Complications dermatologiques de la dépigmentation

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PRODUITS DEPIGMENTANT ET GROSSESSE

Lors de la grossesse certaines modifications physiologiques sont notées comme l’augmentation du volume de distribution sanguine à l’origine d’une diminution des taux sérique. Ce qui laisse penser à une diminution Trans placentaire des produits. Par ailleurs la vasodilatation des vaisseaux cutanés et muqueux entraine une meilleure absorption des produits topiques [36]. Par ailleurs il faut noter que certains produits dépigmentant pénètrent la barrière hémato-placentaire : les dermocorticoïdes, le mercure, et hydroquinone.

Dermocorticoïdes et grossesse

Dans la pratique de la DCV, ceux sont les dermocorticoïdes de classe I c’est-à-dire très forte activité qui sont utilisés. Des études ont révélées le risque de survenue de petit poids de naissance en cas d’utilisation de corticoïdes chez les femmes enceintes. Mais il y’a eu beaucoup de controverse sur le risque de survenue de prématurité et sur le score d’APGAR. C’est en ce sens qu’une étude cas-témoin portant sur 2658 femmes exposées aux DC et 72666 témoins a été réalisée et avait objectivé :
– Le poids de naissance des enfants dans le groupe de femmes traitées n’était pas significativement inférieur à ceux des femmes non traitées sauf pour l’utilisation de grandes quantités de DC d’activité forte ou très forte (300 g de crème durant la grossesse entière),
– Le risque de prématurité n’était pas augmenté chez les femmes traitées, de même le risque de mort fœtale était non plus influencé [16].
D’autres études comme celle de Chakiri et al, avait révélé 3 cas de petit poids de naissance, 2 cas de prématurité et 1 cas de rétention d’œuf mort chez 16 femmes enceintes et atteintes de pemphigoide gravide traitées par les DC de classe I à raison de 30 g/jour [15 ;85]. De même au Sénégal, l’étude menée par Mahé et al (2007), en avait retrouvé un plus petit placenta et un petit poids relativement faibe à la naissance pour leurs nourrissons chez les femmes qui utilisaient des DC de classe I [58].

Mercure

Redouté pour sa toxicité, sa vente est interdite dans beaucoup de pays. En dehors de ces complications neurologiques, gastro-intestinales, rénales…, le mercure affecte la fertilité [46]. Chez les femmes, il a été montré qu’il pouvait être à l’origine d’un dysfonctionnement ovulatoire, de pathologies tubaires, d’endométriose et de maladies auto-immunes [98]. Aussi, il traverse aussi la barrière hémato- placentaire et se retrouve aussi dans le lait maternel. C’est au cours du 2ème, 3ème trimestre de la grossesse et jusqu’à 6 mois que le risque est plus élevé chez le fœtus et le nouveau-né [87]. Concernant les hommes, l’étude de Boujbiha et al, en 2009 avait noté une toxicité au niveau des testicules [10]. C’est dans ce sens que l’ONU a placé le mercure parmi les 10 produits chimiques les plus dangereux et la convention de Minamata a été adoptée le 20 février 2009 [22]. Le Sénégal a signé la convention en 2013 et elle est seulement rentrée en vigueur le 16 août 2017 [10]. Cependant, certains produits dépigmentant en contiennent. Seck A (2020) dans son étude au Sénégal avait retrouvé que 7 produits dépigmentant sur huit sélectionnés contenaient du mercure. Les concentrations variaient de l’ordre du non détectable à 572 μg de mercure /kg de solide [84]. De ce fait les femmes enceintes adeptes de la DCV ne sont pas épargnées et exposent en même temps leurs nouveau-nés. Des études ont objectivé des taux élevés de mercure dans le sang, les urinaires et le lait maternel des femmes qui utilisaient des savons contenant du mercure [31]. Ainsi les enfants durant la grossesse comme l’allaitement peuvent être touchés par ces complications. Il augmente les risques de complications lors de la grossesse (tous types confondus : malformations, avortement ou mort in utero…) [31]. Des études ont montré une association significative entre l’exposition à de faibles concentrations de mercure pendant la grossesse [5 ; 31] ou la concentration capillaire de mercure chez les nouveau-nés [88], d’une part et le risque de petit poids de naissance d’autre part [31]. Des complications neurologiques ont été notées chez les nourrissons lors des études réalisées en pré et post-natales chez des femmes enceintes et leurs nourrissons [5]. Au Nigéria, une étude portant sur 60 femmes enceintes dont les 30 utilisaient des produits dépigmentant contenant du mercure et les autres des produits à base d’hydroquinone seul avait montré un taux sérique d’immunoglobulines igM et IgG élévé chez celles dont les produits contenaient du mercure et chez leurs nouveau-nés aussi. Et ceci serait dû à une population polyclonale de lymphocytes B et pourrait entrainer ultérieurement une maladie auto-immune chez les enfants [66]. Par ailleurs des cas d’exposition ont été décrits chez les nourrissons. C’est le cas de l’intoxication d’un enfant de 3 mois dont la mère avait utilisé de tels produits pendant la grossesse et l’allaitement qui a été rapporté selon P. Del Giudice et al, [56]. En France aussi, un cas d’acrodynie chez un enfant de 2 mois et demi dont la mère utilisait une de ces crèmes contenant du mercure avait été rapporté [74]. Aux Etats-Unis d’Amérique un cas d’intoxication au mercure, provenant de la crème dépigmentant stockée dans le réfrigérateur utilisé depuis 4 mois par la mère et la grand-mère, a été décrit chez un nourrisson de 17 mois [69].

