Concepts retenus
Promotion de la santé et niveau de prévention
Pour ce travail, il convient de définir à quel niveau de prévention, voire de promotion nous désirons nous positionner. Nous avons donc défini les différences entre la promotion de la santé et la prévention de la maladie. Ces deux concepts permettent d’englober les différentes stratégies d’approche de la personne en termes de santé publique. De manière générale, selon Gutzwiller & Paccaud (2009) : « La promotion de la santé comprend toutes les interventions qui favorisent la santé d’une population, alors que la prévention des maladies concerne les interventions ciblant des pathologies spécifiques, qu’il s’agit de prévenir et/ou de dépister (p.183). »
Lors de ce travail et pour être spécifique à notre problématique, la prévention des maladies semble plus indiquée. Gutzwiller & Paccaud (2009) font également référence à deux types de prévention. D’une part, la prévention individuelle se centre sur la personne et cherche à modifier un comportement grâce à la transmission d’informations. Elle cherche également les motivations et décide du choix d’action spécifique à la situation de la personne. D’autre part, la prévention structurelle va se centrer sur l’environnement et l’influence qu’il exerce sur la santé de la personne (p.184). Dahlgren et Whitehead (1991) avaient défini les différents déterminants de la santé selon leur modèle en « arc-en-ciel ». Il se compose de quatre niveaux : le premier concerne les comportements et styles de vie personnelle ; le second comprend les influences sociales et collectives ; le troisième se rapporte aux conditions de vie et de travail ; le quatrième englobe les conditions socio économiques, culturelles et environnementales. Tous ces facteurs interagissent entre eux. Les facteurs qui appartiennent à la prévention structurelle sont notamment les réseaux sociaux et communautaires, les conditions de vie et de travail et les conditions socioéconomiques, culturelles et environnementales globales.
Selon Gutzwiller et Paccaud (2009) : « La prévention primaire cherche à éviter les maladies ; elle intervient souvent précocement dans la vie des personnes. C’est une stratégie à long terme. La prévention secondaire vise l’identification précoce des risques ou des maladies. Les pathologies identifiées sont ensuite prises en charge pour un diagnostic et un traitement précoce. La prévention tertiaire vise à améliorer le pronostic en minimisant les séquelles et en diminuant les risques de rechutes. » (p.184) .
Enfin la prévention quaternaire correspond à proposer des soins éthiquement et médicalement acceptables à la personne, notamment en soins palliatifs.
Plusieurs recherches de littérature ont guidé notre orientation sur le niveau de prévention dans lequel nous désirons effectuer notre travail. Mathews et Zachariah (2008) différencient l’impact de la pratique infirmière selon ces différents niveaux de prévention des maladies coronariennes. Leur étude est spécifiquement orientée sur les soins envers la communauté indienne du sud de l’Asie. Toutefois, nous pouvons tirer des parallèles intéressants pour la pratique infirmière, toutes communautés confondues.
En prévention primaire, les auteurs parlent de l’éducation à la santé comme d’un outil efficace pour réduire l’impact des facteurs de risque cardiovasculaire appartenant au style de vie. Ils avancent qu’un régime sain, de l’exercice régulier et la surveillance pondérale peuvent réduire considérablement les risques d’atteinte coronarienne dès le plus jeune âge, bien avant que la maladie ne se déclare (Ibid. p.297).
En ce qui concerne la prévention secondaire, le but consiste à détecter et à contrôler, dès les stades les plus précoces, la maladie cardiovasculaire à l’exemple des coronaropathies au travers des facteurs de risque comme le diabète, l’hypertension ou le cholestérol. Ils proposent d’évaluer dès le plus jeune âge les prédispositions familiales à certaines maladies cardiovasculaires avec le dépistage des facteurs de risque. Ils conseillent de mettre en place un régime sain ainsi qu’une activité physique régulière pour garder un contrôle sur le poids et le diabète de la personne. Le régime y est même décrit en privilégiant les fruits frais, les légumes et en limitant l’apport glucidique et sodé. Le dépistage de l’obésité est également recommandé en passant par la mesure de l’indice de masse corporelle ainsi que de la circonférence de la taille. La clé du succès vient de la précocité et de la régularité des contrôles de santé dans lesquels l’infirmière tient un rôle prépondérant (Ibid. p.297).
Enfin selon les mêmes auteurs, les buts de la prévention tertiaire consistent à prévenir les complications et à encourager la réhabilitation. Ils appuient l’importance de modifier le régime et garantir un exercice physique suffisant (Ibid. p.297).
Des études plus spécifiques ont également été menées dans les différents niveaux de prévention de la santé. Une étude menée par Jorstad et al. (2013) a démontré l’impact positif de la prévention secondaire sur les coronaropathies en diminuant significativement les facteurs de risque cardiovasculaire par rapport à des soins « basiques », autrement dit sans notion de prévention chez des personnes déjà atteintes. L’étude a duré une année et a permis de démontrer que l’impact devient de plus en plus significatif sur le long terme. De plus, sur les mêmes premiers douze mois d’étude, les auteurs constatent une baisse du nombre de réhospitalisations pour des douleurs thoraciques ainsi qu’une baisse de fréquentation des urgences cardiaques pour les membres du groupe encadré par les infirmières formées en prévention. Les autres résultats amenés par l’étude, toujours en comparaison avec le groupe test ayant des soins « basiques », démontrent une amélioration de la proportion de personnes ayant un « bon » contrôle sur leurs facteurs de risque cardiovasculaire.
1. Introduction |