Le Voreux, une bête étrange
La propre situation d’Etienne embauché par Dansaertsent naître l’angoisse au fond de lui en examinant la fosse, avec un découragement : « Il fut repris de honte :à quoi bon ?il n’y aurait pas de travail. »p8 .De ceci il voit dans la mine une animalisation du Capital auquel il doit se heurter. D’abord à cause de la machine qui devient une bête nocturne qui lui promet rien : « devant lui deux yeux énormes, jaunes, trouèrent les ténèbres » p45 à part un sentiment de méfiance et de peur même à la vue de « ses énormes yeux ». Cette fosse, tassée au fond d’un creux, avec ses constructions trapues de brique, dressant sa cheminée « comme une corne menaçante », lui semble avoir une air de bête goulue, accroupie là pour avaler ce monde. Il s’expliquait jusqu’à l’échappement de la pompe d’épuisement qui figure « la respiration »du monstre, qu’Etienne va entendre nuit et jour « soufflant toujours de la même haleine grosse et longue. L’haleine d’un ogre dont il distingue la buée grise ». p75. Cette respiration grosse et longue, soufflant et sans relâche, qui était comme l’haleine engorgée d’un monstre.
Ensuite la propre faim de cet étranger (Etienne) arrivé vide (sans bagage ni provision) et livide dans un endroit qu’il ne connaît même pas lui incite à caractériser cette machine comme un être ayant une apparence bizarre à première vue. Puis il y a aussi la faim des mineurs évoquée par Bonnemort qui appelle, en opposition, l’appétit insatiable du monstre « la bête goulue » qui n’est que le Voreux. Les deux motifs liés reviennent en leitmotiv dans des séquences successives dans tout le roman :
« Rien, plus un sou, pas même une croûte. / cette respiration qui était comme l’haleine engorgée du monstre ». p12
« Le vent passait avec sa plainte, comme un cri de faim et de lassitude./Un éboulement, un aplatissement complet, le sang bu etavalés par les roches ». p7
« Au moins si l’on mangeait du pain à sa suffisance répéta pour une troisième fois Etienne sans transition apparente ».
Un leitmotiv qui ne fait qu’appuyer cette image monstrueuse de la machine avec une faim intarissable accompagnée d’une gourmandise qui scandent en même temps les chapitres avec insistance, comme un refrain obsédant par rapport àla faim qui domine la vie des mineurs. Ici donc le Voreux est qualifié comme une bête nocturne et étrange prête à tout avaler et digérer par rapport aux mineurs qui ont toujours faim. La métaphore mise en oeuvre aux dernières lignes du dernier chapitre quand Souvarine la tue met en valeur aussi cette animalisation de la machine. Ainsi « c’était fini, la bête mauvaise, accroupie dans ce creux, gorgée de chair humaine ne soufflant plus de son haleine grosse et longue »p354. Enfin la bête avaleuse d’homme a été tuée après les blessures qu’elle a eues. Ses comportements « gestuels » quand elle a commencé à perdre la vie dans son écroulement font alterner un peu plus sa métamorphose en une bête monstrueuse. Une diversitéde métaphore filée dans cette partie lui donne aussi d’un autre coté l’aspect d’un être humain : « Et le Voreux au fond de son trou avec son tassement de bête méchante, s’écrasait d’a vantage, respirait d’une haleine plus grosse et plus longue, l’air gênée par sa digestion pénible de chair humaine . »
Dans son péril donc la machine se comporte comme un être vivant, battu et blessé d’où l’usage des verbes « s’écrasait d’avantage et respirait d’une haleine plus grosse, ».L’auteur va jusqu’à l’exagération quand il lui attribue« une digestion ». « Et au fond de sa chambre éventrée, on apercevait la machine, assise carrément sur son massif de maçonnerie : les cuivres luisaient, les g ros membres d’acier avaient un air de muscles indestructibles, l’énorme bielle, repliée en l’air, ressemblait au puissant genou d’un géant couché et tranquille dans sa force ». p354. L’usage des adjectifs « massif, gros, indestructible, énorme, puissant » attribue à cette machine (le Voreux) une puissance et la compare à un grand pouvoir ayant un trône d’où « assise carrément sur son massif de maçonnerie». Il est en même temps comparé à un géant avec l’utilisation du verbe « ressemblait ». La comparaison de ses éléments constitutifs à des muscles des êtres vivants renforcent de plus en plus sa métamorphose. La maîtrise du vocabulaire technique (les criblages, salle de recette, bâtiments de chaudières, pompes d’épuisement, tourelle carrée, la pompe d’épuisement) qui rappelle la stricte ordonnance de la mine au moment même où elle sombre dans le chaos : « A la surface, les dernières constructions se culbut aient, s’écrasaient.
