Détermination d’un taux d’intérêt « viable »
Cette section décrit une méthode qui permet de déterminer le taux d’intérêt qu’une IMF devra appliquer à ses prêts si elle veut financer sa croissance avec principalement des ressources commerciales à un moment donné dans le temps. Le modèle que l’on présente ici est un modèle simplifié, donc imprécis1. Il fournit toutefois une approximation qui devrait aider beaucoup d’IMF, en particulier les plus jeunes. Les divers éléments du modèle seront expliqués puis illustrés avec l’exemple de MicroFin. Chacune des variables de cette équation doit être exprimée sous forme de fraction décimale : par exemple, avec des frais généraux de 200 000 sur un portefeuille de prêts moyen de 800 000, on obtient un ratio de FG de 0,25. Tous les calculs doivent être effectués en monnaie nationale, sauf pour le cas exceptionnel où l’IMF cite ses taux d’intérêt en devises étrangères
Coefficient des frais généraux
Les données restreintes dont on peut disposer tendent à montrer que c’est lorsque la clientèle des IMF atteint un effectif situé entre 5 000 et 10 000 emprunteurs qu’elles réalisent la majorité de leurs économies d’échelle. Par conséquent, un nouvel établissement tel que MicroFin pourrait se baser sur un portefeuille futur de cette taille pour calculer la composante frais généraux de son taux d’intérêt. Les frais généraux englobent toutes les charges récurrentes (par exemple, les salaires et avantages sociaux, les loyers et les charges d’eau, gaz, électricité, etc.), sauf le coût des ressources et les créances irrécouvrables. Les amortissements (provisions constituées pour financer le remplacement des bâtiments ou du matériel) doivent être inclus dans les frais généraux. Il faut aussi y inclure la valeur de tous les produits ou services fournis à titre gratuit — tels que la formation, l’assistance technique, les services de gestion — que l’IMF ne paie pas pour le moment, mais qu’elle devra payer ultérieurement lorsqu’elle sera suffisamment développée pour se passer des subventions des bailleurs de fonds. Les frais généraux des établissements efficients qui ont atteint leur régime de croisière se situent en général entre 10 et 25 % du portefeuille de prêts moyen.
Coefficient des créances irrécouvrables
Cet élément représente les pertes annuelles résultant de la défaillance totale des débiteurs. Le taux des créances irrécouvrables peut être beaucoup plus faible que le taux d’impayés de l’IMF : le premier taux correspond à des prêts qui devront être passés par pertes et profits, tandis que le deuxième correspond à des prêts qui ne sont pas remboursés en temps voulu et dont beaucoup finiront par être recouvrés. L’expérience passée de l’établissement sera un élément majeur pour établir les projections relatives à l’évolution des taux des créances irrécouvrables3. Les IMF dont le taux des créances irrécouvrables est supérieur à 5 % ne sont en général pas viables. Dans un grand nombre d’établissements sains, ce taux se situe entre 1 et 2 %.
Coefficient du coût des ressources
Le chiffre que l’on cherche à calculer ici n’est pas le coût nominal réel des ressources. C’est plutôt une projection du coût futur des ressources « au prix du marché » que l’IMF devra payer, lorsqu’elle aura atteint un développement suffisant pour se passer des financements concessionnels des bailleurs de fonds et qu’elle devra obtenir une proportion de plus en plus importante de ses ressources auprès de sources commerciales. Le calcul commence par l’établissement d’un bilan à un point donné de l’avenir à moyen terme, avec la ventilation suivante :
ACTIF : PASSIF : Actifs financiers —Actifs liquides4 Dépôts Espèces Emprunts —Concessionnels Placements —Commerciaux —Portefeuille de prêts Actifs immobilisés—Bâtiments/matériel CAPITAUX PROPRES