Hydroquinone et grossesse

Son utilisation au cours de la grossesse est déconseillée à cause de sa toxicité [11]. Vue sa forte pénétration (35% à 45% absorbé avec passage systémique) [9] et son passage placentaire d’un côté, et de sa toxicité aigüe et chronique, sa prescription chez la femme enceinte est bien encadrée. Seules les prescriptions médicales ou les préparations magistrales sont permises. La FDA (food and drug administration) a interdit la vente de l’hydroquinone à 2% [37]. Toutefois dans certains pays comme le Sénégal, des produits dépigmentant contenant des concentrations élevées jusqu’à 8% d’hydroquinone peuvent toujours se voir. En dehors de sa toxicité, Il est classé mutagène catégorie 3 par l’union européenne. Il induit chez la souris :
• Des aberrations chromosomiques dans la moelle osseuse (75 mg/kg, ip), les spermatocytes et les spermatogonies (40 mg/kg, ip) ;
• Des micronoyaux dans la moelle osseuse (oral, 80 mg/kg, ip), ≥ 20 mg /kg voie sous-cutanée [sc], 50 mg/kg/j, 6 j) ;
• Une hyperploïdie dans la moelle osseuse et les spermatocytes (80 mg/kg, ip) [38].
En 1942, Lapin avait décrit 6 cas de dermatite de contact chez des nourrissons de moins de 3 mois et 1 nouveau-né de 9 jours sur 30 enfants chez qui il était utilisé une huile antiseptique contenant de l’hydroquinone. Cependant il n’y a pas assez d’études sur l’effet mutagène chez l’homme [17].

Dépigmentation en pédiatrie

Moins fréquente que chez l’adulte, la DCV peut être retrouvée chez les enfants. Ce phénomène touche de plus en plus les plus jeunes notamment les adolescents. Par contre, il est plus rare mais pas absent chez les nourrissons. Un cas d’utilisation de corticoïdes par voie injectable chez un nourrisson à partir de 2 semaines pour en faire « un métisse » a été rapporté au Cameroun [89]. Au Burkina Faso les cas de dépigmentation artificielle chez les nourrissons commencent à devenir assez fréquents. Il y’aurait même un groupe sur les réseaux sociaux pour le partage de produits éclaircissant pour enfant [5]. Plus précisément à BOBO-DIOULASSO, des femmes reconnaissent avoir recours à des produits éclaircissants chez leurs enfants. Une parmi elles affirme pratiquer la dépigmentation sur sa fillette de deux ans et six mois. Les produits à base d’hydroquinone sont les plus utilisés par les femmes pour leurs enfants car étant plus accessibles [80].

