comprendre les perceptions et les sentiments des personnes
Nature du corpus
Il existe différentes manières de récolter les données. Il y a, par exemple, le questionnaire, l’observation ou encore l’entretien. Pour ma part, j’ai opté pour le dernier moyen cité ci-dessus qui est l’entretien. En effet, je me suis entretenue avec différentes enseignantes de 1-2H afin de les questionner sur la problématique de l’évaluation.
Entretien
J’ai choisi l’entretien comme collecte de données car il m’a permis d’obtenir des informations précises ainsi que le ressenti des différentes enseignantes par rapport au sujet de l’évaluation. J’ai pu ainsi approfondir certains sujets avec les enquêtées, leur demander d’expliciter leurs propos et ai pu vérifier l’authenticité de leurs paroles. J’ai aussi pu percevoir les signes non verbaux des répondantes et ajuster, au besoin, le déroulement de l’entretien. Selon Freyssinet-Dominjon (1997), l’entretien est un échange de paroles entre deux ou plusieurs personnes. Il peut être fait face à face ou par téléphone. C’est une pratique sociale qui comporte différentes finalités. Il existe des entretiens d’embauche, des entretiens avec un jury, des entretiens de soutien ou même encore des entretiens de vente. Dans mon cas, il n’est question d’aucun des exemples cités ci-dessus mais plutôt d’un entretien de recherche. L’entretien de recherche est un moyen spécifique d’investigation et de construction des données propre au domaine des sciences sociales. Sa définition est la suivante : « L’entretien de recherche est un dispositif de face à face où un enquêteur a pour 21 objectif de favoriser chez un enquêté la production d’un discours sur un thème défini dans le cadre d’une recherche. » (Freyssinet-Dominjon, 1997, p.145). Selon Lamoureux (2000) cité par Pasche Gossin (2013), l’entretien est un « outil de collecte de données qui sert à recueillir le témoignage verbal de personnes ; ses questions abordent des réalités plus personnelles que ne le fait un questionnaire. » L’entretien de recherche comporte deux aspects qui le caractérisent. En effet, ce genre d’entretien est un dispositif monté par le chercheur pour les besoins de la recherche. Ce n’est donc pas une conversation ordinaire. L’entretien est pensé auparavant afin que la personne interrogée puisse produire les informations attendues par le chercheur. De plus, l’interlocuteur du chercheur a une certaine liberté de parole. L’entretien de recherche est donc une rencontre interpersonnelle avec ses aléas, ses difficultés et ses profits. Durant celui-ci s’instaure une coopération entre le chercheur et la personne interviewée. Blanchet et Gotman (1992), cités par Freyssinet-Dominjon (1997) définissent ainsi l’entretien : « S’entretenir avec quelqu’un est, davantage encore que le questionner, une expérience, un événement singulier que l’on peut maîtriser, coder, standardiser, professionnaliser, gérer, refroidir à souhait, mais qui comporte toujours un certain nombre d’inconnues (et donc plus de risques) inhérentes au fait qu’il s’agit d’un processus interlocutoire et non pas simplement d’un prélèvement d’informations » (p.146). Toujours selon Freyssinet-Dominjon (1997), cette méthode de recherche comporte quelques spécificités. Le chercheur se trouve en position de demandeur puis de meneur de jeu au cours de l’entretien. Il doit alors respecter certains préalables. En effet, il est important qu’il prenne contact auparavant avec la personne qu’il souhaite interviewer, qu’il lui explique le sujet de sa recherche ainsi que sa demande et qu’il mette en pratique les règles de bonne communication. L’entretien peut également être désigné par le terme « entrevue ». Il constitue la principale méthode de collecte de données en recherche et plus particulièrement en recherche qualitative. L’entretien peut être non dirigé, semi-dirigé ou dirigé. Dans le premier cas de figure, l’enquêté développe le thème proposé. Quant à l’enquêteur, il utilise des relances mais pas de nouvelles orientations. Dans le second cas de figure, il ressemble à une conversation et permet ainsi à la personne interrogée d’exprimer ses sentiments et ses opinions sur le sujet traité. L’enquêteur s’appuie sur un guide d’entretien lors de la conversation. Dans le troisième et dernier cas de figure, les questions sont, pour la plupart, fermées et l’attitude du chercheur est directive. Ce genre d’entretien est plutôt utilisé pour les recherches quantitatives (Lebrun, 2013). Pour ma part, j’ai fait des entretiens semi-directifs. En effet, j’ai établi un guide d’entretien (cf. annexe 1) qui m’a servi de support lors de mes entrevues.
