CLASSIFICATION ET PROPRIETES DES MYCOBACTERIES
Classification et nomenclature des mycobactéries
Le terme Mycobacterium provient de deux racines empruntées au grec « Myces » pour champignons et « Bakterion » petit bâton. En fait, ces bactéries n’ont en commun avec les champignons que leur propension à se développer en s’étalant à la surface des milieux liquides .
Les bactéries du genre Mycobacterium appartiennent à la famille des Mycobacteriaceae classée dans l’ordre des Actinomycetales dont le pseudomycelium rudimentaire se présente habituellement sous forme de petits bacilles, immobiles, non sporulés ayant parfois des éléments renflés, cunéiformes ou ramifiés. Ces bactéries sont caractérisées par une propriété tinctoriale particulière : l’aptitude à conserver la coloration malgré l’action combinée de l’alcool et des acides dilués : elles sont dites acido-alcoolo-résistantes .
Plus d’une centaine d’espèces de mycobactéries sont dénombrées [9]. La famille des mycobactéries regroupe deux types d’agents en fonction de leur pouvoir pathogène pour l’homme :
– Les mycobactéries parasites strictes de l’homme et des animaux. Cette première catégorie inclut M. tuberculosis, M. africanum, M. bovis, M. BCG bovis, M. microti, M. leprae, M. lepraemurium et M. paratuberculosis.
– Les mycobactéries commensales ou saprophytes beaucoup plus nombreuses. On les nomme aussi mycobactéries atypiques. Certaines d’entres elles sont pathogènes facultatives ou opportunistes. Une autre classification distingue trois grandes catégories de mycobactéries.
Mycobactéries tuberculeuses (MT)
Elles sont parasites strictes de l’homme et/ou des animaux. Elles sont représentées par le complexe M. tuberculosis responsable des tuberculoses humaines et animales.
Les techniques de biologie moléculaire notamment l’hybridation ADN/ADN a démontré que M. tuberculosis, M. bovis, M. africanum et M. microti appartiennent en fait à la même espèce génomique. En effet le séquençage de gènes comme ceux codant pour l’ARN 16 S ribosomal ou pour la protéine 65 k-Da ne distingue pas les différentes espèces de bacilles tuberculeux, qui peuvent être considérées comme des sous-espèces, d’où la création du complexe M. tuberculosis (notion induite par Runyon en 1981). De nombreux auteurs considèrent qu’on est en présence d’une seule espèce présentant des variantes humaines et bovines.
Le complexe M. tuberculosis est constitué de :
– M. tuberculosis [synonyme : bacille Koch : BK ou bacille tuberculeux humain (Zopf, Lehman et Neuman, 1896)] : agent principalement de la tuberculose humaine.
– M. bovis (Karison et Lessol, 1970) : agent principalement de la tuberculose bovine. M. bovis peut contaminer d’autres mammifères notamment les humains par ingestion de lait cru ou par inhalation de particules infectées, surtout dans les étables.
– M. bovis BCG [synonyme : bacille de Calmette et Guérin (Calmette et Guérin, 1921)], bacille du seul vaccin disponible à l’heure actuelle en matière de prévention de la tuberculose humaine.
– M. africanum (Castets, Rist et Boisvert, 1969) : intermédiaire entre les deux précédents et responsable de tuberculose humaine principalement en Afrique noire.
– M. microti (Wells, 1937) : agent de la tuberculose du campagnol (également des cobayes et des lapins), mais non pathogène pour l’homme.
Mycobactéries non tuberculeuses cultivables in vitro
Les mycobactéries atypiques regroupent toutes les mycobactéries autres que les mycobactéries de la tuberculose et de la lèpre. Elles sont à l’inverse des précédentes des micro-organismes ubiquitaires : ce sont des germes de l’environnement, elles sont isolées au niveau de l’eau (eaux potables ou d’égout), du sol, de la terre, du fumier et dans divers aliments (lait, végétaux).
Eventuellement bactéries pathogènes opportunistes, elles sont responsables d’infections localisées, voire généralisées (M. avium-intacellular) chez le sujet immunodéprimé (ex : sujets atteints de SIDA ou ayant reçu un traitement immunosuppresseur au long cours), profitant d’un terrain fragilisé elles sont responsables de pathologies appelées mycobactérioses [42]. Elles peuvent être isolées également chez de nombreux animaux .
