Communautés et populations clé , L’engagement
communautaire
L’encouragement à l’engagement communautaire fait partie des lignes directrices d’ONUSIDA depuis sa naissance. C’est une vérité technique devenue médicale que toute politique de prévention et de soins efficace doit être relayée par la société civile ou relayer les initiatives de la société civile. Cette dernière apparaît comme le promoteur de tous ces droits dont l’acquisition se traduira par l’émancipation. « L’action collective pour la justice sociale a été le moteur de la riposte au sida au cours des 30 dernières années. Le rôle prépondérant des personnes vivant avec le VIH et touchées par le VIH a révélé le pouvoir de la société civile en matière d’organisation et d’impulsion du changement. » Les premiers acteurs occidentaux issus de la société civile engagés dans la lutte contre le VIH/sida dans le monde ont été des médecins, mais pas n’importe quels médecins : il s’est agi de l’organisation américaine de médecins homosexuels. Ils ont été, parmi le corps médical, les premiers à traiter des patients en même temps que les premiers à fournir les caractéristiques sociologiques de ce qu’était l’épidémie locale avant 1983. Ils ont agi en tant que médecins et en tant que membres d’une communauté. Dans les pays du Nord, les homosexuels et leurs organisations ont été le fer de lance de la mobilisation contre le VIH/sida. « Dans la plupart des pays occidentaux, un lien étroit existe entre les mouvements homosexuels et les mobilisations collectives contre le sida. En effet, les premières organisations de lutte contre la maladie ont presque partout été créées par des homosexuels masculins souvent précédemment engagés dans une forme ou une autre de militantisme. » Cet engagement des populations les plus touchées, une constante dans les pays du Nord, ne se vérifie que rarement au Chili, où des communautés anomiques s’en remettent aux institutions et à des acteurs charismatiques pour mettre en place ce qu’il faut bien appeler un entre soi plutôt qu’un engagement communautaire. En matière de VIH, en dehors des quelques visages médiatiques, la norme qui prévaut est celle de l’invisibilité. Le segment LGBTI de l’épidémie chilienne, ultra majoritaire parmi les porteurs et malades du VIH/sida, agit comme le font ailleurs les segments minoritaires souffrant de plus d’un facteur de discrimination. Ainsi, aux États Unis, les haïtiens se sont très faiblement mobilisés, et un autre groupe, celui des toxicomanes, a laissé la société civile et le corps médical s’organiser à sa place sur un mode caritatif. Un dernier groupe, éphémère, s’est constitué sur le modèle préexistant des Associations d’Hémophiles : il s’agit des mouvements de transfusés. En France, cette mobilisation-là a pris fin avec l’indemnisation des contaminés à hauteur de deux millions de francs. Toujours en France, les organisations de porteurs du VIH immigrés sans papiers, presque inexistantes, se sont appuyées sur une mobilisation de l’extrême gauche LGBTI pour obtenir l’accès aux traitements. Dans ce registre, il est à noter que la mobilisation de la paroisse italienne de Santiago est un cas rare de mobilisation du monde religieux. Les Légionnaires de Dieu chiliens ne pourvoient pas des soins aux porteurs étrangers en situation illégale, mais ils les orientent vers les hôpitaux du service publique où ils reçoivent des soins et des traitements en dépit de la loi. Ce qui est privilégié par les segments minoritaires et discriminés de l’épidémie, comme par les segments majoritaires, c’est l’invisibilité. Sur le plan historique, il apparaît assez clairement qu’après une émergence lente et limitée à certains pays africains, l’épidémie a touché majoritairement des populations ayant les moyens de voyager et des habitudes sexuelles qui supposaient une multiplicité des partenaires et une vulnérabilité accrue aux fluides corporels. Les homosexuels ont été les premières victimes occidentales de ce fléau et ils se sont comptés parmi ses cibles préférentielles jusqu’à la féminisation de l’épidémie. Ce segment spécifique de la population occidentale était organisé depuis les années 60 du vingtième siècle autour de mouvements, souvent liés à l’extrême gauche, dont les revendications couvraient des questions politiques et sociales. Cela explique peut-être pourquoi, dans