D’abord une sorte de tourbillon emporta les débris du criblage et de la salle de recette. Le bâtiment de chaudières creva ensuite, disparut. Pui s, ce fut la tourelle carrée ou râlait la pompe d’épuisement, qui tomba sur la face ainsi q’ un homme fauché par un boulet ». p454, donnent à ce roman, à cette mine une grandeur épique par la gradation dans ses « comportements gestuels » quand elle s’écroule : «se culbutait, s’écrasaient, creva ensuite, disparut ». La bête est donc vaincue.
Le caractère épique dans Germinal transcrit la dimension créatrice de Zola. La machine ayant pris la forme d’un être vivant va s’affronter à l’homme d’abord Souvarine et les mineurs ensuite.
Affrontement des forces
L’histoire dans Germinal s’inscrit dans un univers où s’affirment et s’affrontent des forces antithétiques : forces cosmiques (le ciel et la terre ainsi que l’eau et le feu qui s’acharnent contre l’humanité), forces animales (l’homme (Souvarine) lutte contre l’animal (Le Voreux) ainsi que les mineurs contre la bête mauvaise (le Voreux lui même).
Forces cosmiques
La lutte des mineurs est sans doute celle des travailleurs contre la bourgeoisie. Mais dans Germinal, Zola montre que c’est aussi celle de l’humanité contre l’univers hostile : le ciel et la terre, l’eau et le feu. Ainsi dès la première page ces éléments apparaissent comme un cataclysme prenant sous la plume de l’auteur, une dimension cosmique, surnaturelle qui s’abattent sur les mineurs.
Affrontement de l’humanité contre le ciel et laterre
Décor mais aussi personnage, la nature est hostile aux mineurs. Le vide de la plaine rase, le froid de l’hiver, le ciel noir. Ces éléments naturels s’acharnent sur les mineurs, ajoutent à leurs souffrances. Tout en décrivant les conditions climatiques (le froid, le noir) dans les quelles baignent le roman et à la fin le cadre géographique (plaine rase, champ de betterave vide), on va essayer de voir comment les mineurs les affrontent sans oublier de montrer le tempérament poétique mais en même temps une dimension visionnaire de cet auteur.
Affrontement de l’humanité contre les conditions climatiques (le ciel)
Roman de la pitié, du ténèbre, Germinals’ouvre avec un début sinistre.
Prédominance du froid
Dès le commencement du roman, on a l’impression que l’histoire se passe dans sa quasi totalité dans le froid. De plus le roman débute dans la froidure de mars et se déroule, à l’exception de la troisième partie et de la fin intégralement dans l’hiver. Les rigueurs du climat, le gel, la neige, accompagnent le long du récit les rigueurs de la grève, la faim, la misère .Ainsi l’hiver domine dans Germinal: « l’hiver de la boue, l’hiver de la terre gelée ou l’éternel hiver du fond ». Ce qui fait que les mauvaises conditions climatiques apportent aussi leur part à la souffrance des mineurs de manières objectives : les soirs de l’hiver, la campagne et le coron noyés dans le gel (p406), les dégels boueux (p334), l’ardeur des nuits d’été, le ciel salit de fumée où passent des nuées de rouilles p532. Des mauvaises conditions climatiques qui apparaissent comme des adversaires qu’il faut affronter.
