Comment apprendre et que faire au-delà de l’immersion ?

L’informatique

Tout comme il est nécessaire que chacun sache lire, écrire et compter pour bien s’en sortir dans la vie, aujourd’hui il est nécessaire à chacun d’avoir un minimum de connais-sances en informatique pour bien s’en sortir dans la vie.
Si par miracle vous avez pu échapper jusqu’ici à la nécessité de maîtriser cette com-pétence, l’informatisation galopante de notre société vous obligera un jour ou l’autre à rendre les armes et à vous former, ou à vous ranger à jamais dans la catégorie des analphabètes pour qui l’on doit lire, écrire et signer. Et incidemment à vous couper encore plus de vos enfants et de vos petits-enfants, de leurs opinions, de leurs sujets de conversation.
Les compétences à maîtriser en informatique sont les suivantes : Savoir utiliser les fonctions de base de Windows, Mac OS ou Linux :
¼¼Démarrer un programme
¼¼Faire une recherche de document
¼¼Créer, renommer, effacer des dossiers et des sous-dossiers ¼¼Savoir faire des copier/coller ¼¼Savoir utiliser le clic droit
¼¼Installer un programme
¼¼Installer des périphériques simples (imprimante, scanner, appareil photo numérique…)
¼¼Installer un antivirus et le garder à jour, avoir des connaissances de base sur les virus (surtout sous Windows)
Savoir utiliser les fonctions de base d’Internet :
¼¼Utiliser un moteur de recherche pour trouver tout ce que vous voulez ¼¼Savoir utiliser un logiciel de messagerie (e-mails) ¼¼Savoir différencier un e-mail légitime d’un spam
¼¼Avoir le réflexe d’utiliser Internet pour apprendre une manipulation informatique avant de demander de l’aide
¼¼Savoir télécharger un logiciel et l’installer
¼¼Savoir identifier un message d’alerte de votre système d’exploitation ou d’un antivi-rus quand le fichier que vous avez téléchargé est dangereux pour ne pas l’installer
¼¼Télécharger et imprimer des photos, des documents PDF ou des pages Web Savoir utiliser les bases d’une suite bureautique :
¼¼Mettre en forme des documents simples dans un traitement de texte ¼¼Savoir se servir des fonctions basiques d’un tableur
Et surtout, avoir la confiance nécessaire pour suivre l’évolution rapide de l’informatique, car :
¼¼Ces fonctions de base changeront peu dans les années à venir, mais la façon de les utiliser (l’interface), oui.
¼¼Les technologies évoluant beaucoup plus vite dans l’informatique que dans la plu-part des autres secteurs, il est nécessaire de savoir s’adapter à leurs changements, même s’ils sont juste esthétiques.
¼¼C’est un atout puisque cette nécessité de ne jamais cesser votre apprentissage est une excellente manière de vous entraîner à la deuxième compétence moderne indispensable (voir plus bas).
Ces compétences de base ne sont pas difficiles à acquérir pour quelqu’un qui a un peu de volonté.
Ce n’est pas pour rien que la notion de fracture numérique a été inventée : il existe une vraie différence en termes de chances de réussir dans la vie professionnelle et person-nelle entre ceux qui savent utiliser un ordinateur et les autres. D’ailleurs, un nouveau terme français a été inventé pour décrire les personnes atteintes de ce problème : l’illec-tronisme (pour traduire le terme anglais information-illiteracy).