les pays du Nord, les mouvements homosexuels se sont mobilisés, produisant des campagnes de prévention et des sommes de connaissance qui ont rapidement dépassé les frontières de leur communauté. L’ouverture à des questions politiques et économiques d’intérêt collectif et non spécifiquement communautaire aurait alors constitué une habileté qu’il était facile de mobiliser sur un mode solidaire en direction d’autres communautés216. La question de l’engagement collectif propre au VIH au Chili mérite des considérations depuis les lignes directrices telles qu’elles ont été définies dans le premier paragraphe de ce chapitre, sans que soit omise la communauté de traits des populations concernées propres à notre terrain. En résumé, touchant pour l’essentiel une population homo-bisexuelle, comme ce fut le cas en France au début de l’épidémie, les organisations chiliennes issues de ce segment hautement vulnérable auraient pu s’engager dans la lutte pour les droits des patients, mais aussi dans la prévention de la transmission du VIH/sida. Or, ce n’est pas tout-à-fait ce à quoi on assiste.Aujourd’hui, les femmes représentent plus de 50% des cas dans le monde, et le Chili, avec plus de 60% d’homo-bisexuels parmi les porteurs et malades, représente désormais une exception statistique. Pour analyser la mobilisation de la société chilienne, nous devrons donc nous pencher sur plusieurs types de mouvements sociaux issus du monde LGBT. Si la situation correspondait au modèle occidental de mouvements sociaux liés au VIH, les HSH devraient être à l’initiative d’une mobilisation d’autant plus agressive que la réponse institutionnelle à l’épidémie a longtemps été déficitaire ou nulle, mais ils se sont le plus souvent contentés d’une position de « free rider217 ». Si l’on assiste bien à une progression croissante des exigences égalitaires —jamais à des exigences spécifiques— de la part des représentants du monde HSH, et c’est là le nœud de notre problème, aucune ne concerne des questions qui pourraient ajouter un vecteur de discrimination à ceux qui flagellent « normalement » leur communauté : les homo-bisexuels chiliens, de mieux en mieux tolérés par la société, gagnant en visibilité et en droits et organisés autour de questions légales, ne se mobilisent que marginalement contre le VIH. Du point de vue de l’approche comparative, nous devons signaler que les deux principales organisations issues de la société civile française qui se sont emparées du sujet sont AIDES et ACT-UP, et que leurs nouvelles caractéristiques —une ouverture sur l’ensemble de la société dont les nouvelles populations vulnérables— sont imposées par les caractéristiques de l’épidémie telle qu’elle se présente désormais en France. En d’autres termes, les organisations françaises issues du monde homo-bisexuel se sont naturellement adaptées à une maladie qui ressemblait fort, en son début, à un problème strictement communautaire.
La question communautaire
Au Chili, si ce sont bien des homosexuels qui ont mené les premières actions publiques concernant le VIH, trois des cinq principales organisations LGBT refusent l’engagement collectif pour une cause dont ils considèrent qu’elle est une priorité nationale concernant l’ensemble de la société et non celle d’une 139 minorité. Deux d’entre elles refusent même de concevoir les homosexuels comme une communauté. La question vaut d’être posée, car il n’est pas évident que tous les homosexuels mettent en pratique une même définition de la sexualité, et il n’est pas plus évident qu’une même sexualité suffise à définir une communauté partageant des traits culturels et sociaux. Il n’est donc pas évident que l’orientation sexuelle soit un point commun assez contondant pour justifier une communauté d’intérêts dans des pays qui, ayant dépénalisé l’homosexualité et ayant promu des chartes de droits, ont réduit la part de ces derniers qui pouvait donner lieu à la constitution d’arènes et de plateformes telles que les conçoit la sociologie des mouvements sociaux. Une arène commune est une caractéristique assez saillante pour définir cette frontière eux/nous218 qui serait constitutive d’une communauté. Pourtant, la réalité même de cette « communauté » n’apparaît pas plus cohérente aux militants Chiliens qu’elle n’apparaît à certains militants Français. « Des appels à la constitution