L’entrée en scène du vent dès la première page ne fait qu’empirer cette situation : « N’était ce pas un cri de famine que roulait le vent de mars, au travers de cette campagne nue. Les rafales s’étaient enragés, elles semblaient apporte r la mort du travail, une disette qui tuerait beaucoup d’hommes, Et les yeux errants, il s’efforc erait de percer les ombres tourmenté du désir et de la peur de voir ». p11 Le vent roule donc « un cri de famine », l’horizon nocturne paraît déjà menaçante. Ici l’auteur démontre son don d’animer des choses inanimées pour en faire des êtres qui agissent suivant la pensée et la volonté de personnifier et de donner vie à des éléments inertes. En cela Emile Zola se rapproche « des peuples primitifs », pour qui le ciel et la mer, le vent et la tempête, ne sont pas uniquement des étendues ni des forces, mais des êtres supérieurs, des divinités bienfaisantes ou malfaisantes et qui vont frapper les mineurs tels un fouet par les jeux de métaphore: « Il n’avait la sensation de l’immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d’avoir balayé des lieues de marais et de t erres nues. p7 La plaine est donc comparée à une mer et le vent à des rafales qui ressemblent à une force dévastatrice incomparables renforçant le froid qui dans le quel baigne le roman. Face à cette réalité, les mineurs ne font que subir les souffrances liées directement à ces mauvaises conditions climatiques (froid) : « il sentait les rafales lui glacer le dos (…) »p16. Ils apparaissent donc comme des victimes. La description de la misère selon Etienneet Bonnemort appuie de près cette idée. Ils font avec.
Le froid accompagne d’emblée Etienne .Il domine dans Germinal et ajoute à la souffrance des mineurs. Cependant il ne faut pas aussi oublier la portée symbolique du noir dans ce roman lié à la nuit et aux mauvaises conditions climatiques.
Affrontement des mineurs contre l’univers hostile
A part le ciel et ses mauvaises conditions climatiques, le paysage a aussi son apport dans la souffrance des mineurs. En aucun cas, on nedoit oublier que dans son roman Zola a donné valeurs aux couleurs rouge et noir. Ainsi pour marquer leur emprise dans ce roman, il utilise la couleur noire lorsqu’il s’agit d’évoquerle paysage, qui sert de cadre à la narration.
Nous allons donc analyser la portée de cette couleur sur le paysage.
Le coron et la mine, des paysages ingrats et noirs
Ce romancier réaliste désire donner la reproduction la plus fidèle que possible à la réalité sur laquelle il avait pris note pour son roman. Ainsi il s’oppose à la perspective fantastique (ce qui n’existe que dans l’imaginaire). Il n’y a que la réalité qui compte pour lui dans ses diverses descriptions.
Le noir peut être en premier lieu comme la couleur de la nuit, la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre dans laquelle marche Lantier au début du roman et dans laquelle baigne le roman. C’est une sorte de précision du cadre spatio-temporel du roman qu’on va étudier. Plus précisément l’histoire commence à la fin d’une nuit froide de mars. Zola précise aussi en même temps l’heure et la saison (nuit froide du mois de mars en 1866) chargées d’une valeur symbolique : la misère et la pauvreté. Vues que les ténèbres connotent la souffrance non seulement physique mais aussi morale de Lantier, et aussi celle des mineurs.
Le chapitre s’ouvre avec une vision angoissante du cadre et de la situation du personnage principal (Etienne). Un paysage appréhendé au milieu d’une nuit noire, par un homme qui souffre et qui a faim n’ayant d’autres sensations en lui que ce qu’il ressent : la faim, le froid et le désir de trouver un emploi (justifiées par le passage déjà cité en haut dans le premier chapitre à la p7). Le champ lexical du noir, mis envaleur ici amplifie le sens attribué à la plaine comme un endroit pathétique, et surtout sansespoir.
