L’élaboration de ce mémoire s’intitulant « efficacité de l’Aide Publique au Développement » a été effectuée en vue d’obtention du diplôme de maîtrise en Sciences Economiques. Il pose une question essentielle sur cette efficacité au sein des pays en développement qui reste une énigme jusqu’à présent.
Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, une nouvelle forme de coopération s’est formée : celle de l’Aide Publique au Développement. En tant que première puissance mondiale, les Etats Unis sont les premiers à octroyer leurs fonds de transfert vers les pays en grand besoin de financement, notamment l’Europe dévastée par la guerre et l’Asie. Ensuite, cette forme de coopération va prendre une autre tournure suite à la décolonisation de nouveaux Etats à travers le monde. Ces derniers clament un besoin de financement vis-à-vis des pays colonisateurs d’où l’apparition du marché de l’Aide Publique au Développement. De ce fait, les pays en développement sont les demandeurs et les pays développés les offreurs. Ainsi, le monde est scindé en deux, d’un côté les riches et de l’autre côté les pauvres. La réalité est toute faite : d’une part, des milliers d’enfants meurent de la faim chaque jour et des milliers de personnes décèdent de maladies faute de soin quotidiennement; d’autre part, certains consomment sans compter et cherchent à s’enrichir davantage. Concrètement, ces inégalités se voient au travers de différents indicateurs tant humains qu’économiques.
Fondement théorique : Economie de développement
Définitions de l’aide publique au développement
Le Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE définit l’APD comme étant des prêts ou dons fournis par le secteur public, dans le but de favoriser le développement économique et d’améliorer les conditions de vie, à des conditions financières douces.
Sont donc exclues les aides militaires.
Depuis le début des années 1980, on prend en compte dans les statistiques les coûts administratifs, l’aide au réfugié dans le pays donateur, ainsi que les missions humanitaires, même lorsqu’elles sont appuyées par les militaires » (Gabas, 2002). D’après Ragnar Nurske (2001), le développement est une question d’argent. Ainsi le problème de développement étant un problème de financement. Cela est remis en question lors de la crise d’endettement. Pourtant à partir des 60, des études soulignent une corrélation négative entre flux financiers extérieurs et épargne intérieure dans les PVD.
L’aide publique au développement est l’aide en direct des pays en développement et d’institutions multilatérales émanant d’organismes publics, y compris l’Etat et les autorités locales. Elle est aussi issue de leurs agents d’exécution d’après le Comité d’Aide au développement. Les objectifs principaux de l’aide consistent à promouvoir le développement économique et la réduction de la pauvreté. Cependant, elle n’est non seulement financière mais englobe aussi les biens et services permettant d’atteindre le plus grand objectif dont la réduction de la pauvreté. De ce fait, pour être éligible à l’aide publique au développement, il faut que les crédits accordés soient consacrés aux dépenses publiques pour assurer le développement du pays en question, notamment les pays en développement.
L’APD est bilatérale ou multilatérale. La première est celle d’un pays octroyant directement à un autre, alors que la seconde est celle qui transite par des institutions spécialisées. Cette dernière est de loin la plus importante. L’aide aussi peut être sous forme d’Investissement Direct étranger ou IDE, de prêts ou de dons, d’assistance technique, d’aide alimentaire etc. L’IDE est apparu dans les années 70. A cette époque l’aide était perçue comme étant un moyen permettant un décollage économique des pays en question (Thorbecke, 2000 ; Kanbur, 2003). D’autre part, la situation des aides est beaucoup plus différente récemment. Elles sont en grand nombre (Roland-Holtz et Tarp, 2002).
Les modèles de bases de l’évaluation de l’aide publique au développement
Le modèle de Burnside et Dollar (1997, 2000)
Suite au rapport de la Banque Mondiale sur l’efficacité de l’aide en 1998, l’APD prend place dans les débats internationaux. L’APD a notamment chuté suite aux contraintes budgétaires subies par les pays donateurs, notamment l’Europe. Les pays européens ont dû être plus fermes sur la gestion des finances. Ce rapport stipule que l’efficacité de l’aide dépend de la qualité des politiques économiques dans les pays en développement publiques (OCDE, 2011 ; Amprou et Chauvet, 2004). Il lance aussi lance l’idée de la sélectivité des pays bénéficiaires. C’est dans ces cas que les contenus de ce rapport se basent sur les travaux de Burnside et Dollar (1997, 2000).