d’une « communauté homosexuelle » continuent à l’occasion d’être lancés, montrant le caractère indéfiniment ambivalent de cette notion, entre réalité et projection, comme s’il s’agissait d’une organisation sociale ou collective non objectivée des homosexuels, de l’inconscient du peuple homosexuel. Une « communauté homosexuelle » latente, en somme219. » L’homosexualité masculine telle qu’elle est pratiquée dans les pays occidentaux, dont le Chili, implique le plus souvent des relations sexuelles anales ou orales entre hommes, et seulement de manière occasionnelle l’affirmation de certaines différences vestimentaires, sociales, culturelles, etc, mais cela dans une grande diversité au demeurant. Le « clone », homosexuel jouant sur ces stéréotypes de la masculinité que sont le système pileux et la musculature, est clairement différent de la « folle », jouant plutôt sur des stéréotypes de la féminité. Des questions se posent sur la cohérence de la communauté HSH chilienne : faut-il en assumer la malléabilité jusqu’au concept confus de communauté de communautés où seul prédominerait l’éloignement par rapport à la norme hétérosexuelle dominante ? Faut-il dès lors considérer les transsexuelles comme un segment du monde Queer sans respecter un choix dont le succès repose sur la négation d’une masculinité forcément révolue ? Il est politiquement correct et recommandé de désigner les gens par le genre qu’ils se sont choisi plutôt que par celui de leur naissance, puisque le genre adopté permet le plus souvent d’assumer des relations devenues en quelque sorte hétérosexuelles. Nous avons néanmoins vu sur le terrain que, malgré les appels à la normalisation, les transsexuelles se considèrent le plus souvent comme des homosexuels. Janyce : « … je te raconte même pas mon allure : ceinture serrée, des talons hauts comme ça. N’importe qui pouvait voir que j’étais un pédé. (…) Ils savent que je suis un pédé passif… » Si la cohérence de la notion de communauté se pose de manière aussi aigüe, comment ne pas interroger la multiplicité de ses représentants. En approchant les diverses organisations qui ont émergé après la fin de la dictature, nous avons pu avoir un aperçu de ce qui les rassemble et de ce qui les divise, et ce qui surgit au détour d’un entretien, c’est encore un questionnement de la notion de communauté. Ramón Jiménez (MOVIHL) : « Nous avons une position critique en ce qui concerne les différences entre le MOVIHL et IGUALES. Sur un plan général, je dirais qu’il n’y en a pas. Tous comme il n’existe pas de différence fondamentale entre différents groupes de défense des droits de indigènes ou des travailleurs. La question devrait plutôt interroger les raisons pour lesquelles émerge un nouveau groupe, alors qu’il en existait déjà. Je crois que les gens d’IGUALES sont mieux placés pour identifier nos différences. S’il fallait absolument nous distinguer, je crois qu’il faudrait se référer à notre manière de définir les diversités sexuelles. Pour IGUALES, la diversité sexuelle est une communauté, alors que nous ne voyons pas les homosexuels comme une communauté220. » S’il faut s’inscrire dans une opposition ou dans une démarche défensive pour « faire communauté », la dissolution des conflits dans des réformes légales égalitaires participerait plutôt de l’inclusion dans la population générale. La sexualité plus ou moins différente ne serait pas un attribut suffisant, à moins de valider la constitution d’autres communautés sur cette base, comme les consommateurs de sexe commercial, les libertins, les personnes qui préfèrent le sexe oral à la pénétration… Cela dépend donc des circonstances et peut confiner parfois à l’absurdité. La question de l’identité homosexuelle est donc assez confuse pour que, comme c’est le cas au Chili, il ne soit pas incohérent que les organisations LGBT accordent plus d’importance à l’appartenance sociale et aux orientations politiques qu’à des problématiques communes. On y est d’abord libéral ou d’abord catholique, et ensuite, seulement à l’heure de lutter pour une définition de l’égalité qui vise l’indifférenciation, homosexuel. La question de l’identité pourrait être réglée à travers les caractéristiques économiques qui constituent un segment du marché. Après tout, il y a bien une consommation propre à certains hommes homo-bisexuels, dont une littérature, un