Elles regroupent un grand nombre d’espèces (une soixantaine), ce nombre s’accroissant avec la description récente de nouvelles espèces . Leur chef de file est actuellement le complexe M. avium-intracellular-scrofulaceum composé de 31 sérotypes incluant M. avium var paratuberculosis. Leur classification est basée sur leurs propriétés tinctoriales, leur vitesse de croissance (classification de Runyon 1959) ou sur leur pouvoir pathogène (classification de Wolinsky 1979) .
Mycobactéries non tuberculeuses, non cultivables in vitro
Ce sont les mycobactéries responsables des lèpres humaines et animales.
– M. leprae [ou bacille d’Hansen (1879)] responsable de la lèpre de l’homme.
– M. lepraemurium [ou bacille de Stefansky] responsable de la lèpre du rat.
Table des matières
CHAPITRE I : INTRODUCTION – GENERALITES
I.INTRODUCTION – GENERALITES
I.1. HISTORIQUE DE LA TUBERCULOSE
I.2. CLASSIFICATION ET PROPRIETES DES MYCOBACTERIES
I.2.1. Classification et nomenclature des mycobactéries
I.2.1.1. Mycobactéries tuberculeuses(MT)
I.2.1.2. Mycobactéries non tuberculeuses cultivables in vitro
I.2.1.3.Mycobactéries non tuberculeuses, non cultivables in vitro
I.2.2. Caractères bactériologiques de Mycobacterium tuberculosis
I.2.2.1. Habitat
I.2.2.2. Caractères morphologiques
I.2.2.3. Constitutions chimiques et antigéniques
I.2.2.3.1. Richesse en lipides
I.2.2.3.2. Propriété d’acido-alcoolo-résistance
I.2.2.3.3. Application aux colorants de Ziehl-Neelsen et ses dérivés
I.2.2.4. Propriétés physiques et chimiques (résistance dans le milieu extérieur)
I.2.2.4.1. Action des agents physiques
I.2.2.4.2. Action des agents chimiques
I.2.2.5. Caractères culturaux
I.2.2.5.1. Milieux solides
I.2.2.5.2. Milieux liquides
I.2.2.5.3. Utilisation de ces différents milieux de culture
I.2.2.6. Caractères biochimiques – produits élaborés – identification des Mycobactéries
I.2.2.6.1. Synthèse de niacine (ou acide nicotinique)
I.2.2.6.2. Présence d’une nitrate-réductase
I.2.2.6.3. Activité catalasique
I.2.2.6.4. Résistance à l’hydrazide de l’acide thiophène-2-carboxilique et sensibilité au pyrazinamide
I.2.2.6.5. Présence d’une uréase, d’une nicotinamidase et d’une Pyrazinamidase
I.2.3. Pouvoir pathogène
I.2.3.1. Pouvoir pathogène naturel
I.2.3.2. Pathogénie
I.2.4. Pouvoir antigène
I.2.5. Pouvoir allergène et immunogène
I.2.5.1. Phénomène de Koch
I.2.5.1.1. Description du phénomène
I.2.5.1.2. Conclusions
I.2.5.2. Pouvoir allergène (réaction d’HSR et application à la tuberculination)
I.2.5.3. Pouvoir immunogène : immunité de réinfection
I.2.5.3.1. Application à la vaccination
I.2.5.3.2. Réponse immune anti-tuberculeuse
I.2.5.3.2.1. Introduction
I.2.5.3.2.1.1. Rôle des différentes cellules impliquées et des cytokines produites
I.2.5.3.2.1.2. Formation du granulome
I.2.5.3.2.1.3. Réponses Th2
I.2.6. Génome de Mycobacterium tuberculosis
I.3. DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
I.3.1. Situation épidémiologique de la tuberculose cutanée dans le monde
I.3.2. Situation épidémiologique de la tuberculose cutanée aux pays du Maghreb
I.4. ETUDE CLINIQUE DE LA TUBERCULOSE CUTANEE
