Ressources, croyances et expérience
Pour aborder ce domaine de nos ressources, il nous est nécessaire de prendre d’emblée pleinement conscience du lien entre elles et nos croyances. Nous verrons, lors de notre prochaine étape d’exploration, la puissance de nos convictions, de nos croyances, et comment elles s’appliquent en premier lieu à nous-même et à nos capacités.
En effet, nous avons sur nos capacités nombre de convictions ou croyances, favorables ou défavorables, qui conditionnent pour une large part l’émergence et la mise en pratique de ces capacités.
Etre convaincu que nous sommes capables de réussir dans une entreprise nous permet de faire réellement émerger les capacités nécessaires à cette entreprise et nous donne le maximum de chances de réussir. A l’inverse, être persuadé que nous n’en sommes pas capables nous empêche très « efficacement » de mettre en œuvre notre potentiel : si toute tentative n’est pas bloquée d’office, nos potentialités restent en sommeil, faute d’être autorisées à se manifester. Faut-il préciser que dans un tel cas, la réussite est pour le moins compromise ?
Ce qu’il est important de souligner ici, c’est qu’il y a interaction permanente entre nos croyances sur nous-mêmes et nos capacités.
Car non seulement, comme nous venons de le montrer, la conviction engendre la capacité, mais la capacité génère également la conviction : réaliser par l’expérience que l’on est capable crée ou renforce automatiquement la croyance que l’on est effectivement capable.
Prenons un exemple : Vous vous essayez un jour, « pour voir » à une activité sportive ou artistique nouvelle pour vous, et les résultats s’avèrent encourageants ; cette expérience vous procure du plaisir, des satisfactions, voire même une certaine fierté.
A la faveur de cette réussite, vous concevez des pensées de cet ordre : « Je constate par cette expérience que j’ai des talents, des dispositions pour cette activité. Cela m’enchante, car je n’en savais rien ! Et cela me donne envie de faire encore mieux, de poursuivre l’expérience ».
Et vous voilà en route avec un atout de plus dans votre jeu… Le fait de constater l’existence d’une capacité vous a donné confiance en vous, a renforcé la conviction que vous aviez effectivement un potentiel à utiliser et vous a incité à le développer.
Remarquons au passage que l’envie de persister dans la voie nouvellement découverte est liée au principe de plaisir : toute satisfaction ressentie lorsque nous réussissons est si agréable que nous cherchons automatiquement à la renouveler et si possible à l’amplifier.
Prenons à présent un exemple opposé : Vous avez envie d’essayer la même activité artistique ou sportive, ou peut-être quelqu’un vous propose-t -il de la partager avec lui. Mais il y a un mais : vous êtes persuadé que vos talents en la matière sont très limités, voire inexistants. Cela peut tenir à une tentative ancienne peu réussie qui vous a valu des critiques ou des moqueries, ou bien simplement au fait que ce domaine inconnu vous effraie quelque peu. Toujours est-il que vous ne croyez pas en votre capacité d’y briller ou même d’en retirer des satisfactions. Que va-t-il se passer ? Soit vous renoncez avant même d’avoir essayé, soit vous essayez néanmoins, mais votre conviction négative est si forte que les résultats vous procurent effectivement plus de déboires que de satisfactions, aussi préférez vous ne pas persister…
Et pourtant, il est plus que probable que vous avez suffisamment de dispositions pour pratiquer cette activité et en retirer des satisfactions, et il est absolument certain que ces dispositions peuvent être développées ! Il vous manquait simplement la conviction pour amorcer le mouvement, pour débuter sur des bases favorables.
Nous pouvons entrevoir ici la grande responsabilité de nos éducateurs : en quelques paroles, ils peuvent nous donner confiance en nous et nous faire aimer la matière qu’ils enseignent, ou au contraire nous faire croire que nous sommes incapables en cette matière et nous en dégoûter à tout jamais…
Par ces exemples, nous voyons à nouveau l’importance des nos croyances, et combien une simple modification de nos convictions peut nous ouvrir de larges horizons.
L’interaction naturelle entre croyances et ressources fonctionne en boucle, et cette boucle peut être « vertueuse » ou « infernale », favorable ou défavorable, selon que nous cultivons des croyances positives ou négatives, et aussi selon la manière dont nous prenons conscience de nos réussites et de nos insuccès.
Nous pouvons heureusement dans de nombreux cas amorcer le mouvement dans le bon sens : une fois lancée, la boucle favorable nous entraînera d’elle-même et notre potentiel pourra se manifester pleinement.
Des ressources disponibles à tout moment.
Nos ressources sont pour une part d’ordre inné ; c’est ce que l’on peut appeler notre héritage : nous avons tous par nature des facultés d’apprentissage, un potentiel de générosité et d’affection, des qualités humaines en quantité, une certaine énergie physique et psychique…
D’autre part, nous acquérons et développons des connaissances, des savoir-faire tout au long de notre existence. Tout ce que la vie nous apprend est stocké dans nos mémoires ; ce savoir, cette expérience vécue constituent une large part de nos ressources.
Cette mémorisation se réalise en grande partie à un niveau inconscient. Milton Erickson, thérapeute américain de renom, considérait l’inconscient comme une partie de nous-même dépositaire de tout ce que nous avons appris depuis notre naissance.
Cet acquis, outre qu’il peut être stocké à un niveau inconscient, peut être utilisé plus ou moins consciemment. Il nous est en effet possible de réaliser des choses complexes sans en être pleinement conscients.
