Communication documentaire et communication journalistique

Communication documentaire et communication journalistique

Ce deuxième chapitre nous permet de nous intéresser à la sélection et au potentiel de recyclage des images. Les journalistes emploient un matériau diversifié. Celui-ci sera traité, ou non, par le service de documentation. Pour qu’une séquence d’images serve à nouveau, il faut évidemment la retrouver et, même, retrouver celle-ci plutôt qu’une autre. Ce potentiel de réutilisation est, alors, fonction des critères de sélection définissant le traitement qui sera effectué. Ce chapitre pose donc la question de l’existence de normes ou conformités auxquelles devrait correspondre une séquence d’images archivées afin de prétendre à un retour sur nos écrans. Les archivistes de télévision ont tous été confrontés un jour à une demande urgente d’images concernant le personnage le plus obscur qui soit ou l’événement le plus anodin possible, à la suite de l’émergence soudaine dans l’actualité du personnage ou de l’événement en question. Ces demandes ne sont pas prévisibles et il est donc souhaitable de tout garder afin de pouvoir y répondre le cas échéant. Evidemment, la thèse en faveur de la conservation systématique ne tient pas compte du facteur coût, tant financier qu’humain, pour le stockage, le traitement et la recherche du matériel. Elle ne tient pas compte, non plus, de la richesse de significations que peut revêtir une séquence d’images sortie de son contexte original et dont une analyse, même minutieuse, n’aura pas prévu l’indexation. Sans une indexation efficace, une conservation systématique ne prémunit pas contre des silences documentaires. Ce chapitre, consacré à l’étude des pratiques documentaires des documentalistes des journaux télévisés, permettra de révéler les interactions entre la construction du journal télévisé et son traitement documentaire.

Si les documents subissent déjà de nombreuses sélections avant même d’être traités par le service de documentation, le traitement documentaire est l’étape sine qua non pour qu’une séquence d’images devienne archive(s) et susceptible de réutilisations. Comme le souligne Catherine Saracco au sujet des archives audiovisuelles : « l’objet de mémoire est moins un écho Monté et mixé, le reportage est diffusé, via la régie, sur les ondes hertziennes et sur les réseaux de transmissions numériques. À l’époque de la constitution de notre corpus, la rédaction nationale du Six’ produisait, traitait et diffusait en analogique. Depuis 2006, la rédaction est entièrement numérisée, ce qui signifie, en théorie, une tendance à aller vers le « zéro cassette ». Cependant, que le matériel soit analogique ou numérique, les étapes de fabrication diffèrent peu ; la réalisation d’un sujet de journal télévisé correspond à une succession de choix et de sélections d’informations, dans un volume très important d’images et d’informations. Actuellement, aucune chaîne nationale n’a la capacité technique nécessaire pour stocker, sur des serveurs, toutes les images qu’elle exploite et qu’elle reçoit. Les vidéos étant très demandeuses d’espace disque, les services de documentation procèdent nécessairement à une sélection dont la première étape est celle de la collecte du matériel avant que celui-ci ne soit effacé. Depuis 2006, les matériaux issus de la rédaction : éditions, rushes, banques d’images internationales, sont gérés au niveau du serveur de production, Unity, qui est purgé « archives courantes », « archives intermédiaires » et « archives archivées » pour définir le cycle de vie des archives. Comme le précise Marcel Caya : « Pérotin exhortait d’abord les archivistes à s’intéresser au contexte de production des documents avant leur versement aux archives pour mieux en contrôler l’évaluation ». CAYA, Marcel. « La théorie des trois âges en archivistique. En avons-nous toujours besoin ? ». En ligne : <http://elec.enc.sorbonne.fr/document72.html>, consulté en juin 2008.

enfin, un autre serveur, le Deep archive, de capacité en théorie illimitée, devrait entrer en fonction à la fin 2008 et servira au stockage des « archives archivées ». Une étude, menée lors du projet de numérisation des archives de M6 en 2005, évalue le volume horaire quotidien conservé pour la rédaction à 162 minutes par jour. Il comprend les rushes (100 minutes), les éditions du 12:50 et du Six’ (11 minutes chacune), ainsi que les envois des « agences internationales » (40 minutes). Ces 2h32 correspondent déjà à une sélection rigoureuse en comparaison des nombreux bulletins des agences259. En outre, nous ne pouvons analyser le système documentaire appliqué au journal télévisé sans rappeler qu’il doit être en cohérence avec le traitement effectué sur d’autres programmes, à travers le même outil et par la même équipe. La rédaction est le premier service de M6 tout numérique. Le matériel «global » traité, chaque jour, par le service de documentation est bien plus diversifié, tant dans ses sujets que dans ses formats, car les autres programmes utilisent encore le support cassette. La même enquête précise que ce matériel global sélectionné quotidiennement par le service de documentation de M6 est estimé à près de huit heures (7h55). Preuve que ces services d’archives doivent gérer différents supports, l’une des tâches demandées dans une annonce de stage pour le service sportif de TF1, en mai 2008, est, à ce sujet, un bon exemple : « Participation à l’ensemble des tâches de la gestion de la vidéothèque : récupération des supports cassettes dans les différents centres d’acquisition .

 

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