I.4.1. Classifications des différentes formes de la tuberculose cutanée
I.4.2.Tuberculose cutanée vraie
I.4.2.1. Formes d’origine exogène
I.4.2.1.1. Chancre d’inoculation
I.4.2.1.2. Tuberculose verruqueuse (‘’Tuberculosis verrucosa cutis’’)- végétantes
I.4.2.2.Tuberculoses cutanées par contamination endogène
I.4.2.2.1. Par contiguïté : Scrofuloderme-Ecrouelles
I.4.2.2.2. Par auto-inoculation : Tuberculose ulcéreuse orificielle ( ‘’tuberculosis cutis orificialis’’)
I.4.2.3. Tuberculose cutanée par dissémination hématogène
I.4.2.3.1. Miliaire cutanée aigue (‘’Tuberculosis cutis miliaris acuta generalisata’’)
I.4.2.3.2. Gommes tuberculeuses
I.4.2.3.3. Lupus tuberculeux (Lupus vulgaire ou ‘’Lupus vulgaris’’)
I.4.3. Tuberculoses éruptives ou formes réactionnelles
I.4.3.1. Tuberculides papulonécrotiques
I.4.3.2. Lichen scrofulosorum
I.4.3.3. Tuberculides papulo-nodulaires de la face
I.4.3.4. Erythème induré de Bazin
I.4.3.5. Erythème noueux
I.4.4. Effets secondaires du BCG
I.5.TRAITEMENT
I.5.1. Prévention
I.5.2. Traitement de la tuberculose cutanée
I.5.2.1. Médicaments essentiels utilisés en Algérie
I.5.2.2. Médicaments de réserve
I.5.2.3. Nouveaux antituberculeux
I.5.2.4. Régimes thérapeutiques
I.5.2.4.1. Régime de 1èr e ligne
I.5.2.4.2. Régime standardisé de 2èm e ligne
I.5.2.5. Surveillance du traitement
CHAPITRE II : MOYENS DE DIAGNOSTIC
II.1. TESTS IMMUNOLOGIQUES
II.1.1. Intradermoréaction à la tuberculine (IDRT)
II.1.1.1. Technique
II.1.1.2. Lecture
II.1.1.3. Interprétation
II.1.1.4. Indications de l’IDRT
II.1.2. Tests de détection de l’IFN
II.1.2.1. Principe
II.1.2.2. Tests ELISA (enzyme linked immunosorbent assay)
II.1.2.3. Test ELISPOT (enzyme-linked immunospot)
II.1.2.4. Avantages et inconvénients des tests de détection de l’IFN rapport à l’IDRT
II.1.3. Tests immunologiques de détection d’antigènes
II.1.3.1. LAM urine Test (Chemogen, USA)
II.1.3.2. Test Patho-TB® (Anda Biologicals, France)
II.1.3.3. Test de détection d’antigènes (Proteome Systems, Australie)
II.1.4. Tests immunologiques de détection d’anticorps
II.2. EXAMENS BACTERIOLOGIQUES
II.2.1. Nature des prélèvements
II.2.2. Préparation de l’échantillon
II.2.2.1. Prélèvements contaminés
II.2.2.2. Méthodes de fluidification-décontamination
II.2.3. L’examen microscopique
II.2.4. Culture
II.2.4.1. Milieux de culture
II.2.4.1.2. Milieux de culture solides
II.2.4.1.2.1. Milieux à l’œuf de Löwenstein-Jensen et Colestos
II.2.4.1.2.2. Milieux gélosés 7H de Middlebrook (7H10 – 7H11)
II.2.4.1.2.3. Lecture et rendu des résultats des cultures sur les milieux solides
II.2.4.1.3. Milieux de culture liquides
II.2.5. Autres moyens de diagnostic de la tuberculose
II.2.5.1.Détection de constituants de la paroi mycobactérienne
II.2.5.1.1. Détection de l’acide tuberculo-stéarique
II.2.5.1.2. Identification des différentes espèces de mycobactéries par chromatographie liquide à haute performance (HPLC)
II.2.5.2. Tests utilisant les phages
II.2.5.2.1. Utilisation de virus mycobactériophages porteurs du gène de la Luciférase
II.2.5.2.2. Un test utilisant une autre méthode de détection
CHAPITRE III : CONCLUSION
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