COMPORTEMENT ALIMENTAIRE DU GRAND CORMORAN

ABONDANCE, REPARTITION ET COMPORTEMENT ALIMENTAIRE DU GRAND CORMORAN (Phalacrocorax carbo lucidus) AU TECHNOPOLE (DAKAR-SENEGAL).

Les observateurs de la nature ont toujours été frappés par la multiplicité des formes chez les animaux (morphologies, tailles, couleurs, comportements) (BARBAULT, 1997). Les oiseaux sont des vertébrés homéothermes à corps couvert de plumes, à membres antérieurs transformés en ailes, généralement aptes au vol (LESAFFRE, 2006). Dans le monde, les oiseaux d’eau représentent actuellement plus de 2200 espèces réparties en 30 familles qui dépendent écologiquement des zones humides. Ils sont répandus dans le monde, souvent en des concentrations spectaculaires (BirdLife International, 2004). Ils sont majoritairement dotés d’un pouvoir de voler qui leurs permet aujourd’hui de coloniser et de peupler plusieurs milieux tels que les déserts, les océans, les milieux polaires. Les facteurs climatiques, nutritionnels et physiologiques non immuables, les poussent à parcourir périodiquement plusieurs kilomètres pour des besoins alimentaires, de reproduction par exemple. De tels mouvements sont appelés mouvements migratoires (CACHAN, 1972). Ces facteurs biotiques jouent aussi un rôle fondamental dans la distribution de ces oiseaux. Ces migrations et distribution très divers ont toujours préoccupé les scientifiques, les chercheurs.

Le Sénégal, fécond en îles et zones humides (exemples : Les îles de la Madeleine, îlot aux oiseaux : une petite île dans l’estuaire du fleuve Sénégal, le Parc National du Delta du Saloum : PNDS, le Parc National des Oiseaux de Djoudj : PNOD) qui accueillent de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau migrateurs et/ou autochtones, suscite l’objet de recherche pour promouvoir la conservation de ces espèces. Cependant, c’est le cas de Phalacrocorax carbo lucidus (Grand cormoran) une des sept sous-espèces de Phalacrocorax carbo (POWLESLAND & REESE, 1999). C’est une espèce de l’Afrique sub-saharienne. Elle prolifère en Afrique de l’ouest et plus particulièment au Sénégal. Les études spécifiques qui portent sur l’éthologie et la distribution de cette espèce sont limitées au Sénégal. Après plusieurs observations préliminaires au niveau de la grande Niaye de Pikine (Technopôle de Dakar) nous nous sommes intéressés à l’étude de cette espèce.

Présentation et localisation géographique :

Le Technopôle, créé par la loi n°96-36 du 31/12/96, n’a pas manqué d’attirer la population et de donner également à la région toute sa vocation agronomique, économique, avicole et arboricole. Son importance se situe sur les plans économique et écologique. Il approvisionne l’agglomération dakaroise en légumes, fruits, plantes ornementales et poissons. Sa topographie, sa proximité de la nappe et de la mer dont il subit les influences climatiques, sa structure géomorphologique et sa biodiversité font du Technopôle un site écologique particulier. Ces particularités ont rendu cet écosystème très attractif ; il est fortement convoité pour l’habitat et pour les activités humaines, ce qui explique sa vulnérabilité. Cependant, l’urbanisation (les programmes d’habitation cité Fayçal, SCAT Urbam….), d’industrialisation (Technopôle) et d’infrastructures (autoroute à péage, routes, station d’épuration, le golf de Guédiawaye) constituent ses véritables menaces (NDAO, 2012). Le Technopôle (ou la Niaye de Pikine), la plus importante et la plus grande des Niayes de Dakar, se situe au Sénégal dans la presqu’île du Cap-Vert (Figure 1). Il est situé entre 14°54’ et 15°54’ de latitude nord et 17°20’ et 16°60’ de longitude ouest. Il est en plein cœur dans l’agglomération urbaine (FAYE, 2009). Inclus dans la Niaye de Hanne Mariste (voire figure 2), il est limité à l’Est par l’agglomération de Pikine, à l’Ouest par Cambérène, au Nord et au Sud respectivement par le quartier Golf-Nord de Guédiawaye et par l’autoroute.

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Le Climat :

Le Technopôle a un climat favorable. Il constitue un milieu assez original, caractérisé par des dunes et des dépressions souvent inondées par l’affleurement de la nappe phréatique. Inscrite dans la moitié sud de la zone sahélienne, la Niaye de Pikine est caractérisée par l’alternance de deux saisons annuelles : -une saison humide ou pluvieuse, elle est courte et dure généralement trois mois (juillet, août et septembre) ; -une saison sèche qui dure neuf mois (octobre à juin). Les précipitations sont dictées par la présence de la mousson en provenance du sud issue de l’anticyclone de Sainte-Hélène durant l’hivernage. Elles sont peu abondantes et dépassent rarement 500 mm par an (TOURE, 2004). nombre d’entre eux ont perdu aujourd’hui leur envergure et leur importance (TOURE, 2004). L’alimentation en eau de la zone est essentiellement liée, d’une part, à la pluie de l’hivernage (la principale source), et d’autre part, à l’eau de la nappe phréatique des sables quaternaires qui caractérisent ce milieu ; celle-ci à son tour dépend exclusivement de la pluie. Actuellement, les écoulements de surface deviennent de plus en plus rares en raison de la dégradation persistante des conditions climatiques (TOURE, 2004). Certains lacs sont salés d’autres sont douces. En effet, la nappe phréatique (profonde de 30 à 65 mètres) permet une interaction au contact eau salée-eau douce dénommée « biseau salé ». Il traduit l’équilibre entre les eaux souterraines douces se déversant vers l’océan et les eaux océaniques salées s’écoulant vers le continent (DIOUF, 2005).

Les Niayes sont caractérisées par la présence quasi permanente de la nappe phréatique et des sols très humifères. Elaeis guineensis Jacq., espèce typiquement guinéenne est dominante; elle marque la zone de contact entre le bras du système dunaire et la dépression. On note aussi la présence d’autres espèces comme le Cocos nucifera L., la Nympheae lotus L., le Typha australis Schumach. (espèces aquaphiles) et un importante tapis herbacé (voire figure 3) conditionnée par la topographie du milieu (TOURE, 2004 ; NDAO, 2012).

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