COMPOSITION CHIMIQUE DU Cassia italica
Répartition géographique et habitat
On le retrouve dans toute la région sahélienne, hors des zones inondables. Peu abondant, souvent regroupé en petit peuplement [5]. Cette plante se rencontre au Sénégal surtout dans la partie centrale dont le centre serait Diourbel, Mauritanie, Iles du Cap Vert, Mali, Sahara, Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun, Centre Afrique, Angola, Egypte, Ethiopie, Erythrée, Somalie, Afrique orientale, Afrique du sud
Description botanique
Plante herbacée ou petit arbuste caducifolié atteignant 60 cm de haut, souvent à tiges prostrées. Les feuilles sont disposées en spirale, composées paripennées à 4–6 paires de folioles ; stipules étroitement triangulaires à ovales-triangulaires, de 3–9 mm de long, défléchies au début, plus ou moins persistantes ; pétiole de 1,5–2,5 cm de long ; folioles oblongues-obovales ou étroitement elliptiques à elliptiques, de 1–6,5 mm × 0,5–1,5 cm, base cunéiforme, inégale, apex arrondi à obtus, brièvement poilues sur les deux faces. Inflorescence : grappe axillaire, érigée, de 2–25 cm de long, possédant jusqu’à 20 fleurs ; bractées rhombiques à ovales, à courte pointe, atteignant 5 mm de long. Les fleurs sont bisexuées, zygomorphes, 5-mères ; sépales inégaux, oblongs-elliptiques, atteignant 1 cm de long, obtus à l’apex ; pétales obovales, atteignant 13 mm de long, jaunes ; étamines 10, les 2 du bas étant les plus grosses, 5 de taille moyenne, 3 courtes et stériles ; ovaire supère, à courts poils raides, style atteignant 6 mm de long. Les fruits sont des gousses aplaties et oblongues de 2,5–6 cm × 1,5–2 cm, avec un rebord parcourant le long du milieu de chaque valve, le sommet recourbé vers le haut, déhiscente par 2 valves, contenant de nombreuses graines [W2]. L’appareil racinaire assez puissant est long et légèrement ramifié l’enracinement se faisant toujours en profondeur [6]. NGOM 4 Photo 1: Plante entière de Cassia italica Figure 1: Répartition de Cassia italica en Afrique Photo 2: Feuille de Cassia italica Etude bibliographique sur la composition chimique du Cassia italica Master 2 Chimie et Biochimie des Produits Naturels Papa Abdoulaye NGOM 5 Photo 3: Fleurs de Cassia italica Photo 4: Gousse de Cassia italica Deuxième chapitre : Utilisation du Cassia italica Etude bibliographique sur la composition chimique du Cassia italica Master 2 Chimie et Biochimie des Produits Naturels Papa Abdoulaye NGOM 6 II. Utilisation de Cassia italica
Utilisation traditionnelle
Médecine traditionnelle humaine
L’utilisation thérapeutique de Cassia italica est variée [6]. Les propriétés laxatives et purgatives du séné semblent avoir été découvertes par les Arabes au VIéme siècle et connues en Europe par leur intermédiaire [3]. Cassia italica a été inscrit à la pharmacopée française de 1949 à côté de Cassia angustifolia provenant des Indes et de Cassia acutifolia provenant du Soudan. Il fait partie de la pharmacopée africaine de 1985, éditée par l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.) [1]. Cependant l’usage de ce séné est limité à son aire de dispersion, c’est-à-dire les régions sahéliennes [5]. Les feuilles, fraîches ou séchées et pulvérisées, s’emploient en pansement pour les problèmes de peau, comme les brûlures et les ulcères. La tisane de fleurs sert de purgatif et à déclencher l’accouchement. La macération de racines se prend pour soigner les coliques et la grippe, et les racines bouillies s’emploient en pansement sur les plaies. L’infusion de racines sert de collyre pour soulager les yeux douloureux. Les racines sont aussi un ingrédient de remèdes contre l’indigestion, les problèmes hépatiques, les troubles de la rate, la nausée, les vomissements et la dysménorrhée [W2]. Les gousses, souvent improprement appelées follicules, sont peu employées [5]. L’essai clinique de l’infusion de Cassia italica a intéressé 25 sujets atteints de nématodose intestinale. La surveillance clinique avant et après traitement à la dose de 12 g en 3 prises par jour, pendant cinq jours successifs a permis la disparition de l’ensemble des plaintes liées à la parasitémie. Chez l’ensemble des 25 sujets traités contre les nématodoses par l’infusion de Cassia italica, seulement deux cas de diarrhées légères ont été notés. La diarrhée ayant cessé d’ailleurs dès l’arrêt de la prise du médicament. L’apparition de la diarrhée peut être expliquée par les effets laxatifs de la poudre de Cassia italica, signalés déjà par de nombreux auteurs et confirmés par (D. DIA, 1992). Les 23 autres sujets traités n’ont manifesté