Apprendre toute votre vie

Voilà un problème encore plus répandu que l’informatique : beaucoup trop de personnes pensent qu’une fois leur diplôme en poche, elles n’ont plus besoin d’apprendre quoi que ce soit, à part dans le cadre étroit des formations professionnelles payées par leur entreprise.
C’est une erreur. Monumentale.
Entre une personne qui lit ne serait-ce qu’un seul livre pratique par mois et une autre qui regarde la télévision et n’en lit aucun, la différence est énorme : au bout de dix ans, la première personne aura lu 120 livres, l’autre zéro.
Même si la première personne n’aura retenu et appliqué qu’une petite partie de ce qu’elle aura lu, d’après vous, qui entre ces deux personnes :
¼¼Aura un horizon intellectuel plus étendu que l’autre ?
¼¼Aura des chances d’avoir mieux progressé dans sa vie personnelle et professionnelle ?
¼¼Sera mieux immunisée contre les manipulations, politiques ou autres ?
¼¼Sera à même de vivre une meilleure vie, plus épanouissante ?
¼¼Sera à même d’aider davantage les autres, d’être un exemple pour eux ?
Et lire n’est pas le seul moyen de continuer à apprendre : des milliers de voies sont possibles. Prenez des cours du soir au CNAM. Suivez les cours des universités les plus presti-gieuses sur iTunes U, comme les cours du Collège de France. Allez voir les milliers de vidéos de la Khan Academy (en anglais)37.
Apprenez un art, un sport. Lisez sans lire en écoutant des livres audio. Voyagez. Vraiment, en allant véritablement à la découverte de la culture d’un pays – un Club Med ne compte pas.
Il y a des milliers de façons d’apprendre.
Pourtant, regardez autour de vous.
Combien, parmi ceux qui vous entourent, continuent consciemment à apprendre ? Combien lisent, combien s’inscrivent à des cours, combien appliquent leurs connais-sances pour essayer de progresser plutôt que de s’avachir devant la télévision tous les soirs ? Combien ont l’idée d’utiliser une partie de leurs fréquents déplacements pour se former en écoutant des cours ou des livres audio ?
Condorcet parlait déjà de l’importance de l’éducation tout au long de la vie dans son dis-cours L’Organisation générale de l’instruction publique en 1792.
C’est d’autant plus important aujourd’hui que l’évolution des technologies est de plus en plus rapide et que le monde évolue de plus en plus vite. Si vous n’apprenez pas tout au long de votre vie, à la longue vous serez par rapport à ceux qui continuent à apprendre comme un illettré face à un scribe. Le scribe vous semblera faire partie d’un autre monde, vous parlant de domaines que vous ne comprenez absolument pas, ou dont vous ne soupçonnez pas l’existence.
Commencez petit. Lisez un livre par mois, en format audio si vous n’avez vraiment pas le temps. Décidez de réduire la télévision d’une demi-heure par jour et d’apprendre quelque chose d’intéressant à la place.

Apprendre l’anglais (ou au moins une langue étrangère)

« S’il est une caractéristique que chacun peut acquérir de sa propre initiative et seul, c’est bien celle-là : parler très bien anglais. Il n’existe aucune excuse pour ne pas posséder cette caractéristique. […] D’ailleurs même les imbéciles y arrivent. »
Daniel Jouve
Cette partie va faire grincer des dents mais c’est ainsi. Depuis toujours, se contenter d’un seul langage, c’est restreindre sa vision du monde, limiter ses connaissances et son ouverture d’esprit, faire preuve bien inconsciemment de provincialisme (le fait de croire sans réflexion que les valeurs dans lesquelles nous avons été éduquées sont universelles, les meilleures et que les étrangers ont le même avis sur elles que nous).
Apprendre une nouvelle langue, c’est comme avoir un nouvel œil qui pousserait sur notre front et nous ferait voir le monde différemment. C’est découvrir une autre culture avec toutes ses spécificités, sans le filtre de la traduction et du choix éditorial (l’écrasante majo-rité des ouvrages publiés dans d’autres langues ne seront jamais traduits en français). Et parmi toutes les langues qu’il y a à apprendre, l’anglais est la première langue étran-gère que nous devrions apprendre. Parce que c’est la langue internationale par excellence, enseignée comme première langue étrangère dans la majorité des pays, parlée plus ou moins bien par environ 20 % de la population mondiale38 et qu’elle est donc extrêmement utile en voyage ou en affaires.
Parce que c’est la langue des États-Unis, pays dont les innovations sont très souvent en avance de plusieurs années sur les nôtres, au point que nombre de mots utilisés pour désigner ces innovations sont anglais. C’est donc une langue indispensable pour tous les entrepreneurs qui veulent pouvoir se brancher directement sur le bouillonnement inces-sant d’idées et d’inventions qui viennent de ce pays.
Parce que c’est la langue d’Internet.
Alors qu’elle est troisième langue en nombre de locuteurs natifs après le mandarin et l’espagnol, sur le Web, l’anglais domine largement avec 873 millions d’utilisateurs, contre 705 pour le mandarin et 257 pour l’espagnol (le score du français est beaucoup plus modeste avec 97 millions d’utilisateurs francophones). Parce que les anglophones représentent la plus forte proportion de la population occidentale riche et éduquée, que l’anglais est une langue souvent volontiers employée par les élites des autres pays, et que nombre des innovations ayant permis l’avènement d’Internet sont venues du monde anglo-saxon.
Aujourd’hui, être dans l’entrepreneuriat et maîtriser l’anglais suffisamment bien pour pou-voir lire des livres ou des articles vous donne une avance considérable sur les autres. Comme les États-Unis sont en avance sur nous et que leur culture a de nombreux points communs avec la nôtre – mais aussi des différences qu’il faut comprendre – se former aux États-Unis sans bouger de chez soi équivaut à utiliser une machine à voyager dans le temps pour anticiper ce qui va se passer chez nous !
Et vous n’avez pas besoin de maîtriser cette langue à la perfection. L’essentiel est de savoir lire, utiliser un dictionnaire et vous faire comprendre. Et à chaque fois que vous pratiquerez vous vous améliorerez.
Examinons à nouveau ces trois compétences et voyons si on les apprend bien à l’école…
Comment l’école nous forme à ces trois compétences indispensables