Aucun détail valorisant n’apparaît pour ce paysage. Il n’y a qu’une description très négative dans le noir, plat, le vide donnant l’image d’une plaine morne.
Le paysage, une vaste étendue hostile
Sous un autre angle le paysage est ressenti de manière subjective.
La plaine devient réellement hostile, car il y a 1′ entrée en scène du vent. Dans cette perspective Etienne est ici comparé à un marin perdu en mer dans la nuit épaisse qui noie la plaine rase. On a donc une « vision plate et distante » du paysage. L’usage du terme « Immense horizon plat, terres nues» donne ici une autre vision plus hostile voir même plus violente de ce vent qui ne fait qu’amplifier la souffrance des mineurs. Ce qui nous donne une comparaison de cette plaine à la mer qui enclenche une métaphore continue. La route en pavéfait penser à une jetée, le vent glacé de la plaineest assimilé à un fouet, ainsi qu’aux embruns.
Le début du roman à travers les 2 premières phrases déjà citées dessus (p17) offre une description distante et réaliste, avec des indications (10 Km, champ de betteraves), alors que dès la 2 ème phrase le romancier transpose le paysage. « Devant lui il ne voyait rien même pas le sol noir, et il n’avait la sensation de l’immen se horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d’avoir balayé des lieues de marais et de terres nues ». Il se décolle de la réalité en comparant cette plaine à une mer « comme sur une mer », et à une vaste étendue vide. Ce mouvement apporte à ce passage une dimension épique, mais à la fois fantastique.
Toujours au début du roman, c’est le Voreux qui est associé à la couleur noire, inquiétante et dangereuse par l’usage des divers champ lexical du mot noir (cheminée, silhouette, triste, nuit, fumée. Cependant le noir c’est évidement la couleur du charbon, l’élément qui envahit le paysage (poussière et boue noire). Le paysage se trouve partout par le charbon qui s’infiltre dans tous les coins, même à l’intérieur de Bonnemort en crachant du noir. Ceci donne donc un caractère funèbre à la description de la plaine du nord ainsi que du coron. Bref, un savoir faire utilisé par Zola à travers les procédés stylistiques bien maîtrisés partant de la réalité pour démontrer déjà en avance une vision fantastique d’une réalité objective soulignant délicatement la souffrance desmineurs face à cet univers si hostile et si ingrat dominé par le noir. D’autres éléments qui vont suivre ne feront qu’empirer cette situation : l’eau et le feu.
Affrontement de l’humanité contré 1’eau et le feu
Au XIX ème siècle, le charbon est la source d’énergie essentielle. C’est pour cela que les bassins houillers connaissent une observation acharnée comme dans Germinal. La mine et ses contenues deviennent un thème littéraire ayant inspiré de nombreux romanciers tel que Zola.
La lutte des mineurs contre l’eau
Germinalorganise un récit d’une catastrophe. Une apocalypse est mise en scène. Dans une symphonie apocalyptique c’est l’eau qui tue à la fin du roman (le Voreux, le cheval, Chaval et Catherine).
L’eau un élément dévastateur
De surcroît c’est l’eau qui tue dans Germinal. L’eau a tout envahi dans la mine en engloutissant : Bataille (le cheval), Chaval, Catherine.
Il prenait en premier lieu l’allure d’un déluge comme une grande masse d’eau « Les eaux du torrent, de cette mer souterraine aux tempêtes et aux naufrages ignorés, s’épanchaient en un dégorgement d’écluse ».p435. L’usage des termes fort comme (torrents, tempêtes, naufrages, écluse) appuie de près cette idée. La désignation de cette masse d’eau lui donne ainsi l’ aspect d’une catastrophe naturelle qu’il faut affronter malgré sa force. L’eau est donc comparée dans cette perspective à une grande cataclysme (torrent, tempêtes, torrent écluses), une menacediluviale avec laquelle il faut faire face.