cinéma, une musique, des lieux et des modes de rencontre restreints à certains quartiers. Il y a également des habitudes comportementales qui, prenant toujours leur essor aux États-Unis, se diffusent ensuite à travers le monde occidental. Pourtant, il est une distinction de taille entre ces deux domaines : le marché n’est plus florissant. Pour s’en convaincre, il suffit de constater la disparition des rayons spécialisés dans les librairies de Santiago et la progression de la dissimilarité dans les quartiers autrefois réservés. Le quartier de Bellavista, à Santiago, a progressivement cessé d’être un lieu dévolu à la distraction et aux rencontres de la communauté LGBT pour devenir un lieu dévolu à la distraction de la jeunesse. Les seuls lieux strictement HSH qui demeurent à Santiago sont les saunas et les back-rooms de certains bars, c’est-à-dire des lieux strictement dévolus à la sexualité et aux rencontres éphémères. L’acronyme LGBT, désignant aussi bien des femmes que des hommes, fait d’une sexualité qui se veut différente et affichée le vecteur communautaire. David Halperin, professeur d’histoire de la sexualité à Harvard réfute cette communauté de traits et restreint la définition d’une communauté à un segment du monde gai. Ce dernier serait à l’image de l’homosexuel d’une époque où la communauté, processus collectif, n’existait pas encore : la sexualité homosexuelle était clandestine. La communauté homosexuelle aurait émergé dans le contexte d’un combat politique pour la reconnaissance d’une spécificité et la dépénalisation des pratiques sexuelles entre les années 60 et les années 70. Qu’y a-t-il donc de collectif dans le monde homosexuel pour que l’on puisse reconnaître le caractère communautaire de ses traits ? Dans Ce que veulent le gais, Halpérin est clair, et ses propos sont repris dans le livre de Gabriel Girard222. Les homosexuels veulent « qu’on leur mette une bite dans le cul est qu’on leur éjacule dans la bouche ». La question a également fait l’objet d’une campagne explicite, images à l’appui, dans la presse spécialisée française sous l’impulsion d’ACT-UP223. Dans un deuxième opus non traduit en français : How to be gay, le professeur américain fait une liste de comédies musicales romantiques et de livres à couverture rose qui seraient autant de marqueurs communautaires. Le livre manque de fondement, mais la critique publiée par Philip Hencsher225 nous fournit une perception moins caricaturale de la question.
Survol des mouvements sociaux chiliens théoriquement concernés par la question du VIH
Las Yeguas del Apocalipsis
Les deuxièmes militants chiliens du VIH, de sa prévention et des droits des patients étaient un couple. Ils constituent sans doute le mouvement social le plus original de lutte contre le VIH qui se soit développé au Chili. Ils se sont inscrits, presque à leur insu, dans ce que Jacques Ion, Spyros Franguidakis et 153 Pascal Viot ont appélé l’engagement-spectacle et l’interpellaltion directe239. Ils ont occupé l’espace public, au sens propre du terme, dès les dernières années de la dictature. Il s’agissait de deux homosexuels, baptisés « juments de l’apocalypse », dont les actions étaient des happenings qui profitaient de la notoriété des évènements auxquels ils s’invitaient. Leur première performance, intitulée « drapeau en berne240 » en l’honneur des victimes du sida, mais aussi pour signifier la fin proche de la dictature, a eu lieu pendant le salon du livre de Santiago en 1987. La notoriété de Pedro Lemebel et Pancho Casas aidant, le répertoire d’action d’un collectif qui s’est progressivement voulu créatif mais toujours militant s’est élargi, intégrant des références issues du patrimoine artistique. Il est à noter que leur intervention intempestive, postérieurement baptisée « qu’est-ce qui vous fait donc rire, Monsieur le Président ? » a provoqué un silence gêné et même des critiques au sein de la Concertation, coalition de gouvernement dite de centre gauche, en 1989. La dernière véritable apparition publique des « juments de l’apocalypse » a eu lieu en 1994241. Pendant toute cette période, les interventions se sont multipliées. Au moment de notre dernier terrain (2015), Pedro Lemebel était décédé d’un cancer, aussi notre référence est-elle Pancho. Ce dernier manie beaucoup moins bien les concepts et le langage que son