L’informatique de base

Heureusement ce n’est pas à l’école que l’on apprend à se servir d’un ordinateur mais en pratiquant soi-même chez soi. Si on lui laisse l’accès à un ordinateur, un enfant apprend vite à lancer ses jeux et ses applications et avant même de savoir lire, il en a rapidement une meilleure maîtrise que celle de ses parents.
Le système éducatif, malgré toute la bonne volonté du monde, aura toujours un train de retard sur la réalité du terrain : politiques longues à mettre en place, problèmes de bud-gets, manque de personnel, etc.
Au début des années 1990, alors que j’étais en classe de CM2, j’ai eu des cours de BASIC – un langage déjà obsolète à l’époque et complètement inutile aujourd’hui – sur des machines antédiluviennes qui n’avaient aucune part de marché réelle dans la société et qui avaient été achetées par l’État français uniquement parce qu’elles étaient vendues par une entreprise française : Thomson.
Qui aujourd’hui utilise des ordinateurs Thomson ?
Résultat, l’État a dépensé 1,8 milliard de francs39 (soit en euros actualisés, 471 millions d’euros40 !) à l’époque pour le plan « Informatique pour tous », afin de former des jeunes
à des machines dépassées qui n’étaient pas représentatives des ordinateurs utilisés par le grand public et n’avaient aucun avenir, et à la programmation BASIC en ligne de commande alors que les systèmes d’exploitation graphiques semblables aux systèmes modernes – Windows et Mac OS – existaient déjà41.
Heureusement, le système éducatif a fini par mieux identifier les machines vraiment utili-sées sur le marché et les compétences de base à avoir. L’apprentissage de l’informatique à l’école peut être utile pour les enfants défavorisés qui n’ont pas accès à un ordinateur à la maison, mais cet apprentissage à l’école est de fait bien inférieur à l’auto-apprentis-sage que font les enfants, chez eux.
Ainsi, l’étude réalisée par la European Schoolnet Observatory42 et publiée en 2013 montre qu’entre 80 et 90 % des étudiants possèdent plus de quatre ans d’expérience à la mai-son et ils ne sont que 40 à 60 % à posséder autant d’expérience par l’utilisation à l’école.
De plus, que ce soit dans le primaire ou dans le secondaire, il n’y a pas de cours spéci-fique sur l’informatique ou sur les TIC (Technologies de l’information et de la communica-tion) dans le cursus scolaire en France. Au niveau secondaire, la France est le seul pays européen qui n’enseigne pas les TIC dans un cours séparé43.
Aussi, selon le rapport « Les TIC en classe, au collège et au lycée, éléments d’usage et d’enjeux », publié en 2010, « Les élèves utilisent l’ordinateur en technologie, rarement dans les disciplines scientifiques, presque jamais dans les autres disciplines44 ». Et tout cela alors que l’informatique est omniprésente et sa maîtrise indispensable pour réussir dans la vie.

