Communication ou de l’organisation scolaire

Communication ou de l’organisation scolaire

Retour sur les résultats 

Les changements mis en avant Si l’on synthétise les résultats obtenus dans le cadre du questionnaire en ligne et lors des entretiens en établissement, nous observons des visions à la fois communes et différentes selon les catégories d’utilisateurs. Ces différences dépendent en grande partie de leurs cultures de référence, de leurs pratiques professionnelles et de leur rôle au sein de l’établissement.

En parlant de l’ENT, chaque utilisateur pense savoir de quoi il retourne, mais dans les faits chacun y projette ses propres représentations du changement. En conséquence, l’ENT constitue un lieu d’articulation de différentes représentations qui peut fortement différer selon les acteurs comme nous l’avons montré (cf partie 4)

Alors qu’il est censé apporter une cohérence dans l’utilisation des outils numériques pour l’ensemble des membres de la communauté éducative (élèves, enseignants, personnels administratifs, parents), l’ENT est souvent perçu comme un outil s’ajoutant aux autres (double emploi). Pour l’essentiel, les enseignants utilisent l’ENT comme un outil d’enrichissement de leur enseignement en présentiel, sans réelle continuité pédagogique « hors des murs ».

Les vrais enjeux d’une plateforme d’enseignement accessible à distance permettant d’« étendre l’école » sont peu perçus, ou seulement de manière indirecte voire confuse (Genevois, Poyet, 2010). Ce constat semble donc limiter la portée des changements pédagogiques introduits par l’ENT, les enseignants ne l’adoptant pas comme un environnement par défaut mais comme un outil de plus. Nous observons un retard relatif des usages pédagogiques,

l’ENT étant pour l’essentiel mis au service de la communication ou de l’organisation scolaire, mais finalement assez peu encore au service des apprentissages. « La question, c’est l’évolution de la stratégie pédagogique des enseignants ». Il convient cependant de nuancer ce constat en ce qui concerne une part non négligeable d’enseignants qui utilisent quotidiennement l’ENT avec leurs élèves et cherchent à diversifier leurs méthodes et leurs activités pédagogiques avec cet outil.

Les finalités assignées à l’usage d’un ENT sont perçues comme déterminantes : la question centrale, c’est à quoi sert un ENT ? « Le cœur de l’ENT, c’est la pédagogie : en quoi cela me sert avec les élèves pour les faire avancer ? En quoi cela me sert dans mon métier d’enseignant ? » Les réponses divergent en fonction des acteurs interrogés.

Pour les chefs d’établissement, la finalité première est d’améliorer la communication interne et externe à l’établissement et d’ouvrir l’école sur l’extérieur, notamment sur les parents. Pour les enseignants se dégage un sentiment mêlé d’enthousiasme (potentiel de changement et 34 d’amélioration de leurs pratiques) et de méfiance (peur de ne pas arriver à répondre à toutes les sollicitations nouvelles des parents et des élèves).

Ainsi l’ENT semble faire rejouer une partie des tensions qui traversent aujourd’hui l’Ecole, en particulier sur les questions de co éducation. C’est particulièrement saillant en ce qui concerne la mise en ligne des notes et du cahier de textes numérique. Les enseignants s’efforcent de saisir au fur et à mesure les notes et les devoirs afin de répondre à la demande institutionnelle et de permettre aux parents un meilleur suivi de leurs enfants.

Les parents et les élèves, qui se sont bien approprié ces outils pour une régulation du travail à faire au domicile, commencent à demander un meilleur service, par exemple des statistiques montrant l’évolution de leurs résultats, l’affichage des coefficients, une plus grande réactivité des enseignants dans la mise en ligne… Ces services numériques offerts par l’ENT vont donc dans le sens d’une certaine autonomisation des élèves.

Mais cela est susceptible d’accroître la pression sur les notes. De fait, cela augmente la perception de contrôle sur les enseignants qui considèrent cette mise en ligne comme une contrainte, une pression supplémentaire pour remplir immédiatement les notes et une trace informatique qui leur enlève toute souplesse de réguler ces notes (choix d’en supprimer ou de les arrondir pour la moyenne finale) en fonction d’autres critères (participation en classe, comportement…) qui ne peuvent se limiter à une donnée arithmétique.

Au-delà de la perception de compétence et de reconnaissance (Hamon, 2013) qui favoriserait la mobilisation des acteurs vers de nouveaux usages, nous observons une perception de faible contrôlabilité (R Viau, 2009). L’ENT est perçu comme un instrument « qui risque de se retourner contre », avec les conséquences négatives mises en avant : « les gamins malins prennent pour excuse de Celi@ pour ne plus noter leur travail sur leur agenda, là y’a rien à faire, le parent ne pense pas qu’il y a des devoirs, l’outil est donc détourné ».

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