camarade, mais ses imprécisions font ressortir des contradictions qui sont révélatrices d’une empreinte. « Nous avons créé un duo provocateur, dont le nom à lui seul a irrité dans un milieu caractérisé par le conformisme et la complicité avec la répression de l’État. Nous avons dénoncé l’hypocrisie et les petits arrangements avec la dictature. Avant le retour à la démocratie, nous étions les pédés qui disaient ce que d’autres ne pouvaient pas dire242. » Même si le VIH/sida a été le thème central de leur première intervention, les diverses manifestations de ce collectif artistique ont le plus souvent eu pour objet la situation politique du pays et la solidarité avec les peuples soumis à d’autres dictatures. La situation liée à une pathologie qui ne concernait encore qu’une petite minorité de personnes était croisée avec celle, plus générale et consensuelle, des Droits de l’Homme. Pour autant, au début, « les juments de l’apocalypse » ne trouvaient une véritable sympathie que dans les secteurs les plus marginaux et radicaux de la gauche. Il se dit que leur rencontre a eu lieu dans une librairie ou Lemebel vendait des cartes postales de la révolution cubaine. « Nous croisions les Droits de l’Homme avec l’homosexualité, parce qu’en ce temps-là, ce qui était prédominant était la boucherie humaine que vivait notre pays. Le contenu homosexuel venait après. Ce qui prévalait, c’était l’engagement social auprès des plus désemparés. L’engagement avec les homosexuels venait après. » Cette perspective transversale restait étroitement liée aux circonstances vécues par un pays soumis à une dictature, où tous les sujets qui concernaient les Droits de l’Homme pouvaient être abordés par les mêmes personnes avec un même répertoire d’action. Concernant ce dernier, il est une performance des “Juments” dont la radicalité est remarquable et ne trouve d’équivalent que dans les pays d’extrême Orient. La présentation appelée “cueca sola”, du nom d’une danse folklorique chilienne, a eu lieu dans le centre administratif et économique de la capitale chilienne. Lemebel et Casas, vêtus de jupes blanches, ont dessiné une carte de l’Amérique Latine sur le sol et l’ont recouverte de morceaux de verre. Ils se sont ensuite promenés de long en large, lacérant volontairement leurs pieds.
Iguales
Cette organisation LGBTI récente, la deuxième en importance244 dans le pays, est très distincte des autres. Pendant ses premières années d’existence, elle s’est distinguée par les appartenances politiques de ses membres, pour la plupart issus de la droite libérale. Elle se distingue aujourd’hui par leur profil socioéconomique. Il s’agit majoritairement de jeunes diplômés des meilleures universités et appartenant à des familles issues de la bourgeoisie. David, que nous avons rencontré dans un bar à la mode de Santiago, a refusé d’être enregistré, aussi aurons-nous plutôt recours à la paraphrase pour citer ses propos. Il est à noter qu’il représente une exception statistique, puisqu’il suit un Master en sexualité dans un parcours universitaire dirigé par la Dr Sepulveda, que nous avions rencontrée en 2014 à la tête du service qui avait la charge de la santé reproductive et sexuelle au Ministère de la Santé et qui a depuis été évincée en même temps que sa Ministre de tutelle245. Bien que la fondation ait pour origine des jeunes issus de la droite conservatrice, elle s’en est rapidement séparée pour adopter une posture apolitique. Peu de temps après sa naissance, en 2011, elle est entrée en conflit avec le gouvernement de droite de Sebastián Piñera, soupçonné de retarder volontairement la loi d’union civile qui serait votée en 2014. Ses fondateurs sont Pablo Simonetti, Ingénieur Civil issu de l’Université Catholique et Master en ingénierie économique de l’Université de Stanford, et Luis Larraín Stieb, ingénieur civil issu de l’Université Catholique. Nous devons nous attarder sur la personnalité de Luis Larraín, issu d’une famille engagée de longue date dans la droite la plus conservatrice du pays et comptant des responsables politiques de renom. Son coming out, en 2011, a été un événement médiatique. Son père, membre de l’Opus Deï jusqu’à cette époque, a affirmé à travers les médias aimer davantage son fils que ses opinions politiques et religieuses. Depuis, il multiplie les déclarations appelant à la tolérance.