dans le même service durant cette période (20523 cas de cancers). [7] A l’institut national d’oncologie (INO), une étude épidémiologique effectuée entre 1985 et 2002, a rapporté 9582 cas de cancer colorectal. Ils occupent la première place des cancers digestifs (40,3% des cancers digestifs) et le deuxième rang après les cancers gynécologiques. [8] Une étude faite au CHU Mohammed VI de Marrakech sur une période de 14 ans allant de 1995 au 2008, a rapporté 1154 cas de cancers colorectaux, dont 479 cas de cancers coliques (soit11, 1% des cancers digestifs et 2,82% de l’ensemble des cancers). [9] La survenue de métastases viscérales va compliquer 60 à 70 % des cancers coliques, ce qui en constitue toute la gravité [10]. Dans notre série 133 malades atteints de CC ont été admis au service, soit 14.5 % de l’ensemble des cancers, dont 24 avaient des métastases, soit une proportion de 18.04%.
Age :
Une étude épidémiologique faite aux états unis en 2002 sur 139 534 cas de CC, 91,5% des patients étaient âgés de plus de 50 ans contre 8,5% âgés moins de 50 ans. [11] En France, l’âge moyen de survenue de l’adénocarcinome colique se situe dans la septième décennie. Le nombre de nouveaux cas de cancer colorectal estimé était de 32 257 dont 31,2% survenant chez des malades âgés de 65 à 74 ans et 42,5% chez des malades âgés de 75 ans et plus. [12] La fréquence du cancer colique chez les jeunes est faible dans les pays occidentaux, une étude a été réalisée à l’hôpital Rothschild et l’hôpital militaire Bégin a montré que seulement 4,2% des malades avaient moins de 40 ans. [13] L’étude de M. Adloff portant sur 1122 malades opérés pour un cancer du côlon note une moyenne de 70 ans avec des extrêmes d’âge allant de 19 à 93 ans alors que 9% des patients avaient plus de 80 ans avec un maximum de fréquence entre 60 et 80 ans, seul 3,5% avaient moins de 40 ans [14]. Selon l’étude du CHU Mohammed VI de Marrakech, la moyenne d’âge des cancers coliques était de 54,4 ans tout sexe confondu avec des extrêmes allant de 18 à 85 ans et un écart type de 12,5 ans. [9]. Dans la série de chirurgie C, l’âge moyen est de 50,6 selon avec des extrêmes d’âge allant de 20 à 85 ans.
Sexe :
Dans notre série, on trouve une répartition égale du cancer colique selon les deux sexes avec un sexe ratio de 1. La littérature montre une prédominance masculine avec un sexe ratio entre 0,8 et 1,4 pour le cancer du colon. [15] Les cancers du colon descendant et du sigmoïde se caractérisent par une prédominance masculine qui apparait au-delà de 65 ans. [16]. Les études marocaines rapportent une répartition variable selon le sexe :
• Au sein du service de chirurgie C hôpital IBN SINA Rabat, une prédominance masculine a été retrouvée avec un sex-ratio =1,66. [7]
• La même chose dans l’étude faite au CHU Mohammed VI de Marrakech avec un sex-ratio= 1,28 à prédominance masculine. [9]. Au total : il n’ya pas une différence significative concernant le sexe dans le cancer colique.
Distribution géographique :
Le cancer colique est inégalement réparti dans le monde. Les pays d’Amérique du nord, les pays d’Océanie peuplés de blancs (Australie, la nouvelles Zélande) et les pays d’Europe occidentale sont des régions à risque très élevé. Par contre l’incidence est plus faible dans les pays d’Europe du nord et de l’Est. Ces cancers sont rares en Amérique du sud, en Asie et surtout en Afrique. . Le cancer colique métastatique suit la même répartition.
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