Composition chimique et catégorisation par type
nutritionnel des farines de poisson
Utilisations de la farine de poisson
Utilisation en alimentation des animaux terrestres Les premiers essais incluant la farine de poisson dans l’alimentation de bétail remontent aux travaux de Watwater (1835) ainsi qu’à ceux de Danna (1864) sur la volaille et le porc, de Weiskee et col. (1875-1877) sur le mouton cités par Creac’h (1950). Les résultats favorables obtenus sur le développement des animaux d’élevage ont permis de vulgariser le produit puis de rependre son utilisation. La farine de poisson est d’abord utilisée en Europe (dans les pays scandinaves) avant de s’étendre par la suite dans tous les pays d’élevage où elle constitue depuis lors, un élément incontournable dans la nutrition animale (Creac’h, 1950 ; Bourdon et al., 1984 ; Sauvant et al., 2004). Les farines de poisson étant reconnues pour leur bonne valeur nutritive (teneur élevée en protéines, minéraux ou en lipides), elles sont utilisées pour compléter les autres sources de protéines végétales entrant dans l’alimentation de bétail comme le porc et la volaille ; la plus part des autres matières premières utilisées en alimentation animale étant déficitaire en acide aminé essentiels (la lysine et la méthionine) et acides gras essentiels que l’on retrouve en abondance dans les farines poisson . Ainsi que le montre la figure 4, elles ont constitué en 2009, la principale source de protéines de la production porcine (25%) et de la production avicole (8%) mondiales. Au Sénégal où la filière avicole est en plein essor, on note de plus en plus l’installation et le développement des structures spécialisées (NMA-SANDERS, SEDIMA, AVISEN, MOULIN SENTENAC… etc) dans la fabrication d’aliment volaille et bétail qui ont utilisée en 2010 environ 10,71% des farines de poisson du marché local (Sow et al, 2010). Principales filières Zones d’utilisation
Utilisation en pisciculture-aquaculture
La demande de plus en plus croissante en produits de pêche dans un contexte de diminution importante des ressources halieutiques des mers, fleuves et lacs suite à l’intensification des activités de pêche par l’homme a entrainé parallèlement le développement de la pisciculture-aquaculture. Selon les statistiques de la FAO en 2011, plus de 40% (63,6 millions de tonnes) de la production mondiale de pêche (154 millions de tonnes) provient de l’aquaculture qui d’ailleurs reste plus productive et connaît un essor plus rapide que les autres filières d’élevage (FAO, 2012). Les besoins des poissons d’élevage en protéines étant de l’ordre de 30 à 50 % de la ration, la farine de poisson constitue de par ses caractéristiques nutritionnelles, la principale source de protéines qui répond le mieux aux exigences nutritionnelles de ces espèces (Medale et al., 2009). Ainsi que l’illustre la figure 4, l’aquaculture est la filière qui utilise le plus la farine de poisson (63% des farines de poisson produites dans le monde en 2009). Cette production pour cette même année a servi principalement pour l’élevage des poissons carnivores (tilapia, carpe, saumon…) et des crustacés (figure 5). Au Sénégal la proportion de farine de poisson utilisée en aquaculture est également dominante par rapport aux autres filières (Sow et al., 2010). 63% 8% 25% 4% Aquaculture Aviculture Porciculture Autres Vanessa Cheryl MOUANDA/ Master en Chimie Biologie Aspects Analytiques Option : Biotechnologie/ 2013 14 Figure 5: Importance de l’utilisation de la farine de poisson pour l’élevage de différentes espèces aquacoles dans le monde en 2009 (IFFO, 2011 cité par SEAFISH, 2011)
Utilisation en culture maraîchère (agriculture)
Considérée comme une source considérable de minéraux essentiels au développement des plantes, la farine de poisson est utilisée dans la culture maraichère comme engrais organique ou fertilisant naturel (IFFREMER, 2010). Les fréquences élevées de cultures dans les champs contribuent à appauvrir les sols en éléments nutritifs dont les plantes ont besoin, il est donc nécessaire d’apporter des engrais supplémentaires afin d’éviter les carences qui ont un effet négatif sur le rendement des cultures agricoles. La farine de poisson constitue à cet effet un excellent fumier et un fertilisant naturel en maraîchage pour les sols pauvres et une alternative à l’utilisation des engrais chimiques. Au Sénégal, environ 30% de la production locale de farine de poisson est utilisée comme bio fertilisant (Sow et al., 2010). Aussi, les résultats d’une étude sur l’effet fertilisant de la farine de poisson chez trois types de tomates (grappe, ronde et cerise) au Maroc, ont montré non seulement une amélioration de la fertilité du sol mais aussi de la qualité des fruits et du rendement de production de tomates à l’hectare (Sadreddine, 2003).