Pour Burnside et Dollar (2000), l’aide au développement en termes de croissance dépend de l’environnement économique et institutionnel des pays receveurs. Dans leur modèle, le volume d’aide n’a pas d’effet significatif sur la croissance de ces derniers. Cette conclusion est due au fait de leur optimisme dans l’exécution de la bonne politique économique et de la bonne institution.
De ce fait, pour être efficace, l’aide publique au développement doit s’accompagner des bases de sélectivité d’aide. C’est une sélectivité ex ante. Cette sélectivité marque une nouvelle relation entre l’aide et la croissance. Dans son rapport Assessing Aid en 1998, la Banque Mondiale soutient le fait que l’aide est fongible et les donateurs doivent réduire les fonds alloués aux pays receveurs ayant de mauvaises politiques économiques. La fongibilité de l’aide est source de détournement de ce fonds, d’un secteur à l’autre ou pour la propre consommation (Amprou ; 2004). De ce fait, les pays concernés doivent opter un dialogue de franchise afin que les pays receveurs optent une bonne politique économique et renforcer leurs institutions pour bénéficier des aides venant des donateurs. Quand les objectifs de la discussion lors du dialogue sont atteints, les fonds peuvent être octroyés. Cette thèse de Burnside et Dollar ont fait l’effet au niveau des bailleurs de fonds et des pays donateurs.
« Elle fut amplement évoquée à Monterrey lors de la conférence des Nations -Unis sur le financement du développement en 2002, notamment par le Président Georges W. Bush, qui a ainsi justifié la création par les Etats-Unis du Millennium Challenge Account chargé d’accorder cinq milliards de dollars d’aide supplémentaire à quelques pays sélectionnés en fonction de la qualité de leur politique économique et de leurs institutions. » (Guillaumont, 2006, p124).
Le modèle de Collier et Dollar(2002)
Ces auteurs ont adopté une approche du modèle des auteurs précédents stipulant l’idée de qualités exceptionnelles en termes de politique économique et institutionnel. Dans cette étude, l’analyse de Dollar et Kraay (2001) est mise en évidence. Cette analyse s’axe sur l’effet de la croissance sur la pauvreté et l’impact de l’aide sur la réduction de la pauvreté. En d’autre terme, pour maximiser la réduction de la pauvreté, l’aide devrait être attribuée aux pays ayant de graves problèmes de pauvreté tout en ayant une qualité remarquable de politique économique. Dans un premier temps, ils ont introduit des indicateurs : la CPIA (Country Policy and Institutional Assessment) et ICRGE (International Country Risque Guide). Comme leurs noms les indiquent, le premier est un indicateur de politique économique. Le CPIA comptait vingt critères sur lesquels les pays étaient notés. Les pays reçoivent pour chaque critère une note qui varie entre 1 (la plus mauvaise note) et 6 (la meilleure note possible). Ces critères sont classés dans les quatre groupes suivants : la gestion économique, les politiques structurelles, la politique en faveur de la pauvreté et la gestion du secteur public et des institutions (Amprou et Chauvet, 2004). Merckaert (2004) souligne que les critères retenus pouvaient changer au fil des années. Pour cause, la pertinence du concept retenu, les nouvelles orientations pour le développement sont remisas en question. Ensuite, le second est un indicateur d’efficacité d’institutions. Puis dans un second temps, Collier et Dollar proposent une allocation géographique permettant de maximiser la réduction de la pauvreté.
Pour définir une allocation géographique de l’aide, Collier et Dollar (2002) définissent la productivité marginale de l’aide au développement. Celle-ci est définie comme le nombre de pauvres sortis de la pauvreté grâce à un million de dollars d’aide. Sur un échantillon de 59 pays en développement, les auteurs calculent la productivité marginale de l’aide pour chaque pays en considérant la ligne de pauvreté de 2 dollars par jour (Collier, 1999). Collier et Dollar (2002) utilisent l’année 1996 comme année de référence. Ainsi pour un total de 28 milliards de dollars reçus par les pays de l’échantillon, ils calculent la productivité marginale de l’aide au développement en termes de réduction de la pauvreté.
Autres modèles d’efficacité d’aide publique au développement
Pour Harrod-Domar, la croissance repose sur l’investissement grâce à l’épargne. De ce fait, si l’épargne est insuffisante, nécessaire est-il de calculer les capitaux étrangers nécessaires à atteindre les objectifs fixés. Ce modèle d’ Harrod-Domar a permis aux pays en développement (PED) de déterminer leurs besoins en capitaux. Ce modèle aussi a posé les bases de l’évaluation du montant d’aide publique au développement nécessaire aux PED que les Nations-Unis ont évalué en 1970 à 0,7% du PIB des pays riches donateurs (Clemens et Moss, 2006).
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