LE NOUVEAU-N

Généralités

La période néonatale et surtout les 8 premiers jours de vie constituent un moment important dans la vie de l’enfant. La naissance marque en effet le passage de la vie fœtale dépendante de la mère à celle du nouveau-né indépendant. La période de l’adaptation à la vie extra utérine nécessite la mise en place d’un ensemble de modifications surtout cardio-vasculaires, et constitue de ce fait une grande période de vulnérabilité, sensible à toute pathologie congénitale (malformations), acquise pendant la grossesse (fœtopathies) ou l’accouchement (anoxie). D’autre part, la plupart des organes, surtout le cerveau, sont encore en plein développement et donc particulièrement vulnérables à toute perturbation de l’équilibre biologique et nutritionnel. Le nouveau-né est l’appellation donnée à un enfant âgé de 0 à 28 jours (J28). La période néonatale précoce va de 0 à 7 jours de vie (J7), la néonatale tardive de J8 à j28 et période périnatale de 28SA jusqu’à J7 de vie. L’enfant âgé de 28 jours à 24 mois est appelé nourrisson. Tout nouveau-né doit bénéficier d’un examen clinique complet en salle de naissance avant son transfert dans le service des suites de couches avec sa mère . Au moins un autre examen complet est effectué pendant le séjour à la maternité. Au Sénégal le suivi post-natal natal se fait en 3 consultations selon le calendrier suivant : entre J0-J3 ; entre J8-J10 et à J42. Il est effectué en présence de la mère ou des 2 parents, dans une pièce claire, suffisamment chauffée, avant un repas de préférence ou au moment d’un soin, lorsque l’enfant est bien éveillé, et en respectant les règles d’hygiène (lavage des mains, usage d’une sur blouse réservée au nouveau-né et désinfection du matériel).
De grandes variations cliniques sont possibles entre les nouveau-nés et un certain nombre d’anomalies mineures peuvent être décelées.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. RAPPELS : DEPIGMENTATION COSMETIQUE VOLONTAIRE
I.1. Historique
I.2. La pratique
I.3. Les produits dépigmentant
I.3.1. L’hydroquinone
I.3.1.1 Mécanisme d’action
I.3.1.2. Les effets secondaires
I.3.2.3. Les effets indésirables
I.3.2. Les dermocorticoïdes
I.3.2.1. Mécanisme d’action
I.3.2.2. Propriétés pharmacologique
I.3.3. Les dérivés mercuriels
I.3.3.1. Mécanisme d’action
I.3.3.2. Les effets secondaires
I.3.4. Les autres produits dépigmentant
I.3.4.1. Les dépigmentant naturels
I.3.4.2. Le glutathion
I.3.4.4. Les autres produits dépigmentant
II. LES COMPLICATIONS DE LA DCV
II.1. Les complications dermatologiques
II.1.1. Les complications infectieuses
II.2.2. Les troubles pigmentaires et autres
II.1.3. L’acné
II.1.4. Les modifications du caractère sémiologique de certaines dermatoses
II.1.5. Les cancers de la peau
II.2. Les complications générales
II.2.1. Les complications liées à l’utilisation de dermocorticoïdes
II.2.2. Les complications liées à l’utilisation de produits mercuriels
II.2.3. Les complications liées au glutathion
III. LA GROSSESSE
III.1. Définition
III.2. Les modifications dermatologiques
III.2.1. Les modifications pigmentaires
III.2.2. Les modifications vasculaires
III.2.3. Les vergetures
III.2.4. Les modifications muqueuses et phanériennes
III.2.5. Les autres modifications dermatologiques
IV. PRODUITS DEPIGMENTANT ET GROSSESSE
IV.1. Dermocorticoïdes et grossesse
IV.2. Mercure
IV.3. Hydroquinone et grossesse
IV.4. Dépigmentation en pédiatrie
V. LE NOUVEAU-NE
V.1. Généralités
V.2. Les paramètres physiologiques
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE I : NOTRE ETUDE
I. PATIENTS ET METHODES
I.1. Cadre d’étude
I.2. Type d’étude
I.3. Période d’étude
I.4. Population d’étude
I.5. Recueil de données (cf. annexe)
II. METHODE
II.1. Déroulement de l’étude
II.2. Statistiques
II.3. Aspects éthiques
II.4. Aspects financiers
CHAPITRE II : RESULTATS DE L’ETUDE
I. ETUDE DESCRIPTIVE
I.1. Données sociodémographiques
I.2. Enquête cosmétologique
I.3. Examen clinique
I.4. Complications dermatologiques de la dépigmentation
I.5. Données relatives au nouveau-né
II. ETUDE ANALYTIQUE
II.1. Les paramètres des nouveau-nés
II.2. Les paramètres pathologiques
CHAPITRE IV : DISCUSSION ET COMMENTAIRE DES RESULTATS DE NOTRE ETUDE
I. LES CONTRAINTES DE L’ETUDE
II. ENQUETE EPIDEMIOLOGIQUE
III. ENQUETE COSMETOLOGIQUE
IV. LES COMPLICATIONS DERMATOLOGIQUES
V. LES PATHOLOGIES ET COMPLICATIONS ASSOCIEES A LA GROSSESSE
VI. L’EXAMEN DU NOUVEAU-NE
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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