L’éducation tout au long de la vie

Au vu de ce que je peux constater autour de moi et par les retours de mes lecteurs, une fois leur diplôme en poche la majorité des gens pensent qu’ils en ont fini avec l’appren-tissage, hormis l’apprentissage professionnel très spécialisé effectué au début de la prise d’un nouveau poste. L’habitude de lire des livres pratiques est très rarement acquise, l’idée de faire régulière-ment des formations aussi.
Mais je ne vous demande pas de me croire sur parole : faites l’expérience vous-même en demandant autour de vous.
◗◗ L’apprentissage de l’anglais ou d’une langue étrangère
Comme nous allons le voir juste après, l’étude Eurobaromètre de la Commission euro-péenne indique que seulement 19 % de Français sont capables de gérer une discussion basique dans une langue étrangère. C’est un exemple tellement frappant des limites de notre système éducatif et de son manque de praticité que je lui ai consacré les nom-breuses pages qui suivent.
Alors, est-ce que l’école formerait à la pelle des « nouveaux analphabètes » ?
Le problème est bien sûr que l’inertie du système scolaire est telle qu’il est illusoire d’attendre qu’il soit réformé pour pouvoir contourner ses limites. Nous devons le faire nous-mêmes.
Un exemple frappant des problèmes du système éducatif avec l’apprentissage des langues (et comment y remédier)
L’enseignement des langues est un vrai problème en France, ce n’est une surprise pour personne. Ainsi l’Eurobaromètre de la Commission européenne de 2012 classe la France parmi les derniers de l’Union européenne en ce qui concerne la maîtrise des langues étrangères45 : seulement 19 % des français déclarent être capables de tenir une conversation dans une langue étrangère (contre 77 % aux Pays-Bas ou 58 % au Danemark, par exemple).
En France, les élèves ont droit à 4 heures par semaine d’enseignement de la première langue étrangère en sixième et 3 heures par semaine de la cinquième à la troisième46, ce qui, à raison de 36 semaines par an, fait un total de 468 heures d’enseignement de LV1 pour le collège.
Ce nombre de 108 heures d’enseignement par an (de la cinquième à la troisième) reste peu ou prou le même pour le lycée, ce qui fait qu’au moment où il décroche le bac, l’étu-diant a passé en moyenne 792 heures à apprendre sa première langue étrangère.
Est-ce suffisant pour la parler couramment, ou au moins pour être capable de tenir une conversation dans cette langue ? Apparemment non, puisque seulement un Français sur cinq déclare être capable de tenir une conversation dans une langue étrangère47 !
Pourtant, voici des chiffres intéressants donnés par le US Foreign Service Institute48 sur le temps qu’il faut à des locuteurs natifs de l’anglais pour apprendre une langue suffisam-ment bien pour être capable de participer de manière efficace à la plupart des conver-sations. Cette étude s’appuie sur le temps que mettent les diplomates américains à apprendre une langue et est basée sur le fait que les langues ont des racines et donc des familles communes et qu’il est plus facile d’apprendre une langue proche de sa langue natale.
Mais avant d’aller plus loin, à quoi cela sert-il d’examiner une étude conçue pour les anglo-phones natifs ? En fait, je n’ai pas trouvé d’étude équivalente pour les francophones natifs et comme l’anglais est une des langues les plus proches du français, avec de nombreux emprunts de part et d’autre, les familles données sont à peu près les mêmes pour nous.
Voici ces familles avec le nombre d’heures estimées par le FSI pour atteindre un bon niveau de maîtrise49 :
¼¼Groupe I : 600 heures (soit environ 5 ans et demi pour 108 heures de cours par an) : afrikaans, catalan, danois, néerlandais, français, italien, norvégien, portugais, rou-main, espagnol, suédois. L’anglais ferait donc partie de ce groupe.
¼¼Groupe II : 750 heures (soit environ 7 ans pour 108 heures de cours par an) : allemand.
¼¼Groupe III : 900 heures (soit un peu plus de 8 ans pour 108 heures de cours par an) : indonésien, javanais, jumieka, malais, swahili.
¼¼Groupe IV : 1 100 heures (soit un peu plus de 10 ans pour 108 heures de cours par an). De nombreuses langues sont comprises dans ce groupe, notamment : alba-nais, bulgare, croate, tchèque, estonien*50, finnois, géorgien, grec, hébreux, hindi, hongrois*, islandais, persan (dari, farsi, tajik), polonais, russe, serbe, slovaque, thaï-landais*, turc, ukrainien, vietnamien*.
¼¼Groupe V : 2 200 heures (soit environ 20 ans pour 108 heures de cours par an) : arabe, cantonais, japonais, coréen, mandarin, mongol, taïwanais (hokkien, minnan), wu.
Ces chiffres sont-ils d’une certitude à toute épreuve ? Non. Il y a de nombreux facteurs qui entrent en jeu, comme vos propres capacités bien sûr, mais aussi par exemple le nombre de langues que vous parlez déjà : plus vous maîtrisez de langues et plus il est facile d’en apprendre de nouvelles. Mais ces chiffres donnent une bonne idée générale de la difficulté d’apprentissage d’une langue.
Ne trouvez-vous pas ces chiffres intéressants ? Comment expliquez-vous que personne ne vous en ait parlé à l’école ?
D’après ces chiffres, les langues les plus enseignées en France – l’anglais, l’espagnol et l’allemand – devraient être maîtrisées suffisamment pour permettre aux titulaires du bac de tenir une conversation de base.
Mais seulement 19 % des Français déclarent en être capables.
Il y a comme un problème, non ?
Réfléchissons au problème autrement : un enseignement théorique de base dans une langue étrangère semble obligatoire pour démarrer. Mais ensuite, d’après vous, une fois les bases maîtrisées (mettons après 100 ou 200 heures, soit une à deux années d’ensei-gnement de niveau collège), vaut-il mieux pour apprendre à maîtriser une langue :
¼¼Continuer à suivre une centaine d’heures de cours en classe tous les ans pendant 10 ans, en parlant sa langue natale le reste du temps ?
¼¼Aller vivre pendant 6 mois dans un pays où l’on pratique cette langue ?
Je pense que vous connaissez déjà la réponse. Mais faisons un rapide calcul :
¼¼100 heures de cours par an pendant 10 ans, cela fait 1 000 heures d’apprentissage. ¼¼6 mois dans un pays à écouter, parler et écrire la langue pendant environ 8 heures par jour (ce qui est une hypothèse plutôt basse), cela fait environ 1 460 heures d’ap-prentissage, dans une variété de situations sans commune mesure avec les 10 ans passés assis sur une chaise, et en apprenant la langue réellement « pratique », utili-
sée dans la vie de tous les jours, pas la langue enseignée dans les livres.
Bien sûr, si vous passez un an dans ce pays étranger à pratiquer la langue 8 heures par jour, cela fait 2 920 heures de pratique. Et si vous la pratiquez 12 heures par jour, c’est carrément 4 380 heures de pratique.
Les chiffres sont sans appel : 6 mois d’immersion vous en apprennent plus que 10 ans de cours au rythme scolaire classique.

