Concepts du métaparadigme
Selon Fawcett (1984), le métaparadigme infirmier s’articule autour de 4 concepts centraux : la personne, la santé, l’environnement et les soins infirmiers. La personne Ce concept est défini comme étant un être bio-psycho-social et spirituel comprenant des capacités intellectuelles, émotionnelles et sociales. Ainsi, pour notre problématique, il s’agit du patient entouré de sa famille accompagnée d’une équipe de soignants17. Comme nous le rappellent certains auteurs (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010), « ce concept englobe l’individu, la famille et sa communauté ». D’autres théories mentionnent le « concept personne » comme suit (Orem et Parse): « Pour Orem (1991, 1997), la personne est un tout unique qui fonctionne biologiquement, symboliquement et socialement. C’est une unité qui possède les capacités, les aptitudes et le pouvoir de s’engager dans des auto-soins et de les accomplir. » (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010, p. 55). « […] L’être humain porte la responsabilité de sa manière d’être dans le monde en choisissant des valeurs et une orientation à ses intentions » (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010, p. 67-68).
Pour le patient, il s’agira de s’assurer de son bien-être en tenant compte de sa capacité de discernement. En effet, si le patient est apte à décider de sa prise en charge, l’équipe pluridisciplinaire aura l’obligation de suivre sa volonté. Cette dernière est libre de définir ses choix grâce à la capacité d’agir en synergie avec son environnement. Si le patient avait au préalable rédigé des directives anticipées, les décisions des soignants en découleraient également, quel que soit la capacité de décision du bénéficiaire de soins. Toutefois, notre problématique se déroulant en milieu aigu, la question des directives anticipées n’est pas automatiquement établie18. Ainsi, l’infirmière aura pour tâche le fait d’explorer les souhaits du patient et de sa famille, tout en s’assurant de la bonne cohésion de ce groupe. Elle parviendra à réaliser cet acte au travers d’un lien de confiance qu’elle aura établi avec le patient grâce à des attitudes professionnelles telles que : l’authenticité, l’ouverture d’esprit et surtout le respect du patient en tant que personne et pas uniquement en tant que soigné.
L’infirmière doit tenir compte des désirs, mais également du rythme du bénéficiaire de soins afin que la prise en soins soit optimale. Il est nécessaire d’avoir une conception de la situation d’un point de vue holistique afin de n’omettre aucun détail qui pourrait avoir son importance dans ce processus de transition. L’infirmière devra alors faire preuve de réflexivité quant à la situation dans son environnement19, mais également prendre du recul afin de mieux considérer tous les aspects entourant le patient. Dans les soins intensifs, les infirmières doivent avoir des connaissances claires et poussées de physiopathologie, aussi les situations de patient critique doivent être comprises pour ensuite être dépassées. La réalité du patient et sa nature complexe, ne sont pas de suite évidentes, c’est pourquoi les infirmières sont confrontées à des situations particulières et parfois hors normes. C’est pourquoi, le professionnel de santé, qui est inévitablement en lien avec le patient, doit tenir compte de ses propres valeurs et de ses représentations.
Si ce procédé n’est pas effectué, le patient pourra alors se sentir en mésalliance par manque de confiance, car l’infirmière en face de lui ne démontrera pas d’authenticité. Ce fait pourrait alors être un obstacle dans la prise en soins. Cette réflexivité personnelle et professionnelle permettra à l’infirmière de savoir comment se situer face à des problématiques de fin de vie en milieux aigus et donc devenir une plus-value dans le processus de décision interprofessionnelle. En effet, grâce à l’analyse de la situation de l’infirmière et à son lien professionnel rapproché avec le patient, elle pourra alors parler au nom du patient et de sa famille auprès du médecin. Ainsi, le patient ne se verra jamais délester de ses droits quant à la prise de décision dans un domaine qu’il ne maîtrise pas forcément20. Il est du devoir de l’infirmière de mettre en avant ses compétences en matière de communication afin de n’omettre aucune information donnée concernant le patient. Le but étant que le bénéficiaire de soins puisse être conseillé au mieux afin de prendre une décision, si son état de conscience le permet. Il est important de préciser qu’un patient malade ou en fin de vie est tout-à-fait capable de viser un objectif de bien-être et donc avoir accès à une qualité de vie.