D’autre part Zola a utilisé l’exagération pour montrer cet aspect un peu hors de l’ordinaire de l’eau. Le mot « gouttes » repris dans le texte 18 fois par exemple renforce le caractère destructif de cette eau même en faible quantité. La gradation dans la description du mouvement de l’eau quand il ruisselle sur Maheu pendant qu’il est en exécution de ses besognes : « ruisselait d’eau, de grosses gouttes d’eau contin ues et rapides tombant sur une sorte de rythme entêté… » p56. Un effet dramatique( ce qui comporte un danger) est donc suggérépar l’auteur ici comme l’action d’une forcecosmique, d’une menace emmenant à la disparition totale du Voreux à la fin du roman. Lesallitérations évoquées par les sons durs [g], [t], [r], [k]dans « un paquet d’eau, le flot jaillissait d’une digue cr evé ruisselait ». p455 ne font que renforcer cette idée.
L’eau est partout dans la mine, les mineurs doivent chaque jour l’affronter. Mais la situation s’aggrave avec le sabotage de Souvarine. L’eau est devenu un ennemi imbattable.
Affrontement des mineurs contre le feu
En aucun cas on ne peut faire abstraction du fait que le Voreux est un lieu de supplice car les mineurs y sont aplatis non seulement par les roches, l’humidité, mais aussi par l’eau. C’est aussi un lieu de mort où les hommes sont écrasés par la chaleur où les coups de grisou qui ne cessent de brûler avec une température avoisinant les 35°C à 45°C.
La mine un endroit infernal
La mine, le coron, c’est le monde des ténèbres qui étouffent les mineurs où l’eau et le feu se liguent pour les accabler. La mine éveille et révèle des images de l’enfer. Lorsque Zola parle de la même mine, il la décrit d’abord par son environnement : une forte odeur du grisou qui y domine et surtout les fortes températures étouffantes pouvant atteindre jusqu’à 35°C à 50°C d’où une indication réaliste de ces températures. Il fait tellement chaud dans la fosse que certaines personnes, pour se désaltérer, boivent de l’eau coincée entre les rails et dans les abreuvoirs pour les chevaux. La chaleur étouffe tous les esclaves du capital Minotaure : d’où une supplice de l’ensevelissement mais en même temps du feu.
Supplice du feu pour Catherine « elle suait, haletait, craquait des jointures …elle s’étouffait, enlevait sa veste d’abord jusqu’à tout enlever ensu ite ».p62-63 La chaleur l’étouffe progressivement et l’entraîne à « ôter sa chemise » d’abord jusqu’ à tout enlever ensuite, pendant le moment de travail et sous les yeux d’Etienne. La gradation voir même l’exagération dans les comportements de Catherine en subissant cette chaleur souligne cette situation insupportable due à la chaleur : elle suait d’abord, puis s’étouffait l’emmenant à ôter sa veste puis à se mettre toute nue à la fin.
La mine un endroit étouffant
Conséquence de la chaleur donnant à la mine l’imaged’un enfer proprement dite, l’air est aussi épais dedans. Cet air est considéré par l’auteur comme consistant : « privé d’air des courants inconnus, l’aérage ne se faisait pas dans la mine » p294. La mine est donc considéré comme un endroit où l’air ne circule pas bien. Ce qui fait que cette situation ne va qu’empirer la chaleur qui y domine en quasi permanence. L’usage des mots « pas d’air » reprise maintes fois dans le roman souligne une connotation négative attribuée à ce manque d’air. La gradation évoquée dans la description de la qualitéde cet air même (mauvais air, air mort, lourd gaz d’asphyxie, allument et foudroient ) souligné dans : « Ce mauvais air, cet air mort comme disent les mineurs, en bas et lourds gaz d’as phyxie, en haut des gaz légers qui allument et foudroient tous les chantiers du fosse » p29 ne fait qu’appuyer cette idée.
A chaque fois donc les mineurs doivent lutter contre les étouffements dus à la chaleur et au manque d’air qui les écrasent en les martyrisant.