Ainsi, il est arrivé à tout conducteur automobile de parcourir des kilomètres en pensant à tout autre chose, ou en entretenant une conversation assez soutenue pour mobiliser l’essentiel de ses facultés intellectuelles, de ses ressources conscientes.
Cette « conduite automatique » d’un véhicule est rendue possible du fait que le savoir-faire est si bien acquis que l’opération complexe que représente la conduite est entièrement assurée par les mémoires inconscientes, sans recours à l’intellect ni à la réflexion.
Nous pouvons déduire de ce genre d’exemple que nous pouvons nous appuyer en confiance sur notre inconscient pour mettre à notre disposition nos ressources acquises.
Mais, outre ces ressources acquises, il nous faut considérer également l’existence, quelque part en nous, de nos ressources « innées », des talents qui se révèlent à la moindre occasion, pour peu que nous les laissions s’exprimer, comme dans l’exemple où il s’agissait d’essayer une activité nouvelle. Chacun de nous a pu s’apercevoir maintes fois au fil de son parcours qu’il disposait de ressources restées jusque là insoupçonnées.
Nous pouvons avec bénéfice cultiver la conviction que notre inconscient recèle d’immenses possibilités, aussi bien acquises qu’innées, et que ces ressources sont à notre entière disposition, a tout moment : il nous suffit de nous tourner vers notre inconscient pour qu’il nous fournisse les ressources nécessaires à notre cheminement et à notre réussite.
Je vous propose donc d’adopter les convictions suivantes :
J’AI EN MOI TOUTES LES RESSOURCES QUI ME SONT NECESSAIRES
MES RESSOURCES SONT DISPONIBLES A TOUT MOMENT
Il serait sans doute excessif de penser que nos ressources sont illimitées, mais nous pouvons être convaincus qu’elles sont tout à fait considérables, en tous cas bien plus importantes que nous ne l’imaginons. En peu de mots : nous pouvons faire très largement confiance à notre inconscient et aux immenses potentialités qu’il recèle.
Il s’agit là d’un point essentiel : garder et entretenir la conviction que nos ressources sont immenses est un atout de premier ordre pour notre développement. La confiance est un autre aspect tout aussi essentiel : plus nous avons confiance en notre inconscient, plus il peut nous livrer facilement ses richesses.
Notre inconscient est mystérieux par nature, et il peut nous paraître parfois inquiétant par ses aspects imprévisibles, hors de la maîtrise du conscient. L’inconscient est plutôt déconsidéré dans notre culture occidentale, qui y voit le plus souvent une sorte de gouffre dans lequel s’entassent pêle-mêle nos refoulements et nos complexes.
Pourtant, cette partie de nous-même est bien au service de notre personne entière, nous fournissant des signaux, des indications subtiles, des réactions, qui ont leur logique propre parfois déroutante, mais vont toujours dans le sens de « la meilleure ou de la moins mauvaise solution » pour nous. Notre inconscient dispose d’une compréhension de la vie et de ses phénomènes qui lui est propre ; nous lui devons notamment tout ce que nous appelons intuitions, prémonitions, flair, « feeling », dont l’interprétation n’est pas toujours aisée, mais qui se révèlent bien souvent pertinents.
Nul ne connaît précisément les contours ni le contenu de l’inconscient : nous n’en percevons au mieux que ce qui en émerge ici et là, sous des formes parfois étonnantes, voire incongrues, et prêtant à bien des interprétations de la part de nos facultés conscientes… Certains, tel Freud, ont vu dans l’inconscient une sorte de dépotoir de la conscience, d’autres l’antichambre de la divinité. Nous en sommes en fait réduits aux hypothèses… donc aux croyances.
Toujours est-il qu’une manière favorable de considérer l’inconscient est de croire en ses richesses et de faire alliance avec lui : une alliance délibérée entre le conscient et l’inconscient, cet inconnu, à qui nous pouvons choisir de faire confiance.
Pour permettre à notre inconscient de nous procurer toutes les ressources qu’il recèle, il est nécessaire que notre conscient sache se tourner vers lui et dialoguer avec lui.
Voilà qui peut vous paraître bien inhabituel, voire un peu extravagant… Et pourtant, cela ne présente pas de réelle difficulté.
Nous disposons des nombreux outils pour nous tourner en toute sérénité et simplicité vers notre inconscient. Nous développerons dans les derniers chapitres le concept d’attention nouvelle, une façon simple et agréable de nous retrouver nous- mêmes. Toutes les techniques et pratiques servant à relaxer le corps et l’esprit, à nous recentrer, nous remettent en phase avec notre être profond et permettent au conscient d’être ouvert aux messages de l’inconscient. Ces techniques n’entrent pas dans le cadre de cet ouvrage, mais je ne saurais trop recommander au lecteur de s’y intéresser de près et d’en acquérir au moins un début de pratique.
Une fois parvenus à un agréable état de détente et de réceptivité, il nous reste à dialoguer avec notre inconscient. Nous pouvons utiliser ici l’un des principes de base pour établir des relations satisfaisantes aussi bien avec soi-même (ce qui est notre relation primordiale) qu’avec autrui : il s’agit de considérer notre interlocuteur avec respect, estime et bienveillance.
Notre conscient a une demande d’aide à formuler auprès de l’inconscient : il s’agit d’un dialogue intérieur, sur un mode proche de la transaction adulte – adulte, avec toutefois quelque chose de plus, de l’ordre de la complicité chaleureuse. Nous retrouvons ici le principe fondamental de la complémentarité : celle du conscient (Yang) et de l’inconscient (Yin) . Rien de tel qu’une alliance harmonieuse de ces deux composantes du vivant pour que nous nous trouvions en un état d’équilibre dynamique…