LIRE AUSSI :  Analyse de la gestion des immobilisations de la CEM

Est-ce que l’on vous a fait faire ce calcul à l’école ?

Évidemment, pour profiter réellement d’une année d’immersion, il faut être malin et veil-ler notamment à ne pas trop rester avec des compatriotes, car dans ce cas le nombre d’heures réellement pratiquées diminuerait fortement.
Faites le calcul : combien d’heures par semaine pratiquez-vous votre première langue étrangère51 ? (Je ne parle même pas de la deuxième.) Commencez par le nombre d’heures de cours que vous avez, puis additionnez le nombre d’heures d’écoute (séries télé, films, podcasts, etc.), le nombre d’heures de pratique avec un locuteur natif (conver-sations) et le nombre d’heures de lecture et d’écriture. Combien d’heures par an environ passez-vous à pratiquer cette langue ?
Je suis prêt à parier que c’est beaucoup plus bas que ce que vous imaginiez. Et sûrement insuffisant pour acquérir rapidement un bon niveau dans cette langue.
Un autre fait important : un nombre croissant de recherches montre que vivre à l’étranger nous permet d’avoir une pensée plus flexible, créative et complexe.
Donc d’être plus intelligents52.
Bref, pour les langues comme pour l’entrepreneuriat, aller sur le terrain nous en apprend bien plus et bien plus vite que de rester assis sur une chaise à écouter un professeur, à condition de connaître les bases et de continuer à apprendre la théorie en même temps qu’on la met en pratique.
Donc faites 6 mois ou un an de cursus dans un pays étranger, ou sinon vous risquez de vous retrouver comme la pauvre Caroline (encore elle) qui a fait 11 ans d’allemand pen-dant ses études et est incapable de tenir une conversation simple dans cette langue. Pensez à ce millier d’heures passées en vain sur les bancs de l’école, et qui auraient pu être utilisées à de bien meilleures choses.
Erasmus est génial mais méfiez-vous : souvent on se fait des amis avec les autres étu-diants en Erasmus plutôt qu’avec des habitants du pays d’accueil et le risque est alors de parler en anglais plutôt que dans la langue du pays concerné (évidemment si vous allez dans un pays anglophone le problème se pose moins, mais dans ce cas mieux vaut par-ler avec des anglophones natifs de toute façon).
Un autre moyen efficace d’améliorer votre apprentissage des langues : combien de temps passez-vous tous les jours dans les transports en commun ou dans votre voiture ?
Mettons que vous y passez une heure par jour, 5 jours par semaine, 40 semaines par an (hypothèse plutôt basse). Si vous utilisiez cette heure quotidienne pour écouter un pod-cast ou un livre audio dans la langue que vous voulez apprendre, cela ferait 200 heures supplémentaires passées à pratiquer cette langue sans efforts, soit quasiment le double du nombre d’heures de cours dispensées dans cette langue chaque année au collège.
Cela peut faire toute la différence du monde. Vous pouvez trouver des milliers de pod-casts gratuits dans toutes les langues sur Internet, ou sur iTunes par exemple.
De plus si vous avez eu la chance d’avoir des parents qui vous ont inscrit à une école maternelle bilingue, ou qui vous ont parlé deux langues à la maison, quand vous êtes entré à l’école primaire vous aviez déjà plusieurs milliers d’heures de pratique de cette deuxième langue, à un âge où tous les efforts d’apprentissage étaient inconscients ou en tout cas vite oubliés. C’est une chance inouïe, et la maîtrise de deux langues a de fortes chances de vous faciliter l’apprentissage d’une troisième ou d’une quatrième. Profitez-en.
Si comme moi vous n’avez pas eu cette chance, pensez-y pour vos enfants ou vos futurs enfants. Si vous ne parlez qu’une langue à la maison, pourquoi ne pas placer vos enfants dans une école maternelle bilingue ? Une simple recherche sur le sujet vous en apprendra déjà beaucoup.
L’approche 20/80 du choix des langues à apprendre
Voici quelle serait mon conseiller mon fils ou manière de l’apprendre. approche 20/80 de l’apprentissage des langues si je devais ma fille dans le choix d’une LV1 et d’une LV2 à l’école, et sur la