Ainsi donc le roman entier nous fait sentir non seulement l’enfer social dans lequel les mineurs vivent mais aussi l’enfer du travail. Combinaison de l’air et, du feu, ainsi que du grisou qui menace toujours dans la mine, même s’ils ne seront pas la cause du cataclysme final. La mine, assimilée à l’enfer ici par la chaleur étouffante qui y domine « l’air ne circulait plus dans cette mine, l’étouffement à la longueur devenaient mortel » d’où un renforcement de l’idée de 1′ enfer et de la mort qui oppressent les mineurs nuit et jour.
En effet, la mine est un lieu de supplice mais en même temps un lieu de mort. L’homme y est écrasé par tous ces éléments (l’eau, la chaleur, lemanque d’air)
La mine, une veine en feu
Sous terre donc il y a le feu avec une chaleur qui se présente comme « une lande inculte » d’une « stérilité volcanique », ajoute le romancier qui charge ainsi la description du phénomène naturel de sens symbolique. Cette idée même est véhiculée à travers les substituts qu’il attribue à un de ces personnages : «La brûlé»(surnom donnée à la mère de la Pierronne,vieille femme ayant une allure d’une sorcière)qui est présente dans tout le roman. Elle est toujours associée au feu et à la destruction d’où la signification de son nom même. : au feu dans le ventre du Voreux vue que c’est elle qui vide les chaudières de Jean – Bart et arrête les machines. Maigre et sèche comme la lande stérile qui recouvre le Tartaret, elle est le feu qui couvre sous terre, qui couve ainsi tous les mineursdans les corons : « Le feu qui couve », « le feu souterrain », « le sol qui brûle ». Ce sont lestrois titres que Zola a essayé et qui renvoient à une idée de menace volcanique d’une éruption volcanique attribué à cette mine. Zola a imaginé le Tartaret d’après quelques lignes : « Au brûlé, près de Saint Etienne, il y a une houillère qui est en feu de temps immémorial. Le so l à la surface, est stérile et calciné, des vapeurs chaudes s’en échappent : on dirait un coin des villes maudites consumées jadis par les feux de la terre et du ciel ».p169. Bref un champ lexical du mot feu à travers : brûlé, houillère, feu, calciné pour donner ainsi une dimension symbolique à cette terre et paysage si inculte.
Les mineurs semblent être vaincus par ces forces cosmiques : la chaleur, le noir, le froid, l’eau. Tout s’ajoutent à leur souffrance et ne fait qu’empirer leur situation.
Une façon d’écriture qui spécifie encore Emile Zola. Ceci nous le démontre encore comme un grand poète même jusqu’à nos jours. La description d’une lutte entre deux forces qui annoncent symboliquement dans quelques pages suivantes l’explosion de la colère des mineurs qui va provoquer la révolte très prochainement ne fait que souligner cette spécificité.
Cependant les mineurs vont encore affronter les forces animales.
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
ZOLA ET L’ECRITURE ROMANESQUE
I – Eléments biographiques
1 – Enfance et jeunesse
2 – Ses débuts comme écrivain (1862 – 1865)
II – A propos de l’œuvre
1 – Conception du cycle Rougon Macquart
2 – Naissance de Germinal
3 – Place de Germinal dans l’œuvre
4 – Résumé du roman
III – Le naturalisme
IV – La poésie
V-La prose et la poésie
SOUFFLES EPIQUES DU ROMAN
I – Personnification épique
II – Affrontement des forces
1 – Forces cosmiques
2 – Forces Animales
1 L’homme et la machine
2 Les mineurs et la machine
III – Exploit héroïque d’Etienne et de la foule
1 Etienne, un ouvrier consciencieux
2- Etienne un militant révolutionnaire
3- Etienne, un héros épique
DIMENSION POETIQUE DU ROMAN .
I – Formes syntaxiques spécifiques
II – Traitements des images
1 – Vision fantastique de la foule
2- Images sanglantes et symboliques
DIMENSION VISIONNAIRE DU ROMAN
1 – Germinal un roman de la condition humaine
2 – Germinal un manifeste Social
CONCLUSION