CONCEVOIR DES PRODUITS NOUVEAUX UNE ACTIVITE COMPLEXE
L’activité de conception présente de multiples facettes. Nous nous intéressons dans nos travaux à celles qui concernent la conception de produits industriels. Ces produits peuvent être eux aussi perçus et définis de diverses façons. En tant qu’ensemble de composants, ou alors dans leur finalité en tant que support de fonctions permettant de rendre des services à des utilisateurs. Ces produits peuvent être des évolutions subtiles de produits déjà existants ou au contraire ils peuvent présenter des caractéristiques de nouveauté importante dans leurs fonctions, leurs technologies, leur esthétique. Leur degré de nouveauté est donc variable mais quel que soit ce degré de nouveauté, il est le fruit d’un processus industriel mettant en oeuvre des méthodes, des outils, des relations humaines, des flux d’informations. Ce processus est lui même en interaction avec l’environnement de l’entreprise : celui des produits et des services, celui des technologies et des méthodes, celui des découvertes scientifiques et des évolutions de la pensée. L’innovation entraîne des modifications de cet environnement et ces modifications appellent à leur tour des innovations. Si l’on se réfère aux définitions que donnent MORIN (1977), ATLAN (1979), MELESE (1990) ou LE MOIGNE (1991), de la complexité, la Conception de Produits Nouveaux peut être considérée comme un processus complexe. Bien qu’il ne se limite pas à cet aspect, le terme « complexité » désigne d’abord ce qui nous échappe, ce que nous avons du mal à comprendre et à maîtriser. En cela la complexité est distincte de la complication dont nous arrivons, avec du travail, à venir à bout. On appelle complexe un phénomène que l’on n’arrive pas à comprendre et à maîtriser dans sa totalité. ATLAN (1979) mais aussi LE MOIGNE (op. cit.), présentent la complexité comme étant une notion négative, « un désordre apparent, un ordre dont on ne connaît pas le code et qui se mesure par différentiel d’information ».
L’activité de conception de produit industriel : définition
Les définitions de l’activité de conception sont nombreuses [JONES & THORNLEY, (1963)]. D’une manière générale, l’activité de conception est décrite comme ayant pour objet de définir un produit ayant une fonctionnalité particulière et se conformant à certaines spécifications. L’AQAP 1511 précise qu’il s’agit d’une « démarche de définition des tâches à accomplir et de résolution des problèmes dans le but de créer un produit ou un service destiné à satisfaire des besoins exprimés. Le terme « conception » désigne également le résultat des opérations précitées ». Cette activité est « une activité essentiellement mentale,… orientée vers la réalisation d’objectifs,… focalisée sur les aspects pertinents du produit… ce qui laisse présager le rôle important de l’expertise… et la nécessité pour le concepteur de se construire (progressivement) une représentation précise du but de la conception » [BONNARDEL, (1992), p.11]. Certaines situations de conception industrielle, en particulier quand le produit est déjà connu, peuvent mettre à la disposition du concepteur, des procédures pré-définies, par exemple, dans le cadre d’une politique d’Assurance Qualité en Conception (AFNOR, normes ISO 9000). Cependant, l’activité de conception étant une activité complexe, les situations de conception sont généralement considérées comme des situations de résolution de problèmes [CALVEZ, (1990), BONNARDEL, (1992)].
Concevoir suppose de définir le problème [LANZARA, (1986), p 447]. Une part importante de l’activité de conception est consacrée généralement à la structuration du problème, et le reste, à la recherche de la solution [SIMON, (1973), p. 187]. Cette participation du concepteur à la structuration du problème et à sa reformulation, provient du fait que les données de base du problème sont rarement complètes, suffisantes, et pertinentes. Les réponses à un problème de conception sont souvent multiples. Les concepteurs travaillant en groupe ont alors à faire des choix de solutions alternatives qu’ils devront évaluer en fonction de critères validés par le demandeur du produit, et du poids de ces critères. Ce processus d’évaluation intervient tout au long du cycle de conception d’un produit (BONNARDEL, op.cit.). Parmi ces techniques d’évaluation pondérée des solutions par rapport aux besoins du client, on peut citer par exemple, le Quality Function Deployment (Q.F.D.). Le déploiement des fonctions Qualité, se compose d’un ensemble de programmes de planification et de communication. Cette méthode est née dans les entreprises japonaises au début des années 70. Le déploiement de la Fonction Qualité se compose de trois éléments indissociables : d’un projet et dans l’entreprise. Sa mise en oeuvre exige cependant de gros efforts et une grande disponibilité des esprits, car la masse, la nouveauté et la précision des informations requises pour alimenter efficacement la « première Maison » est importante.