Conception des formes, fonctions et modalités d’interaction avec Amelis
L’objectif principal de l’étude B1E2 est d’identifier les atouts et limites potentiels du calendrier Amelis pour des utilisateurs aînés, compte tenu des caractéristiques biopsychosociales du vieillissement. En référence aux théories gérontologiques, nous proposerons de résumer les caractéristiques du vieillissement en trois points. Ils se rapporteront respectivement aux capacités, aux buts et activités, et aux rapports sociaux des aînés. Les atouts et limites seront inférés à partir des choix et préférences élaborés en conception participative par les groupes d’aînés. En effet, nous considérons que leurs attentes et leurs projections concernant Amelis sont motivées par leur expérience du vieillissement réellement vécue. Notre analyse reposera sur les conceptions participatives : Dans une première partie, les référents théoriques mobilisés pour la conception d’une IHM, mais aussi pour le développement d’agents virtuels seront présentés en rapport avec le cadre théorique de la gérontologie. Les liens entre les critères psycho-ergonomiques pour l’étude de l’acceptabilité a priori et/ou dans l’usage d’une IHM (tab.4, p.32) et les théories biopsychosociales du vieillissement seront rappelés (1.1). Puis, le modèle informatique de l’agent virtuel d’Amelis sera spécifié et les attentes des aînés envers des agents virtuels destinés à leur être utiles seront identifiées dans la littérature (1.2). Après la présentation méthodologique de l’étude B1E2 (2. à 4.), les résultats des études B1E2 a. et b. seront détaillés (5. et 6.). A partir de ces analyses pragmatiques, nous discuterons des atouts et limites potentiels d’Amelis pour chaque caractéristique du processus biopsychosocial du vieillissement (7.). Les éléments discutés mettront en évidence de l’importance de critères psycho-ergonomiques supplémentaires qui n’étaient pas apparus explicitement jusqu’alors.
Les référents théoriques psycho-ergonomiques applicables à l’étude de l’acceptabilité des technologies mettent en évidence un certain nombre de critères utiles pour le développement d’IHM. Dans le Chapitre 2. du manuscrit, nous avons proposé une synthèse de ces critères organisée en onze items (tab.4) : la charge informationnelle, la cohérence interne, le contrôle, l’adaptabilité, la gestion des erreurs, le guidage, l’hédonisme, la compatibilité externe, l’utilité, la facilité d’apprentissage et la facilité d’usage Ces critères sont applicables dès la conception afin de guider des choix tant sur la forme que sur le fonctionnement et les modalités d’interaction avec un système numérique. Par exemple, l’utilité perçue a priori peut participer au développement de fonctions constituées d’un artefact, ou encore, la charge informationnelle perçue peut conduire à modifier des choix graphiques pour la présentation d’informations sur une interface. Ces critères s’appliquent également à l’étude des usages. Dans le cadre du projet Amelis, ils constituent donc une grille d’analyse transversale qui suivra le processus de avant à pendant l’usage, comme proposé par la logique progressive du protocole de recherche.
Dans le cadre de l’étude B1E2, nous mobiliserons donc ces onze critères psycho-ergonomiques afin de spécifier le système Amelis. L’enjeu est d’ancrer ce travail dans le contexte spécifique du vieillissement. A ce propos, le Chapitre 3 du manuscrit proposait notamment une mise en perspective de ces critères avec les théories biopsychosociales du vieillissement. Au travers de ce travail interdisciplinaire, les spécificités des référents théoriques de l’acceptabilité pratique et sociale dans un contexte de vieillissement avaient été discutées. Les trois paragraphes suivants rappellent ces discussions théoriques en pointant les liens entre la biologie, la psychologie, puis la sociologie du vieillissement et les onze critères psycho-ergonomiques pour l’étude de l’acceptabilité d’une technologie (entre parenthèses et en italique). L’étude des théories biologiques du vieillissement soulignent le fait qu’une IHM doit pouvoir être utilisée malgré des transformations des fonctions sensorielles, motrices et cognitives impactées par le processus de sénescence de l’organisme humain. Pour cela, il est important de promouvoir l’adaptabilité et la flexibilité du système (critère d’adaptabilité), son accessibilité holistique (critères d’utilité, de gestion des erreurs, de facilité d’apprentissage et d’usage, de contrôle), et son impact sur la charge cognitive de l’utilisateur traitant les informations sur l’interface (critères de charge informationnelle, de cohérence interne et de facilité d’usage). Dans ce contexte, les questions qui se posent sont par exemple : Est-ce que le système permet de compenser tout ou partie des difficultés perceptives ou motrices ressenties ? Est-ce que la présentation graphique des éléments sur l’interface sollicite un traitement cognitif trop important ? Ou encore, comment développer un système qui ne génère pas d’effort d’apprentissage ou d’utilisation trop intense au regard des capacités des sujets ?