L’environnement
L’environnement prend en compte la sphère proche et éloignée du patient. Les individus et l’environnement sont continuellement en interaction. Dans le cadre des soins infirmiers, l’espace physique, l’entourage mais aussi les soins infirmiers 21constituent ce concept. Ici, l’environnement se situe en unités de soins intensifs avec pour problématique une situation de fin de vie. « Roy souligne le potentiel remarquable de l’être humain à s’adapter à des stimuli qui menacent sa vie, sa santé ou sa qualité de vie » (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010, p. 61). Les croyances, valeurs et représentations sont des éléments qui vont influencer le patient et son milieu. Le service, la philosophie de l’établissement et de l’équipe sont donc des facteurs qui vont avoir un impact direct sur la prise de décision du bénéficiaire de soins, d’autant plus dans une unité de soins intensifs où le maintien de la vie est davantage encouragé contrairement aux soins palliatifs. Force est de constater que les équipes sont davantage ouvertes à la philosophie des soins palliatifs dans des contextes « non-aigus ». La soignante fait partie intégrante de l’environnement de soin dans lequel le patient évolue. Ainsi, la barrière que pourra représenter l’uniforme de l’infirmière peut représenter un obstacle supplémentaire à l’adaptation au milieu. En ce qui concerne le service, quelques modifications peuvent y être apportées. Par exemple, lors du passage aux soins de confort, les heures de visites pourraient être adaptées afin que les proches du patient viennent le voir de manière plus spontanée. Cependant, cela nécessite une certaine disponibilité de la part des soignants et de l’établissement de soins dans la gestion et l’organisation de ces modifications. Plus important encore, cela demande une ouverture d’esprit de la part des infirmières quant au rôle du milieu aigu par rapport à la mort. Pour conclure, les 3 concepts du métaparadigme infirmier décrit précédemment permettent d’introduire le concept des soins.
Les soins « Le but poursuivi par l’infirmière est de promouvoir la santé et le bien-être de toute personne, quel que soit le contexte dans lequel cette dernière vit ». (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010, p. 67). Selon Watson (1997, 1999), les soins infirmiers consistent en un échange de subjectivités entre deux êtres humains dont un doit s’engager dans le caring en tant qu’idéal moral et doit posséder de solides connaissances. Le but des soins infirmiers est d’aider la personne à atteindre un plus haut niveau d’harmonie entre son âme, son corps et son esprit. (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010, p. 71). La vision des soins est alors complètement centrée sur les souhaits du patient. Nous ajouterions, ce qui a déjà pu être mentionné au préalable, que toute soignante travaille avec un seul outil, elle-même. Il s’agira, pour l’infirmière en milieu de soins intensifs, de pouvoir accepter que soigner, c’est également soutenir, écouter, prendre du temps pour l’autre. En effet, l’infirmière aura bien évidemment toujours un rôle médico-délégué car, bien que les soins palliatifs ne se concentrent plus sur le maintien en vie, il est en revanche important de ne pas laisser mourir le patient non dignement.
Ce processus demande un accompagnement constant de l’infirmière. Elle aura, par conséquent, le besoin de mettre son rôle autonome en avant. Ce dernier se traduira par de l’écoute active, un maintien du lien entre l’infirmière, le patient et sa famille ainsi que le médecin. Elle administrera ainsi non pas uniquement des soins techniques, mais également des soins relationnels dans le but de garantir le concept de l’éthique. L’infirmière aura également les compétences de préparer la famille et le patient au processus de deuil, de par le lien de confiance établi. Afin de réaliser cette tâche au mieux, elle aura dû faire, au préalable, son propre deuil quant à son rôle en lien avec sa formation d’infirmière en soins intensifs22. La transition des soins curatifs vers les soins palliatifs aura donc un sens si la vision des infirmières évolue. Selon nos recherches de littérature, nous avons pu éclairer davantage trois concepts : Aussitôt qu’en 1978, Donaldson et Crowley, ont noté une constance remarquable de thèmes récurrents utilisés pour décrire l’essence de la discipline ; elles ont observé trois thèmes d’importance qui mettent en relation les concepts « personne », « santé » et environnement. Ces thèmes sont : (a) les principes et [les] lois qui régissent les processus de vie, le bien-être et l’accomplissement optimal des êtres humains malades ou en santé ; (b) la configuration des comportements des personnes en interaction avec leur environnement dans des situations de vie critiques ; et finalement (c) les processus par lesquels l’état de santé des personnes s’améliore C’est plus précisément grâce à la façon particulière qu’ont les infirmières d’aborder la relation entre la personne, l’environnement, la santé et le soin que se clarifie le domaine de la discipline infirmière. (Lauzon S. & Pépin J., 2000, p. 11 ; Pépin J., Kérouac S. & Ducharme F., 2010, p.5)
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