VALEUR NUTRITIONNELLE ET QUALITE DES FARINES DE POISSON
Caractéristiques nutritionnelles des farines de poisson Les caractéristiques nutritionnelles recherchées dans les farines de poissons sont fonction du taux de leurs différents éléments constitutifs ou nutritifs, des besoins ou des espèces animales. Du fait de leur haute valeur nutritive, les farines de poisson constituent souvent l’une des principales matières premières animales les plus utilisées dans l’alimentation animale (Bourdon et al., 1984, Sauvant et al., 2004).
Composition chimique des farines de poisson
Protéines brutes ou matières azotées totales des farines de poisson
Les protéines des farines de poisson renferment tous les acides aminés y compris les acides aminés indispensables comme la lysine, la méthionine et la cystéine qui sont généralement à faible concentration ou souvent absentes dans la plus part des autres sources de protéines alimentaires (céréales, tourteau, …) et qui constituent donc un facteur limitant dans les régimes alimentaires. Les acides aminées contenus dans les farines de poisson sont très digestes, facilement absorbables et facilitent donc l’assimilation des aliments par les animaux et certaines farines de poisson peuvent avoir des taux de protéines allant jusqu’à 70% et même au-delà. (Bourdon et al., 1984 ; Sauvant et al., 2004). II.1.1.2 Lipides ou matières grasses des farines de poisson Les farines de poisson sont riches en matières grasses, avec des taux variant selon le type ou l’espèce de poisson utilisée comme matière première. On y retrouve les acides gras essentiels et le glycérol formant des chaînes lipidiques polyinsaturées. Lorsque leur taux est élevé dans la farine, les acides gras s’auto-oxydent et rancissent la farine (Flanzy et al., 1962 ; Guerreiro et al., 1992). Du fait de leur teneur relativement importante en lipides, les farines de poisson constituent à ce titre une source d’énergie disponible et de bonne qualité mais qui doit être incorporé à des taux limités dans les rations animales (Bourdon et al., 1984 ; Sauvant et al., 2004).
Matières minérales et éléments minéraux des farines de poisson
La teneur en matières minérales ou cendres brutes des farines de poisson est variable en fonction du type et de la nature de la matière première utilisée. Dans les matières minérales, on retrouve à des taux divers, des éléments majeurs ou macroéléments essentiels tels que le calcium, le phosphore, le sodium, le Magnésium, etc…, .et les oligo-éléments comme le fer, le cuivre, l’iode, etc…. Ces minéraux participent non seulement à la formation des os ou du squelette et de la coquille des œufs, mais aussi au bon fonctionnement des cellules de l’organisme. Aussi les minéraux des farines de poisson ont une meilleure valeur biologique par rapport aux minéraux inorganiques qui présentent souvent un problème de solubilité (Bourdon et al., 1984 ; Sauvant et al., 2004).
Vitamines des farines de poisson
Les apports en vitamines sont importants dans l’alimentation car elles participent à de nombreux processus vitaux dans l’organisme et leur carence est souvent à l’origine de nombreuses et importantes maladies appelées hypovitaminoses ou avitaminoses. Mais les farines de poisson contiennent bien plus de vitamines hydrosolubles (riboflavine, biotine,..) que de vitamines liposolubles (E, K) qui peuvent avoir un caractère toxique (Bourdon et al., 1984 ; Sauvant et al., 2004).
Classification des farines de poisson selon leurs profils nutritifs
Les farines de poisson commercialisées dans le monde répondent à des standards internationaux. Du fait de la variabilité de leur composition en éléments nutritifs en fonction de l’espèce de poisson, elles sont surtout classées soit en fonction de leur teneur approximative en protéines brutes, en matières grasses ou soit en fonction des deux (Bourdon et al., 1984 ; Sauvant et al., 2004)
Classification des farines de poisson par rapport à leur teneur en protéines
En fonction de la teneur en protéines brutes, trois types de farines de poisson standardisées ont été distingués. Il s’agit des farines de poisson de types 70, 65 et 60 qui contiennent respectivement en moyenne 70, 65 et 60% de protéines brutes. Les caractéristiques nutritionnelles de ces trois types de farine de poisson définis sont rapportées dans le tableau I.
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