Comparaison des populations de poissons amont/aval du barrage anti-sel

Comparaison des populations de poissons amont/aval du barrage anti-sel

Ethmalosa fimbriata (Bowdich, 1825), figure 6

C’est une espèce estuarienne d’origine marine (Albaret, 1999). Ce genre monospécifique se distingue des autres Clupeidae par l’échancrure médiane dont est pourvue la mâchoire. Le corps plutôt élevé est assez comprimé latéralement. E. fimbriata présente une paupière adipeuse bien développée, une nageoire dorsale munie de 16 à 19 rayons, une anale de 19 à 23 et des ventrales de 8 rayons. 37 à 42 écailles à bord distal lacinié sont disposées le long de la ligne longitudinale avec 16 à 19 et 10 à 13 écussons respectivement pré-pelviens et postpelviens. Elle a une coloration argentée dans l’alcool avec le dos brunâtre ou verdâtre. L’arrière de la partie supérieure de l’opercule est pourvu d’une tâche noire arrondie. La taille maximale observée (TMO) chez E. fimbriata est de 350 mm (longueur standard). Cette espèce est connue des zones côtières, des estuaires et parfois même des cours inférieurs de fleuve, de la Mauritanie à l’Angola. Elle se caractérise par une adaptation extrême aux conditions très variables des eaux saumâtres et côtières de la côte ouest africaine (Charles-Dominique, 1982). E. fimbriata tolère des taux de salinité très élevés y compris au moment de la reproduction. Des individus en maturation ont été observés à des salinités de 60. Elle peut supporter des salinités allant jusqu’à 80 en Casamance (Albaret, 1987). Elle a été retrouvée à des salinités 130 (Laë & Vidy comm. intern.) au niveau de l’estuaire du Saloum. Elle a un régime alimentaire de type planctophage (Bainbridge, 1957 ; Fagade & Olaniyan, 1972), mais celui-ci reste lié aux disponibilités alimentaires du milieu (Lazarro, comm. pers.). La reproduction est étalée dans le temps avec une intensité maximale en saison sèche (Gerlotto, 1979 ; Albaret et al., 2000). La fécondité de cette espèce est plus ou moins variable. Elle est de 150 à 300 ovocytes par gramme de femelle mature (Albaret & Gerlotto, 1976) mais pouvant atteindre environ 500 ovocytes par gramme de femelle mature (Fagade, 1974). La croissance d’E. fimbriata est affecté par les fortes salinités (> 60) qui entrainent sa réduction (Panfili et al., 2004a).

Elops lacerta (Valenciennes, 1846), figure 6

C’est une espèce marine estuarienne dont les écophases juvéniles ont lieu en estuaire. Poisson osseux primitif de la famille des Elopidae, son corps est fusiforme. E. lacerta présente de gros yeux partiellement recouverts par une paupière adipeuse. La bouche, largement fendue est terminale et la mâchoire supérieure dépasse nettement le bord postérieur de l’œil, par contre la mâchoire inférieure est proéminente. Ces deux mâchoires sont séparées 19 par une plaque gulaire osseuse ventrale. Très souvent confondu avec Elops senegalensis, il présente 17 à 19 branchiospines sur la partie inférieure du premier arc branchial et 72 à 83 écailles en ligne latérale, ornées de tubules non ramifiés. Ses flancs sont argentés et brillants ; le dos noir gris et les nageoires toutes pâles sont teintées de jaune et plus ou moins largement bordées de gris sombre. La TMO est de 900 mm (longueur totale). E. lacerta est présent sur les côtes ouest africaines de la Mauritanie à la Namibie. Cette espèce colonise les eaux côtières peu profondes au-dessus des fonds sablo-vaseux. Elle pénètre en eaux saumâtres et dans le cours inférieur des fleuves. E. lacerta est susceptible de supporter des salinités allant de 0 à 110 (Pandaré et al., 1997). E. lacerta est une espèce carnassière à tendance piscivore (Hié Daré, 1980). C’est une espèce à reproduction marine (Albaret, 1987). Sa croissance est généralement rapide en lagune où elle est réprésentée par sa phase immature. Il existe une corrélation positive entre l’âge et la longueur à la fourche d’E. lacerta. (Hié Daré, 1982).

Sarotherodon melanotheron heudelotii (Duméril, 1859), figure 6

S. m. heudelotii appartient à la famille des Cichlidae. C’est une espèce estuarienne stricte (Albaret, 1999). Comme toutes les espèces du genre, elle présente des écailles ventrales ayant presque la même taille que celles des flancs. La papille génitale du mâle est petite. L’os pharyngien inférieur cordiforme est plus long que large ou aussi long que large. Sa partie dentée est plus courte que la partie antérieure. Cette espèce se caractérise particulièrement par la présence en moyenne de 29 écailles en ligne latérale et de 15 à 19 branchiospines sur la partie inférieure du premier arc branchial. La longueur de la tête constitue 33,5 à 37,7% de la longueur standard. S. m. heudelotii présente généralement une coloration bleu-nacré plus foncée vers l’arrière. Les jeunes poissons sont argentés avec des nageoires impaires grisâtres ou transparentes. La TMO pour cette espèce est de 230 mm (longueur standard). Cette espèce a une large répartition. Elle est connue des lagunes et estuaires du Sénégal jusqu’à la Sierra Leone (Freetown). S. m. heudelotii est un incubateur buccopharygien (LoweMcConnell, 1982). S m. heudelotii a une reproduction continue (Albaret, 1987 ; Legendre, 1991 ; Pandaré et al., 1997) et une fréquence de ponte élevée avec une protection poussée des œufs et des larves qui contribuent largement à l’efficacité de sa reproduction (Albaret, 1994). Sa fécondité relative est plus élevée en saison séche qu’en saison des pluies. En enclos d’élevage S m. heudelotii produit des ovocytes plus petits et plus nombreux que dans le milieu naturel (Legendre & Ecoutin, 1989). Cette espèce a un régime alimentaire omnivore (Fagade, 1971). Mais elle peut altérer son régime alimentaire avec les changements des conditions 20 environnementales (Kone & Teugels, 2003). Sa croissance est réduite en environnement hypersalé (au dessus de 60 dans le Saloum (Panfili et al., 2004b)). S. m. heudelotii est une espèce euryhaline qui a été retrouvée à des salinités de 130 (Laë & Vidy, comm. intern.) dans le Saloum. En Casamance elle a été retrouvée à des salinités supérieures à 90 (Albaret, 1987).

Tilapia guineensis (Bleeker in Günther, 1862), figure 6

Tilapia guineensis appartient également à la catégorie des espèces estuariennes strictes (Albaret, 1999). Cette espèce diffère de la précédente par l’os pharyngien inférieur, qui est aussi long que large avec la pointe antérieure plus courte que la partie dentée. Les dents pharyngiennes postérieures sont tricuspides. Elle présente des dents pharyngiennes médianes élargies et des dents externes des mâchoires bicuspides, non spatulées. Elle est pourvue de 29- 30 écailles en ligne latérale et de 8-10 branchiospines sur la partie inférieure du premier arc branchial. La coloration est généralement argentée, passant au blanchâtre sur le ventre et au jaune-vert sur le dos et le dessus de la tête. Elle présente sur les flancs six à huit bandes verticales plus sombres et très peu marquées. La nageoire dorsale est grisâtre et transparente avec une tache « tilapienne » bien marquée. La caudale n’est pas tachetée mais présente une partie supérieure grisâtre et une partie inférieure jaunâtre. La gorge et l’abdomen sont parfois rougeâtres ou noirâtres après conservation. La TMO est chez T. guineensis est de 282 mm (longueur standard). L’espèce est connue des eaux douces et saumâtres du Sénégal jusqu’en Angola. Tout comme S. m. heudelotii, T. guineensis a une reproduction continue (Albaret, 1987 ; Pandaré et al., 1997), une protection poussée des œufs et des larves et une croissance lente (Albaret, 1987). En enclos d’élevage T. guineensis produit plus d’ovocytes mais de tailles plus petites qu’en milieu naturel (Legendre & Ecoutin, 1989) C’est un constructeur de nids (LoweMcConnell, 1982 ; Legendre & Ecoutin, 1989). Son régime alimentaire est omnivore à forte tendance phytophage (Fagade, 1971). T. guineensis est une espèce euryhaline (Albaret, 1999) pouvant supporter des salinités largement supérieures à celle de la mer. Sa présence a été notée à des salinités de 89-91 en Casamance (Albaret, 1987). II.2.5- Hemichromis fasciatus (Peters, 1852), figure 6 C’est une espèce estuarienne d’origine continentale (Albaret, 1999). H. fasciatus est un Cichlidae piscivore très vorace (Fagade & Olaniyan, 1973 ; Adebesi, 1981). Son corps est cylindrique. Elle a une dentition très réduite ainsi que des prémaxillaires extrêmement protractiles, une mâchoire inférieure très proéminente. H. fasciatus dispose en moyenne 29 21 écailles en ligne latérale et 7-8 branchiospines sur la partie inférieure du premier arc branchial. H. fasciatus est pourvu de cinq bandes verticales sombres sur chaque flanc. Le museau présente un profil supérieur droit ou concave. Sa coloration est généralement rouge cuivrée à olivâtre jusqu’au brun foncé sur le dos. La partie inférieure du corps est rouge orangé, plus rose sur le ventre. A la partie supérieure de l’opercule se trouve une grande tache irrégulière noire. La TMO est de 204 mm (longueur satandard). H. fasciatus est largement distribuée dans les eaux douces et saumâtres de l’Afrique, depuis le Sénégal jusqu’à l’Angola (Paugy et al., 2003b). C’est une espèce extrêmement commune en Côte d’Ivoire tant en eau douce qu’en eau saumâtre. H fasciatus est une espèce monogame gardant et protégeant ces œufs et alevins mais ne pratiquant pas l’incubation buccale (Albaret, 1982).

 

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