Guide d’entretien
Lors de la construction de mon guide d’entretien, j’ai veillé à ce que le langage soit accessible, le vocabulaire adapté et qu’il y ait une certaine logique dans l’ordre de mes questions. Comme je l’ai déjà cité auparavant dans mon travail, j’ai construit ce guide d’entretien afin qu’il puisse me guider lors de mes entrevues. Il s’articule de la manière suivante : tout d’abord, il est constitué de quelques phrases d’introduction qui permettent à la répondante d’entrer dans le contexte. Puis, des questions concernant les données personnelles surviennent. Par la suite, j’ai ordonné mes questions sur deux colonnes. Dans la colonne de gauche se trouvent les questions concernant les thèmes principaux de ma recherche et dans la colonne de droite les questions de relance. Pour finir, je demande à la personne interviewée si elle souhaite ajouter quelque chose et conclus l’entretien avec les remerciements (cf. annexe 1).
Procédure et protocole de recherche
Le premier contact avec les enseignantes de 1-2H s’est fait par e-mail ou par téléphone. A ce moment-là, je me suis présentée et leur ai expliqué en quelques mots le sujet de ma recherche. Ensuite, je leur ai demandé si elles étaient d’accord de participer à mon projet. Suite à cela, je leur ai fait parvenir le contrat de recherche par e-mail (cf. annexe 2). Dans celui-ci, j’ai présenté un résumé de ma recherche et ai expliqué les conditions de l’entretien ainsi que la manière dont allaient être traitées les données. De plus, je me suis engagée à respecter les principes du code d’éthique. J’ai demandé aux enseignantes de prendre connaissance de ce contrat avant l’entretien et de prendre contact avec moi si elles étaient en désaccord avec ce dernier. 23 Les entretiens se sont déroulés dans le courant des mois de novembre et décembre dans les classes respectives des enseignantes. Faire l’entretien dans leur classe leur permet, à mon avis, de se sentir plus à l’aise et de répondre ainsi le plus sincèrement possible à mes questions. Au début de chaque entretien, j’ai remercié les personnes d’avoir bien voulu participer à ma recherche et leur ai rappelé quelques points du contrat. Les entretiens ont duré environ 45 minutes et ont été à chaque fois enregistrés et transcrits par la suite pour en faciliter l’analyse. Les données récoltées ont bien entendu été rendues anonymes comme je l’ai précisé dans le contrat de recherche.
Echantillonnage
J’ai choisi d’interviewer 6 enseignantes différentes : deux enseignantes travaillant dans le canton du Jura, deux enseignantes exerçant dans le canton de Neuchâtel et deux enseignantes travaillant dans le Jura bernois. Ainsi, je peux avoir une vue globale de ce qui se passe dans l’espace BEJUNE. Cela peut être, à mon avis, enrichissant car ces personnes ne sont pas issues du même endroit. De plus, j’ai souhaité que ces enseignantes aient au moins 5 ans d’expérience en 1-2H afin qu’elles aient pu vivre le changement avec HarmoS. Ces enseignantes sont présentées dans le tableau figurant ci-dessous. Les prénoms utilisés sont des prénoms d’emprunt. J’ai profité de certains contacts établis au fil de mes expériences professionnelles (stages et remplacement) au sein de la HEP pour interviewer mes anciennes FEES ou collègues et mes camarades de classe m’ont donné quelques noms d’enseignants qu’elles avaient elles-mêmes côtoyés.