COMPLICATIONS POST-OPERATOIRES PRECOCES
DANS LE SERVICE D’UROLOGIE-ANDROLOGIE
Complications liées à l’anesthésie
Complications respiratoires Les anesthésiques dépriment les chémorécepteurs périphériques et les centres respiratoires diminuant ainsi la réponse à l’hypoxie et à l’hypercapnie, réduisent le tonus dilatateur des muscles des voies aériennes supérieures entraînant une obstruction par collapsus et dépriment le réflexe de déglutition [5]. 4 Ils peuvent ainsi engendrer des dépressions respiratoires, des troubles de la déglutition, des obstructions respiratoires et des inhalations [6]. Ces complications sont favorisées entre autres par l’âge avancé, l’obésité, le diabète, l’intoxication tabagique, l’ASA (> stade 2), les interventions de plus de 4h [7] [8]. Le traitement vise à rétablir l’Airway. Il passe par l’aspiration bucco-pharyngée, la ventilation au masque, la réintubation, l’administration d’antidote des curares et l’administration de corticoïdes pour diminuer l’œdème glottique
Complications cardio-vasculaires
L’hypotension artérielle
Elle n’est due qu’à deux facteurs : – la baisse du débit cardiaque (elle-même due à une diminution de la précharge ou à une diminution de la contractilité) – la baisse des résistances vasculaires périphériques liée soit à une hypovolémie absolue par compensation insuffisante des pertes ou relative par effet vasoplégiant résiduel. Traitement : – hypovolémie : remplissage vasculaire – incompétence myocardique : correction d’une ischémie myocardique (trinitrine, diltiazem), agents inotropes (dopamine, dobutamine), voir ballonnet de contre-pulsion. 5 – résistances vasculaires basses (septicémie, vasoplégie pharmacologique ou traumatique, insuffisance hépatique, allergie) : la base du traitement est de restaurer une pression de perfusion avec des vasopresseurs (éphédrine, phényléphrine, dopamine, adrénaline).
. L’Hypertension artérielle (HTA)
L’HTA post-opératoire a pour cause l’hypertension préexistante, la douleur, l’anxiété, le globe vésical, l’hypercapnie, l’hypoxie et les frissons entre autres. Son traitement doit être individualisé. Une hypertension secondaire à la douleur, à un globe vésical ou à une hypercapnie doit être contrôlée en traitant directement la cause. L’HTA préexistante est fréquente, et il est impératif que le patient soit sous traitement antihypertenseur et le reprenne son traitement le plus tôt possible en post-opératoire.
Les troubles du rythme cardiaque Ils sont à type de
: – Tachycardie sinusale : Primitive : arythmie supraventriculaire, fibrillation auriculaire, flutter atriale, tachycardie ventriculaire. Le diagnostic se fait grâce à l’ECG. Secondaire : anémie, hypovolémie, hypercapnie, douleur, anxiété, globe vésical, fièvre, sepsis et hypotension artérielle. 6 La prise en charge passe par le traitement direct de la cause dans le cas des tachycardies secondaires et les anti-arythmiques dans le cas des tachycardies primitives. – Bradycardie sinusale : Primitive : bloc auriculo-ventriculaire du 2ème et du 3ème degré, sick sinus syndrome. Secondaire : hypertension, hypertonie vagale, effet pharmacologique (anticholinestérase, morphinique), sympatholyse (bêtabloquant). Le traitement est celui de la cause nécessitant : atropine, vasopresseur, pacemaker. – Arythmie ventriculaire : Favorisée par l’hypokaliémie, l’hypoxie et les troubles métaboliques. – Ischémie myocardique et infarctus du myocarde. Le diagnostic peut être difficile car la douleur peut être masquée par l’analgésie résiduelle. Le scope peut donner l’alerte, mais c’est l’électrocardiogramme (ECG) post-opératoire qui donne le diagnostic. La confirmation est faite par le dosage de la troponine. Le traitement (héparinothérapie, thrombolyse, antiagrégant) peut être difficile à réaliser en raison de nombreuses contre-indications en post-opératoire.
Complications neurologiques
On distingue : – Le retard de réveil le plus souvent dû à un surdosage absolu ou relatif en anesthésiques en rapport avec : l’approfondissement excessif de l’anesthésie devant des manifestations cardiovasculaires, les interactions médicamenteuses, les désordres métaboliques peropératoires. – Les dysfonctionnements vésicaux : favorisés par l’âge, les antécédents urologiques. Le facteur déterminant est le type d’anesthésie : rachianesthésie et péridurale, du fait de la durée d’action de l’anesthésique locale (bupivacaine++), après rachianesthésie la miction étant la fonction qui récupère le plus tardivement. – L’accident vasculaire cérébral (AVC), favorisé par l’âge avancé, les antécédents d’AVC, l’hypoperfusion, l’embolie, et l’hémorragie. – Le coma (post-anoxique ou métabolique). – Les crises convulsives. – L’agitation post-opératoire qui est une urgence médicale qui peut compromettre le pronostic vital ou fonctionnel ; elle se traduit par : l’hyperactivité motrice spontanée ou réactionnelle, sans cause apparente, qui s’accompagne le plus souvent de confusion mentale. Une douleur, une réplétion vésicale et une dilatation gastrique doivent être recherchées de même qu’une hypoxémie et une hypercapnie.
Complications rénales
L’insuffisance rénale aigue post-opératoire est une complication sévère. 8 Parmi les nombreux facteurs étiologiques citons l’hypovolémie, le sepsis, la défaillance cardiaque, les transfusions massives, l’hémolyse (incompatibilité transfusionnelle) et l’utilisation des médicaments ou produits néphro-toxiques (antibiotiques, antalgiques, produits de contraste iodé).
Complications liées à l’acte chirurgical
Complications infectieuses
Les complications infectieuses sont des infections qui surviennent après un acte chirurgical. Ces infections étant inexistantes avant l’intervention, ni même en incubation préalable. Il existe deux types d’infections post-opératoires : – Les infections du site opératoire (ISO), – Les infections qui surviennent à distance du site opératoire.
Infection du site opératoire
L’ISO figure parmi les causes les plus fréquentes d’infection nosocomiale, y contribuant entre 20-33% et avec une prévalence de 4-12% [11, 12, 13, 14,15]. Une étude effectuée par Farthouat PH. et coll en 2009 au service de chirurgie viscérale de l’Hôpital Principal de Dakar avait montré un incidence de 5,10% d’ISO [16]. En France, l’incidence des ISO est de 2-3% [17]. Elles induisent une morbi-mortalité et un allongement de la durée d’hospitalisation de 7 à 13 jours en moyenne et des coûts de prise en charge multipliés par 2,6 à 3 [18].
1. Complications liées à l’anesthésie |