Quelles langues apprendre ?

Le 20/80 passe d’abord par le choix de la langue : comme il faut de toute manière plu-sieurs centaines d’heures pour maîtriser une langue, que la motivation est essentielle, et que tout savoir non utilisé se rouille, il vaut mieux choisir une langue qui va nous servir.
Mais quelles sont les langues les plus parlées dans le monde ? Difficile de trouver des classements qui soient d’accord entre eux. En voici un publié dans le très sérieux men-suel La Recherche en avril 200953 avec, entre parenthèses, le nombre de locuteurs esti-més qui la parle en langue maternelle ou en langue secondaire :
1. Mandarin (1,120 milliard)
2. Anglais (480 millions)
3. Espagnol (320 millions)
4. Russe (285 millions)
5. Français (265 millions)
6. Hindi/Ordou (250 millions)
7. Arabe (221 millions)
8. Portugais (188 millions)
9. Bengali (185 millions)
10. Japonais (133 millions)
C’est un classement très imparfait remis en cause par presque tous les autres classe-ments existants. Certains estiment que l’anglais est parlé en tant que langue natale et étrangère par jusqu’à 1,4 milliard de personnes, et nombre de classements ne font même pas apparaître le français dans le top 10…
Le nombre de domaines majeurs de l’activité humaine dans lesquels la langue est importante
Le chercheur George Weber a voulu aller plus loin en 1997 en classant les 10 langues les plus influentes à partir de 6 critères :
1. Le nombre de locuteurs en langue maternelle
2. Le nombre de locuteurs en langue seconde
3.4. Le pouvoir économique des pays utilisant cette langue
5. Le nombre de pays et leur population utilisant cette langue
6. Le prestige socioculturel de la langue
Voici son classement, qu’il estimait toujours valable en 2008 :
1. Anglais (37 points)
2. Français (23 points)
3. Espagnol (20 points)
4. Russe (16 points)
5. Arabe (14 points)
6. Chinois (13 points)
7. Allemand (12 points)
8. Japonais (10 points)
9. Portugais (10 points)
10. Hindi/Ourdou (9 points)
Dans ce top 10 les seules langues dans le groupe I (voir p. 50) et donc très proches du français et faciles à apprendre sont :
¼¼Anglais
¼¼Espagnol
¼¼Portugais
L’allemand est à la limite entre les groupes I et II et a la réputation d’être plus difficile à apprendre pour les francophones que ces trois autres langues.
De plus, l’allemand est très peu parlé en dehors de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Suisse, et surtout les Allemands sont très bons en anglais et il n’est pas vraiment néces-saire de parler allemand pour se faire comprendre en général en Allemagne, que vous visitiez le pays en simple touriste ou que vous vouliez faire des affaires avec des hommes d’affaires allemands.
Donc, à part si vous pensez vraiment passer une part importante de votre vie en Allemagne ou que la maîtrise de l’allemand peut vous donner un réel avantage dans les affaires de votre entreprise, l’allemand n’est certainement pas un choix 20/80 pour l’apprentissage des langues, que ce soit en LV1 ou LV2.

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *