Comparaison des différents systèmes de production bananière
L’accès à la terre
En comparant les différentes catégories de producteurs nous constatons qu’il existe une haute différenciation entre eux selon les moyens de production dont ils disposent. Contrairement à ce que l’on peut observer dans d’autres régions et secteurs productifs, il apparaît que les petits producteurs sont souvent complètement spécialisés dans la production bananière dans la mesure où toute la surface dont ils disposent est consacrée à la banane. Ainsi, les producteurs qui possèdent de petites superficies de terres consacrent la totalité de leurs terres à la culture de la banane alors que les producteurs propriétaires de plus de terres situées dans différentes zones agro-écologiques disposent d’une activité complémentaire comme c’est le cas par exemple de l’élevage de bétail (voir tableau 76). Les producteurs de type A et B sont ceux qui ont le moins d’accès à la terre et possèdent des superficies de culture inférieures à 10 hectares par opposition à ceux des types E, D et F qui concentrent les plus grandes superficies cultivées, plus de 25 fois supérieures à celle d’un paysan bananier. Le développement des autres productions varie également. De cette manière seuls les grands producteurs Categorie de producteur Surface de l’exploitation destinée à banane (ha) Surface de l’exploitation destinée aux autres cultures et élévages (ha) producteurs journaliers qui ont peu de superficies consacrées à la banane < de 5 0 producteurs patronaux possédant de petites plantations de banane entre 5 à 10 0 producteurs patronaux propriétaires de bananeraies de superficies moyennes entre 10 à 20 0 producteurs patronaux propriétaires d’exploitations de grande superficie entre 20 à 50 entre 10 à 50 producteurs capitalistes propriétaires de plantations bananières de grande superficie entre 50 à 200 entre 30 à 150 producteurs capitalistes exportateurs propriétaires de grandes superficies bananières ou de multipropriété Plus de 200 indeterminé Comparaison des différents systèmes de production bananière 316 (type D, E et F) possèdent des superficies destinées à d’autres activités agricoles ou liées à l’élevage (pâturages). Les surfaces consacrées à l’élevage bovins sont en général peu propices à la banane, plus accidentées, non irrigables, ou éloignées des voies de communications. Le niveau de capitalisation varie selon le type de producteur, avec des producteurs à faible niveau et des producteurs à haut niveau de capitalisation. Dans tous les cas la banane est la principale activité exercée par les types de producteurs (voir tableau 76). Par ailleurs, ces différentes catégories de producteurs font face à des environnements socio-économique et agro-écologique divers. Ainsi les producteurs propriétaires des plus petites superficies font face à une instabilité ou à un manque de quotas de commercialisation de la part d’une entreprise agroexportatrice alors que ceux qui possèdent le plus de terre n’ont aucune difficulté à placer leur production auprès des entreprises exportatrices nationales ou multinationales. L’accès aux ressources hydrologiques est également différent pour chaque catégorie de producteurs (voir tableau 77). De cette manière les producteurs disposant du plus grand capital ont la capacité pour accéder à l’irrigation en creusant des puits profonds ou en construisant des barrages alors que les producteurs moins importants ont pour la plupart des limitations ou des problèmes pour accéder à l’eau car ils n’ont pas le capital suffisant pour effectuer des forages ou construire des barrages. En outre l’accès et la valeur de la terre est très liée à l’irrigation. Ainsi acquérir des parcelles qui bénéficient de plus de possibilités d’accès à l’irrigation dépendra du capital d’un producteur pour se porter acquéreur de nouvelles terres. Cela signifie qu’acheter de nouvelles terres avec un meilleur accès à l’eau coûte plus cher (voir tableau 77).
Le niveau d’investissement
Le niveau de capitalisation dépendra de chaque catégorie de producteurs. Il est ainsi possible de trouver des producteurs avec une seule exploitation et généralement un faible niveau de capital. Par contre il existe des producteurs qui possèdent plus de deux exploitations, chacune avec un haut niveau de capital (voir tableau 78).
Gestion de la main d’œuvre
L’activité bananière a besoin d’une série de labeurs agricoles spécifiques pour obtenir un produit de qualité d’exportation. Ces tâches peuvent se regrouper en production ou champ, récolte ou emballage et administration ou gestion. Ainsi la plupart des catégories de producteurs utilisent leur main d’œuvre pour la production bananière de leur propre exploitation. Cependant il existe des cas où la main d’œuvre familiale est ponctuellement envoyée travailler dans d’autres exploitations comme c’est par exemple le cas pour le producteur salarié propriétaire de petites superficies de terres (type A) En ce qui concerne l’affectation de la main d’œuvre familiale à l’exploitation, son utilisation dépend de la catégorie à laquelle appartient le producteur. Les producteurs de Type A et B destinent la plupart de leur main d’œuvre familiale aux travaux des champs et assez peu pour les activités liées à la récolte en comparaison avec ceux de type C et D, tandis que le type E et F destinent la totalité du travail de la main d’œuvre familiale à des activités liées à l’administration de l’exploitation (voir tableau 79) De cette manière les petits paysans (types A et B) utilisent plus des ¾ de leur temps pour la production. Les producteurs (types C et D) destinent plus de la moitié de leur temps à des tâches liées à la gestion de l’exploitation et seulement un quart pour des activités liées à la récolte du fruit. Les producteurs (type E et F) consacrent tout leur temps à l’administration de l’exploitation ou de leurs entreprises (voit tableau 79). Tous les autres travaux sont effectués par des salariés.
Rendements et destination de la production
Les producteurs se différencient entre eux selon : (i) la quantité de fruit expédiée chaque semaine, (ii) le nombre de jours de la semaine consacré à la récolte, (iii) l’accès à un quota auprès d’une compagnie de commercialisation et (iv) le type de fruit commercialisé. Ces caractéristiques sont déterminantes quant au niveau du revenu de chaque système de production La quantité de fruit produite et le nombre de jours consacrés à la récolte sont liés au rendement. Ces rendements varient selon la qualité du sol, les techniques utilisées, l’utilisation d’intrants et la présence d’irrigation. De cette manière les Type de producteur Surface total (ha) Besoins de main d’œuvre (UTH/ha) travailleurs total estimation Type A 4562 entre 1,1 et 1,2 entre 5474 et 6387 Type B 9872 entre 0,9 et 1,0 entre 8884 et 9872 Type C 17769 0,75 et 0,85 entre 13327 et 15100 Type D 38700 entre 0,7 et 0,75 entre 27090 et 29095 Type E 59514 entre 0,65 et 0,7 entre 38684 et 41660 Type F 30084 entre 0,55 et 0,6 entre 16546 et 18050 entre 55230 et 59710 entre 54775 et 60454 322 producteurs qui n’ont pas accès à l’irrigation (type A, B et C) obtiennent les rendements les plus faibles contrairement aux producteurs qui possèdent un accès à l’irrigation (type D et E) qui ont les meilleurs rendements (voir tableau 82). La vente du fruit à une compagnie commercialisatrice dépend de l’attribution d’un quota. De cette manière les producteurs qui possèdent un quota direct avec une compagnie obtiennent un prix supérieur à ceux qui n’en possèdent pas. Les volumes commercialisés influent également sur l’obtention d’un meilleur prix. Par conséquent les producteurs ayant de grandes superficies de culture et des volumes importants ont un meilleur prix que les producteurs ayant de petites superficies. La destination de la production124 varie également selon les types de producteurs. Les producteurs moyens et grands commercialisent les trois types de qualité de fruits alors que les producteurs avec de plus petites exploitations ne vendent que deux voire une qualité de fruit. Tel est le cas des petits producteurs qui destinent toute leur production à des caisses de qualité inférieure.