Comment définir les objectifs pédagogiques ?
D’après Raynal et Rieunier (1997), « un objectif est un énoncé d’intention décrivant le résultat attendu à la suite d’une action ». Sa procédure de définition consistera donc à préciser cette intention, à détailler cette action et à dépeindre le but comportemental visé. Pour ce faire, si l’on veut définir les objectifs pédagogiques, il faudrait analyser les composantes du comportement et définir les composantes de l’objectif.
Analyser les composantes du comportement
Nous pouvons dire avec Raynal et Rieunier (1997) que « le comportement est l’action d’un sujet qui agit sur le monde afin de réduire des tensions ou des besoins, et de d’adapter aux modifications de l’environnement ». Mais le comportement inclut plusieurs composantes que l’on peut concrétiser, dans une optique de cognitivisme opérant, par la « métaphore de l’iceberg » :
– Le comportement possède une composante mentale : réfléchir à un problème, établir un plan d’action, etc. Dans cette composante, on distingue encore deux sous composantes interactives : la compétence et la capacité. La composante mentale est la partie invisible, immergée de l’iceberg.
– Le comportement possède une composante observable : l’individu fait quelque chose qui est visible (parler, manipuler un objet, etc.). Cette composante manifeste est la performance. C’est la partie émergée et visible de l’iceberg.
La composante mentale : la représentation
Le comportement inclut une double composante mentale (« représentation ») qui concerne les mécanismes internes de traitement de l’information = la compétence et la capacité.
* La compétence
D’après De Vecchi (1996), la compétence est le savoir disciplinaire à acquérir. Elle concerne les connaissances, les représentations, les notions – clés à s’approprier (Meirieu, 1997 a) : la proportionnalité en mathématique, la respiration en biologie, le schéma narratif en français. Ces compétences sont les « objets » du comportement intellectuel. Elles mobilisent des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être (De Ketele, 1985 ; De Vecchi, 1992). Perrenoud (1996) va jusqu’à dire que cette mobilisation, c’est ce qui définit la compétence : « La compétence ne réside pas dans les ressources, mais dans la mobilisation même de ces ressources. »
Il ressort de tout ce qui précède que la compétence est un savoir dynamique.
* La capacité
Il s’agit d’un processus intellectuel stabilisé et polyvalent, «reproductible dans des champs divers de connaissance » (Meirieu, 1997 a), comme critiquer, analyser, mémoriser, écouter, trouver de l’information. Nous la définissons avec Michel Minder (1999) comme étant « l’activité mentale transdisciplinaire à mettre en œuvre pour mobiliser la compétence ; c’est la variable « opération », l’outil qui permet l’acquisition du savoir. »
La composante observable : la performance
« La performance est l’acte efficient qui rétablit l’équilibre individu-milieu, mais elle est aussi le révélateur de la nouvelle compétence – voire de la nouvelle capacité – issues de l’apprentissage, et dont elle indique le niveau de maîtrise. » (M. Minder, 1999).
Elle est l’action concrète manifestée. C’est la variable « produit », c’est-à-dire la résultante visible de l’interaction de la compétence et de la capacité.
L’interaction des composantes
La théorie du cognitivisme opérant souligne le caractère composite du comportement, qui est constitué de l’interaction des trois composantes sous l’égide de l’équation suivante :Objet x opération = Produit
Pour Guilford (1967), tout comportement cognitif est une opération qui porte sur un objet et dont la résultante est un produit. Ceci implique fortement, comme on peut le constater, les concepts de compétence, de capacité et de performance tels que nous les avons définis, ce qui nous autorise à proposer, dans cette perspective, la deuxième équation suivante :
Compétence x capacité = Performance