aucune plainte et aucun signe physique n’a été noté [6]. Au Burkina-Faso, le Père DE LA PRADILLA (1978) indique l’utilisation des tiges feuillées avec ou sans les tiges fructifères, en association avec les fruits sans graines du Tamarindus indica contre les affections intestinales des enfants se manifestant par des selles glaireuses. En Afrique de l’Est (KOKWARO,1976), la décoction des feuilles est Etude bibliographique sur la composition chimique du Cassia italica Master 2 Chimie et Biochimie des Produits Naturels Papa Abdoulaye NGOM 7 indiquée pour le traitement de la blennorragie. Les racines sont prescrites comme purgatif. En Afrique du Nord (BOULOS,1983), les folioles et les gousses sont bien connues pour leur effet purgatif. Les graines pilées sont prescrites dans certaines maladies affectant les yeux
Médecine traditionnelle vétérinaire
Les médicaments modernes, pour leur développement, ont besoin de l’expérimentation sur des animaux (modèle animal). Ainsi trouve-t-on une multitude d’expériences sur des animaux ou organes d’animaux concernant les plantes médicinales africaines. Ce sont là autant d’activités des extraits végétaux que l’on peut développer en médicaments vétérinaires. La recherche sur les plantes médicinales africaines a permis de mettre en évidence de nombreuses activités qui peuvent être mises à profit en médecine vétérinaire. Il s’agira en effet, de mettre à disposition des médicaments issus de plantes qui poussent en Afrique. Des tests positifs ont été obtenus concernant plusieurs classes pharmacologiques. Ceuxci ont permis de conclure que Cassia italica peut être utilisé contre les parasitoses internes
Utilisation moderne
- Cassia italica sous forme d’infusion préparée avec 15g de folioles pour 500g d’eau et additionnée de 15g de sulfate de sodium, est utilisé en lavement purgatif officinal. • Le séné intervient également dans la préparation du sirop d’ipécacuanha et dans la composition de la poudre de réglisse (Glycyrrhiza glabra L.) (Pharmacopée Française de 1945). • Enfin les sénés interviennent de façon non négligeable dans la composition de produits pharmaceutiques à activité laxative ou purgative
Autres utilisations
En dépit des effets purgatifs des graines mûres, les jeunes graines se consomment comme amuse-gueule ou comme légume dans la région du Sahel. On fume les graines en Mauritanie. Vendues sous l’appellation “henné neutre” ou “henné blond”, les feuilles Etude bibliographique sur la composition chimique du Cassia italica Master 2 Chimie et Biochimie des Produits Naturels Papa Abdoulaye NGOM 8 servent de revitalisant capillaire, pour rendre les cheveux brillants. Elles peuvent leur conférer une teinte jaunâtre, plutôt que rougeâtre. La poudre de feuilles séchées destinée à un emploi comme revitalisant capillaire est aujourd’hui commercialisée à l’échelle internationale [W2]. Photo 5: Poudre de feuilles séchées de Cassia italica
Quelques inconvénients liés à la prise du séné
Les laxatifs, et le séné particulièrement ne sont pas sans dangers et sans inconvénients. Les utilisations doivent être courtes, pas plus de 10 jours et motivées : inefficacité des autres moyens laxatifs ou des régulateurs digestifs : diététiques, mucilagineux, salins, cholérétiques et cholagogues. L’utilisation du séné est par ailleurs contre-indiquée chez les enfants de moins de 12 ans. Une prise prolongée de laxatif provoque la « maladie des laxatifs » et une situation de dépendance avec nécessité d’augmenter les doses, l’opposé de l’effet recherché. Enfin ce type de laxatif modifie la composition des électrolytes dans le colon avec notamment une excrétion et donc une fuite du potassium, d’où le risque d’interaction médicamenteuse avec des produits hypokaliémants ou dont l’action est modifiée par une hypokaliémie : digitaliques, diurétiques, corticoïdes, certains antibiotiques, antiarythmiques. Les prises prolongées ou régulières et le surdosage de séné sont susceptibles d’engendrer des irritations, des douleurs abdominales (spasmes), des hépatites toxiques et des diarrhées profuses. La possible perte de potassium peut occasionner des troubles du rythme cardiaque, ainsi qu’une faiblesse musculaire. Le séné peut également entraîner une présence de sang (hématurie) et d’albumine (albuminurie) dans les urines, ainsi que leur coloration en jaune ou en rouge brun, ce dernier cas étant néanmoins sans danger. Malgré tout, le séné est très utilisé dans le monde entier, la production mondiale était estimée à plus de 5000 tonnes en 1986 [W4]
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